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Livre - Page 34

  • Retour sur le XX° siècle

    judt.jpgSi vous avez aimé Après-guerre de Tony Judt, vous aimerez vous plonger dans Retour sur le XX° siècle. Là, il s'agit d'un recueil de chroniques, parues pour la plupart dans la New-York Review of Books, au cours des 15 dernières années.

    Tony Judt, s'y révèle encore davantage que dans Après-Guerre, comme un intellectuel engagé, provocateur. Il ne mâche pas ses mots, ne cache pas ses détestations. Le contraire du politiquement correct. C'est trés rassérénant.

    Les deux premires parties sont consacrées à des portraits de grands intellectuels, admirés ou honnis : Koestler, Levi, Sperber, Arendt, Camus, Althusser, Hobswann, Kolakowski, Jean-Paul II, Edward Said. La troisième partie est consacrée à notre vieille Europe, la quatrième aux Etats-Unis. Tony Blair en prend pour son grade dès avant la guerre d'Irak et Kissinger est perçu comme un illusioniste.

    J'ai aussi beaucoup aimé les parties sur la Belgique, la Roumanie, la crise de Cuba, Israël et la Palestine

    L'épilogue intitulé le retour de la question sociale, bien qu'écrit en 1997 est d'une actualité brulante.

  • Eloge des frontières

     Régis Debray aime aller à contre courant et il adore la provocation. C'est debray.jpgparticulièrement réussi avec cet éloge des frontières, petit livre qui reprend une conférence prononcée au Japon.

    Où mieux qu'au Japon d'ailleurs faire l'éloge des frontières. Le pays, même s'il est ouvert, est un des pays développés qui est le plus attentif à préserver ses traditions, son identité, sa littérature, sa cuisine, son kabuki...

    Régis Debray s'en donne à coeur joie. Il sent bien qu'en Europe  l'humeur est au retour sur soi, à l'abandon de l'euro, au repli identitaire alors il pourfend avec brio tous les "sans frontières", les médecins, les pharmaciens et même demain les douaniers (qui le sont déjà puisqu'ils peuvent intervenir sur tout le territoire), bref tous ces naïfs qui ont cru ou croient encore que lever les frontières libère alors qu'en réalité la frontière protègerait d'abord les faibles, les petits, les démunis des appétits de la finance internationale, des impérialismes. de tous poils La première frontière nous dit Régis Debray c'est l'embryon qui nous protège c'est aussi notre peau qui joue le rôle d'interface entre notre corps et l'extérieur... Une frontière est un lieu de passage, de voisinage, une frontière donne envie d'aller voir de l'autre côté. Bref, la frontière c'est le paradis.

    Le livre refermé on est presque convaincu par le brio de la démonstration, on se rappelle les années  csoixante lorsque le dimanhe on allait de l'autre côté de la frontière belge acheter du chocolat...

    Et puis d'autres frontières surgissent à l'esprit que Debray n'évoquent pas ou peu : le mur de Berlin, les vopos, le mur de séparation érigé par Israel dans les Territoires palestiniens, et les frontières dans les têtes au Liban par exemple entre les 18 confessions qui le composent : sunnites, chiites, chrétiens de toutes obédiences, et les frontières non visibles mais bien présentes au Saint Sépulcre entre chrétiens qui se disoutent les prie-Dieu, puis tout ce qui se passe derrière les frontières et dont on nous dit que cela ne nous regarde pas comme en Côte d'Ivoire, en Iran, en Chine, en Corée du Nord...

    Régis Debray a trouvé un public enthousiaste mais bien encombrant avec son éloge des frontières, celui de Debout la République, mais aussi celui de Français de souche, bref tout ceux qui à droite aspirent au repli identitaire, au protectionnisme, ceux qui n'aiment pas le grand large et préfèrent naviguer par petit temps.

    A lire donc pour le brio mais avec l'esprit critique!

     

  • Un coeur intelligent

    coeur.jpgLe voilà en poche!

    Lire Un coeur intelligent d'Alain Finkielkraut, après avoir lu tous les livres dont il fait la lecture dans cet ouvrage (La plaisanterie, Tout passe, Histoire d'un allemand, Le premier homme, La tache, Lord Jim, Les carnets du sous-sol, Washington square et Le festin de Babette), c'est un peu comme revoir un film en accéléré mais avec des bonus car Alain Finkielkraut y a vu beaucoup plus de choses que le pauvre lecteur que je suis et il y ajoute l'érudition qu'on lui connait. Un grand plaisir de lecture donc. La littérature c'est la vie!

  • Citation

    If the wine had been as old as the chicken, the chicken as young as the maid ans the maid as willing as the duchess, the week-end would have been great. Winston Churchill cité par Antoine Veil, le mari de Simone, dans son dernier ouvrage intitulé Salut relaté par Les Echos d'hier.

    La lecture des journaux économiques est pleine de pépites savoureuses...

  • Réinventer l'occident

    9782081254770_1_m.jpgRéinventer l'Occident? Pas moins! C'est le défi que se donne Hakim El Karaoui dans cet ouvrage. L'homme est talentueux, normalien, agrégé de géographie, il a été la plume de Jean-Pierre Raffarin lorsqu'il était Premier ministre. Il est aussi indépendant d'esprit puisqu'il a appelé à voter pour Ségolène Royal en 2007.

    Cinq chapitres :

    L'anomie de l'occident d'abord, anomie politique, anomie économique, anomie identitaire, les classes moyennes disparaissent et deviennent dangereuses, victimes de la mondialisation.

    Les musulmans ne sont pas coupables : dans la réalité, la France change les immigrés alors que les immigrés ne changent pas la France. L'Islam est utilisé par les pères, les maris, les frères pour retarder l'inéluctable, le changement profond des sociétés musulmanes vers plus d'égalité. C'est convaincant.

    L'émergence de la Chine et de l'Asie : c'est bien décrit et bien connu.

    L'Asie et la Chine ne sont pas l'avenir de l'Occident. La montée en puissance de la Chine s'accompagnerait de sa fermeture, son objectif étant de redevenir la première puissance mondiale. Elle ne se cantonnera pas dans une spécialisation sur les biens et services peu qualifiés. Nos multinaltionales, bien présentes aujourd'hui, n'auront que des miettes... Peut-être?

    La solution réside dans la régulation commerciale européenne, c'est à dire le protectionnisme; censée redonner de la compétitivité aux salariés des classes moyennes. Chapitre à lire mais qui m'a laissé sur ma faim. Eriger des barrières en attendant de se restructurer, de se renforcer, d'innover pour mieux affronter la concurrence internationale demain. Vieux discours qui évite de se poser des questions sur nos insufffisances. L'autre proposition qui reprend la thèse de Patrick Artus consitant à imposer les revenus du capital comme les revenus du travail mériterait d'être davantage explorée.

    Un peu décevant donc sur les propositions après un diagnostic juste. Présupposer que la Chine va se barricader une nouvelle fois derrière une grande muraille est peut être une erreur de diagnostic. Et si le diagnostic est juste, la bonne réponse est-elle de dire chiche à la Chine en érigeant de concert avec les États-Unis et les pays de la Méditerranée notre propre muraille, prélude aux affrontements de demain.

    Il ne faut pas tenir pour acquis que la Chine échappera longtemps à l'émancipation démocratique et il faut au contraire tout faire pour encourager ce mouvement. Quant à la France et à l'Europe, le salut réside sans doute dans davantage d'égalité et de justice. La mondialisation creuse les inégalités? A la puissance publique le soin de les réduire, c'est la voie indispensable pour redonner aux européens, aux salariés des classes moyennes, le sentiment d'appartenance qui leur manque, ce sentiment qui construit les nations, qui leur permet d'affronter le grand large sans s'abriter derrière des murailles.

  • Après-guerre. Une histoire de l'europe depuis 1945

    après guerre.jpgUn millier de pages qui retracent notre histoire, celle de ma génération, l'Europe d'après 1945. On ne se lasse pas de lire ce livre, on a le sentiment d'être en conversation avec un grand frère qui nous raconte ce que l'on sait, certes, mais dans un récit éblouissant, plein de verve. C'est à la fois d'une grande précision, quantifiée souvent, très documenté, on y aborde, la littérature, le cinéma, la politique, les relations interrnationales, les conflits, les portraits des acteurs, il y a toujours alternance entre anecdotes et synthèse.

    Transparait en creux le portrait de l'auteur, juif, anglais, social-démocrate, idéaliste, exigeant, anticommuniste, proche des peuples, méfiant à l'égard des constructions qu'il juge artificielles comme l'Union européenne.

    Tony Judt est décédé en août 2010 de la maladie de Charcot à New-York où il vivait et enseignait. Intellectuel inclassable, amoureux de la contradiction et de la provocation intellectuelle, ennemi du politiquement correct, sa sagacité nous manque.

  • Brothers

    9782742774371.jpgA l'occasion de la visite du président Hu Jintao en France, il est utile et agréable de lire Brothers
    Ce roman néo-réaliste est sans doute un chef d'oeuvre de la littérature chinoise contemporaine. Hu Yua, qui fût dentiste mais se lassa de contempler des bouches béantes, est devenu écrivain. Très jeune, il lisait déjà des morceaux de littérature occidentale dont il cachait les feuillets dans la doublure de son manteau. C'était pendant la révolution culturelle.
     
    Dans Brothers, Hu Yua nous raconte en de brefs chapitres bien enlevés, un peu comme dans des feuilletons à la Dumas, le destin tragique de deux frères, Song Gang et Li Guangtou. Ils sont nés juste avant la révolution culturelle qui va en faire des orphelins, l'amour de la belle Lin Hong va les séparer et ils vont connaitre les dérives du capitalisme débridé sous l'autorité du PCC. En à peine quarante ans.
    Le sexe (soft) et l'argent sont omniprésents dans ce petit bourg des Liu qui connait une véritable mais grotesque ruée vers l'or. Ce n'est pas à proprement parler un livre politique, on ne comprendra pas les ressorts de la révolution culturelle ou la conversion au capitalisme de la Chine mais sous une caricature gaudriolesque, c'est bien le procès d'une Chine à la dérive qui détruit ses enfants que dresse Hu Yua.
    Si vous le commencez, ce roman de 900 pages ne vous lâchera pas!
    Et vous verrez d'un autre oeil Hu Jintao...

  • La tentation d'Isabeau

    isabeau.jpgAnne Courtillé a plusieurs cordes à son arc. Elle est chef de file de l'opposition au conseil municipal de Clermont-Ferrand, elle est historienne d'art, spécialiste reconnue du Moyen-âge et en particulier des peintures murales gothiques en Auvergne et elle écrit des romans dont l'action se situe précisément au Moyen Âge. Enfin, elle vient de sortir un pamphlet politique sur les notables socialistes de la capitale auvergnate dont elle situe l'action... au Moyen Âge : le comte Drago et la comtesse Brava.

    J'ai lu La tentation d'Isabeau parce que l'action de ce roman se situe à La Chaise-Dieu, pendant la construction de l'abbatiale que l'on connait aujourd'hui. L'intrigue se noue autour d'une peintre, Isabeau, une fille rebelle, moderne, qui a quitté le chateau familial en déroute financière pour devenir écrivain public à La Chaise-Dieu où elle va rencontrer Matteo Benedetti et ses deux aides, peintres envoyés par le pape Clément VI pour représenter dans la future abbatiale la vie de Saint Robert de Turlande, le fondateur de l'Abbaye.

    Peu importe l'intrigue au fond, ce qui est intéressant dans ce roman c'est l'atmosphère de ce grand chantier du Moyen-âge, en 1358, dans ce village perdu qu'était déjà La Chaise-Dieu, le portrait qui est proposé du pape Clément VI et de sa cour à Avignon, la centralisation du pouvoir papal, le rôle négligeable de l'abbé, l'incompréhension de la population devant des dépenses aussi fabuleuses, l'arrivée de la peste enfin. Même si sur la peste, les pages écrites par Christiane Singer dans La mort viennoise sont plusieurs coudées au dessus.

    Question sans réponse : que sont devenues les peintures qui représentaient la vie de Saint Robert? Aucune trace a priori. La peste peinte à Lavaudieu par Mattéo Benedetto, elle, est toujours là.

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  • Centenaire

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    Cette belle maison de style antillais construite dans l'entre-deux guerres, fût à partir de 1957 la maison de vacances de Jean Anouilh, au Cap Ferret.
    Né à Bordeaux, l'auteur d'Antigone, connu de tous les lycéens ou presque, aurait eu 100 ans cette année. L'occasion pour le Maire de Lége-Cap Ferret de célébrer l'évènement, ce dimanche, 24 octobre, avec l'inauguration d'une Promenade Jean Anouilh, en présence de sa fille Marie-Colombe et de la présidente du conseil municipal des jeunes.
    anouilh 002.jpg
    La pluie était battante mais cela n'avait pas découragé les organisateurs, les édiles, d'anciens proches comme l'ancienne gouvernante des enfants Anouilh, de se rassembler et d'évoquer sous le porche de l'église Notre-Dame-des-flots toute proche, puis sur la plage, devant la maison de l'écrivain, quelques anecdotes de la vie quotidienne de l'époque et les rééditions à venir des oeuvres de Jean Anouilh.
    C'eût pu être une bonne matinée, une promenade guidée par Marie-Colombe était prévue sur les lieux qu'aimait l'écrivain. La pluie a précipité tout le monde au chaud pour boire un chocolat chaud! Le soleil est revenu à Bordeaux l'après-midi!

  • La destruction de Kreshev

    kreshev.jpgPetit livre de moins de 90 pages de Isaac Bashevis Singer, paru en 1958, la taille d'un conte folklorique dans la tradition yiddishe. C'est le diable le narrateur : "je suis Satan, le serpent de la création, le mauvais..."

    On peut le lire comme le témoignage des croyances dans les villages polonais reculés d'avant guerre,

    On peut le lire comme une mise en garde contre l'intégrisme religieux,

    On peut le lire comme une illustration de la bétise humaine, de sa capacité d'aveuglement,

    Ce n'est pas réjouissant sur la nature humaine.

    Heureusement le diable n'existe pas...