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Histoire - Page 6

  • Ceux de 14

    Aujourd’hui, avec Maurice Genevoix, nos grands-pères et grand-oncle entrent aussi au Panthéon.

    Ils y sont.

    Auguste était dans l’infanterie, il a été bléssé une première fois à Verdun puis fait prisonnier en 1917

    Ixile était dans la troisième coloniale d’Orient, il a combattu en Serbie contre les bulgares, démobilisé en juin 1919

    Paul, prêtre, a servi comme brancardier dans les tranchées pendant toute la guerre avec ses frères Auguste et Raphaël,

    Marcel a embarqué à Brest en 1917 comme marin sur le cuirassé Montcalm

    leur souvenir reste, ils sont vivants en nous.

  • Fantaisies quantiques

    Sur la photo de couverture de cet ouvrage prise en 1911, on voit les meilleurs savants de l’époque réunis par Ernest Solvay pour un congrès de Physique à Bruxelles. On peut reconnaître Albert Einstein, Max Planck, Hendrik Lorentz, Jean Perrin, Ernest Rutherford, Paul Langevin, Arnold Sommerfeld, Henri Poincaré et, seule femme, Marie Curie. dix prix Nobel et deux de plus pour Marie Curie en physique en 1903 et en chimie en 1911.

    Ernest Solvay, inventeur d’un procédé industriel de fabrication de la soude et curieux des sciences physiques et en particulier de comprendre la matière avait eu l’idée de la réunion de ce conseil de physique. Des conseils qui allaient se réunir tout au long du XX siècle à intervalle régulier et scander les progrès de physique quantique, de la connaissance de l’atome à la théorie du big bang.

    Ne sont pas sur la photo mais ont pris le relais de leur maître Erwin Shrödinger, Paul Dirac, Wolfgang Pauli, Niels Bohr, Richard Feynman, Satyendra Nath Bose,  Bragg père et fil, Werner Heisenberg, Louis de Broglie, Joseph, John Thomson, George Gamow, l'abbé Georges Lemaître... et j'en passe.

    C’est Marina Solvay, l’arrière-arrière-petite-fille d’Ernest qui nous raconte, avec Catherin Doultremont, au travers de portraits vivants des acteurs de cette épopée, des controverses scientifiques, des débats, sur fond de Grande guerre, de montée du fascisme, d’exil des savants juifs en Amérique, de repli européen, cette magnifique avancée de la science. Magnifique même si cette aventure est aussi celle qui conduit à la suite du projet Manhattan à Hiroshima et à la perspective de la fusion nucléaire avec le projet ITER.

    j’avoue qu’on ne comprend pas toujours tout mais les portraits sont attachants, les anecdotes savoureuses et cela donne envie d’en savoir plus.

  • Zoli

    Cette fois Colum McCann nous emmène sur les pas de Zoli, une femme insaisissable, une tzigane, au coeur de l'Europe centrale, la Slovaquei en l'occurence, des années trente à la fin du XX siècle. C'est magnifique.

    Au départ, les années trente,  des milices fascistes cantonnent un groupe de roms sur un lac gelé, la glace fond, seuls la petite Zoli et son grand-père en réchappent.

    C'est le début d'une errance qui va durer toute la vie de Zoli. Elle va apprendre à lire, puis à écrire, devenir poète puis l'égérie des communistes nouvellement au pouvoir après 1945, ils veulent intégrer les roms dans de hlms, en vain.  Zoli reste révoltée, toujours libre, érigée en modèle d'intégration, puis bannie par son peuple...

    Elle va fuir, traverser les frontières, le rideau de fer, se retrouver en Autriche, puis en Italie, rencontrer un mari, faire une fille, une révoltée, elle aussi à Paris. La roue tourne interminablement...

     

  • Moulins du Lectourois

    Vendredi 2 octobre, la Société archéologique du Gers présentait à la salle de la comédie de Lectoure  le fruit de deux années de recherche sur les moulins du lectourois.

    Le lectourois ou 28 communes autour de Lectoure dans lesquelles ces érudits ont recensé avec l'aide des communes est des propriétaires pas moins de 151 moulins, environ 90 à vent et 60 à eau. Recherches sur le terrain et dans les archives richement illustrées par des photos et des plans. La conférence était animée par Georges Courtiès l'ancien président de la société et suivi par de nombreuses personnes, élus, propriétaires, ou simplement curieux.

    Les moulins à eau sont les mieux conservés, ceux à vent ont été plus abimés par le temps mais jalonnent encore le paysage, même lorsqu'ils ont perdu leur tête et leurs ailes.

    L'occasion d'expliquer les mécanismes de fonctionnement de ces moulins, sans roue à aube mais à roue horizontale dans notre région,  et de préciser les affres du métier de meunier, surtout pour les moulins à vent avec les risques associés à l'habillage des ailes, la montée des escaliers chargés d'un sac de farine, la surveillance de la vitesse du vent. On y a appris également que pour déterminer le sens du vent les meuniers s'appuyaient sur la position de leur âne toujours soucieux de s'abriter du vent.

    Et de clore en chantant "Meurier tu dors...

    Dans un siècle ou deux on inventoriera sans doute les silos qui jalonnent aujourd'hui nos campagnes...

  • Looking for Beethoven

    On avait été ravis il y a quelques années du spectacle de Pascal Amoyel consacré à Cziffra à l'auditorium de la Chaise-Dieu.

    On a été emballé pas celui-ci, vu dans la petite salle du théâtre du Bidochon à Barbaste, dans le cadre du Festival d'Albret, en Lot et Garonne.

    Pascal Amoyel est un merveilleux pianiste doublé d'un merveilleux conteur. Seul en scène, il nous conte la vie de Beethoven et habite réellement le personnage au point qu'il n'est plus un conteur mais un acteur qui s'identifie totalement avec son personnage.

    Beethoven, musicien de la joie malgré une vie personnelle marquée pa rles maladies,  l'excès d'alcools, les déceptions amoureuses, l'incompréhension d'une partie de ses contemporains mais toujours vivant et désireux de donner le meilleur de lui même pour la musique.

    Un spectacle émouvant dont on sort joyeux.

  • toujours charlie...

  • Récits d'Odessa

    C'est la lecture de Cavalerie rouge (cf. chronique du 29 juillet dernier) qui m'a poussé à entreprendre la lecture de Récits d'Odessa d'Isaac Babel.

    Et puis le fait qu'il s'agisse d'Odessa. Mon arrière-grand-père, y serait né en 1858, parce que son père, y était expatrié en qualité d'ingénieur mécanicien. En fait, les deux époques sont bien différentes et en effectuant un minimum de recherche, il s'avère que mon arrière-grand-père est né à Spikow, dans le gouvernorat de Podolie dans l'empire russe, aujourd'hui Shpykiv, en Ukraine, à 450 km d'Odessa.

    Il y avait bien vers 1900 une importante communauté juive de l'ordre de 2000 personnes pour une population aujourd'hui de 4000 âmes. Mon arrière grand-père, qui n'était pas juif, est-il allé à Odessa, combien d'années a-t-il vécu en Ukraine? A priori sept ans, mais la mémoire de ces années est perdue, sa vie professionnelle s'est déroulée à Paris dans une compagnie d'assurance...

    Les récits d'Isaac Babel se situent eux autour des années 1920-1930 après la révolution communiste dans la communauté juive. Ce sont des récits écrits dans une langue merveilleuse, très imagée, des récits de vauriens, de pègre, mais aussi des récits pus intimistes, de courtes nouvelles, des gens pauvres, peu instruits, qui tentent de survivre dans un univers hostile.

    Extrait : Hershélé s'assit. Ses narines s'enfilaient comme des soufflets de forgeron. ...Une poule grasse se dandinait dans un potage doré. Hershélé était recroquevillé sur un banc comme une parturiente avant la délivrance. Il lui naissait dans la tête plus de projets que le roi Salomon n'eut de femmes dans sa vie...

    ou bien : Dans le temps, les gens avaient encore la foi, c'était simple. ...puis, un jour, les polonais se sont révoltés. A côté de chez nous, il y avait un comte. Le tsar en personne venait chez lui. ... Après il y eut l'insurrection. Des soldats sont venus, et ils l'ont trainé sur la place. Nous on était tous autour de lui et on pleurait. Les soldats ont creusé un trou. Ils ont voulu bander les yeux du vieux. Il a dit "pas la peine", il s'est mis face aux soldats et a crié "feu".

  • Classé sans suite

    Plonger, dans les faits, essayer de les reconstituer...

    Claudio Magris part dans ce roman d'une histoire réelle, celle du professeur Diego de Henriquez un citoyen de Trieste, homme de grande culture, opiniâtre, qui passa sa vie a collectionner des armes de guerre pour en faire un musée de la paix... Musée qui partit un jour en fumée en même temps que son fondateur ce qui donna lieu à une enquête qui fut classée sans suite.

    Ce roman n'est pas une biographie, Claudio Magris s'est inspiré de cette histoire pour dresser celle de nos faiblesses face à l'histoire.

    A Trieste, l'ancienne usine de décorticage du riz, la Rizerie, fut transformée pendant la seconde guerre mondiale en camp d'extermination : 25000 personnes passèrent par ce camp, 20000 pour partir pour les camps allemands, 5000 environ pour être exterminées sur place. Arrestations, dénonciations, tournures, exécutions sommaires, résistants, juifs, 

    La fondateur du musée a récolté un maximum d'indices, les noms des prisonniers, des victimes, de ceux de leurs dénonciateurs, ceux des chefs du camp, des notables, des complices qui portaient des toasts à la gloire du Führer. Qui est coupable, qui sera jugé responsable?

    L'omerta va peser durant des années sur ces épisodes. Les roman est également l''occasion de narrer le travail d'un collaboratrice du fondateur Luisa , personnage fictif qui tente de reprendre le travail après l'incendie, organiser les salles du musée, de reconstituer les mémoires rassemblées mais tout est effacé, les murs blanchis à la chaux, les carnets brûlés, elle-même a un passé incertain, fille d'un soldat noir américain, Brooks, un descendant d'esclave, mort prématurément, juive par sa mère, sa grand mère Déborah a sans doute finit ses jours à la Rizerie mais a aussi probablement été dénonciatrice. Assumer le passé est difficile, ou est la vérité?

    De même pour ce soldat polonais, exécuté par les allemands parce qu'il aurait refusé de tirer sur des compatriotes, devenu héros national mais qui serait peut-être tout simplement un déserteur.

    Un roman d'une grande érudition très Mitteleuropa qui permet également de revivre la libération de Trieste, entre troupes néo-zélandaises, résistance italienne, occupants allemands, titistes, communistes...

    PS : je suis allé pour la première fois à Trieste l'an dernier passer une journée lors d'un séjour à Venise et j'ai omis, faute de connaissance, d'aller visiter ce lieu de mémoire qu'est devenu la Rizerie. La prochaine fois...

  • Repentir

  • Cavalerie rouge

    Voilà un livre terrifiant. Cavalerie rouge est un recueil de nouvelles, très courtes, écrites par Isaac Babel (1894-1940), écrivain russe puis soviétique, né à Odessa dans une famille juive. Désireux d''être écrivain il n'arrive pas à vivre de son art et Gorki lui conseille de courir le monde.

    Il soutient la révolution de 1917, travaille pour le commissariat du peuple à l'éducation,  et s'engage dans l'armée rouge en 1920. Il sert dans la cavalerie rouge comme correspondant de guerre dans la Première Armée de Cavalerie de Boudienny, futur Maréchal soviétique.

    Durant cette campagne il tient son journal qui fait l'objet de la seconde partie du livre. Ce journal qui servira d'inspiration pour les nouvelles est absolument terrifiant. Il décrit les comportements, brutaux, cyniques, dépourvus d'idéologie des cosaques incultes qui composent cette armée. Des hommes sans aucune conviction révolutionnaire qui s'adonnent sans vergogne aux exécutions sommaires, aux pogroms et aux viols.

    Cavalerie rouge est paru en France en 1928. Dans les années trente Isaac Babel est accusé à l'occasion des grandes purges de déviationnisme, le Maréchal Boudienny  lui reproche le portrait peu flatteur de ses hommes, il est finalement arrêté en 1939, accusé de trotskisme, d'espionnage...il sera exécuté le 27 janvier 1940 pour être ensuite réhabilité en 1954.