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Livre - Page 28

  • Pour seul cortège

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     La mort d'Alexandre, le Grand, la lutte pour sa succession, le cortège de sa dépouille jusque sa dernière demeure. Le dernier livre de Laurent Gaudé est magnifique en tous points. il nous emmène des rives du Nil à celles du Gange, l'écriture à plusieurs voix est superbe au service de l'évocation de belles valeurs, la fidélité, la loyauté, la mémoire, dans un univers marqué par la violence. On n'en dira pas plus.

  • Indian creek

    creek2.jpgJamais je n'aurai été lire ce livre, si je n'avais lu le mois dernier l'ouvrage de Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie. Y figure en effet une liste des livres que l'auteur avait emmené pour passer son hiver au bord du Lac Baikal et le récit initiatique de Pete Fromm y figure en numéro sept.

    C'est un récit autobiographique d'une aventure qui aura finalement décidé du devenir de l'auteur. A vingt ans, étudiant, Pete Fromm qui a déjà une bonne expérience de la randonnée et du camping, qui a lu des récits de trappeurs dans l'ouest américain, qui fait des études de biologie animale, se voit proposer un job un peu particulier : veiller sur des oeufs de saumons à la frontière de l'Idaho et du Montana, dans les montagnes rocheuses. Sept mois d'isolement quasi total au lieu dit Indian Creek à surveiller que la glace qui va saisir la rivière ne se forme pas durablement dans le lit qui abrite les millions d'oeufs de saumon qui doivent éclore au printemps et descendre jusqu'à la mer pour les plus robustes.

    Une grande tente de toile, un poêle à bois, la visite tous les mois d'une demi-heure de gardes des eaux et forêts, qui lui apporteront du courrier à motoneige, le passage de quelques chasseurs...

    En deux semaines, Pete, un peu inconscient de ce qui l'attend quitte tout, université, parents, amis, ils lui font cadeau d'une jeune chienne, Boone, il fait ses provisions de nourriture, d'outils, de fusils....

    A son arrivée, après le départ du camion qui le dépose auprès de la tente, il coupe du bois pendant 15 jours. Son travail l'occupe un petit quart d'heure par jour. Que faire? Regarder l'hiver arriver, la glace couper les routes, les avalanches, les congères, le froid polaire, la nature, les écureuils qu'il finit par chasser pour les manger. Puis la chasse, après beaucoup d'essais infructueux, il parvient à tuer un élan, c'est interdit, il faut le dépecer, le découper pour le transporter, le sdaler, le cacher, les steacks sont délicieux...

    Je ne révèle pas les autres épisodes de cette aventure unique. Pete Fromm n'est pas un intellectuel, pas même écologiste, il ne cherche pas à éveiller les consciences, il ne philosophe pas, il raconte seulement avec beaucoup d'humour, une initiation à la vie sauvage, ses essais, ses échecs, ses apprentissages, la découverte de solutions et surtout l'enivrement que lui apporte une liberté inouie, une liberté qui n'est pas sans danger.

    A son retour, il termine ses études dans un atleir d'écriture, publie des nouvelles et son professeur lui dit "vous pourriez vivre de çà...". Il sera écrivain.

  • L'empoisonneuse d'Istanbul

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    La Grèce va revenir au centre de la l'actualité sous peu et les grecs vont être de nouveau soupçonnés du pire. Alors ce roman policier de Petros Markaris peut nous aider à construire un peu de confiance envers les grecs, nous les rendre sympathiques.

    C'est un roman policier un peu particulier puisque l'assassin et identifié dès les premières pages. L'intérêt du lecteur se porte sur ses mobiles. Qu'est ce qui peut amener une vieille femme grecque de 90 ans et plus, gravement malade, à empoisonner plusieurs personnes, grecques et turques?

    L'histoire des relations entre ces deux communautés à Istanbul, en 1942 et 1955, tout simplement. Le policier grec qui enquête sur cette affaire en coopération avec son collègue turc nous la rappelle au fil de l'enquête.

    Le livre est aussi l'occasion d'une reflexion sur la situation des minoritéz, grecque en Turquie, turque en Allemagne, libre au lecteur d'en tirer des leçons pour son propre environnement.

    Un bon polar pour finir l'été.

  • Des pas dans la neige

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    Quand on renonce à se frotter au monde et à ses rêves, quels qu'ils soient, on plébiscite la morosité et l'ennui. La vie s'écoule alors sans heurts dans la plaine des renoncements.

    Ailleurs, il y a le risque, l'action, l'autre, la rupture.

    Alors aller n'importe où mais bouger, faire en sorte qu'il se passe quelque chose!

    L'aventure est un état d'esprit.

    Ce petit livre dans une collection pour la jeunesse est en fait un livre pour tous les âges. Erik L'Homme, auteur de livres d'aventure y raconte une aventure qu'il a vécue avec son frère et un ami catalan au début des années 1990 dans les confins des montagnes du Pakistan et de l'Afghanistan à la recherche du Barmanou, une sorte de Yéti, un homme des neiges, velu, sauvage...

    Bien sûr ils ne le trouveront pas, ils trouveront des traces, des témoignages de bergers, de villageois qui se répètent des légendes de générations en générations dans ces régions reculées, par encore totalement islamisées et qui font perdurer un paganisme en voie de disparition.

    Ils se trouveront eux mêmes au bout de leur effort, à la limite de l'épuisement, de la maladie, à deux jours de marche du premier hameau, puis deux jours de voiture du premier village, à près de 4000m d'altitude, au terme de rencontres extraordinaires qui bouleverseront leurs vies.

  • Les règles du jeu

    Amor-Towles-Les-règles-du-jeu-204x300.jpgL'action se déroule à New-York, tout au long de l'année 1938. L'ouvrage se décompose en 26 chapitres regroupés en quatre saisons et chaque saison est ouverte par une photographie de Walker Evans, une photo d'inconnus prise dans le métro new-yorkais, des hommes et des femmes las de la vie, gris, histoire de bien nous rappeler qu'on est en pleine dépression.

    La narratrice Katey, nous raconte cette année 1938 bien des années plus tard, après avoir vu une exposition de Walker Evans dans laquelle figurent deux photos (inventées pour le roman) de Tinker Grey, la première montre un jeune homme fortuné, sûr de lui, la seconde un tout aussi jeune homme mais aux traits tirés, à la peau flétrie, la première est la plus ancienne.

    Katey a rencontré Tinker Grey le soir du 31 décembre, dans un bar de Jazz, avec son ami Eve. Les deux jeunes femmes de 25 ans sont futées, désargentées, et bien décidées à ne pas se laisser dominer par les hommes ou la société. Katey, stenodactylographe dans un cabinet d'avocat, cache ses origines de fille d'immigrés russes et grâce à Tinker va entrer dans le monde des gens heureux, les banquiers, les hommes d'affaires, les avocats; les fils de famille... et devenir journaliste.

    Elle va découvrir les régles du jeux, ces règles que Georges Washington, enfant, veillait à appliquer strictement pour bien se tenir dans le monde. Mais s'agit-il de règles morales? Au fil des personnages rencontrés, Katey va comprendre que se cache derrière chacun d'eux, un secret, une faille, et la vrai nature de Tinker va se révéler, celle qui explique son second portrait.

    De cocktails en boites de jazz, d'hôtel de luxe en voitures de sport, on s'enivre dans le New-York d'avant guerre avec ce premier roman d'Amor Towles bien construit, plaisant, plein de rebondissements. Il a recu le prix F.S.Fitzgerald, l'auteur de l'inoubliable Gatsby le magnifique.

     

  • Dans les forêts de Sibérie

    cvt_Dans-les-forets-de-Siberie_9874.jpeg Encore un journal, celui de Sylvain Tesson, de février à juillet 2010, dans une cabane sur les rives du Lac BaÏkal, en Sibérie.  Le premier village est à 120km, l'hiver, il fait moins trente degrés et l'été il y a des ours sur la berge.

    Contemplation, méditation, lecture, bucheronnge, pêche, vodka, randonnées suffisent à remplir  les journées qui passent l'une après l'autre, identiques et différentes, jusqu'à l'apparition du printemps, où l'on assiste à l'explosion de la vie.

    Passer la journée dans le guide ornithologique de l'édition de Delachaux et Niestslé :848 espèces et 4000 dessins, essayer de nommer chaque espèce du vivant qui visite le ciel, nommer les bêtes et les plantes c'est comme reconnaitre les stars dans la rue. Au lieu de: Oh c'est Madonna! on s'exclame :  oh une grue cendrée!

    Livre écologique, livre de dépouillement, livre d'aphorismes, de philosophie.

    Citation : La cabane est le lieu du pas de côté. Le havre de vide où l'on ,'est pas obligé de réagir à tout. Comment mesurer le confort de ces jours libérés de la mise en demeure de répondre aux questions? Je saisis à présent le caractère agressif d'une conversation. Prétendant s'intéresser à vous, un interlocuteur fracasse le halo du silence, s'immisce sur la rive du temps et vous somme de répondre à ce qu'il vous demande. Tout dialogue est une lutte.

    Faisons plus souvent des pas de côté.

  • Carnets du Nil blanc

    nil blanc.gifLa moto sur la couverture est une BMW R 50, 500cc, blanche, achetée à Munich en juin 1961 par John Hopkins et son ami Joe. Tous deux sont américains, fraichement diplomés de la prestigieuse université de Princeton (la mecque des mathématiques).

    Cette moto, ils la baptise le Nil blanc, nom peint sur les deux côtés du réservoir et avec elle, ils vont se rendre de Munich au Kenya.

    Ces carnets sont le journal de John Hopkins du 11 juin au 11 octobre 1961. Journal d'un voyage initiatique de deux jeunes gens qui se cherchent un avenir. Ils tournent le dos à celui tout tracé de l'american way of life, mariage, travail... ils découvrent l'Afrique au seuil de la décolonisation, les émeutes à Tunis contre les français, le désert Lybien et la perle qu 'est Leptis Magna, mais aussi des villes dont les noms ont resurgi récemment, Benghazi, Misrata, Tobrouk, El Alamein, le désert toujours, Alexandrie, si éloignée de la belle ville décrite par Durrell, Le Caire, creuset de multiples invasions raciales, Louxor, Assouan, grouillante de russes à cause du barrage, Khartoum dont les étudiants rencontrés ignorent presque tout de leur pays, Juba, aujourd'hui capitale du Sud soudan, puis l'Ouganda, Kampala, le Lac Victoria, Nairobi, et au bout de 8000 km la ferme d'Impala où les accueille un vieux condisciple de Princeton, devenu misanthrope.

    Un périple qui va vous donner des fourmis dans les jambes. Rencontres, pannes, maladie, insolation, soif, douaniers, littérature, rien ne manque dans cette aventure.

  • La symphonie des nombres premiers

    du_Sautoy_la_symphonie_des_nombres_premiers.jpgLes nombres premiers sont les atomes de l'arithmétique. Ce sont des nombres indivisibles, qu'il est impossible de décomposer sous la forme d'une multiplication de deux nombres plus petits.

    On les apprend à l'école et on les connait par coeur : 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17,..., 59, 61, 67, 71...

    Dès l'antiquité, Euclide a démontré que les nombres premiers se poursuivaient sans fin, cela n'allait pas de soit :on pourrait penser qu'en allant vers l'infini cette propriété d'indivisibilité par des nombres plus petits allait se raréfier et disparaitre.

    Gauss, à Göttingen, a trouvé le moyen de calculer combien il y a de nombres premiers avant N, par exemple avant 100 000, avec une très faible marge d'ereur, d'autres mathématiciens ont essayé de trouver une équation qui pemettent de calculer les nombres premiers...sans succès jusqu'ici. Les nombres premiers semblent être tirés au hasard...par qui?

    Autres questions : Tout nombre pair est la somme de deux nombres premiers: Est ce vrai? Il existe une infinité de nombres premiers avec une diffrence de deux : 11 et 13 mais aussi 17 et 19, 59 et 61 : comment le prouver?

    A quoi tout cela sert il? Par exemple de savoir que deux élevé à la puissance 67 moins un est égal à 193 707 721 X 761 838 257 287, tous deux des nombres premiers? Et bien à sécuriser nos transactions financières par carte de paiement ou, plus tôt, à déjouer pendant la seconde guerre mondiale les codes de la machine de guelle allemande...

    Tout cela nous est expliqué par Marcus du Sautoy dans ce lire pas toujours facile, on ne comprend pas toujours tout, qui nous mène aux côtés de mathématiciens passionnés, qui tous ont cherché à mettre de l'ordre dans les nombres premiers : Euclide et Gauss mais aussi Riemann, Hardy, Ramanujan, Littlewood, Hilbert, Turing, Connes, Cauchy, Robinson, j'en oublie! Toute une galerie de portraits d'hommes et, rarement, de femmes attachants et déterminé à trouver LA solution, à percer le mystère des nombre premiers.

  • Amin Maalouf

    Amin Maalouf a été officiellement reçu à l'Académie française. Le discours de réception de Jean-Christophe Rufin est remarquable et sera apprécié par tous ceux qui portent le Liban dans leur coeur:

    http://www.academie-francaise.fr/immortels/discours_reponses/rufin.html

     

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  • Mon tour du monde

    fotto.jpgLe témoignage d'Eric Fottorino est passionnant. De ses premières piges de journaliste à Sud-Ouest jusqu'à son renvoi de la direction du "Monde" après la prise de pouvoir économique du trio "BNP" Bergé, Niel et Pigasse.

    La première partie nous emmène dans le monde entier au gré des reportages de Fottorino, sa passion des questions économiques et surtout des matières premières, de l'Afrique, c'est un régal, on y croise le jeune Erik Orsenna, et de très nombreux journalistes du Monde avec lesquels on a eu rendez vous quotidiennemment au fil des ans : Gilbert Matthieu, Alain Vernholes, Philippe Boucher, François Renard, Daniel Vernet, André Fontaine, Eric Leboucher...  De plus, c'est magnifiquement écrit.

    Les deux parties suivantes racontent les années à la direction de la rédaction du Monde puis à la présidence du directoire. Des années de lutte pour sauver l'indépendance du journal à l'égard des forces économiques, capitalistiques (Lagardère), politiques (Sarkozy et Minc ont tout entrepris pour faire passer le journal dans des mains amies dans la perspective des élections de 2012), syndicales, les rédacteurs, l'imprimerie...

    Il y a en creux des portraits révélateurs de Sarkozy, Minc, Soubie, Colombani, Plenel, Perdriel et des hommages appuyés à Louis Schweitzer, David Guiraud, Maurice Levy et bien d'autres. Il faut sans doute au passage noter pour l'avenirnles quelques lignes consacrées à Emmanuel Macron, décrit comme un jeune banquier à l'arrogance sans nom, émule d'Alain Minc, et aujourd'hui propulsé conseiller à la présidence de la République pour les questions macroéconomiques et européennes... Heureusement, il faut l'espérer, jeunesse passe...

    Sarkozy répétait à longueur de temps à Fottorino qu'on ne peut être à la fois écrivain et journaliste. au terme de ce tour du Monde , il nous reste l'écrivain mais le journaliste nous manque...