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Dans le café de la jeunesse perdue

  • Dans le café de la jeunesse perdue

    C'est le titre du dernier ouvrage de Patrick Modiano qui n'est pas sans rappeler "De si braves garçons" (cf.chronique du 5 septembre 2007). On a l'habitude de dire que Modiano écrit toujours le même livre, peut-être, en tous cas, c'est un plaisir renouvelé que de passer quelques heures à suivre ses personnages déambuler de Pigalle à Sablons, en passant par l'Ecole des Mines ou la rue Froidevaux à la recherche de Louki, jeune femme un peu paumée à la recherche d'elle-même.

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    Les quatres narrateurs, un jeune étudiant de l'Ecole des Mines, subjugué par la mystérieuse Louki, un ancien flic des RG, chargé par le mari de Louki d'enquêter sur sa disparition, Louki elle-même et son amant, Antoine, apprenti écrivain, théoricien des "territoires neutres" tracent les portraits entrecroisés de braves individus mais sans avenir.

    L'univers de Modiano est bien résumé par ces trois passages :

    Dans cette vie qui vous apparaît quelque fois comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n'avoir plus l'impression de naviguer au hasard. Alors on tisse des liens, on essaie de rendre plus stables des rencontres hasardeuses.

    j'ai ressenti la même ivresse chaque fois que je coupais les ponts avec quelqu'un. Je n'étais vraiment moi-même qu'à l'instant où je m'enfuyais. Mes seuls bons souvenirs sont des souvenirs de fuite ou de fugue. Mais la vie reprenait toujours le dessus.

    Quand on aime quelqu'un il faut accepter sa part de mystère. C'est pour cela qu'on l'aime.

    C'est dans ces contradictions, dans ce qui fait au fond notre condition que Modiano 59a8102adb2236921ba6b5d1e87a1625.jpgnous emmène, dans une géographie parisienne très précise où chaque bar, chaque hotel, chaque rue est l'occasion d'évoquer la mémoire de personnages qui tous tentent de comprendre sans réellement y parvenir l'itinéraire de Jacqueline, baptisée Louki par les habitués du Bar Le Condé, un des cafés de la jeunesse perdue des années soixante, un café du quartier de l'Odéon disparu aujourd'hui.

    Le roman lui demeure, toujours actuel, brillant, à ne pas manquer, car les Louki en revanche sont plus que jamais parmi nous, nombreuses, à la recherche de points de repère, de liens, dans ce terrain vague de plus en plus grand que nous propose l'évolution de notre monde.