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  • Réinventer l'occident

    9782081254770_1_m.jpgRéinventer l'Occident? Pas moins! C'est le défi que se donne Hakim El Karaoui dans cet ouvrage. L'homme est talentueux, normalien, agrégé de géographie, il a été la plume de Jean-Pierre Raffarin lorsqu'il était Premier ministre. Il est aussi indépendant d'esprit puisqu'il a appelé à voter pour Ségolène Royal en 2007.

    Cinq chapitres :

    L'anomie de l'occident d'abord, anomie politique, anomie économique, anomie identitaire, les classes moyennes disparaissent et deviennent dangereuses, victimes de la mondialisation.

    Les musulmans ne sont pas coupables : dans la réalité, la France change les immigrés alors que les immigrés ne changent pas la France. L'Islam est utilisé par les pères, les maris, les frères pour retarder l'inéluctable, le changement profond des sociétés musulmanes vers plus d'égalité. C'est convaincant.

    L'émergence de la Chine et de l'Asie : c'est bien décrit et bien connu.

    L'Asie et la Chine ne sont pas l'avenir de l'Occident. La montée en puissance de la Chine s'accompagnerait de sa fermeture, son objectif étant de redevenir la première puissance mondiale. Elle ne se cantonnera pas dans une spécialisation sur les biens et services peu qualifiés. Nos multinaltionales, bien présentes aujourd'hui, n'auront que des miettes... Peut-être?

    La solution réside dans la régulation commerciale européenne, c'est à dire le protectionnisme; censée redonner de la compétitivité aux salariés des classes moyennes. Chapitre à lire mais qui m'a laissé sur ma faim. Eriger des barrières en attendant de se restructurer, de se renforcer, d'innover pour mieux affronter la concurrence internationale demain. Vieux discours qui évite de se poser des questions sur nos insufffisances. L'autre proposition qui reprend la thèse de Patrick Artus consitant à imposer les revenus du capital comme les revenus du travail mériterait d'être davantage explorée.

    Un peu décevant donc sur les propositions après un diagnostic juste. Présupposer que la Chine va se barricader une nouvelle fois derrière une grande muraille est peut être une erreur de diagnostic. Et si le diagnostic est juste, la bonne réponse est-elle de dire chiche à la Chine en érigeant de concert avec les États-Unis et les pays de la Méditerranée notre propre muraille, prélude aux affrontements de demain.

    Il ne faut pas tenir pour acquis que la Chine échappera longtemps à l'émancipation démocratique et il faut au contraire tout faire pour encourager ce mouvement. Quant à la France et à l'Europe, le salut réside sans doute dans davantage d'égalité et de justice. La mondialisation creuse les inégalités? A la puissance publique le soin de les réduire, c'est la voie indispensable pour redonner aux européens, aux salariés des classes moyennes, le sentiment d'appartenance qui leur manque, ce sentiment qui construit les nations, qui leur permet d'affronter le grand large sans s'abriter derrière des murailles.

  • "Regards sur la France"

    Trente regards pour être précis. Ceux d'une pleïade d'intellectuels. Il faudrait tous les citer. Je ne mentionne que ceux dont je connaissais le nom : Mohamed Arkoun, Daniel Barenboim, Joachim Bitterlich, Boutros Boutros Ghali, Georges Corm, Vladimir Fedorowski, Carlos Fuentes, Bronislaw Geremek, Alfred Grosser, Vaclav Havel, Stanley Hoffmann, Joseph Nye, Hélène Rey, Jeffrey Sachs, Edward Said, Klaus Schwab, Ezra suleiman, Théodore Zeldin.

    Bien sûr, le principe même de l'ouvrage conduit à des redites, à des répétitions mais on a le droit de ne pas tout lire. Ce n'est pas tous les jours que l'on dispose d'une somme de regards pluriels sur notre beau pays, loin des polémiques sur le déclin, par des hommes et des femmes de talents, venus de disciplines variées, excellents dans leurs domaines, des quatres coins du monde, attachés à la France.

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    Et qui a eu l'excellente idée de recueillir ces contributions, patiemment? Deux jeunes libanais, également français, Karim Emile Bitar et Robert Fadel, tous deux anciens éleves de l'ENA.

    Karim Emile Bitar a été chargé de mission à Canal plus et dirige aujourd'hui la rédaction du mensuel des anciens élèves de l'ENA, l'ENA hors les murs, il est également consultant et tient un blog du nom de sa promotion de l'ENA : cyrano.blog.lemonde.fr.

    Robert Fadel est bien connu à Beyrouth. Il n'a que 37 ans mais dirige avec beaucoup de succès la chaine de magasin ABC, crée en 1937, à l'époque sous le nom de "Au Bon Choix" ou "Au Bon Coût", je ne me souviens plus. Il a notamment avec son équipe, créé un centre commercial sur la colline d'Achrafieh, le quartier chrétien de Beyrouth. Ce centre c'est le Forum des Halles de Paris mais réussi : des galeries commerçantes sur 4 ou 5 niveaux, fermées, ouvertes, semi ouvertes, des cinémas, des librairies, des bars, des restaurants, des boutiques, le tout Beyrouth, toutes confessions confondues, s'y précipite. Un jeune homme plein d'avenir qui préside, bien sûr, l'association des anciens élèves de l'ENA du Liban, mais aussi BADER (L'Aube), une ONG qui épaule les jeunes diplomés libanais qui veulent se lancer dans l'entreprise. Bref, beaucoup de cordes à son arc. J'en méconnais sans doute beaucoup. Un nom à retenir et dans un premier temps un livre à lire.