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Livre - Page 26

  • Ce que je n'aime pas chez Paul Auster

    C'est cette phrase dans son dernier roman :

    Tes pieds nus sur le sol froid à l'instant où tu sors du lit et marches vers la fenêtre. Tu as 64 ans. Dehors l'air est gris, presque blanc, sans soleil visible. Tu te demandes : combien de matins reste-t-il? Une porte s'est fermée. Une autre porte s'est ouverte. Tu es entré dans l'hiver de ta vie.

    J'aurai 64 ans en août prochain!

  • L'empire des signes

    empire_des_signes_0.jpgAucun plat japonais n’est pourvu d’un centre (centre alimentaire impliqué chez nous par le rite qui consiste à ordonner le repas, à entourer ou à napper les mets) ; tout y est ornement d’un autre ornement : d’abord parce que sur la table, sur le plateau, la nourriture n’est jamais qu’une collection de fragments, dont aucun n’apparaît privilégié par un ordre d’ingestion : manger n’est pas respecter un menu (un itinéraire de plats), mais prélever, d’une touche légère de la baguette, tantôt une couleur, tantôt une autre, au gré d’une sorte d’inspiration qui apparaît dans sa lenteur comme l’accompagnement détaché, indirect, de la conversation (...). 

    Roland Barthes a fait un voyage au Japon en 1970 et il en à tiré ce livre qui n'est pas selon lui sur le Japon mais sur le dépaysement. Le Japon nous est trop complexe pour q'on puisse le comprendre. Alors dans ce livre, magnifiquement illustré, à partir du regard du voyageur sur l'écriture, les jardins, l'architecture, le costume, les haikus le théatre, ... Roland Barthes donne son interprétation. C'est parfois incompréhensible mais c'est aussi parfois lumineux comme tous les passages sur la nourriture, la façon de préparer les aliments. On n'a qu'une envie  : aller dans un bon restaurant japonais.

  • Remonter la Marne

    marne.jpg

    Quel plaisir! Remonter la Marne à pied avec Jean-Paul Kauffmann est un plaisir littéraire, une plongée dans l'histoire, la littérature, la province délaissée, oubliée.

    Jean-Paul Kauffmann n'est pas un randonneur, il part avec un sac de 30 kg, des livres, des cigares, une paire de jumelles... Jean-Paul Kauffmann est un flâneur, sensible aux odeurs, aux parfums, il aime la solitude mais ne dédaigne pas la compagnie, 5 semaines de voyage.

    Pour moi, c'est le plaisir de retrouver des terres bien connues, lorsque nous habitions entre 1994 et 2005 à la Varenne Saint Hilaire dans la boucle de la Marne que j'ai parcourue en courant plusieurs fois par semaine.

    Le voyage dans l'histoire c'est l'évocation de la fuite de Louis XVI, de son arrestation à Varennes et de son retour à Paris, la grande guerre, Joffre, sur les traces de Jules Blain ce soldat inconnu qui s'en sortit et ecrivit ses mémoires à compte d'auteur, Napoléon ou plutôt l'Empire, cette époque où tout était possible à des jeunes gens comme Lannes. C'est de Gaulle, la base de Saint Dizier, ...

    La littérature, c'est La Fontaine à Chateau-Thierry, Simenon sur le canal de la Marne, André Breton et ses premiers pas dans un asile d'aliénés qui lui font découvrir l'écriture automatique.

    Et puis la Marne au fur et à mesure que l'on remonte ce sont des provinces délaissées, oubliées, des gens qui n'ont pas renoncé mais qui résistent à leur façon vivant de peu mais dans la générosité et la solidarité derrière des volets à la peinture défraichie et des façades maussades mais dans une nature superbe.

    Et enfin la Marne c'est aussi le champagne! et la rambleur mais pour découvrir ce qu'est la rambleur, il faut lire cet essai.

  • Congo, une histoire

    congo..jpgSix cent pages mais si vous les commencez, vous irez jusqu'au bout sans vous lasser!

    L'histoire du Congo, celui de Léopold II, et même celui d'avant, celui des belges, celui de Lumumba, celui de Mobutu, celui des Kabila père et fils, celui des congolais surtout.

    Car ce livre d'histoire, précis comme une oeuvre scientifique avec ses références, est aussi le récit vivant de centaines de rencontres de l'auteur avec des témoins qui racontent ce qu'ils ont vécu eux-même, leurs parents ou grands parents, de Kinshasa à Bukavu, de Kisangani à Lumumbashi, du fleuve à la forêt vierge, des mines de diamant à celles de cuivreou de coltan, en passant par la musique congolaise (Independance cha cha), le combat du siècle entre Georges Foreman et Cassius Clay.

    J'ai retrouvé avec plaisir dans la dernière partie du livre le Congo que j'ai découvert à plusieurs reprises entre 2002 et 2005 à l'occasion de missions professionnelles mais tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'approcher ce pays le CongoB.jpgdécouvrirons avec plaisir et parfois effroi.

    David van Reybrouck, dont le père a travaillé un temps au Congo a réussi avec cet ouvrage un coup de maitre et offert aux congolais un outil merveilleux qui leur manquait pour appréhender leur histoire. En vgnettte la couverture de l'édition originale en flamand.

    La musique d'indépendance cha cha et de nombreuses images du Congo sur le lien ci-après.

    http://www.youtube.com/watch?v=vlZGklbks9E

  • Boetius von Orlamünde

    weiss.jpg

    C'est sous le titre de Boetius von Orlamünde qu'a été publié pour la première fois ce roman de Ernst Weiss, médecin autrichien d'origine juive qui cotoya Franz Kafka et qui se suicida à 58 ans, à Paris, en 1940.

    C'est un roman sombre, initiatique, sur l'adolescence d'un jeune prince en 1913.

    Boetius est une jeune homme de 17 ans, seul héritier d'une famille princière de Belgique, totalement désargentée, qui vit dans la pauvreté à Bruxelles mais avec la dignité d'un prince. Le jeune Boetius a été éduqué dans un internat réservé à la noblesse à la frontière allemande, il n'apprends pas grand chose pour le préparer à la vie qui sera effectivement la sienne, mais il sait dresser les chevaux, manier les armes, tout ce qu'un prince doit savoir. son apprentissage terminé, il reste à l'Internat, il n'a pas de métier et ne veut pas être une charge pour ses parents.

    Il adore son père mais il adore un père lointain et n'a jamais eu de complicité avec sa mère. il sait intérieurement que sa vie est une impasse, il est hanté par la mort, la sienne, celle, proche de ses parents.

    Le livre décrit plusieurs épisodes de son initiation à l'âge d'homme qu'il n'est pas possible de restituer ici. Mais le livre est magnifique de sensibilité, il magnifie, la nature, les chevaux, la dévotion filiale...

    Merci à Pierre C. de nous l'avoir conseillé.

  • La déesse des petites victoires

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    Cette déesse c'est Adèle, la femme de Kurt Gödel, un mathématicien de haut niveau, autrichien de naissance puis naturalisé américain après son exil aux Etats-Unis, à Princeton.

    Adèle, a rencontré son génie de mari à Vienne, à la fin des années folles, elle était barmaid, il était jeune et beau, ils habitaient la même rue... Adèle n'est pas une intellectuelle, encore moins une mathématicienne, elle aime c'est tout. et elle va aimer son Kurtele toute sa vie, à la fois maitresse, puis épouse, mère, infirmière, auxiliraire de vie... Car si Kurt Gödel va de son domicile à son bureau à pied en compagnie d'Albert Einstein, c'est aussi un être torturé, anxieux, maniaque, sujet à des crises d'angoisse, taiseux, aller marcher avec sa femme c'est se taire, réfléchir, quelqu'un à ses côtés...

    Yannick Gadrec qui a elle même fait des études scientifiques nous conte la vie d'Adèle au gré d'une suite de conversations entre   Anna Roth, une jeune documentaliste de l'université de Princeton, et Adèle sur son lit d'hopital. L'objectif pour la jeune documentaliste est de récupérer les papiers laissés par Kurt Gödel que détient sa veuve qui n'entend pas les lacher.

    On suit donc en alternance la vie de la jeune Anna Roth, une américaine d'aujourd'hui dont le personnage est peut être inspiré par la biographie de l'auteure et celle d'Adèle Gödel jusqu'à sa disparition. Tout cela est du roman bien sûr même si les principaux épisodes connus de la vie d'Adèle et de Kurt sont respectés.

    Donc si vous avez toujours rêvé de partager un repas avec Einstein ou Oppenheimer, le père de la bombe atomique, ne manquez pas ce livre qui nous fait revivre une bonne partie du XXéme siècle et ses débats philosophques car comme tout mathématicien, Gödel était aussi philosophe!

  • Le chant des pistes

    chatwin.jpgUne très belle lecture! L'auteur Bruce Chatwin, un anglais (1940-1989), est un des grands écrivains voyageurs du XXéme siècle. Dans ce livre, fruit de dix-sept ans de recherches, d'annotations, Bruce Chatwin nous fait découvrir au travers de ses rencontres la culture des aborigènes en Australie.

    Ces hommes qui chantent les pistes, les chemins, qui nomment le monde, ses éléments, une colline, un marécage, un rocher du nom de leurs ancêtres et de leur totem et y associent des chants au point de trouver leur chemin dans le désert australien en chantant le rêve de leur ancêtre. On comprend un peu mieux cette culture si éloignée de la nôtre, on perçoit combien elle a été détruite par la colonisation et ses cortèges, alcoolisme, paysans sans terre... on s'initie également à l'art arborigène fait de pointillisme et de pistes.bruce chatwin,australie,aborigènes

    La seconde partie du livre est une suite de reflexions menées de longue date par l'auteur sur la condition de l'homme. L'Homme est il par nature nomade? Pourquoi ressent-il toujours le besoin de se déplacer, d'aller voir ailleurs? Ces notes patiemment ammassées au fil des ans par Bruce Chatwin dans des carnets en moleskine sont d'une grande érudition philosophique, anthropologique, sociologique, historique, mythologique. Elles tendent toutes a étayer la thèse selon laquelle si l'homme a un si grand cerveau c'est pour trouver son chemin en chantant dans le désert...

    C'est en marchant qu'homo sapiens a conquis le monde et que parti d'Afrique il est arrivé en Australie.

  • Kampuchea

     

    kamp.jpg

    Gémir, pleurer, prier est également lâche

    Fais énergiquement ta longue et lourde tâche

    Dans la voie ou le sort a voulu t'appeler

    Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler

    Ces alexandrins, dernière strophe de La mort du Loup d'Alfred de Vigny, Douch, responsable de la disparition de 12000 personnes dns le camp 21 à Pnom Penh les a prononcés à l'ouverture de son procès.

    Ces vers il les avait appris au Lycée Français. et un de ses chefs, Khieu Samphân dira : "Le premier ministre Pol Pot et moi-même sommes profondément imbus de l'esprit français, du siècle des lumières, de Rousseau...". Rousseau, il est vrai a écrit " Nous les contraindrons d'être libres..."

    Avec Michel Deville, auteur depuis de La peste et le choléra,  prix Médicis 2012, on remonte le cours du Mékong et au fil du voyage apparaissent de façon non chronologique les figures d'Henri Mouhot, parti à la chasse aux papillons et qui consigna le premier les vestiges des temples d'Angkor dans ses carnets en 1860. on explore aussi la péninsule avec Auguste Pavie, Francis Garnier qui le premier remonta entièrement le cours du Mékong, Francis Garnier dont les cendres reposent en haurt d'une colonne à l'angle de la rue d'Assas et du boulevard Saint Michel. On croise aussi Malraux, Loti, Lord Jim, Conrad, mais aussi par association d'idée Brazza et Mr Livingstone I suppose... Sihanouk bien sûr, les chemises rouges en Thaïlande, Dien Bien Phu, Ho Chi Minh, Giap...et les millions d'anonymes qui perdirent la vie victimes des khmers rouges, des anonymes qui pour reprendre l'xpression de Deville "n'avaient pas choisi leur affectation". On choisit rarement son affectation.

  • Parfums

    parfums.gifCe n'est pas un roman. J'avais beaucoup aimé Le rapport de Brodeck et Les âmes grises. Ici ce sont des souvenirs d'enfance, pour l'essentiel, déclinés, en deux ou trois pages, par ordre alphabétique, à partir du parfum qui les caractéristise. Parfum au sens large, car il peut s'agir de puanteur.

    Et puis le parfium est ici un pretexte pour évoquer d'autres sensations, visuelles, auditives, des sensations qui font qu'on se souvient, très bien, de ceci ou de cela.

    Autre charme de ce livre, tout se passe ou presque en Lorraine, le pays des tartes aux mirabelles, un pays de taiseux, que j'aime par fidélité à deux de mes grands parents.

    J'ai un peu plus de dix ans de plus que Philippe Claudel et donc les souvenirs d'enfance et d'adolescence ne sont pas tout à fait les mêmes, il y a un peu de décalage, mais c'est tout de même charmant.

    Et puis l'écriture, le style, sont superbes.

    Mon parfum préféré, celui intitulé "Réveil".

  • Thérèse Desqueyroux

    thereselivre.jpgthéresefilm.jpgJ'ai d'abord lu le livre, je ne crois pas l'avoir lu autrefois, et puis j'ai été voir le film. Difficile de se rendre compte de ce fait de la qualité du film car j'étais encore tout imprégné de la force du roman de Mauriac, un roman qui n'a pas pris une ride. J'en devinais toutes les répliques.

    Famille je vous hais! La famille plus forte que la justice! Quelle peinture accablante de la société!

    Thérèse se voudrait libre, elle a des aspirations de modernité mais au lieu de les réaliser elle empoisonne Bernard, son mari, un  être tout plein de ses certitudes, chasse, pins, bouffe... Accusée par le pharmacien du village, elle s'arrange avec son mari pour obtenir un non lieu afin de sauver les apparences, préserver la sainte famille, le mandat de sénateur de son père, toute une série de renoncements, une vie de recluse, prisonnière sous la garde de ses domestiques...

    On éprouve de la compassion pour cette empoisonneuse, ce monstre au fond, parce que sa famille, par rigidité, par conformisme,  peur du qu'en dira-t-onn'en suscite aucune. Qui est responsable à la fin du naufrage de toutes ces vies?