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Livre - Page 24

  • Artistes de la carte

    artistes carte.jpgJ'ai toujours aimé les cartes. Cela fait rêver, donne envie d'aller voir. Avec ce beau livre, on découvre le métier de cartographe et son évolution du XV° au XXI° siècle.

    C'est un livre savant écrit par des spécialistes du département des cartes de la Bibliothèque Nationale de France et des universitaires. Les illustrations au nombre d'une centaine sont de la meilleure qualité : cartes anciennes, brouillons de géographes, carnets d'explorateurs...

    Au début, il y a les géographes de cabinet, des érudits qui dessinent des cartes en s'appuyant sur une énorme documentation et un réseau de correspondant mais sans jamais aller arpenter le terrain, qui "n'ont jamais rien vu d'autre du monde que les araignées en leurs chambres et études" (André Thevet en 1575). Condorcet dira  que Jean-Baptiste d'Anville, cartographe à l'Académie des Sciences, "savait très peu de géométrie et encore moins d'astronomie".

    A ces cartographes de cabinet succèdent des spécialistes pour cartographier la mer, les côtes, le territoire, les champs de bataille. La cartographie a toujours été proche du pouvoir, la publication des cartes interdite.

    Aujourd'hui les relevés par satellites ont bouleversé le métier mais il faut toujours des cartographes pour compléter les fonds de carte avec des informations que l'on ne trouve que sur le terrain et pour les illustrer à des fins de communication ou pédagogiques.

    Il faut toujours avoir une âme d'artiste pour dessiner des cartes.

  • Petit traité sur l'immensité du monde

    cvt_Petit-traite-sur-limmensite-du-monde_2634.jpegÉloge du voyage, à pied bien sûr, mais aussi en moto, à cheval, si possible dans des endroits perdus, si possible seul, à la rencontre des autres.

    Éloge de l'effort physique, de la dépense d'énergie.

    Éloge des femmes dont la condition dans de trop nombreux pays est une honte pour l'humanité.

    Éloge de l'autonomie.

    Éloge des nuits passées dans les arbres, l'endroit le plus sûr pour se reconstituer.

    Éloge de l'ascension des cathédrales.

    Éloge des cabanes bien sûr.

    Ce livre de Sylvain Tesson, l'auteur de "Dans les forêt de Sibérie" est aussi un petit manuel de philosophie pour survivre dans l'espace mondialisé et prendre conscience de l'importance de la nature et de notre environnement.

    Difficile sans doute à mettre en pratique car il y faut la vitalité d'un jeune homme mais au moins cela fait rêver.

     

  • La lettre écarlate

    couv36030583.jpgJe n'aime pas trop M le magazine hebdomadaire du journal Le Monde, trop de futilités, mais il y a des pépites. Par exemple dans le numéro du 21 septembre il y avait Le Boston de Patricia Reznikov, écrivain franco-américaine qui déclarait tenir La Lettre écarlate pour rien de moins qu'un des plus grands romans jamais écrits.

    Avec ce beau roman, on effectue une plongée dans le XVII°siècle américain, dans ce qui allait devenir Boston, grâce à un auteur du XIX°, Nathaniel Hawthorne (1804-1864) qui le publia en 1850.

    C'était son premier roman, à 49 ans, il avait été antérieurement inspecteur des douanes et était un descendant d'un des juges des sorcières de Salem. Il est rattaché à l'école de la petite ville de Concord à 30 km de Boston (Thoreau et Emerson).

    La lettre écarlate est l'histoire romancée (le prologue en explique les fondements historiques) d'un adultère et de ses suites forcément funestes dans la société puritaine de l'époque.

    Hester Prynne, jeune et jolie femme, éloignée de son vieux mari resté en Angleterre, met au monde une petite fille, Pearl. Le père, inconnu aux yeux de toute la communauté, n'est autre qu'un jeune pasteur brillant mais en fait faible, Arthur Dimmesdale, qui fait l'admiration de la société de Boston. Cette société de puritains qui voit dans l'adultère rien de moins que l'action du Démon va condamner Hester à porter à vie sur sa poitrine la lettre A, en rouge,  comme Adultère, afin de l'isoler de la société. Son vieux mari Chillingworth va revenir incognito, sauf d'Hester, bien décidé à identifier le père et à s'en venger.

    Il y a plusieurs lectures de ce livre :  découvrir la société américaine à ses débuts, la lutte entre le bien et le mal, la nécessité d'expier ces péchés, les voies de la rédemption, l'équilibre entre punition et tolérance, l'opposition entre le nouveau et l'ancien monde, le passé et le futur et il y a des résonances contemporaines sur la situation des femmes, la bonne conscience des hommes, l’hypocrisie de la société. Et en plus c'est écrit dans une langue admirable.


  • Barbera d'Asti

    barbera.jpgS'ils créaient des vêtements, Lafite serait Armani et Mouton Versace"), le barbera d'asti ("c'est Angelina Jolie, tandis que le barbera d'alba, c'est Grace Kelly") ou le condrieu ("il me fait penser aux Gauguin de la période tahitienne").

    J'ai lu cet article dans le Monde de samedi dernier à propos de la sortie du prochain livre de Jay McInerney, Bacchus et moi, le 3 octobre. L'auteur a une bibiothèque de 4000 volumes et une cave de 4000 bouteilles, au lieu de faire des anlogies entre le vin et les fruits, il fait des analogies avec les autres arts, littérature, cinéma, peinture...

    Et hasard, prémonition, le midi en déjeunant à la Tavola di Gio, Boulevard Raspail, à Paris, Angelina Jolie apparaissait soudain sur la carte, sous la forme d'un Barbera d'Asti. Inutile de dire que le sommelier a été surpris mais ce vin du Piémont s'est révélé délicieux.

  • Michaël Kohlhaas

     

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    Il y a le livre et il y a le film. J'ai d'abord vu le film et ensuite lu le livre. Affaire de circonstances car j'avais l'intention de faire le contraire, le livre a été publié en 1808 par Heinrich von KLeist (1777-1811), le film d'Arnaud de Pallières est de 2013, deux siècles après!

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    L'action du livre se situe au milieu du XVI° siècle du côté de la Saxe et du Brandebourg, l'action du film à la même époque mais dans les Cévennes au temps de la toute jeune reine Margot. Dans les deux cas Michael Kohlhaas est un marchand de chevaux qui subit un préjudice de la part d'un jeune seigneur féodal effronté qui se croit encore au siècle précédent. Kohlhaas va réclamer justice mais elle lui est refusée par les autorités du fait de juges corrompus à la solde du jeune seigneur. Kohlhaas décide de tout abandonner, lève une petite armée de brigands et se fait justice lui-même. Il n'a qu'une idée en tête qu'on lui rende les deux chevaux qu'il avait confié à la garde du jeune seigneur et qu'il lui a rendu à l'agonie. C'est obsessionnel.

    La justice, il l'obtiendra mais au prix de sa vie.

    Kohlhaas est il un homme de la Renaissance, des lumières, un révolutionnaire ou un terroriste exalté, c'est le dilemme du livre, dilemme toujours actuel.

    Le film est centré sur cette problématique, dans le livre l'action est plus compliquée, les hésitations des différentes autorités plus détaillées, l'intervention de Luther qui à l'époque remettait en cause l'ordre établi est précise et il y a en plus une histoire de bohémienne peu fantastique sans trop d'intérêt si ce n'est de montrer la détermination à tout prix de Kohlhaas.

    Von Kleist a écrit sa nouvelle sur la base d'une histoire réelle, celle de Hans Kohlhase, bien documentée en particulier pour ce qui concerne l'intervention de Luther. Il l'a écrite au moment où Napoléon mettait les États allemands à feu et à sang, où un nouvel ordre, celui des Nations allait se mettre en place en Europe, un nouvel ordre que von Kleist ne verra pas puisqu'en 1811 il se suicide avec Henriette sa bien aimée, près de Postdam.

  • Ecrivains randonneurs

    rando.pngVoici un gros livre, près de 900 pages, qui donne une envie irrésistible de marcher, de marcher, mais aussi  d'écrire, de penser, de lire.

    On peut bien sûr être réticent devant cette juxtaposition de textes compilés sur une idée assez simple somme toute.

    Mais la lecture des textes choisis par Antoine de Baecque est à l'usage particulièrement réjouissante.

    L'ouvrage est organisés en chapitre thématiques, chaque chapitre et chaque auteur est l'objet d'une brève introduction.

    On commence très judicieusement par Diderot et d'Alembert qui dans l'Encyclopédie  (1751-1772) nous expliquent la mécanique de la marche.

    Des peuples et métiers marcheurs, aux anglais qui partent à l'assaut des Alpes en passant par les flâneries à Paris, les marches de survie, les pèlerinages, les méditations, chaque démarche  y trouve son compte.

    La démarche d'ailleurs fait l'objet d'un texte très savoureux de Balzac (théorie de la démarche 1833), de même pour la contribution de Jacques Lanzman (Fou de la marche 1985), dont le frère Claude arpentait les montagnes avec Simone de Beauvoir mais il n'est pas partie de cet ouvrage.

    Je termine ici en citant Rousseau : la chose que je regrette le plus dans les détails de ma vie dont j'ai perdu la mémoire est de n'avoir pas fait des journaux de mes voyages. Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans ceux que j'ai fait seul et à pied.

    Alors partez à pied et n'oubliez pas un peu de papier, un crayon ou une tablette...

  • Gavée de chrorophylle et d'azur

    gbleu.jpg"... Moi je montais dans un train, un matin, chargée d'un sac à dos qui contenait des vêtements, une couverture, un réveil, un Guide bleu, et un jeu de cartes Michelin. Je partis de La Chaise-Dieu et, pendant trois semaines, je marchai. J'évitais les routes, coupant au vif des prés et des bois, aspirée par tous les sommets, dévorant des yeux les panoramas, les lacs, les cascades, les secrets des clairières et des vallons. Je ne pensais à rien, j'allais, je regardais. Je portais tous mes biens sur mon dos, j'ignorais où je dormirais le soir, et la première étoile ne brisait pas mon aventure...je manfais une soupe, je buvais du vin rouge dans une auberge. souvent je répugnais à me séparer du ciel, de l'herbe, des arbres, je voulais en retenir au moins l'odeur ; au lieu d prendre une chambre dans un village, je faisais encore sept à huit kilomètres et je demandais l'hospitalité dans un hameau : je dormais dans une grange et la senteur du foin bourdonnait à travers mes rêves."$(KGrHqN,!p0FBg6dmWlIBQo7Zk,)Pg~~60_12.JPG

    Simone de Beauvoir (1908-1986) dans son livre mémoires, La force de l'âge, 1960, décrit l'enchantement qui fût le sien lorsque jeune professeur à Marseille elle consacre au tout début des années 1930 tous ses temps libres et ici ses vacances d'été à la marche, à la découverte de la nature qui la laisse "gavée de chlorophylle et d'azur".

    Simone de Beauvoir est donc passée à La Chaise-Dieu, en 1930 on pouvait y accéder en train, munie de son Guide bleu, elle n'a sans doute pas manqué de visiter l'Abbatiale, la danse macabre, les tapisseries, le jubé, le buffet d'orgue. Qu'en a-t-elle pensé, peut être ses impressions se nichent-t-elles quelque part dans sa correspondance.

  • Le loup des steppes

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    Ce numéro de la revue L'Histoire de cet été est passionnant. Il revisite les différents albums de bande dessinée d'Hugo Pratt (1927-1995) consacrés à Corto Maltese. Chaque album revisité par les historiens est l'occasion de consacrer quelques pages à un épisode historique du premier quart du siècle dernier.

    Chaque chapitre est illustré par une belle carte, un encadré consacré à l'album et des personnages dessinés par Hugo Pratt. J'ai commencé à constituer ma collection complète de Corto Maltese avec Fable de Venise, l'un des ses albums les plus célèbres.

    On découvre aussi, l'univers d'Hugo Pratt, né en Italie, avec des ascendants originaires de toute l'Europe, marqué par la guerre de 1940-1945, amoureux des voyages, franc-maçon, grand mélancolique.

    C'est sans doute cette mélancolie qui le fit admirer Hermann Hesse, prix nobel de littérature (1877-1962).

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    J'ai donc lu Le loup des steppes publié en 1927. Étrange roman, à la fois philosophique et fantastique, initiatique aussi.

    Il fait le portrait d'Harry Haller (Hermann Hesse en fait), un écrivain d'une cinquantaine d'année revenu de tout, taciturne, qui n'attend plus rien de la vie, de la vie moderne surtout, qui attend la prochaine guerre, dans une petite chambrée où tous les jours se suivent et se ressemblent. lui -même se qualifie de Loup des steppes.

    Mais en fait, Harry Haller est aussi un peu schizophrène, il n'a pas renoncé à la vie et il va rencontrer Hermine, dans un bar, sorte d'alter égo, tout aussi désespérée au fond mais qui a choisi une autre voie pour échapper à la tragédie de la vie, celle de la prostitution.

    Hermine va lui rendre goût à la vie, l'initier au fox trot, puis au boston et l'emmener au bal masqué.

    A partir de là le roman navigue entre réalité et rêve éveillé. Harry parcourt un théâtre magique qui va lui faire découvrir les multiples facettes de sa personnalité, retrouver les personnes qui ont marqué son enfance et son adolescence et lui faire accomplir l'irréparable, en présence de Mozart!

    Étrange roman donc, difficile car sans doute empli de clefs que le lecteur ne perçoit pas forcément. Roman prémonitoire aussi que tous ceux qui sont hostiles à la vie moderne apprécieront pour sa critique des moyens de communication, ici la radio, mais aujourd'hui Twitter ou facebook. Hermann Hesse était d'une lucidité perspicace sur la société.

  • Le coup de grâce

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    Dernier roman sur la Courlande. Il est court, écrit en 1939 et l'action se déroule en 1919.

    Un soldat français, Erich, affronte avec sa petite troupe de corps francs les soldats bolchéviques. Il est réfugié dans un château délabré appartenant à Conrad et sa soeur Sophie.

    Sophie est éprise d'Erich qui reste froid à ses avances. Sur fond de combats, de massacres, d'étripage, mais aussi d'attentes, de faim, de froid, la relation amour-haine se développe magnifiquement jusqu'à ce que Sophie passe à l'ennemi du côté des rouges et qu'Erich et Sophie finissent par se retrouver pour une fin tragique.

    L'écriture est superbe, pour partie autobiographique, un très beau roman.

  • Princesses

    41B51Z3E23L._SL160_.jpgEduard von Keyserling est un écrivan allemand (1855-1918), né dans les pays baltes en Courlande mais qui vécut exilé à Munich. Sans Jean-Paul Kauffmann et son Courlande jamais je n'aurai sans doute entendu parler de cet écrivain. Toute son oeuvre a été traduite de l'allemand par Jacqueline Chambon par ailleurs éditrice : http://www.jacquelinechambon.fr/Editions_Jacqueline_Chambon/Accueil.html

    Princesses est paru en 1917, c'est un roman charmant qui peint les derniers beaux jours de la petite aristocratie balte, loin, très loin des malheurs du monde. Qu'il est difficile d'être une princesse! La mère, la pricesse Adelheid s'inquiète pour l'avenir de sa petite dernière, Marie, une gamine à la santé fragile qui n'aspire qu'à vivre en liberté loin des conventions mais qui devra renoncer à Félix, une jeune soldat sans tête qui s'endette mais qui l'aime pour elle-même. Adelheid , veuve, fait patienter depuis des années le comte Streith, qui las d'attendre finira par s'amourracher d"une petite Britta, feu follet amoureuse de la nature qui l'ensorcèle telle la fée Mélusine.

    Ainsi allait le monde il y a un siècle dans la vieille Europe d'avant le communisme et le nazisme!