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Livre - Page 31

  • Le dépaysement - Voyages en France

    dépaysement.gifEn couverture de ce livre de Jean-Christophe Bailly, les environs de Verdun, il va être question d'histoire de France à la Malet et Isaac, de lieux de mémoire à la Pierre Nora, d'identité de la France à la Braudel?

    Un peu de tout cela et davantage. Il faut se laisser porter par ce livre dont  on peut sans doute lire les chapitres dans un ordre quelconque. L'auteur donne le sentiment de s'etre laissé aller au vagabondage même s'il avait en tête des objectifs précis. On commence à Bordeaux dans une petite bouitique de fabrique de nasses, de filets et puis on va à Verdun, à Fontainebleau, à Varennes, au Pays de Rimbaud, le long de la Vézère, aux sources de la Loue...

    L'objectif est de faire le point sur ce qu'est la France. Existe t'elle? A t'elle même existé, qu'en reste t'il, quel est son avenir?

    C'est d'abord un voyage littéraire, poétique même, il faut se laisser aller, essayer de comprendre les "nouages" qui saississent l'auteur, un ensemble de sentiments, d'impressions, de sopuvenirs qui surgissent ici et là et qui finissenet par définnir un pays des identités, très loin de l'identité nationale dont on nous rebat les oreilles.

    Le dépaysement c'est sortir le pays de lui-même, eviter le repli qui conduit à la mort et s'ouvrir, bref continuer, s'exposer au brassage, celui qui a fait la France jusqu'ici et qui fera celle de demain.

    Un livre ambitieux très réussi.

     

  • Babbitt

    51Bx8ggL-+L__SL500_AA300_.jpgBabitt est un américain moyen du Middle West, gras, riche, soufflé, bavard, populaire. Il exerce la profession d'agent d'affaires immobilières, enrichissement rapide, fortune champignon, spéculation. Cela rappelle quelque chose, les subprimes? Mais on est après la guerre mondiale, la première.

    Babitt apparait sûr de lui, conquérant, sans état d'âme mais en pratique petit à petit, il cherche la fuite, dans l'amitié, l'amour, les voyages, il rêve de s'évader et il finira par capituler, renoncer au modèle de vie qu'il a vanté tant d'année dans les clubs, les chambres de commerce, au golf, tous ces lieux pour lesquels il s'est battu des années pour y accéder.

    Babitt est un roman de Sinclair Lewis qui date de 1922 et qui lui a valu le prix Nobel en 1930. Il est d'une actualité récurrente.

  • Stabat mater

    book_cover_stabat_mater_166947_250_400.jpgVenise, 18° siècle, l'orphelinat de la pietà. Cecilia, 16 ans, abandonné par sa mère à la naissance, la cherche toutes les nuits, la questionne, pourquoi, comment?

    Le jour elle joue du violoncelle, et le dimanche, elle se produit avec ses compagnes d'infortune dans les tribunes de l'église, la visage voilé. Le vieux maitre de musique, peu inspiré crée toujours la même musique.

    Demain elle sera mariée à un vieillard plein d'argent généreux avec l'orphelinat.

    Et puis, un jour le vieux maitre de musique est écarté et entre le jeune Don Antonio, Antonio Vivaldi...

    Tiziano Scarpa a écrit un monologue formidable, poignant de bout en bout, un cri angoissé qui peu à peu va laisser place à la sérénité.

  • Paris est une fête

    ernest.jpgGallimard vient de rééditer dans la collection "Du monde entier " Paris est une fête, le témoignage écrit par Ernest Hemingway de son séjour à Paris au début des années vingt et publié peu après son suicide en 1961. A cette époque Hemingway est encore méconnu et il tire le diable par la queue. ll est marié avec Hadley, n'a pas encore rencontré Pauline et  a un jeune fils Bumpy.

    Il habite au 113 rue Notre Dame des Champs et comme il n'a pas d'argent, il écrit des nouvelles toute la journée dans des cafés comme Le Select, Le dôme ou le plus souvent La Closerie des Lilas à coté de la statue du Maréchal Ney.

    Avec Hemingway, on traverse le Jardin du Luxembourg pour aller sans être tenté par un bistrot à Saint Michel, on va jouer aux courses, on rencontre Ezra Pound et surtout Scott Fitgerald. Inoubliable voyage en sa compagnie de Lyon à Paris avec des bouteilles de Macon, Hemingway adorait le vin blanc...

    Et puis on va faire une escapade à Shruns, en Autriche pour faire du ski dans la poudreuse et on revient à Paris, car Paris est une fête (a moveable feast, une fête mobile).

    A la fin de cette réédition, on découvre Pauline et surtout des fragments, de petits bouts d'essai, qui paraissent répétitifs mais qui montrent l'importance du travail d'écriture auquel s'astreignait à la fin de sa vie celui qui était devenu prix nobel de littérature.

    De mardi 16 à vendredi 19  août, France-Culture consacre ses matinées à Ernest Hemingway...

  • Court traité de l'âme

    9782213645827_GRANDE.jpgPhilippe Lazar a écrit un très beau livre. A lire un après-midi d'été pluvieux, calé dans un bon fauteuil, et on remerciera le ciel.

    Le livre est court, trop peut-être, mais on y revient d'autant plus facilement. La thèse est simple. notre âme nous accompagne dès l'idée de notre conception, elle nous tient compagnie tout au long de la vie et si elle se sépare de notre corps quand la vie le quitte, elle à la capacité de lui survivre grâce au souvenir qu'elle a laissé chez nos compagnons de route, grâce à nos traces.

    Les comédiens donnent une belle illustration de la dissociation de l'âme et du corps, le temps d'un spectacle, l'acteur quitte son âme pour en créer une autre en complicité avec les spectateurs, et cet âme se perpetue dans le temps.

    La bonne nouvelle pour les athés est donc que si leur mort corporelle est certaine la mort de leur âme est, elle, indéterminée. Elle dépend du souvenir qu'en garderont nos contemporains et leur descendants et chacun d'entre nous peut citer des personnes dont nos pensées évoquent l'existence alors que que leur corps a disparu depuis fort longtemps.

    Un bel espace de liberté qui nous permet de continuer de vivre dans les songes des uns et des autres.

  • Débutants

    Carver.jpgJusqu'ici Raymond Carver (1938-1988) était principalement connu comme un novelliste américain au style minimaliste. Avec la reparution sous le titre Débutants (Beginners) de nouvelles parues en 1980 sous le titre Parlez moi d'amour (What we talk about when we talk about love), on s'aperçoit qu'il n'en était rien.

    A la fin de la nouvelle édition, on peut lire les échanges de lettres entre Carver et son éditeur. Ce dernier a en effet procédé à d'importantes coupes, qui réduisent la pagination de moitié environ, qui expliquent le style minimaliste de Carver. Ce dernier est fou de rage, il ne reconnait pas son travail et supplie son éditeur de renoncer ou d'attendre pour publier, mais en vain.

    Je n'avais pas lu en son temps la version initiale de cet ouvrage, le style minimaliste a en tous cas disparu mais la force de ces nouvelles est évidente.

    Comme le souligne le titre original il y est question d'amour, l'amour sous toutes ses formes. Carver nous fait pénétrer l'intimité d'américains, des couples le plus souvent, en crise presque toujours, l'alcool est très souvent présent, Carver en avait une grande expérience, la folie, la dépression, la violence. Chaque nouvelle est poignante et souvent déroutante dans des huis-clos de l'Amérique d'après-guerre. Un livre qu'on ne lâche pas avant de l'avoir terminé et qui vit en nous plusieurs semaines après.

  • Vies de Job

    job,vies de job,pierre assoulinePierre Assouline a écrit un livre magnifique. Est ce un roman? Le lecteur jugera. Une biographie de Job, de Hiob, de Yacoub? Le personnage, l'auteur du livre éponyme? Pas vraiment. Non, il faut prendre le titre à la lettre, des Vies de Job. La vôtre, la mienne, la sienne, celle des siens. Des petits bouts de biographies, des petites portraits, des anecdotes. Un vrai plaisir de lecture, une belle érudition et un travail considérable, une rcherche de tous les instants. La compagnie de François Nourissier, de Carlos Fuentes, de Joseph Roth, de Miguel de Unanimo, de Jacques Assouline, et de centaines d'autres... Je vous laisse découvrir, c'est foisonnant. J'ai beaucoup aimé les passages dans le Dom-Tom inconnu à Jérusalem... On va de découvertes en découvertes...

    Une des plus belles est bien sûr le tableau de Georges de la Tour intitulé Job raillé par sa femme (vers 1644).

    Il y a un seul petit manque, un oubli dans l'iconographie, si Pierre Assouline n'omet pas de mentionner le village de Job dans le Puy de Dôme pour regretter qu'il ait renié son étymologie vraisemblable pour une latine improbable, il est passé à côté du Job qui figure dans l'Abbatiale de La Chaise-Dieu sur la tapisserie de La Flagellation.

    job,vies de job,pierre assouline

    Dans ce tryptique du XVème siècle, Job est à droite, à gauche, le supplice d'Achior

    On ne lui en vaudra pas, tant son livre apporte de plaisir. A lire et à relire très certainement.

  • Composition française

    ozouf_.jpgVoilà un très beau livre, très bien écrit, intelligent, charmant. Au moment où le baccalauréat est menacé de disparition Mona Ozouf nous livre le témoigange d'une éducation à l'ancienne, une éducation de la réussite. Des parents instituteurs, un père militant de la cause bretonne, mort trop tôt, une grand mère bigotte, une mère éprise de la république, mais tenue par la coutume et la fidélité attendue d'une jeune veuve, la foi en l'éducation, la lecture des grands auteurs très jeune, l'école normale, l'université

    Un parcours exemplaire. Une synthèse aussi , c'est le double sens du titre, de ce qu'est la France, de ce qu'elle peut être dans ce qu'elle a de meilleur, l'unité nationale dans la diversité de ses apports régioanaux, culturels.

    Une lecture apaisante, réjouissante, qui rend intelligent et lnous fait redécouvrir un bel exercice malheureusement remplacé par la dissertation ou le commentaire de texte : la composition française! Mona Ozouf nous livre dans la seconde partie une excellente copie.

  • Nouvelles mythologies

    garcinjpg.jpgEn 2007, Jérôme Garcin, écrivain, cavalier émérite, animateur du Masque et la plume sur France Inter, rédacteur enchef des pages culture du Nouvel Obs a eu l'idée de convoquer 57 auteurs à écrire chacun une mythologie de notre époque à l'image du célébrissime Mythologies de Roland Barthes, publié en 2007, cinquante ans auparavant.

    L'ouvrage de Jérôme Garcin vient de sortir en poche (7 €). On peut le lire, il est probable que dans cinquante ans, on continuera de lire l'ouvrage de Barthes et qu'on aura oublié celui de Garcin, mais on peut le lire amintant parce qu'il reflète l'air du temps à défaut sans doute de détecter les permanences. Il y a d'excellents auteurs, quelques bonnes chroniques et puis avec quatre ans de décalage, on s'aperçoit combien notre société est en accélération, du moins en apparence. Rien dans ses chroniques sur ce qui agite les médias aujourd'hui, les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, Obama, l'euro est attrayant au point de susciter ll'idée de l'émergence d'un eurasia...

    De quoi parlera t'on dans cinquante ans?

    Le blog est encore tendance mais Paterick Rambaud regrette que la correspondance, la conversation, la lenteur, la promenade, le silence et la gratuité de nos actes aient quitté l'horizon. Voici le temps des solitudes électroniques.

  • Adieu vive clarté...

    semprun.jpgAdieu vive clarté de nos étés trop courts

    Demain nous plongerons dans de froides ténébres...

    C'est à ces deux premiers vers de Chant d'automne de Charles Baudelaire que Jorge Semprun avait emprunté le titre d'un de ses plus beaux livres avec l'Ecriture ou la vie. Depuis, je l'ai appris par coeur.

    Depuis ce matin, les hommages se multiplient, je n'ai rien à ajouter, Jorge Semprun est allé au creux des nuages, il manque déjà à notre vieille Europe.

    Puisse-t'elle se rendre compte à cette occasion que ce n'est pas en se disputant au sujet de concombres qu'elle se construira, cette affaire l'aurait désolé.