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Histoire - Page 9

  • L'art de perdre

    Elle tombe bien cette parution en poche de l'Art de perdre d'Alice Zeniter au moment où peut-être l'Algérie s'éveille de nouveau. Le livre comprend trois parties que nous parcourons accompagné par la narratrice, Naïma, une jeune femme contemporaine qui revient sur ses origines à la recherche de son identité. L'occasion de revivre ce qu'à vécu l'Algérie et les algériens.

    La première partie est centrée sur la vie d'Ali, un agriculteur kabyle, qui règne sur son village, ses oliviers, sa famille, donne du travail, règle les affaires avec les autorités. Les enfants s'accumulent. les premières hostilités entre français et militants du FLN apparaissent, il fat choisir son camp, sous les menaces, les assassinats, la torture, des deux côtés, pour des intérêts qui le dépasse, il va choisir la France, réussir à sauver sa famille et se retrouver dans un camp au delà de la méditerranée,il est harki pour le reste de sa vie.

    Son fils Hamid, brillant, devient rapidement au sein des camps de Rivesaltes pus de la cité HLM de Flers, le pilier indispensable de la Famille, il sait lire, Ali et Yema, sa mère, sont illettrés en arable et en Français, le père est épuisé par le travail d'OS, il a la nostalgie du pays où il n'a pas le droit de revenir, il s'enferme, il n'est plus algérien et pas vraiment français. Hamid va s'émanciper, de cette faille, réussir des études, trouver un emploi à la CAF, rencontrer sa femme Clarisse, s'intégrer mais pas plus que cela finalement. Il est né en Algérie mais lui non plus n'a pas le droit d'y aller.

    Ce sont les deux parties les plus intéressantes, la troisième voit Naima, la trois!ème génération, complètement émancipée, intégrée partir à la recherche de son identité, essayer de comprendre ce dont on ne parle pas chez elle, chez ses parents, et ses grands-parents, elle rencontrera ses grands oncles et tantes là-bas au pays, ses cousins.

    L'Algérie si lointaine et si proche, je n'y suis jamais allé, j'aimerai y aller mais il y a un tel contentieux entre nos pays. Un tel gâchis!

  • Productivité

    No comment!

  • Maria Chapdelaine

    J'ai relu ce roman par hasard en fouillant dans ma bibliothèque à la recherche d'une petit livre à lire rapidement.

    C'est un beau roman et c'est pour moi une découverte car j'ignorais tout de son auteur Louis Hémon, dont on ne parle plus guère. Et pourtant.

    L'erreur est d'abord de parler d'un roman canadien, c'est un roman français par un auteur on ne peut plus français parti vivre au Quebec et qui y mourra dans un accident de chemin de fer à l'âge de 32 ans.

    Un auteur on ne peut plus français : son père Félix était agrégé de lettres classiques, ancien élève de Normale sup, Louis ira lui  faire sa scolarité au Lycée Charlemagne et à Louis le Grand. Un peu rebelle le Louis, admis à l'école coloniale, il refuse son affectation en Algérie, c'est en Asie qu'il voulait aller, il avait appris le vietnamien, et part pour Londres où il devient chroniqueur sportif mais un chroniqueur littéraire, avant de partir au Canada, abandonnant quasiment sa compagne Lydia, internée en psychiatrie, et sa fille ...

    Maria Chapdelaine est un roman naturaliste, qui fait l'éloge de la rude vie des colons français au Quebec, des familles qui travaillent dur pour faire de la terre, défricher les bois, avec des hivers de sept mois, dans des villages isolés de tout, où toute la famille, homme, femme, enfants est mobilisée jour et nuit pour survivre dans la misère au prix d'une abnégation qui force l'admiration.

    Maria, adolescente, connait ses premiers émois et elle va devoir choisir entre trois prétendants le premier beau et fort travaille à la conduite des grumes sur le fleuve, mais cette promesse de bonheur va disparaitre au coeur de l'hiver en s'écartant de la lisière des bois, il y a Lorenzo, parti faire sa vie aux Etats qui promet une vie douce, pleine de lumières, confortable et Eutrope Gagnon, un voisin, qui promet que rien ne change.

    Que fera Maria? Contre toute attente au regard de la biographie de l'auteur, opposé au mariage, rebelle, Maria finira par choisir le statu quo et d'épouser à moitié résignée, Europe Gagnon qui avait lui même compris qu'il a avait peu de chance, mais la force de l'habitude, le devoir filial, les voix de l'église vont finalement l'emporter. La révolte viendra plus tard, peut-être, l'histoire ne le dit pas.

  • Deadwood

    J'ai découvert ce livre grâce à l'émission La Grande Librairie sur France 5, un des cinq livres recommandés dans le reportage consacré à la librairie Delamain place de la Comédie française, la librairie que je fréquentais lorsque je travaillais aux Finances près du Louvre...

    Plus que d'un policier, c'est un récit écrit par Pete Dexter, récit de la vie quotidienne  Deadwood (bois mort), ville illégalement construite au tournant des années 1875 au moment de la ruée vers l'or. Tous les personnages de ce récit, à l'exception de quelques uns ont réellement existé : Will Bill Hicock, Charley Utter, Calamity Jane, Boone May, Swearingen, Solomon star, Lurline, Langrische, Agnès Lake...

    C'est un monde peu recommandable, aucun des personnages n'est réellement sympathique, ils sont ivres la plupart du temps, tirent des coups de feu à tout bout de champ, trichent, maltraitent les femmes, assassinent les indiens ou les mexicains, viole des enfants, il pleut très souvent, on y trouve peu d'or. Le sherif fait régner l'ordre quand cela lui chante et en profite pour faire ses affaires. Les chinois vivent dans la fange... il y a la variole...

    Seul Charley finit par apparaitre aimable et empreint d'une certaine morale, d'une fidélité, même s'il tient un moment un bordel aux marges de la ville, bordel où les filles ne sont pas battues. Et il y a, personnage inventé, le maniaque aux bouteilles, un fou qui garde les bains publics, c'est un dollar pour l'eau chaude, un fou qui est peut être le seul sage de la bande.

    Donne une bonne idée de ce qu'était sans doute le far west, à force de le légender on finit par ne plus savoir vraiment comment c'était! le livre a donné lieu à une série que je n'ai pas vue.

    Tout cela se termine par un vaste incendie qui ravage et le quartier chinois  et la ville elle-même alors toute en bois. Elle a été reconstruite depuis.

    On ne s'ennuie pas même s'il n'y a pas réellement d'intrigue.

  • L'estuaire de la Gironde

    Il est à la fois si proche de nous, bordelais, et si lointain, méconnu...

    Anne-Marie Cocula, professeur émérite de l'université de Bordeaux, ancienne vice-présidente du conseil Régional d'Aquitaine, et Eric Audinet, écrivain et directeur des éditions confluences, nous font découvrir cet estuaire de la gironde, un des plus grands d'Europe, sous son aspect historique, c'est la première partie, et au cours d'une croisière sur le Silnet, un des bateaux de la compagnie Rivercruise, basée à Bordeaux, les bateaux rouge, héritiers de l'association Gens d'Estuaire.

    L'estuaire reste un milieu sauvage, dangereux, mystérieux, une frontière, peuplé de personnages attachants, les pêcheurs, les bateliers, les riverains, les pilotes, les paysans et les vignerons des iles.

    Promis, aux beaux jours de 2019 je m'embarquerai sur le Silnet pour aller découvrir l'île de Patiras, l'ile verte, l'lle du nord, l'ile Margaux, l'ile nouvelle, le nouveau monde est à côté de chez nous, il reste à découvrir...

  • Une histoire du monde en cent objets

    Un beau livre pour cette fin d'année! Acheté par hasard en parcourant la librairie Mollat à Bordeaux. 800 pages, toutes passionnantes. Chronologique.

    L'auteur est Neil MacGregor qui a été directeur de la National Gallery puis du British Museum. et l'idée de départ a été de faire une série d'émission de radio avec BBC4 pour raconter l'histoire du monde à partir de celle de cent objets des collections du British Museum, les auditeurs ne voyaient donc pas les objets, il fallait les imaginer, le livre est venu après. Chaque chapitre est illustré d'une ou deux belle photographies de l'objet.

    Parmi les premiers objets, mon préféré est un biface découvert à Olduvai, en Tanzanie, vieux d'1,2 million d'années. Cet objet nous a permis à nous les hommes de mieux manger, de dépecer des peaux de bêtes, d'effeuiller des branches d'arbres,  de faire du feu et pendant la fabrication de l'outil, de s'asseoir, de bavarder, d'élaborer des projets, de voyager, de partir à la conquête du monde...

    L'un des derniers objets est une carte de crédit, de la banque londonienne HSBC, Hong-kong and Shanghai Banking Corporation, une carte du réseau américain Visa, émise par la filiale islamique Amanah d'HSBC et donc écrite en arabe. Cette carte relie donc Londres, l'Asie, l'Amérique du nord et le monde islamique. Nous avons peuplé toute la planète et cette carte nous permet de disposer d'argent dans le monde entier, c'est tout simplement génial.

    Finalement depuis que nous avons quitté l'Afrique de l'Est nous avons assez peu changé, nos besoins et nos préoccupations sont sensiblement les mêmes, et les objets que nous fabriquons qu'ils soient en pierre, en bois, en plume, en papier, en perles ou en silicone renvoient toujours à notre nature profonde, le sens de notre vie, le pouvoir, le sexe, l'au delà, la guerre, l'amour...

    Très bonne année 2019 si je n'écris pas d'ici là.

     

  • Immigrés

    Samedi passé, nous sommes allés en famille aux confins de la Gironde, de la Dordogne et du Lot et Garonne pour être des anniversaires, dans une ferme familiale, élevage, polyculture, on y tue encore le cochon à la saison.

    C'est une ferme qui a été achetée dans les années soixante par la génération précédente, par celui qui n'était alors que fermier.

    Il était né en Bretagne, près de Carhaix.

    Et son fils m'a raconté cette histoire de migration, dans cette région du Lot et Garonne, migration de jeunes gens sans terre, sans avenir, amorcée dans les années vingt et qui a connu son apogée entre 1950 et 1969, en témoigne cet annuaire édité par le syndicat des agriculteurs migrants en provenance de métropole et d'Afrique du Nord, édité en 1960. Les agriculteurs y sont classés par département de provenance, il en est venu beaucoup de Bretagne mais aussi du Nord et de l'Est.

    Dans le cas de notre famille, la migration fut organisée par la JAC, la Jeunesse Agricole Chrétienne, le jeune homme est venu en train jusqu'à Tonneins, où il a été accueilli par un prêtre breton, puis il parcouru les derniers kms à pied avec son cheval et son paquetage pour rejoindre un parent déjà installé et qui avait repéré une exploitation à prendre en fermage dans les mois à venir.

    Il est resté, a pris souche, mais de temps à autre dans cette ferme on entend de la musique celte... Deux cultures cohabitent, c'est possible...

  • Les grandes plaines

    great plains.jpgIan Frazier est grand reporter au New Yorker. Depuis plus de trente ans il arpente les grandes plaines mythiques de l'ouest américain. Il n'a pas écrit un roman, comme il avait l'intention de le faire initialement, mais une sorte de somme sur ces grandes plaines, leur histoire, leur géographie, leur peuplement, les chercheurs d'or, la conquête de l'ouest, les indiens, leur mode de vie, Sitting bull, Crazy horse, mais on y croise aussi Bonny and Clide et Truman Capote, le général Custer... et les silos des missiles nucléaires. C'est très bien fait, on passe un peu du coq à l'âne comme au cours d'un voyage de longue haleine au hasard des rencontres, des motels...

    La traduction française vient de paraitre.

  • Things fall apart ou Tout s'effondre

    Cet été Barack Obama a effectué un voyage en Afrique et à cette occasion il a mentionné dans une entretien les livres qu'il a lus pour préparer ce voyage : https://www.facebook.com/barackobama/posts/10156007456406749

    37781.jpgC'est à cette occasion que j'ai découvert Chinua Achebe, un auteur nigerian qui a écrit "Things fall apart" dans les années cinquante. Un auteur méconnu par la francophonie qui n'en parle jamais, mobilisée qu'elle est sur les auteurs africains francophones. Et pourtant "Le Monde s'effondre" ou "Tout s'effondre" dans la dernière traduction est un livre formidable qui décrit avec talent le mode de vie d'une tribu au Nigeria avant l'arrivée des blancs. La vie villageoise, les dieux, les croyances, parfois d'une cruauté inouïe comme celle d'abandonner dans la forêt tous les jumeaux perçus comme des anomalies,  l'exil et le bannissement des fauteurs de troubles, les mariages forcés, la virilité exacerbée des hommes, mais aussi beaucoup d'amour, de solidarité. La seconde partie décrit l'arrivée des premiers missionnaires, la confrontation des croyances, la construction des premières églises, les premières conversions, les conflits au sein des familles, puis enfin la colonisation proprement dite dans la troisième partie avec l'instauration du pouvoir de Londres, et de sa justice, l'incompréhension des villageois les plus attachés à leurs traditions et l'adaptation des autres à la nouvelle donne. Rien n'est simple.

  • Un été avec Homère

    Le livre de Sylvain Tesson, Un été avec Homère, qui reprend ses chronique diffusées sur France Inter l'an dernier est un ravissement, un vrai plaisir de lecture. 

    J'ai lu l'Iliade et l'Odyssée en Pléiade il y a quelques années. Je me souviens d'une lecture un peu difficile de l'Iliade, beaucoup plus aisée de l'Odyssée. La lecture de l'ouvrage de Tesson, elle, est limpide. Après le résumé des deux ouvrages, Sylvain Tesson en fait le commentaire avec des allers et retour sur le pourquoi dans le contexte de l'époque et sur l'actualité d'Homère, aujourd'hui, après le christianisme, l'Islam, bref les monothéismes.

    La thèse de Tesson qui ne croit pas à l'au delà quel qu'il soit mais se contente du ravissement que lui procure le monde tel qu'il est est qu'Homère est actuel parce que rien n'a changé sous les cieux depuis que l'homme est sur terre. Il y a la guerre, irresistible, et l'homme qui balance éternellement entre chercher le repos, revenir chez lui, retrouver son foyer et puis courir l'aventure, découvrir l'inconnu.

    Et ce n'est pas Internet qui va changer cela!