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Beyrouth

  • Vacarme

    Tôt le matin, on entend l'appel du muezzin et les cloches au son aigrelet des églises chrétiennes, à moins que ce ne soient les camions de Suckleen qui réveillent le visiteur, ils vident les grandes bennes à ordure, en tôle verte, puis on entend les premiers klaxons, les premières sirènes hurlantes des FSI, Beyrouth s'éveille. Un peu plus tard les chantiers se mettent en route. Ici les ouvriers, syriens la plupart, démolissent une vieille demeure de style ottoman, là, on creuse des trous profonds pour abriter les parkings souterrains, plus loin, on construit des tours toutes sur un modèle quasi identique, 10 à 30 étages, des appartements de 300 à 500 mètres carrés pour des arabes du Golfe ou des émigrés libanais, enrichis qui en Afrique qui au Moyen-Orient, qui aux Amériques... Les pelleteuses, les marteaux piqueurs, les bulldozers, les camions remplis de gravats s'en donnent à coeur joie. Impossible d'y échapper, il y a un chantier dans chaque pâté de maison, Beyrouth, le vieux Beyrouth, du moins ce qu'il en reste, disparait.

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    C'est l'été ou presque, il fait déjà très chaud, ouvrir les fenêtres, c'est s'exposer à la poussière des chantiers, omniprésente, et au bruit, alors va pour la clim, mais il y a les coupures d'électricité, annoncées désormais sur Internet par EDL, l'EDF locale, les générateurs privés d'électricité de quartier tournent à plein régime, ils fonctionnent au fuel, d'où, avec la circulation automobile, le nuage de pollution qui domine la ville en permance et qu'on découvre lorsqu'on descend de la montagne.

    La circulation est toujours infernale, il y a plus de feux rouges et même, quelle audace, des signaux lumineux pour les piétons mais traverser la rue Charles Malek à pied relève de l'aventure périlleuse, tant l'automobiliste libanais est impatient d'arriver, désireux de montrer qu'il va vite avec son 4x4. Et il faut aussi compter avec les scooters qui filent à toute allure dans tous les sens et les livreurs de pizzas payés à la course qui risquent leur vie à tout instant au point qu'on les appelle parfois les livreurs de greffons...

    Le soir, rien ne se calme, c'est le Mondial de foot-ball et donc, à chaque but, s'élèvent des clameurs, en fin de match, des feux d'artifice, quand ce ne sont pas dans certains quartiers des tirs de Kalachnikov en l'air. Heureusement les pays de la région ne sont pas de la partie.

    De ce point de vue l'équipe de France a jusqu'ici contribué au calme, qu'elle en soit remerciée!

  • Valse avec Bechir

    valse.jpgBechir c'est Bechir Gemayel, le Président du Liban élu en 1982 aussitôt assassiné et la valse fait référence à une action extraodinaire, une action de bravoure, comme en font parfois les soldats sous l'effet d'un stress intense. Ici, un des soldats de Tsahal dont la patrouille est sous le feu des snipers, sur la corniche de Beyrouth, se met à tirer à la mitrailleuse légère, au milieu des affiches de Bechir Gemayel, sans aucune protection...
    Ari Folman, le réalisateur a fait la guerre du Liban en 1982. Ce film d'animation retrace les hallucinations qui hante encore aujourd'hui sa mémire et celle de ses copains de l'époque, retrace sa quête de retrouver ce qui s'est réellement passé en interrogeant ses compagnons d'armes. Le film tient à la fois du récit et de la psychanlyse. C'est aussi un bel exercice de devoir de mémoire qui retrace par l'intermédiaire du dessin plusieurs éposodes de la guerre de 1982 et qui se termine par des images bien réelles du massacre de Sabra et Chatila commis par les forces phalangistes en représailles de l'assassinat de Bechir Gemayel, sous la protection à tout le moins de l'armée d'Isrraël commandée par Ariel Sharon.
    Mais l'objet du film n'est pas de retracer les faits et encore moins le pourquoi des faits, il est de décire le ressenti de ces faits sur un soldat israélien plus de vingt ans après ces faits.
    Personne en sort grandi de cette exercice. La guerre n'est pas jolie, jamais jolie, jolie...On part faire une guerre juste et on s'apercçoit qu'on est complice de crimes de guerre, ce qui pour un juif dont les parents sont morts à Auschwitz n'est jamais facile à admettre.
    Le film ne passe pas à Beyrouth parce qu'il est israélien. Censure oblige. S'il passait, il déclencherait sûrement moultes polémiques et les censeurs expliqueront qu'au titre du mantien de la tranquillité publique c'est bien ainsi. Dommage, débattre est toujours utile pour guérir les blessures surtout lorsqu'elles ne sont pas cicatrisées pour amorcer la réconciliation pour prépare rle vivre ensemble qu'il est indispensable d'envisager.

  • Port d'armes

    On le sait les armes circulent au Liban. Le Hezbollah, les tirs de joie après les discours de tel ou tel leader, tirs de joie qui tuent parfois, les rixes dans tel ou tel quartier, sont là pour en témoigner. Les rumeurs sur l'armement des milices, leur entrainement, enflent au fur et à mesure de la prolongation de l'impasse politique.

    On saisit l'importance du fléau quand on pénètre dans l'enceinte de l'Hotel Dieu de France, Centre hospitalier universitaire de Beyrouth. Une affiche anodine vous demande gentiment de remettre votre arme à l'agent de sécurité :

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    Pas de portique détecteur de métaux pour inciter les contrevenants potentiels à obtempérer. La confiance régne! Allez déposer votre arme gentiment et après votre check up reprenez la!

    De quoi vous rappeler qu'on est au Liban, sur un chaudron!

  • Beyrouth, banlieue de Téhéran

    J'emprunte le titre de ce post à l'Orient le Jour de ce matin

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    "Critiqué par les autorités iraniennes pour sa description de la Révolution islamique, le film d'animation franco-iranien Persépolis n'a pas été autorisé à sortir sur les écrans libanais, provoquant de vives critiques dans le pays.

    Une source gouvernementale, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a expliqué à l'AFP que le film avait déplu au chef de la sûreté, un proche du Hezbollah, qui décide de la censure des films. Le ministre de la culture, Tarek Mitri, a déclaré de son côté qu'il n'y avait "aucune raison justifiant la censure du film" et qu'il a demandé au ministère de l'intérieur de faire lever cette interdiction." source : le Monde.fr

    Le drame du Liban est bien résumé dans le second paragraphe de cet article. Le gouvernement est contre la censure mais les agents de la Sureté générale, en charge de la censure, théoriquement sous l'autorité du ministre de l'intérieur, n'en font qu'à leur tête! Où est l'état de droit?

  • Il n'y a plus de saisons...

    Week-end pascal on ne peut plus contrasté entre la France et le Liban, entre La Chaise-Dieu (Haute-Loire) et Beyrouth.

    La Chaise-Dieu c'est encore la neige, le froid, le vent qui s'invitent pour la fête de Pâques. Les enfants ont dû aller chercher les oeufs dans la neige. L'hiver fait des incursions sur le printemps tant attendu par tous ceux qui vivent du tourisme et plus généralement tous ceux qui aspirent à retrouver les beaux jours, éteindre enfin le chauffage, planter quelques fleurs, revoir le marché en plein air...

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    A Beyrouth, c'est le contraire, il fallait aller chercher ses oeufs dans le sable des plages, l'été est déjà là, 35 degrés à l'ombre, il faut mettre la climatisation dans les appartements et les voitures, les libanais retrouvent le chemin de la mer, évoquent avec regret la saison de ski déjà terminée, l'année dernière on pouvait encore skier en mai.

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    Est-ce pour fêter le retour de l'été qu'on entend au loin des tirs de joie? Non, ce sont simplement les partisans du mouvement Amal qui fêtent à la kalachnikov, voire à la roquette, les déclarations de leur leader Nabi Berry, le Président du Parlement fermé depuis bientôt 18 mois. De quoi rappeller à tout un chacun que l'élection du Président de la République est toujours reportée à des jours meilleurs, que le sommet de la Ligue arabe de Damas à la fin de la semaine va être boudé par le roi d'Arabie saoudite et que le Hezbollah se prépare à venger l'assassinat d'Imad Moghniyé, son numéro 2. Où, quand, comment? Chacun s'interroge et craint les orages.

    En attendant il fait beau!

  • Taxis d'Attali à Paris et à Beyrouth

    Comparer la situation des taxis à Paris et à Beyrouth est assez stimulant.

    A Paris,  il y aurait  selon la presse environ 15000 taxis (40000 en France). Les tarifs sont chers, il est difficile d'en trouver, ils sont parait-il coincés dans les embouteillages ou en attente d'un client dans une file de plusieurs heures à l'aéroport de Roissy.

    Au Liban, qui ne compte que 4 millions d'habitants contre 63 en France, il y aurait entre 35000 et 45000 "plaques rouges". Ces véhicules regroupent les mini-bus privés, les taxis analogues aux taxis parisiens et les taxis services ou collectifs. Les tarifs sont très bon marché, on en trouve très facilement, ce sont eux qui encombrent le reste de la circulation. Les revenus générés sont faibles, les véhicules le plus souvent en mauvais état, confort et mécanique. Le seul attrait est pour le propriétaire l'accès quasi gratuit à l'assurance maladie.

    Conclusion, multiplier sans limite le nombre de taxis sans précaution peut effectivement conduire à la détérioration du service, à la réduction du revenu et du capital détenu par les artisans. La situation beyroutine a de quoi effrayer les taxis parisiens!

    Mais il ne faut pas renoncer, il faut agir avec doigté. Il est en effet fort probable qu'entre le modèle de rationnement parisien et le modèle d'ouverture totale de Beyrouth , il existe une situation intermédiaire gagant-gagnant. Pour s'en rapprocher, il suffit sans doute en concertation avec la profession parisienne d'accroître très modérément le nombre de taxi et de quantifier l'effet de cette mesure sur l'évolution de la demande. Si le prix de la course baisse, le nombre de clients doit augmenter. Si la taille du gâteau à partager entre les taxis augmente plus rapidement que celle du nombre de taxis tout le monde gagne, les taxis et les consommateurs...L'environnement ce n'est pas sûr!

    A l'inverse à Beyrouth, il faut réduire progressivement le nombre de plaques rouges afin de revaloriser la profession, et améliorer le service rendu, en accompagnant cette réforme par une offre plus importante de transport collectif. 

  • Attentats à Beyrouth et Damas

    Attentat mardi soir à Damas à la voiture piégée. Le mode opératoire est le même qu'à Beyrouth. A l'avant veille de la commémoration de la saint Hariri, on s'attendait bien à quelque incident au Liban mais pas à un attentat à Damas en plein quartier quadrillé par les services de renseignement irano-syrien puisque proche d'intérêts iraniens.

    Même mode opératoire qu'à Beyrouth. La grande différence c'est qu'à Beyrouth  on sait dans les minutes qui suivent quelle est l'identité de la victime. A Damas, il faut attendre plusieurs heures, une fois toute trace effacée, pour apprendre qu'il s'agit d'un attentat, en l'espèce contre Imad Moghniyé, figure légendaire du Hezbollah, accusé de terrorisme international par les Etats-Unis, la France et Israël, entre autres. Il serait le cerveau des enlèvements de français au Liban, de l'attentat contre le Drakkar...

    La date de cet assassinat n'est sans doute pas le fruit du hasard pour ceux qui veulent attiser la tension entre chiites et sunnites.

    Peu importe, ce qui domine devant cet assassinat  terroriste et lâche, quels qu'en soient les auteurs, c'est l'écoeurement à l'égard des assassins et de ceux qui se réjouissent ouvertement de la mort d'un homme.

    Peu de voix malheureusement, si ce n'est heureusement celle de la France, pour dire qu'il est regrettable qu'Imad Moghniyé n'ait pas pu rendre compte de ses actes devant la justice.

  • Les sirènes de Bagdad

    Yasmina Khadra, ce militaire algérien retraité s'est surtout fait connaître avec Les hirondelles de Kaboul, puis avec l'Attentat qui met en scène une femme kamikaze au coeur du conflit isaélo-palestinien.

    Ici, avec l'Irak, l'objectif est le même : essayer de comprendre ce "dialogue de sourds entre l'Orient et l'Occident" qui s'est bel et bien installé dans les relations internationales et dans nos têtes, n'en déplaise à ceux qui nient le choc des civilisations.

    On suit donc, au rythme d'un roman policier, le parcours d'un jeune bédouin qui va décider de rejoindre la résistance à l'occupation américaine après avoir vu sa famille subir de plein fouet les effets dévastateurs d'une bavure de l'armée US, une parmi celles qui nous sont relatées par la télévision au journal de 20 heures.983a8b01ef7143a786060d1352a17729.jpg

    On découvre au fil de l'itinéraire du jeune homme tous les aspects de la vie quotidienne en Irak, sur les routes, les checkpoints, à Bagdad même, la méfiance généralisée, la corruption des policiers, les logements crasseux, la misère sexuelle, la condition des femmes, mais aussi les points de vue des résistants, des partisans du nouvel ordre, les méthodes expéditives et barbares de la guérilla, les projets démentiels de 11 septembre plus plus plus. Tout cela est bien décrit, bien argumenté. Il y a bel et bien un mur d'incompréhension entre des populations humiliées depuis plusieurs décennies qui développent une rationalité qui nous semble totalement étrangère.

    La fin du roman apporte un mince espoir, l'humanisme est en effet au fond de chaque individu et c'est un des éléments sur lesquels il faut sans doute parier pour un jour restaurer le vrai dialogue des civilisations qu'il nous faut en attendant promouvoir sans cesse.

    De belles pages sur Beyrouth, en introduction à ce roman, mais qui ne plairont pas à tous les libanais :

    Ce n'est qu'un ville indéterminable, plus proche de ses fantasmes que de son histoire, tricheuse et volage, décevante comme une farce...Elle a vécu le cauchemar grandeur nature - à quoi cela lui a t-il servi?...Il y a dans sa désinvolture une insolence qui ne tient pas la route. Cette ville ment comme elle respire. ses airs affectés ne sont qu'attrape-nigauds. Le charisme qu'on lui prête ne sied pas à ses états d'âme; c'est comme si on couvrait de soie une vilaine flétrissure.
    A chaque jour suffit sa peine, martèle t'elle sans conviction. Hier, elle braillait ses colères à travers ses boulevards au vitrines barricadées. Ce soir, elle va s'envoyer en l'air...Dans le slalom des phares, les grosses cylindrées se prennent pour des coups de génie...Les gens vont s'éclater jusqu'au petit matin, si copieusement que les clochers ne les atteindront pas.


    Voilà Beyrouth et donc un peu l'Occident vu par le héros des Sirènes de Bagdad .

    Un livre à lire qui vaut tous les bulletins d'informations. Ainsi va le monde!

  • Boulangerie Paul à Beyrouth

    Un des hauts lieu de Beyrouth , c'est la boulangerie Paul, la principale, car on en trouve aussi à l'ABC..., au début de la rue Gemmayzé. Il y a du bon pain, le même qu'à Paris, des tartes au citron, aux pommes, à la rhubarbe, on peut y prendre son petit déjeuner, son déjeuner, son thé l'après-midi, y dîner, du moins je crois. De toute façon, si c'est fermé, toute la rue Gemmayzé offre de quoi se sustenter dans une excellente ambiance...

    C'est assez chic, chez Paul, assez friqué même, mais le chic du chic c'est d'aller chercher sa baguette au sésame ou aux graines de pavot en Honda Goldwing, 1500 cc, 6 cylindres, il y a même des versions avec airbag, entre 20 000 et 25 000 USD...

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  • Metropolis

    ea85720f0929aa03f251c73123ef32eb.jpgCe samedi soir, très belle initiative au Théatre Tournesol du Rond-point Tayouneh, la projection du film culte de Fritz Lang, Metropolis , de 1927, formidablement accompagné en "live" par six musiciens, allemands, français et libanais, de la musique classique, contemporaine, avec quelques rumeurs de la ville de Beyrouth.

    Le mythe de la tour de Babel est omniprésent dans ce film qui dénonce l'exploitation du travail par le capital, le gigantisme de la ville inhumaine, le progès technique qui nous déshumanise...

    Dans cette partie du monde, dans cet Orient dont Beyrouth est toujours un des phares, j'ai irrésistiblement pensé à Dubaï. Cet émirat gouverné par un prince autocrate qui construit des tours toujours plus hautes les unes que les autres, qui prétendent flirter avec le ciel, avec les étoiles, avec les dieux, et qui sont, comme le dit le film, construites par des mains étrangères qui ne comprennent pas toujours le pourquoi de cette ambition démesurée.

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    Dubaï :Le projet de la tour Burj al Arab 750 m

    Metropolis aujourd'hui c'est Dubaï!

    Quel est le membre de la famille princière de Dubaï qui jouera le rôle de Freder et ira trouver une Maria pakistanaise, indienne, ou sri lankaise dans les préfabriqués dubaïotes pour réconcilier, comme dans le fim de Fritz Lang , un peu naïvement, capital et travail?