Une histoire du monde en cent objets
Un beau livre pour cette fin d'année! Acheté par hasard en parcourant la librairie Mollat à Bordeaux. 800 pages, toutes passionnantes. Chronologique.
L'auteur est Neil MacGregor qui a été directeur de la National Gallery puis du British Museum. et l'idée de départ a été de faire une série d'émission de radio avec BBC4 pour raconter l'histoire du monde à partir de celle de cent objets des collections du British Museum, les auditeurs ne voyaient donc pas les objets, il fallait les imaginer, le livre est venu après. Chaque chapitre est illustré d'une ou deux belle photographies de l'objet.
Parmi les premiers objets, mon préféré est un biface découvert à Olduvai, en Tanzanie, vieux d'1,2 million d'années. Cet objet nous a permis à nous les hommes de mieux manger, de dépecer des peaux de bêtes, d'effeuiller des branches d'arbres, de faire du feu et pendant la fabrication de l'outil, de s'asseoir, de bavarder, d'élaborer des projets, de voyager, de partir à la conquête du monde...
L'un des derniers objets est une carte de crédit, de la banque londonienne HSBC, Hong-kong and Shanghai Banking Corporation, une carte du réseau américain Visa, émise par la filiale islamique Amanah d'HSBC et donc écrite en arabe. Cette carte relie donc Londres, l'Asie, l'Amérique du nord et le monde islamique. Nous avons peuplé toute la planète et cette carte nous permet de disposer d'argent dans le monde entier, c'est tout simplement génial.
Finalement depuis que nous avons quitté l'Afrique de l'Est nous avons assez peu changé, nos besoins et nos préoccupations sont sensiblement les mêmes, et les objets que nous fabriquons qu'ils soient en pierre, en bois, en plume, en papier, en perles ou en silicone renvoient toujours à notre nature profonde, le sens de notre vie, le pouvoir, le sexe, l'au delà, la guerre, l'amour...
Très bonne année 2019 si je n'écris pas d'ici là.

C'est à cette occasion que j'ai découvert Chinua Achebe, un auteur nigerian qui a écrit "Things fall apart" dans les années cinquante. Un auteur méconnu par la francophonie qui n'en parle jamais, mobilisée qu'elle est sur les auteurs africains francophones. Et pourtant "Le Monde s'effondre" ou "Tout s'effondre" dans la dernière traduction est un livre formidable qui décrit avec talent le mode de vie d'une tribu au Nigeria avant l'arrivée des blancs. La vie villageoise, les dieux, les croyances, parfois d'une cruauté inouïe comme celle d'abandonner dans la forêt tous les jumeaux perçus comme des anomalies, l'exil et le bannissement des fauteurs de troubles, les mariages forcés, la virilité exacerbée des hommes, mais aussi beaucoup d'amour, de solidarité. La seconde partie décrit l'arrivée des premiers missionnaires, la confrontation des croyances, la construction des premières églises, les premières conversions, les conflits au sein des familles, puis enfin la colonisation proprement dite dans la troisième partie avec l'instauration du pouvoir de Londres, et de sa justice, l'incompréhension des villageois les plus attachés à leurs traditions et l'adaptation des autres à la nouvelle donne. Rien n'est simple.