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Livre - Page 38

  • Washington Square

    washington.jpgA vrai dire, on ne peut qu'aimer ce roman d'Henry James, publié en 1880, et commenté par Alain Finkelkraut dans un Coeur intelligent, que je n'ai toujours pas lu.

    L'intrigue racontée par un narrateur extérieur est d'une grande simplicité. Elle met aux prises essentiellement quatre personnages. Le Docteur Austin Sloper, médecin aisé de New York, à Washington Square, veuf depuis 19 ans, inconsolable de la perte de sa femme, intelligente et brillante. Sa fille Catherine, "the poor catherine", 22 ans, fille unique, le contraire de sa mère, pas très brillante, pas très intelligente, pas très jolie mais future héritière. Morris Townsend, jeune arriviste, malin machiavélique, beau parleur, sans le sou, qui flaire le bon héritage, et enfin la tante Lavinia, veuve elle aussi, qui vit chez son frère Austin, stupide, écervelée, prête à tout pour monter des histoires romantiques par substitution.

    Ce qui doit arriver, arrive, ce roman n'est pas un récit à rebondissements successifs : Le jeune Townsend séduit la pauvre Catherine non parce qu'il l'aime mais par intérêt, avec l'appui décisif de la tante Lavinia. Le docteur Sloper devine imédiatement la supercherie et devant le refus de la pauvre Catherine de rompre ses fiancailles la déshérite...

    La pauvre Catherine finira par découvrir que personne, ni son père, ni sa tante, ni son fiancé ne l'aiment pour elle-même. C'est d'une incroyable cruauté mais écrit avec un incroyable talent.

  • Les carnets du sous-sol

    sous sol.jpg

    J'ai découvert ce roman grâce à Alain Finkelkraut, puisque c'est un des ouvrages qu'il commente dans Un coeur intelligent, livre que je n'ai pas encore lu, ayant décidé de découvrir à l'aveugle les livres qu'il a choisi de retenir pour son dernier essai.

    On est saisi dès le début par la couverture du livre. Il s'agit d'un détail de Monomane du vol de Jean-Louis Théodore Géricault (sans date, Musée de Gand). Géricault a effectué vers 1820 une série de cinq tableaux de fous, anonymes, monomaniaques, vol d'enfant, envie... dont celui-ci, Monomane du vol, au regard tout intérieur, absorbé par sa prochaine action, par d'effroyables pensées.

    Effroyables pensées, c'est bien de cela qu'il s'agit dès les premières lignes : Je suis un homme malade, un homme méchant, un homme repoussoir...

    Cet ouvrage a été publié en 1864, Fedor Dostoïevski a alors 43 ans et il lui en reste 17 à vivre. Il a déjà connu la prison, un simulacre d'exécution le 22 décembre 1849, l'exil... c'est un auto-portrait saisissant, un cri tout au long des 165 pages.

    La première partie, le sous-sol,  est un long monologue écrit dans un sous-sol, un souterrain, image de la réclusion. L'auteur déverse sa bile sur l'humanité et sur lui-même, conscient de son abaissement : non seulement je n'ai pas su devenir méchant, mais je n'ai su rien devenir du tout : ni méchant ni gentil, ni salaud, ni honnête - ni un héros ni un insecte... La seconde partie, intitulée sur la neige mouillée, est le récit écrit pas l'auteur du monologue de la déchéance de Zverkov, un fonctionnaire qui avait tout pour réussir et qui va sombrer, imbu de sa supériorité intrinsèque mais incapable de se lier à ses collègues, ses voisins, de nouer une relation amoureuse...

    En bonus, en fin d'ouvrage, une lecture de Francis Marmande dont on lit chaque semaine la plume alerte dans Le Monde...

  • La grammaire, c'est pas de la tarte!

    A force d'écrire, comment ne pas s'intéresser à la grammaire, à la syntaxe, aux règles typographiques?

    grammaire.jpgLe petit ouvrage d'Olivier Houdart et de Sylvie Prioul permet d'aborder ces questions savantes avec un grand plaisir de lecture. Il offre un voyage abondamment illustré d'exemples tirés de la littérature, des journaux, du langage parlé. Le lecteur découvre les origines latines de la langue française, sa codification progressive, les tentatives de réformes, les différences d'approche du Larousse et du Robert. Qui consulte le dictionnaire de l'Académie française?

    Le sexe des mots : quel est le genre d'amiante, ambre, apogée? Masculin!

    Le féminin des mots : emmerdantes, emmerdeuses, emmerderesses (Brassens). Quel est le féminin de témoin? Aucun à ce jour. Auteur, auteure, mais pas autrice; chef donne parfois cheffe, mais pas chève; alors que veuf donne veuve mais pas veuffe...!

    Le pluriel : gardes-côtes ou garde-côtes?  Cela dépend s'il s'agit du bateau ou des marins! Le père comme le fils mangeait ou mangeaient de bon appétit? les deux sont corrects au terme de la réforme Haby.

    Le participe passé.  Ah la tarte, j'ai adoré! ou adorée? adoré! Il s'agit de deux phrases distinctes! Elle ne s'est jamais cru belle? ou crue belle? Je me suis offert ou offerte une autre image de moi. Lisez le livre!

    Versales (premières lettres d'un vers) devenues capitales puis majuscules : elle est belle ma romaine et elle est belle ma Romaine n'ont pas le même sens!

    Enfin,  les prospérités du vice syntaxique : moi,  j'ai ma mère, elle a 75 ans... au lieu de ma mère a 75 ans. Viens-tu? a été éliminé par Tu viens? (cf. le titre du dernier ouvrage de la ministre NKM...)

    Faut-il réformer l'orthographe? sans doute pas! Enregistrer lentement l'évolution des usages sûrement! La complexité du chinois n'empêche pas l'empire du milieu de retrouver aujourd'hui le peloton de tête des nations dans la compétition mondiale.

    lortograf fransèse nait donc sen doute pa 1 endikape ma geure poure not sasiété!

  • La prospérité du vice

    prospérité du vice.jpgLa prospérité du vice ou une introduction (inquiète) à l'économie est davantage un livre sur l'histoire de l'humanité qu'un livre d'économie. Daniel Cohen, à la suite de beaucoup d'autres, notamment David Landes ou Jared Diamond nous trace un vaste portrait de notre espèce depuis les chasseurs-cueilleurs jusqu'aux traders. On redécouvre l'invention de l'agriculture, l'empire romain, on s'interroge sur la fermeture soudaine de la Chine... un grand voyage au cours duquel l'inquiétude ne fait effectivement que monter.

    Adam Smith, dans son ouvrage sur les sentiments moraux, l'avait déjà souligné, ce qui motive l'individu, ce qui nous meut, c'est d'être un peu plus riche que notre voisin, d'être reconnu, de mériter de la considération, d'où le titre du livre.

    A l'échelle des pays, la prospérité de l'Europe pourrait bien venir de la situation de concurrence dans laquelle se sont trouvées pendant plusieurs siècles les grandes nations  : successivement Venise, Espagne, Pays-Bas, Angleterre, France, Allemagne mais cette émulation a aussi abouti aux deux guerres mondiales du XX siècle. Si l'histoire se répète, l'Asie pourrait être demain menacée du même sort.

    A ces défis classiques, s'ajoute aujourd'hui ceux du réchauffement climatique, d'une planète de neuf milliards d'être humains d'ici 40 ans, de l'épuisement des ressources.

    Comme dans ses livres précédents, Daniel Cohen est d'une grande clarté, économe en chiffres, jamais complexe, un livre à lire avec plaisir pour se convaincre qu'un peu de sobriété pourrait ne pas être inutile.

    En épigraphe de son ouvrage,  Daniel Cohen cite Léonard Cohen : Give me back the Berlin Wall, give me Stalin and Saint Paul, I'va seen the future, brother, It is murder. C'est dire si le monde qui vient risque d'être très éloigné de la fin de l'histoire annoncée par Francis Fukuyama.

  • L'Oedipe d'Henry Bauchau

    oedipe.jpgOedipe sur la route est le second volume du tryptique qu'Henry Bauchau, écrivain belge, né en 1913, a consacré aux récits mythiques de la Grèce antique avec Antigone et Diotime et les lions.

    Antigone m'avait enthousiasmé, il y a en effet dans ce récit d'une grande pureté d'écriture, unité d'action de temps et de lieu... cf. chronique du 21 août dernier. Oedipe sur la route est au contraire un long cheminement.  On accompagne Oedipe, roi de Thèbes déchu, car meurtrier de son père, Laios, époux, dans l'ignorance de sa parenté, de sa mère, Jocaste, qui, l'apprenant, vient de mettre fin à ses jours. Aveuglé volontairement, ses enfants maudits, Oedipe part sur la route seul, en mendiant, suivi par Antigone, sa fille, qui refuse de l'abandonner. C'est une longue marche, marquée par la faim, la soif, le froid, la canicule, la maladie, l'hostilité, mais aussi la musique, la peinture, la sculpture, le chant, la danse, les rencontres, l'amour au sens le plus fort du terme, un chemin vers la clairvoyance, la connaissance de soi, la rédemption...

    Un livre magnifique pour prendre soi-même la route. Ce n'est pas toi qui fait le chemin mais le chemin qui te fait, une belle illustration de cet adage de ceux qui marchent.

  • Jacques Roubaud à Evento

    Evento, la première édition de la biennale d'art contemporain s'est achevée ce dimanche à Bordeaux. Les organisateurs sont satisfaits puisqu'ils ont annoncé la prochaine édition en 2011. Il y a eu le pire et le meilleur au cours de cette dizaine de jours. Parmi le meilleur, la découverte de Jacques Roubaud, venu à 77 ans, sous la tente-chapiteau d'Evento nous parler de la ville, sur le théme marcher méditer...

    roubaud.jpgJacques Roubaud est docteur en mathématique et en littérature, membre de l'Oulipo, l'ouvrage de littérature potentielle, comme Georges Perec ou Raymond Queneau. A l'invitation de Michaël Sheringham, son complice pour cette causerie à Evento, Jacques Roubaud en lisant quelques extraits de ses oeuvres nous a fait de lui un portrait très attachant qui invite à découvrir son oeuvre.

    Arrivé à Paris pendant la guerre à l'adolescence, il a tout de suite detesté cette ville et tout particulièrement ses automobilistes, mais il y est resté depuis et vit dans un appartement de 21 m2, d'où il peut quotidiennement partir marcher, soit selon un programme, soit à l'improviste, le plus souvent en passant par les librairies anglo-saxonnes Smith, Galignani ou Brentano's (qui vient malheureusement de fermer), soit par les librairies, toujours anglo-saxonnes, du quartier latin.

    En marchant, JR compose des poèmes, il a une prédilection pour les sonnets, poèmes qu'il ramène ensuite à la maison, pour les transcrire sur son écran et là soit il les jette soit il les garde... Avec l'âge, JR s'est aperçu qu'il lui devenait de plus en plus difficile de mémoriser un sonnet entier, d'où son attrait récent pour la poésie japonaise. Beaucoup plus courte, elle lui permet de continuer à pratiquer ce qu'il faut bien considérer comme une discipline : marcher, méditer, composer, transcrire et celà à Paris, ou à Londres ou à Tokyo.  Dans la capitale britannique, depuis plus de trente ans, il descend toujours au même hôtel pour aller, là aussi, de librairies en librairies. A Tokyo, il explore la ville toujours à pied en partant à chaque fois d'une des stations de métro de la ligne circulaire Yamanote qui délimite le centre de la capitale japonaise.

    Un bel esprit, indépendant, solitaire, attachant. Merci à EVENTO, pour ce moment de grâce.

  • Le mur invisible

    marlen.jpgC'est le livre le plus célèbre de Marlen Haushofer (photo Sybille Haushofer), écrivain autrichien née en 1920 et décédée à l'âge de 49 ans. Le livre a été publié en 1963. Il se présente comme le journal de bord écrit rétrospectivement, mais minutieusement, à partir de notes d'une femme qui se retrouve à la suite d'une catastrophe inexpliquée, sans doute planétaire, isolée dans un chalet, au coeur de la forêt autrichienne. Heureusement le propriétaire du chalet, a fait provision de tout et il y a de quoi survivre quelque temps. Et puis peu à peu à défaut d'êtres humains, l'héroïne se fait des compagnons, Lynx, le chien de son cousin, une chatte et ses chatons, Bella, la vache qui va fournir du lait, une corneille blanche...

    mur invisible.jpgOn accompagne ainsi notre Robinson pendant deux bonnes années, au chalet, dans la vallée et l'été à l'alpage. Que faire quand on est convaincue d'être la seule survivante d'une catastrophe, on est en pleine guerre froide, avec ces quelques animaux, cette petite arche de Noé, et que l'on aperçoit au loin les cadavres rigidifiés des hommes, des animaux, les orties qui envahissent tout progressivement. Et bien vivre, parce qu'on se sent responsable de la survie de ses compagnons, chien, chats, vache, veau...

    Travailler, travailler encore, chasser, planter, récolter, faire la corvée de bois, tirer le meilleur parti de la nature, affronter le froid et la chaleur, lutter contre la maladie, compter le temps qui passe, créer une relation inouie avec les animaux qui deviennent de véritables amis, des complices, la forêt, constater combien cette expérience incroyable vous transforme, physiquement et mentalement, pour finir par comprendre que le meilleur ennemi de l'homme, et diront les psychanalistes, de la femme...c'est l'homme.

    Bonne lecture d'un roman étonnant, à découvrir.

     

  • Berlin Alexanderplatz

    J'avais bien essayé, lors de mes trois années passées en Allemagne, il y a une bonne quinzaine d'années, de lire, en VO, ce chef d'oeuvre deBerlin.jpg la littérature mondiale, mais j'avais rapidement renoncé, le marque page retrouvé dans mon édition de poche indique une quarantaine de pages, la syntaxe et le vocabulaire s'avérant trop difficiles.

    Heureusement, l'ouvrage d'Alfred Döblin (1878 - 1957) est de nouveau dans l'actualité en raison de la parution chez Gallimard d'une nouvelle traduction d'Olivier le Lay, traduction remarquable aux dires de l'excellente critique à laquelle elle a donné lieu, en tous cas très agréable à lire, d'une richesse rarement rencontrée. J'ai bien fait d'attendre!

    Hans_Hartig_Tauwetter_Alexanderplatz.jpg

    Hans Harting Tauwetter Alexanderplatz 1919

    Alfred Döblin retrace l'histoire de Franz Biberkopf, un débardeur qui sort de sa prison de Tegel, devenue l'aréoport rendu célèbre au moment du blocus de Berlin, où il a purgé une peine de 4 ans de prison pour le meurtre, involontaire?,  d'Ida, sa compagne. Il est décidé à devenir honnête, y parvient dans un premier temps, vend des journaux, fait des petits boulots, tire le diable par la queue, puis rencontre Reinhold, un souteneur, qui va de nouveau l'entrainer dans la galère.

    Au delà de l'histoire de Franz Biberkopf, l'ouvrage de Döblin est aussi le roman d'une ville, Berlin, peu avant la crise de 1929, le roman de la modernité, vitesse, mécanisation (les abattoirs), relégation, séquelles de la grande guerre, montée du nazisme...

    C'est aussi une nouvelle forme de roman, par la langue, le vocabulaire, la syntaxe, on le compare souvent au Voyage de Céline, à Ulysse de James Joyce, le recours à des procédés empruntés à la peinture (collages, reprise de journaux...). C'est enfin comme le souligne dans sa postface Rainer Fassbinder, une histoire d'amitié, forte, de Franz pour Reinhold, une amitié incomprehensible. Le lecteur verra pourquoi. 

    doblin.gifUn mot sur Alfred Döblin, médécin, neurologue, juif, condamné à l'exil par le nazisme en 1933, en Suisse, en Amérique, en France, qui acquit la nationalité française (1938), se convertit au catholicisme, rentra en Allemagne dans les années 50, sans y être reconnu, pour y mourir dans un hôpital psychiatrique. Son fils, soldat français, se suicida en 1940 pour ne pas tomber aux mains des allemands. Ecoutez France culture : http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/surpris/fiche.php?diffusion_id=72688.

    Un grand plaisir de lecture!

  • Byblos

    un-matin-a-byblos-b_50852760vb.pngSous le titre Un matin à Byblos, Olivier Germain Thomas a écrit un petit livre attachant, un livre d'érudit, une réflexion sur les langues, les livres, les civilisations. Byblos, qui signifie "livre" en grec, passe en effet pour être la plus vielle cité du monde. Elle conserve des traces des civilisations de Babylone, d'Assyrie, de Perse, de Grèce de Rome, de Byzance, arabe bien sûr et franque. Byblos est un mille-feuille, comme l'est le Liban aujourd'hui.

    byblos_vue.jpg

    "Ah si le Liban avait la force d'incarner l'aspiration de notre époque : une harmonie de cultures multiples. Nulle part, en si petit espace, mythes, religions, langues n'ont formé une si prodigieuise rosace.

    Liban , mémore vivante des créations de l'homme relié, pays frère, n'entends tu pas de toutes parts l'appel à la réconciliation? Un simple transfert de tes passions, de l'identitaire à l'universel enraciné te permettrait d'être à nouveau le rendez-vous de toutes les muses."

  • Moisson rouge

    2080_moissonrouge.jpgAutant le dire tout de suite, je ne suis pas particulièrement amateur de roman policier. Mais je me suis laissé tenter par la nouvelle traduction que vient de faire paraître la fameuse collection Série noire du roman de Dashiell Hammet, Moisson rouge, Red Harvest dans la version américaine, roman paru en 1929 quelques mois avant le krach boursier.

    J'ai été séduit par la présentation qui en est faite par l'éditeur et la plupart des critiques : un regard au scalpel sur la société américaine, une vision crue sur les rapports de forces et d'argent, les contradictions de la société américaine et les méfaits du capitalisme sauvage.

    L'action se déroule dans une petite ville minière du Montana de quarante mille habitants. Le vieux Elihu Wilson qui a bâti cette ville la possède corps et âmes, cœurs et tripes, mais pour casser les grèves répétées menées par un syndicat révolutionnaire, il a fait appel à la pègre, laquelle a mis la ville en coupe réglée et permis à la corruption de s’infiltrer dans tous les corps de la société. Le fils d’Elihu Wilson, directeur du seul groupe de presse, est chargé par son père de remettre de l’ordre et va faire appel à un détective privé. S’en suit, et c’est là l’essentiel du roman, une kyrielle d’assassinats, de règlements de compte, de chantages, de complots que notre détective, sans nom, ne fera que décupler s’acharnant à monter les uns contre les autres jusqu’à ce que la plupart des acteurs soient éliminés et que la garde nationale vienne achever le travail…

    C’est un excellent roman policier, il y a du suspense, le détective est machiavélique, tout le contraire de l’homme honnête, sans scrupules sur les méthodes, mais j’ai tout de même été déçu car il n’y a pas d’analyse de la société américaine, pas un syndicaliste, pas même un ouvrier, le décor est simplement planté au début du roman, mais les seuls personnages sont ceux qui appartiennent aux gangs, à la police, ou qui gravitent dans leur orbite, une seule femme par exemple.

    L’analyse du capitalisme sauvage est absente, en revanche les amateurs de meurtres et d’énigmes policières seront satisfaits par un roman qui dans le fond n’a pas pris une ride malgré ses 80 ans.

    Raymond Chandler, disciple de Hammet, aurait de lui qu’il avait sorti le crime de son vase vénitien pour le remettre à sa place, le caniveau. C’est le cas ! Ceci dit à l’occasion, je lirai un ou deux autres romans d’Hammet comme le Faucon maltais pour parfaire mon opinion sur le père du style hard boiled, dur à cuire.