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Cas@d€i - Page 127

  • Les sirènes de Bagdad

    Yasmina Khadra, ce militaire algérien retraité s'est surtout fait connaître avec Les hirondelles de Kaboul, puis avec l'Attentat qui met en scène une femme kamikaze au coeur du conflit isaélo-palestinien.

    Ici, avec l'Irak, l'objectif est le même : essayer de comprendre ce "dialogue de sourds entre l'Orient et l'Occident" qui s'est bel et bien installé dans les relations internationales et dans nos têtes, n'en déplaise à ceux qui nient le choc des civilisations.

    On suit donc, au rythme d'un roman policier, le parcours d'un jeune bédouin qui va décider de rejoindre la résistance à l'occupation américaine après avoir vu sa famille subir de plein fouet les effets dévastateurs d'une bavure de l'armée US, une parmi celles qui nous sont relatées par la télévision au journal de 20 heures.983a8b01ef7143a786060d1352a17729.jpg

    On découvre au fil de l'itinéraire du jeune homme tous les aspects de la vie quotidienne en Irak, sur les routes, les checkpoints, à Bagdad même, la méfiance généralisée, la corruption des policiers, les logements crasseux, la misère sexuelle, la condition des femmes, mais aussi les points de vue des résistants, des partisans du nouvel ordre, les méthodes expéditives et barbares de la guérilla, les projets démentiels de 11 septembre plus plus plus. Tout cela est bien décrit, bien argumenté. Il y a bel et bien un mur d'incompréhension entre des populations humiliées depuis plusieurs décennies qui développent une rationalité qui nous semble totalement étrangère.

    La fin du roman apporte un mince espoir, l'humanisme est en effet au fond de chaque individu et c'est un des éléments sur lesquels il faut sans doute parier pour un jour restaurer le vrai dialogue des civilisations qu'il nous faut en attendant promouvoir sans cesse.

    De belles pages sur Beyrouth, en introduction à ce roman, mais qui ne plairont pas à tous les libanais :

    Ce n'est qu'un ville indéterminable, plus proche de ses fantasmes que de son histoire, tricheuse et volage, décevante comme une farce...Elle a vécu le cauchemar grandeur nature - à quoi cela lui a t-il servi?...Il y a dans sa désinvolture une insolence qui ne tient pas la route. Cette ville ment comme elle respire. ses airs affectés ne sont qu'attrape-nigauds. Le charisme qu'on lui prête ne sied pas à ses états d'âme; c'est comme si on couvrait de soie une vilaine flétrissure.
    A chaque jour suffit sa peine, martèle t'elle sans conviction. Hier, elle braillait ses colères à travers ses boulevards au vitrines barricadées. Ce soir, elle va s'envoyer en l'air...Dans le slalom des phares, les grosses cylindrées se prennent pour des coups de génie...Les gens vont s'éclater jusqu'au petit matin, si copieusement que les clochers ne les atteindront pas.


    Voilà Beyrouth et donc un peu l'Occident vu par le héros des Sirènes de Bagdad .

    Un livre à lire qui vaut tous les bulletins d'informations. Ainsi va le monde!

  • Les feuilles mortes de Chanteuges en Haute-Loire

    Au X siècle, Chanteuges, entre l'Allier et la Desge, aux confins de l'Auvergne, du Velay et du Gévaudan, fut une abbaye, rapidement livrée à une tourbe de moines brutaux, pillards et débauchés qui en firent une caverne de brigands. Il revint à Etienne de Mercoeur, Abbé de La Chaise-Dieu (1111-1146), d'y mettre bon ordre et d'en faire un prieuré. Plus tard, Jacques de Saint Nectaire, dernier Abbé régulier de La Chaise-Dieu (1491-1518) en fit sa résidence secondaire et y laissa maintes traces de sa passion pour les beautés si nobles et si attachantes de l'art. En 1872, Chanteuges comptait 971 habitants, en 2007, la population est estimée à 408 habitants, le creux ayant été atteint en 1975 avec 358 habitants.

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    Mais en ce premier dimanche de l'heure d'hiver, Chanteuges a doublé, oui doublé sa population. A l'initiative de son comité des fêtes, c'était en effet la sixième édition des Feuilles mortes, journée de randonnée sur cette petite commune et ses voisines de Saint Julien des Chazes, Prades, Bourleyre, Saint Arcons d'Allier, en passant par la forêt de Pourcheresse. Cinq circuits de 6, 12, 18, 26 et 33 km avec des ravitaillement nombreux et fort bien approvisionnés de produits le plus souvent locaux proposés par les quelques 25 bénévoles du comité des fêtes.
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    Départ du cloître étagés entre 7 heures et 14 heures pour les 502 randonneurs et randonneuses qui ont arpenté toute la journée cette belle région des Gorges de l'Allier, ses vallons au vert tendre, ses feuillus parés des couleurs de l'automne.
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    Une belle initiative, très réussie, les chataignes et le vin chaud au retour au Cloître ont été tout particulièrement appréciés après la visite du prieuré et la découverte de ses magnifiques chapiteaux.
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    Rendez vous l'an prochain à l'heure d'hiver

  • Dans le café de la jeunesse perdue

    C'est le titre du dernier ouvrage de Patrick Modiano qui n'est pas sans rappeler "De si braves garçons" (cf.chronique du 5 septembre 2007). On a l'habitude de dire que Modiano écrit toujours le même livre, peut-être, en tous cas, c'est un plaisir renouvelé que de passer quelques heures à suivre ses personnages déambuler de Pigalle à Sablons, en passant par l'Ecole des Mines ou la rue Froidevaux à la recherche de Louki, jeune femme un peu paumée à la recherche d'elle-même.

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    Les quatres narrateurs, un jeune étudiant de l'Ecole des Mines, subjugué par la mystérieuse Louki, un ancien flic des RG, chargé par le mari de Louki d'enquêter sur sa disparition, Louki elle-même et son amant, Antoine, apprenti écrivain, théoricien des "territoires neutres" tracent les portraits entrecroisés de braves individus mais sans avenir.

    L'univers de Modiano est bien résumé par ces trois passages :

    Dans cette vie qui vous apparaît quelque fois comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n'avoir plus l'impression de naviguer au hasard. Alors on tisse des liens, on essaie de rendre plus stables des rencontres hasardeuses.

    j'ai ressenti la même ivresse chaque fois que je coupais les ponts avec quelqu'un. Je n'étais vraiment moi-même qu'à l'instant où je m'enfuyais. Mes seuls bons souvenirs sont des souvenirs de fuite ou de fugue. Mais la vie reprenait toujours le dessus.

    Quand on aime quelqu'un il faut accepter sa part de mystère. C'est pour cela qu'on l'aime.

    C'est dans ces contradictions, dans ce qui fait au fond notre condition que Modiano 59a8102adb2236921ba6b5d1e87a1625.jpgnous emmène, dans une géographie parisienne très précise où chaque bar, chaque hotel, chaque rue est l'occasion d'évoquer la mémoire de personnages qui tous tentent de comprendre sans réellement y parvenir l'itinéraire de Jacqueline, baptisée Louki par les habitués du Bar Le Condé, un des cafés de la jeunesse perdue des années soixante, un café du quartier de l'Odéon disparu aujourd'hui.

    Le roman lui demeure, toujours actuel, brillant, à ne pas manquer, car les Louki en revanche sont plus que jamais parmi nous, nombreuses, à la recherche de points de repère, de liens, dans ce terrain vague de plus en plus grand que nous propose l'évolution de notre monde.

  • La Chaise-Dieu casse les oeufs...

    Le dernier jeudi d'octobre à La Chaise-Dieu, en Haute-Loire, c'est la foire aux champignons. Personne ne sait dire depuis quand, même les plus anciens. Depuis Saint Robert de Turlande, le fondateur de l'Abbaye en 1043, m'a répondu un érudit, depuis toujours de mémoire des casadéens, les parents des plus anciens la connaissaient déjà. Depuis que les foires existent plus probablement, c'est à dire...quelques siècles.

    Le dernier jeudi d'octobre parce que cela correspondait autrefois au début des vacances de la Toussaint. Cela ne concorde pas toujours désormais ce qui suscite des velléités d'aménagement calendaire mais on ne change pas une tradition si facilement. C'est risqué.

    C'est en tous cas le jour de l'année où il y a le plus de monde à La Chaise-Dieu, on se croirait dès le matin dans le métro à Paris, on se presse, épaules contre épaules devant les étals, jusqu'à midi ou par enchantement tout se disperse, les forains s'égaillent dans toutes les directions, c'est le temps des petits restaus, des bars, des repas en famille.

    Le soir, vers 19 heures, à la nuit tombée, depuis une quinzaine d'années, est venue s'ajouter une nouvelle tradition,46b53d5c0f6e3a8cff764409d0693ead.jpg l'omelette géante aux champignons, offerte par l'Association des commerçants. Tout le village se retrouve au jardin public, autour du feu, on attaque avec du vin chaud, et puis la fabricationa8a786159817ea9c610d8ee2e9f2e370.jpg des omelettes aux champignons, des girolles grises, peut commencer. Les commerçants sont à la manoeuvre.

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    Les assiettes circulent, les nouvelles aussi, l'occasion pour tous ceux qui reviennent au pays de s'enquérir du cours des choses depuis l'été, un bon moment de convivialité.

  • Caramel primé à Abu Dhabi

    Le film Caramel de la réalisatrice Nadine Labaki qui avait été vu par plus de 1200 personnes au festival international du film D'Abu Dhabi 2ba523b4560ee1a88f37f260f76e6e3a.jpgy a obtenu un prix, celui du meilleur réalisateur du Moyen -Orient. Un hommage au cinéma libanais, aux femmes libanaises et un geste audacieux de la part des Emirats arabes Unis. Une bonne nouvelle.

    Nadine Labaki et son mari, compositeur de la musique du film au fesival d'Abu Dhabi.

  • Guy Mocquet

    Le Monde : Le président du Modem, François Bayrou, a affirmé dimanche soir ne pas être favorable à la lecture de la lettre de Guy Môquet dans les lycées. "L'Etat ne doit pas se mêler de l'Histoire. L'Etat ne doit pas organiser la promotion en figure héroïque de qui que ce soit. Le propre d'une démocratie, c'est que l'Etat est respectueux de la séparation nécessaire entre les historiens, les professeurs et les ordres qu'il donne", a déclaré M. Bayrou dans l'émission "Grand Rendez-Vous d'Europe 1-TV5 Monde-Le Parisien". "Chaque fois que l'Etat se mêle de l'exploitation de l'Histoire, c'est un très mauvais signe", a-t-il ajouté.

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    Avec François Bayrou, on supprimera donc le 14 juillet, on fermera le Panthéon...

    Et si toute cette histoire montrait simplement que la France, ce vieux pays, n'est plus en mesure de se réunir autour d'une figure historique, quelle qu'elle soit?

  • Cèdres du Liban

    Pas vraiment de chronique aujourd'hui, mais un nouvel album de photos de cèdres qui illustrent un poème de Nadia Tueni.

    Ce cèdre qui est au coeur du drapeau libanais sur un fond blanc qui illustre tout à la fois la pureté et les neiges du Mont Liban. Les deux bandes horizontales de couleur rouge sont là pour rappeler le sang des martyrs...

    Ce cèdre qu'on trouve déjà dans l'épopée de Gilgamesh , héros légendaire sumérien, dont une statue se trouve à l'entrée de la réserve d'Ehden :3c51e5b905f5e476b634db47c2f8fbda.jpg
    Gilgamesh prend sa hache et se met à couper un cèdre. Sa chute fait un bruit assourdissant. Lorsque Houmbaba l'entend, il s'écrie furieux : «Qui a pénétré dans la forêt et a porté la main sur les arbres qui poussent sur ma montagne? Qui a coupé le cèdre?»

    Depuis, la hache n'a cessé son travail. Il y a heureusement quelques réserves, commes celles d'Ehden et de Barouk.

  • Bonnes du Liban : comment avancer?

    Le moins que l'on puisse dire, c'est que Beyrouth n'a pas apprécié du tout l'article de Dominique Torrès dans Le Monde de la semaine dernière, titré "Liban : Bonnes à vendre" et encore moins le reportage de France 2 de la même Dominique Torres, intitulé : "Liban - le pays des esclaves". La réaction de Maria Chakhtoura dans L'Orient le Jour de ce samedi en témoigne : Déformer n'est pas informer.

    L'arbre ne doit pas cacher la forêt, il n'y a pas de fumée sans feu... faut-il pour faire avancer une cause caricaturer au risque de déformer, le débat ne sera pas clos encore cette fois.

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    La seule certitude, n'en déplaise aux bonnes âmes employeurs de bonnes d'Achrafieh et d'Hamra, c'est que les bonnes ne relèvent pas au Liban du code du travail. Il faudrait commencer par changer cela mais cette revendication ne figure pas dans la pétition qui circule sur Internet et invite Dominique Torres à venir s'entretenir avec les bons employeurs. Y a t'il une pétition des bonnes, ont-elles pu regarder la télévision?

    Dans une société il faut des règles, pas seulement des bons sentiments, et les règles le Liban n'en pas et quand il en a il ne les applique pas!

  • Ubu Roi

    La pièce est donné au Théatre Montaigne à l'Espace des lettres de l'Ambassade de France au Liban jusqu'à samedi soir. Un bon plan compatible avec les finales de rugby puisque la pièce dure seulement une bonne heure à partir de 20 heures.

    C'est à la base une mise en scène pour un public scolaire et donc les spectateurs adultes devront être assez bon public pour apprécier la sollicitude dont ils feront l'objet de la part de la troupe Arcinolether de 4 acteurs français et libanais sous la direction de Christophe Cotteret.

    Ubu a donné l'adjectif ubuesque et celà l'est! La pièce d'Alfred Jarry date de 1896 et elle est prémonitoire du XX siècle.

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    Prise du pouvoir, dictature, et chute du tyran sont les trois actes de la pièce. Le décor est remplacé par des vidéos qui font des parallèles entre Ubu et les grands dictacteurs du siècle passé : Hitler, Mao, Mussolini, Pinochet, Staline. Il manque ceux de la région...

    Tout cela est assez simple mais se veut pédagogique, allez un bon début de soirée! et place au jeu...

  • Grève de transports amoureux

    Ce jeudi matin 18 octobre, l'Orient le Jour qui nous tombe souvent des mains, obligé qu'il est de nous rapporter les propos éculés des participants à la joute présidentielle libanaise nous a ravis.

    Pinter, caricaturiste, a tapé dans le mille en ce jour de grêve des transports et d'annonce du divorce de Cécilia et Nicolas.

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    Bravo l'artiste!