Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livre - Page 23

  • Une vie à coucher dehors

    Tesson.jpgCe sont des nouvelles. rudes, à la chute souvent abrupte, sauvage. Dépaysement garanti, ouverture à des civilisations contemporaines oubliées, rurales, slaves souvent, d'Asie centrale.

    C'est tout simplement merveilleux à lire et nos petits soucis d'occidentaux paraissent bien maigres à côté des tragédies qui se jouent sous les latitudes fréquentées par Sylvain Tesson, à pied, à cheval, en bateau. Attention aux ours!

    La langue est belle et les aphorismes plaisants. A déguster par petites gorgées, comme la vodka!

  • Les lois fondamentales de la stupidité humaine

    Dans ce petit ouvrage de 60 pages, Carlo M. Cipolla divise l'humanité en 4 catégories : les intelligents (font le bien pour eux-mêmes et les autres), les bandits (font le bien pour eux-mêmes au détriment des autres), les crétins (font le bien pour les autres au détriment d'eux-mêmes), et les stupides (agit de manière néfaste pour un autre individu ou un groupe, mais aussi sans bénéfices pour lui-même).

    On peut raffiner, il y a des individus un peu bandit et un peu intelligent etc.1-6418b4462b.jpg

    Cipolla énonce quelques régles à garder présentes à l'esprit en toutes circonstances :

    - Chacun d'entre nous sous-estime inévitablement le nombre d'individus stupides dans le monde

    - Cette proportion d'individus stupides est indépendante de toutes les autres caractéristiques de l'individu; la proportion d'individus stupide est aussi élevée chez les généraux, les évêques ou les prix nobels que chez les laboureurs, les énarques ou les éboueurs, les étrangers ou les nationaiux, les vieux ou les jeunes, les pianistes ou les rappeurs..., les casadéens ou les ponots, les bordelais ou les toulousains...

    - Il ne faut jamais sous-estimer la puissance destructrice des individus stupides.

    - L'individu stupide est le type d'individu le plus dangereux.

    A partir de cette grille d'analyse, s'expliquent les principales déroutes de l'humanité : Verdun, Lehman Brothers... le lecteur complétera.

    "Si vous étiez un coquin, cela irait, je vous surveillerai. Mais vous êtes un imbécile et c'est irrémédiable" Napoléon s'adressant à son ministre du trésor, François Barbé-Marbois, qu'il nommera ensuite Président de la Cour des comptes...

    Contre la stupidité les dieux mêmes luttent en vain. Friedrich von Schiller

  • Le périble de Baldassare

    maalouf-T.jpgAvec ce livre, on passe d'agréables moments dans l'Europe du XVII° siècle. Baldassare Embriaco est un descendant de génois, donc chrétien,  qui a fait souche à l'occasion des croisades à Gibelet, plus connu aujourd'hui sous le nom de Byblos, au Liban, mais aussi de Jbeil en arabe, d'ou Gibelet.

    Il a un beau métier, libraire, vendeur de curiosités, et un jour il voit passer un livre mythique celui qui dévoile le centième nom du prophète et annonce la fin du monde pour l'an 1666. Mais ce livre, il le laisse échapper, par rationalisme, pour le regretter aussitôt , on ne sait jamais.

    Et il part à la poursuite de celui qui l'a emmené d'oû le périple, via Tripoli, Alep, Alexandrette, Consantinople, Smyrne (Izmir), Gênes, Minorque, Tanger, Londres, Calais, Paris, Lyon, Avignon, Nice...

    Le pretexte pour de nombreuses aventures et rencontres, des pirates, des enlèvements, des sectes, des intellectuels, des juifs, des musumans, des chrétiens, des amitiés, l'amour. C'est assez bien mené par Amin Maalouf, désormais académicien et auteur d'un mémorable "les croisades vues par les arabes".

  • le poivre, le vin...

    poivre.jpg

    Le titre du livre est long mais le texte est court, une cinquantaine de pages. C'est un vieux livre écrit par un italien en anglais et paru en 1988.

    La traduction française arrive en 2013, l’Europe des lettres reste à faire, au moyen âge on l'aurait lu en latin! Pour le repérer il faudrait lire des journaux en anglais.

    Bref, c'est un petit bijou d'histoire centré sur le moyen-âge, ces temps obscurs qui succèdent à l'empire romain.

    Empire qui disparût à cause du plomb, je vous laisse découvrir, notamment du plomb dans le vin.

    Le vin de France cause des invasions normandes, le poivre cause des croisades, le drap et le vin qui annoncent Ricardo et sa théorie de l'avantage comparatif...La ruine des banquiers florentins du fait de la guerre de cent ans qui les tournera vers la poésie et l'art ce qui ouvrira la voie à la Renaissance.

    On rit beaucoup mais ce n'est pas un pastiche, c'est très érudit, écrit par Carlo M. Cipolla (1922-2000) qui fût professeur à Berkeley.

     

  • L'Anabase

    XEN.jpgIl est d'usage de présenter Xenophon (env. 430- env 355), disciple de Socrate, honnête homme, il aimait les choses de l'esprit mais aussi la guerre qui met les hommes à l'épreuve. Il était stratège et aussi épris de justice.

    L'Anabase (la montée en grec) retrace pour l'essentiel la retraite de l'armée grecque venue combattre aux côtés de Cyrus jusqu'en Arabie. Vainqueur mais isolée l'armée va devoir effectuer une retraite périlleuse et traverser toute la Turquie d'aujourd'hui.

    Au départ Xénophon est en quelque sorte un correspondant de guerre, "embedded" dirait on aujourd'hui, il voyage, sur les traces d'Hérodote, puis, à la demande des soldats, il devient général, en charge de l'arrière garde, puis de l'armée toute entière (quelques 13000 hommes au départ de l'expédition).

    Cette armée il faut bien assurer sa survie face à des peuples hostiles, aux trahisons,  l'approvisionner, faire face à la neige, au froid, à la maladie, pendant les quinze mois que dure cette épopée.

    Xenophon retrace très bien les débats qui parcourent les généraux sur la stratégie à suivre, les alliances à former, les buts de guerre, s batailles à éviter, comment se concilier des troupes souvent rétives, assurer la justice.

    Cette armée grecque, qui ne fait pas de quartier apparait cependant parfois beaucoup plus démocratique que les notres avec ses décisions prises en assemblée générale.

    Le Monde a fondamentalement peu changé en 2500 ans!

  • Gentlemen

    klas ostergrenKlas Östergren n'avait que 25 ans lorsqu'il publia ce premier roman en 1980. Il n'a été traduit en français qu'en 2010. L'Europe de la culture reste à faire. Le livre était pourtant devenu un livre culte en Suède entre temps.

    Il raconte pour l'essentiel les avantures de deux frères qui vivent les années soixante et soixante dix à Stockholm. Deux frères en marge, l'ainé est pianiste de jazz, boxeur, déserteur,... le cadet est surdoué, poète, puis alcoolique et drogué... il enquête sur les reseaux nazis en su-de pendant la seconde guerre mondiale.

    Le narrateur est l'auteur, réfugié chez les deux frères pour écrire un pastiche de La chambre rouge de Strindberg.

    Le vrai sujet du roman pourrait bien être Stockholm, on a d'ailleurs envie d'y être pour le lire voir de nos yeux tous les quartiers évoqués, les bars, les clubs de jazz le tout sur fond de révolution culturelle, de mai 68, la jeunesse européenne se révolte et la-bas dans le froid scandinave on saisit très bien l'air du temps.

    Le roman ouvre un nombre incroyable de pistes qui souvent ne débouchent sur rien ou pas grand chose, nous égarent, pretexte à raconter des histoires dont on ne sait pas si elles sont ou pas essentielles ou dénouement que l'on attend et qui ne vient pas. C'est un roman sans fin ou plutôt si il y a une suite intitulée Gangsters écrite vingt cinq plus tard, la maturité de l'écrivain  en plus.

  • Compétitivité

    L14.jpgA la lecture de ce manuel d'histoire édité en 1958 et republié en édition de poche on se rend compte que les problèmes de compétitivité de la France ne datent pas d'aujourd'hui.

    Dans le chapitre sur les Provinces-unies, on lit en effet ceci :

     ...dès 1614, les provinces de Hollande et de Zélande comptaient à elle seules plus de marins que l'Angleterre, l'Ecosse, la France et l'Espagne réunies. Les arsenaux disposaient d'un outillage perfectionné, et les constructeurs de navires étaient célèbres dans toute l'Europe. Les matelots étaient si bien entrainés, si travailleurs et si sobres qu'à tonnage égal un bateau hollandais se contentait d'un équipage moitié moins nombreux qu'un bateau français et la solde des marins était en Hollande d'un tiers plus faible qu'en France : aussi le transport des marchandises était-il sur les bateaux hollandais d'un prix peu élevé. On comprend dès lors pourquoi, à l'avènement de Louis XIV et malgré les efforts de Richelieu, la plupart des négociants français se servaient de navires hollandais pour leurs importations et leurs exportations.

  • Conjurer la peur

    peur.jpgVoilà un beau livre, des illustrations magnifiques et un beau texte, savant, de Patrick Boucheron, entièremeent consacré à la salle de la paix du palais communal de Sienne.

    Dans cette salle, Ambroglio Lorenzetti a peint sur trois murs en 1338 une fresque connue aujourd"hui sous le nom de fresque du bon gouvernement.

    Autrefois on l'appelait la fresque de la guerre et de la paix.

    Patrick Boucheron nous tient par la main et nous montre tout ce qu'il y a à voir et qu'on ne voit pas.

    Il est dans la ligne de feu Daniel Arasse, autre spécialiste de la peinture de la Renaissance, qui avait publié l'inoubliable "On n'y voit rien".

    On se promène en Toscane, on découvre la lutte des cités contre les seigneuries, des guelfes contre les gibelins, on se raccroche aux philosophes grecs et romains, on se perd entre les différentes exégèses de cette fresque et c'est un ravissement de tous les instants.

  • Une histoire du monde en douze cartes

    brotton.jpgLa Géographie de Ptolémée (Grèce - 150 ap JC), Le divertissement d'Al Idrisi (Sicile - 1154), la Mappa Mundi d'Hereford (Angleterre vers 1300), la carte du Monde de Kangnido (Corée -1402), le planisphèse de Martin Waldseemüller (Vosges - 1507), la carte universelle de Diego Ribeiro (Séville -1529), La projection de Gérard Mercator (Duisburg - 1569), L'Atlas Maior de Joan Blaeu (Anvers - 1662), la carte de France des quatre Cassini (Observatoire de Paris -1793), La géopolitique, pivot géographique de l'histoire d'Halford Mackinder (Londres -1904), La projection de Arno Peters (RFA -1973) et enfin Google Earth (Silicon Valley - 2012).

    Il y dans cette histoire du monde de Jerry Brotton, un spécialiste de la Renaissance, une treizième carte, la première, une carte babylonienne du monde qui date de 600 ans avant JC environ trouvée à Sippar au sud de l'Irak actuel.

    Plusieurs siècles de tentatives pour représenter le monde tel qu'il est vraiment sans y parvenir car c'est tout simplement impossible.

    Un voyage réjouissant qui suit on l'aura remarqué les villes monde mises en évidence par Fernand Braudel

  • Yersin

    yersin.jpgQui connait aujourd'hui Alexandre Yersin (1863 - 1943). Il est pourtant d'une brulante actualité. Dans son repaire de Nha Trang, en Indochine, vers la fin de sa vie, il avait l'idée de prévoir les orages et les typhons car là-bas les pêcheurs disparaissent dans des tornades soudaines.

    "Je fais monter des cerfs volants pour pratiquer des sondages météorologiques". Avec des câbles d'acier, des treuils et des cabestans.

    Alexandre Yersin n'est pas parvenu à ses fins, cette fois, et les typhons continuent aujourd'hui de dévaster le sud est asiatique, Vietnam et Philippines.

    Une idée toutes les cinq minutes et le souci d'expérimenter, toujours!

    Alexandre Yersin a vaincu la peste et le choléra, il a été explorateur, marin, producteur de caoutchouc,  roi du quinquina, s'il avait déposé un brevet il serait considéré comme l'inventeur du coca cola. Un des premiers à posséder une automobile en Asie, aviateur...l Il était en contact avec Michelin, Lumière, Doumer...

    Bref  un des membres de la bande des pastoriens  comme Roux, Calmette,  Céline, qui nettoya le monde de ses microbes, prête à se précipiter sur la première épidémie, en concurrence avec l'allemand Koch, l'homme du bacille. C'est une vie dangereuse, lèpre, diphtérie, tétanos, paludisme, typhus, peste, choléra, rage. On peut y laisser la peau.

    Patrick Deville nous enchante réellement avec ce livre, ce personnage aujourd’hui oublié qui  "comme nous tous a cherché à faire de sa vie une belle et harmonieuse composition. Sauf que lui, il y est parvenu."