Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livre - Page 38

  • La grammaire, c'est pas de la tarte!

    A force d'écrire, comment ne pas s'intéresser à la grammaire, à la syntaxe, aux règles typographiques?

    grammaire.jpgLe petit ouvrage d'Olivier Houdart et de Sylvie Prioul permet d'aborder ces questions savantes avec un grand plaisir de lecture. Il offre un voyage abondamment illustré d'exemples tirés de la littérature, des journaux, du langage parlé. Le lecteur découvre les origines latines de la langue française, sa codification progressive, les tentatives de réformes, les différences d'approche du Larousse et du Robert. Qui consulte le dictionnaire de l'Académie française?

    Le sexe des mots : quel est le genre d'amiante, ambre, apogée? Masculin!

    Le féminin des mots : emmerdantes, emmerdeuses, emmerderesses (Brassens). Quel est le féminin de témoin? Aucun à ce jour. Auteur, auteure, mais pas autrice; chef donne parfois cheffe, mais pas chève; alors que veuf donne veuve mais pas veuffe...!

    Le pluriel : gardes-côtes ou garde-côtes?  Cela dépend s'il s'agit du bateau ou des marins! Le père comme le fils mangeait ou mangeaient de bon appétit? les deux sont corrects au terme de la réforme Haby.

    Le participe passé.  Ah la tarte, j'ai adoré! ou adorée? adoré! Il s'agit de deux phrases distinctes! Elle ne s'est jamais cru belle? ou crue belle? Je me suis offert ou offerte une autre image de moi. Lisez le livre!

    Versales (premières lettres d'un vers) devenues capitales puis majuscules : elle est belle ma romaine et elle est belle ma Romaine n'ont pas le même sens!

    Enfin,  les prospérités du vice syntaxique : moi,  j'ai ma mère, elle a 75 ans... au lieu de ma mère a 75 ans. Viens-tu? a été éliminé par Tu viens? (cf. le titre du dernier ouvrage de la ministre NKM...)

    Faut-il réformer l'orthographe? sans doute pas! Enregistrer lentement l'évolution des usages sûrement! La complexité du chinois n'empêche pas l'empire du milieu de retrouver aujourd'hui le peloton de tête des nations dans la compétition mondiale.

    lortograf fransèse nait donc sen doute pa 1 endikape ma geure poure not sasiété!

  • La prospérité du vice

    prospérité du vice.jpgLa prospérité du vice ou une introduction (inquiète) à l'économie est davantage un livre sur l'histoire de l'humanité qu'un livre d'économie. Daniel Cohen, à la suite de beaucoup d'autres, notamment David Landes ou Jared Diamond nous trace un vaste portrait de notre espèce depuis les chasseurs-cueilleurs jusqu'aux traders. On redécouvre l'invention de l'agriculture, l'empire romain, on s'interroge sur la fermeture soudaine de la Chine... un grand voyage au cours duquel l'inquiétude ne fait effectivement que monter.

    Adam Smith, dans son ouvrage sur les sentiments moraux, l'avait déjà souligné, ce qui motive l'individu, ce qui nous meut, c'est d'être un peu plus riche que notre voisin, d'être reconnu, de mériter de la considération, d'où le titre du livre.

    A l'échelle des pays, la prospérité de l'Europe pourrait bien venir de la situation de concurrence dans laquelle se sont trouvées pendant plusieurs siècles les grandes nations  : successivement Venise, Espagne, Pays-Bas, Angleterre, France, Allemagne mais cette émulation a aussi abouti aux deux guerres mondiales du XX siècle. Si l'histoire se répète, l'Asie pourrait être demain menacée du même sort.

    A ces défis classiques, s'ajoute aujourd'hui ceux du réchauffement climatique, d'une planète de neuf milliards d'être humains d'ici 40 ans, de l'épuisement des ressources.

    Comme dans ses livres précédents, Daniel Cohen est d'une grande clarté, économe en chiffres, jamais complexe, un livre à lire avec plaisir pour se convaincre qu'un peu de sobriété pourrait ne pas être inutile.

    En épigraphe de son ouvrage,  Daniel Cohen cite Léonard Cohen : Give me back the Berlin Wall, give me Stalin and Saint Paul, I'va seen the future, brother, It is murder. C'est dire si le monde qui vient risque d'être très éloigné de la fin de l'histoire annoncée par Francis Fukuyama.

  • L'Oedipe d'Henry Bauchau

    oedipe.jpgOedipe sur la route est le second volume du tryptique qu'Henry Bauchau, écrivain belge, né en 1913, a consacré aux récits mythiques de la Grèce antique avec Antigone et Diotime et les lions.

    Antigone m'avait enthousiasmé, il y a en effet dans ce récit d'une grande pureté d'écriture, unité d'action de temps et de lieu... cf. chronique du 21 août dernier. Oedipe sur la route est au contraire un long cheminement.  On accompagne Oedipe, roi de Thèbes déchu, car meurtrier de son père, Laios, époux, dans l'ignorance de sa parenté, de sa mère, Jocaste, qui, l'apprenant, vient de mettre fin à ses jours. Aveuglé volontairement, ses enfants maudits, Oedipe part sur la route seul, en mendiant, suivi par Antigone, sa fille, qui refuse de l'abandonner. C'est une longue marche, marquée par la faim, la soif, le froid, la canicule, la maladie, l'hostilité, mais aussi la musique, la peinture, la sculpture, le chant, la danse, les rencontres, l'amour au sens le plus fort du terme, un chemin vers la clairvoyance, la connaissance de soi, la rédemption...

    Un livre magnifique pour prendre soi-même la route. Ce n'est pas toi qui fait le chemin mais le chemin qui te fait, une belle illustration de cet adage de ceux qui marchent.

  • Jacques Roubaud à Evento

    Evento, la première édition de la biennale d'art contemporain s'est achevée ce dimanche à Bordeaux. Les organisateurs sont satisfaits puisqu'ils ont annoncé la prochaine édition en 2011. Il y a eu le pire et le meilleur au cours de cette dizaine de jours. Parmi le meilleur, la découverte de Jacques Roubaud, venu à 77 ans, sous la tente-chapiteau d'Evento nous parler de la ville, sur le théme marcher méditer...

    roubaud.jpgJacques Roubaud est docteur en mathématique et en littérature, membre de l'Oulipo, l'ouvrage de littérature potentielle, comme Georges Perec ou Raymond Queneau. A l'invitation de Michaël Sheringham, son complice pour cette causerie à Evento, Jacques Roubaud en lisant quelques extraits de ses oeuvres nous a fait de lui un portrait très attachant qui invite à découvrir son oeuvre.

    Arrivé à Paris pendant la guerre à l'adolescence, il a tout de suite detesté cette ville et tout particulièrement ses automobilistes, mais il y est resté depuis et vit dans un appartement de 21 m2, d'où il peut quotidiennement partir marcher, soit selon un programme, soit à l'improviste, le plus souvent en passant par les librairies anglo-saxonnes Smith, Galignani ou Brentano's (qui vient malheureusement de fermer), soit par les librairies, toujours anglo-saxonnes, du quartier latin.

    En marchant, JR compose des poèmes, il a une prédilection pour les sonnets, poèmes qu'il ramène ensuite à la maison, pour les transcrire sur son écran et là soit il les jette soit il les garde... Avec l'âge, JR s'est aperçu qu'il lui devenait de plus en plus difficile de mémoriser un sonnet entier, d'où son attrait récent pour la poésie japonaise. Beaucoup plus courte, elle lui permet de continuer à pratiquer ce qu'il faut bien considérer comme une discipline : marcher, méditer, composer, transcrire et celà à Paris, ou à Londres ou à Tokyo.  Dans la capitale britannique, depuis plus de trente ans, il descend toujours au même hôtel pour aller, là aussi, de librairies en librairies. A Tokyo, il explore la ville toujours à pied en partant à chaque fois d'une des stations de métro de la ligne circulaire Yamanote qui délimite le centre de la capitale japonaise.

    Un bel esprit, indépendant, solitaire, attachant. Merci à EVENTO, pour ce moment de grâce.

  • Le mur invisible

    marlen.jpgC'est le livre le plus célèbre de Marlen Haushofer (photo Sybille Haushofer), écrivain autrichien née en 1920 et décédée à l'âge de 49 ans. Le livre a été publié en 1963. Il se présente comme le journal de bord écrit rétrospectivement, mais minutieusement, à partir de notes d'une femme qui se retrouve à la suite d'une catastrophe inexpliquée, sans doute planétaire, isolée dans un chalet, au coeur de la forêt autrichienne. Heureusement le propriétaire du chalet, a fait provision de tout et il y a de quoi survivre quelque temps. Et puis peu à peu à défaut d'êtres humains, l'héroïne se fait des compagnons, Lynx, le chien de son cousin, une chatte et ses chatons, Bella, la vache qui va fournir du lait, une corneille blanche...

    mur invisible.jpgOn accompagne ainsi notre Robinson pendant deux bonnes années, au chalet, dans la vallée et l'été à l'alpage. Que faire quand on est convaincue d'être la seule survivante d'une catastrophe, on est en pleine guerre froide, avec ces quelques animaux, cette petite arche de Noé, et que l'on aperçoit au loin les cadavres rigidifiés des hommes, des animaux, les orties qui envahissent tout progressivement. Et bien vivre, parce qu'on se sent responsable de la survie de ses compagnons, chien, chats, vache, veau...

    Travailler, travailler encore, chasser, planter, récolter, faire la corvée de bois, tirer le meilleur parti de la nature, affronter le froid et la chaleur, lutter contre la maladie, compter le temps qui passe, créer une relation inouie avec les animaux qui deviennent de véritables amis, des complices, la forêt, constater combien cette expérience incroyable vous transforme, physiquement et mentalement, pour finir par comprendre que le meilleur ennemi de l'homme, et diront les psychanalistes, de la femme...c'est l'homme.

    Bonne lecture d'un roman étonnant, à découvrir.

     

  • Berlin Alexanderplatz

    J'avais bien essayé, lors de mes trois années passées en Allemagne, il y a une bonne quinzaine d'années, de lire, en VO, ce chef d'oeuvre deBerlin.jpg la littérature mondiale, mais j'avais rapidement renoncé, le marque page retrouvé dans mon édition de poche indique une quarantaine de pages, la syntaxe et le vocabulaire s'avérant trop difficiles.

    Heureusement, l'ouvrage d'Alfred Döblin (1878 - 1957) est de nouveau dans l'actualité en raison de la parution chez Gallimard d'une nouvelle traduction d'Olivier le Lay, traduction remarquable aux dires de l'excellente critique à laquelle elle a donné lieu, en tous cas très agréable à lire, d'une richesse rarement rencontrée. J'ai bien fait d'attendre!

    Hans_Hartig_Tauwetter_Alexanderplatz.jpg

    Hans Harting Tauwetter Alexanderplatz 1919

    Alfred Döblin retrace l'histoire de Franz Biberkopf, un débardeur qui sort de sa prison de Tegel, devenue l'aréoport rendu célèbre au moment du blocus de Berlin, où il a purgé une peine de 4 ans de prison pour le meurtre, involontaire?,  d'Ida, sa compagne. Il est décidé à devenir honnête, y parvient dans un premier temps, vend des journaux, fait des petits boulots, tire le diable par la queue, puis rencontre Reinhold, un souteneur, qui va de nouveau l'entrainer dans la galère.

    Au delà de l'histoire de Franz Biberkopf, l'ouvrage de Döblin est aussi le roman d'une ville, Berlin, peu avant la crise de 1929, le roman de la modernité, vitesse, mécanisation (les abattoirs), relégation, séquelles de la grande guerre, montée du nazisme...

    C'est aussi une nouvelle forme de roman, par la langue, le vocabulaire, la syntaxe, on le compare souvent au Voyage de Céline, à Ulysse de James Joyce, le recours à des procédés empruntés à la peinture (collages, reprise de journaux...). C'est enfin comme le souligne dans sa postface Rainer Fassbinder, une histoire d'amitié, forte, de Franz pour Reinhold, une amitié incomprehensible. Le lecteur verra pourquoi. 

    doblin.gifUn mot sur Alfred Döblin, médécin, neurologue, juif, condamné à l'exil par le nazisme en 1933, en Suisse, en Amérique, en France, qui acquit la nationalité française (1938), se convertit au catholicisme, rentra en Allemagne dans les années 50, sans y être reconnu, pour y mourir dans un hôpital psychiatrique. Son fils, soldat français, se suicida en 1940 pour ne pas tomber aux mains des allemands. Ecoutez France culture : http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/surpris/fiche.php?diffusion_id=72688.

    Un grand plaisir de lecture!

  • Byblos

    un-matin-a-byblos-b_50852760vb.pngSous le titre Un matin à Byblos, Olivier Germain Thomas a écrit un petit livre attachant, un livre d'érudit, une réflexion sur les langues, les livres, les civilisations. Byblos, qui signifie "livre" en grec, passe en effet pour être la plus vielle cité du monde. Elle conserve des traces des civilisations de Babylone, d'Assyrie, de Perse, de Grèce de Rome, de Byzance, arabe bien sûr et franque. Byblos est un mille-feuille, comme l'est le Liban aujourd'hui.

    byblos_vue.jpg

    "Ah si le Liban avait la force d'incarner l'aspiration de notre époque : une harmonie de cultures multiples. Nulle part, en si petit espace, mythes, religions, langues n'ont formé une si prodigieuise rosace.

    Liban , mémore vivante des créations de l'homme relié, pays frère, n'entends tu pas de toutes parts l'appel à la réconciliation? Un simple transfert de tes passions, de l'identitaire à l'universel enraciné te permettrait d'être à nouveau le rendez-vous de toutes les muses."

  • Moisson rouge

    2080_moissonrouge.jpgAutant le dire tout de suite, je ne suis pas particulièrement amateur de roman policier. Mais je me suis laissé tenter par la nouvelle traduction que vient de faire paraître la fameuse collection Série noire du roman de Dashiell Hammet, Moisson rouge, Red Harvest dans la version américaine, roman paru en 1929 quelques mois avant le krach boursier.

    J'ai été séduit par la présentation qui en est faite par l'éditeur et la plupart des critiques : un regard au scalpel sur la société américaine, une vision crue sur les rapports de forces et d'argent, les contradictions de la société américaine et les méfaits du capitalisme sauvage.

    L'action se déroule dans une petite ville minière du Montana de quarante mille habitants. Le vieux Elihu Wilson qui a bâti cette ville la possède corps et âmes, cœurs et tripes, mais pour casser les grèves répétées menées par un syndicat révolutionnaire, il a fait appel à la pègre, laquelle a mis la ville en coupe réglée et permis à la corruption de s’infiltrer dans tous les corps de la société. Le fils d’Elihu Wilson, directeur du seul groupe de presse, est chargé par son père de remettre de l’ordre et va faire appel à un détective privé. S’en suit, et c’est là l’essentiel du roman, une kyrielle d’assassinats, de règlements de compte, de chantages, de complots que notre détective, sans nom, ne fera que décupler s’acharnant à monter les uns contre les autres jusqu’à ce que la plupart des acteurs soient éliminés et que la garde nationale vienne achever le travail…

    C’est un excellent roman policier, il y a du suspense, le détective est machiavélique, tout le contraire de l’homme honnête, sans scrupules sur les méthodes, mais j’ai tout de même été déçu car il n’y a pas d’analyse de la société américaine, pas un syndicaliste, pas même un ouvrier, le décor est simplement planté au début du roman, mais les seuls personnages sont ceux qui appartiennent aux gangs, à la police, ou qui gravitent dans leur orbite, une seule femme par exemple.

    L’analyse du capitalisme sauvage est absente, en revanche les amateurs de meurtres et d’énigmes policières seront satisfaits par un roman qui dans le fond n’a pas pris une ride malgré ses 80 ans.

    Raymond Chandler, disciple de Hammet, aurait de lui qu’il avait sorti le crime de son vase vénitien pour le remettre à sa place, le caniveau. C’est le cas ! Ceci dit à l’occasion, je lirai un ou deux autres romans d’Hammet comme le Faucon maltais pour parfaire mon opinion sur le père du style hard boiled, dur à cuire. 

     

  • L'Antigone d'Henry Bauchau

    antigone_bauchau.jpgJ'avais bien quelques souvenirs de l'Antigone d'Anouilh étudié en classe, je ne me souviens pas avoir étudié la pièce de Sophocle, avoir entendu Georges Steiner parler des Antigones...

    La lecture du roman d'Henry Bauchau tout simplement intitulé Antigone a été un réel emerveillement par la beauté de l'écriture, l'universalité des thèmes traités, le côté épique du récit. Au contraire de la pièce d'Anouilh qui débute peu avant la mort d'Antigone, Henry Bauchau remonte le temps, celui où Antigone revient à Thèbes après la mort de son père Oedipe. Elle va tenter avec l'appui de sa soeur Ismène de jouer les médiatrices pour éviter la guerre que se mènent ses deux frères, les jumeaux rivaux Etéocle, qui est roi de Thèbes, et Polynice, qui veut prendre la place. Vaines tentatives, on voit se dérouler les prémices de la bataille, les complots, l'épidémie, l'assaut, la mort tragique des deux frères, Créon au fait de sa puissance...

    Au contraire de l'image de fragilité que j'avais en mémoire, Antigone se révèle très forte, à cheval avec Jour et Nuit, au tir à l'arc, elle est sculptrice, elle mendie pour trouver les ressources pour soigner les pauvres lors de l'épidémie, poussant un cri improbable quii fait s'ouvrir les bourses, elle fait plier Polynice, elle est tendre, comple avec Ismène que l'on découvre totalement ici, amoureuse d'Hémon, le fils de Créon,  Créon, son oncle, qui va la condamner à moins qu'elle ne se condamne elle-même en allant, on le sait, recouvrir de terre le corps de Polynice que le nouveau roi de Thèbes a voué aux vautours.

    Un très beau roman qui donne envie d'aller découvrir un autre ouvrage de Bauchau : Oedipe sur la route.

  • De la lutte des classes à la lutte des places

    C'est le livre d'un géographe, un peu savant, qui s'essaie à decrypter la société contemporaine à partir de la notion d'espace, de distance, de franchissement..places.gif

    Comme toutes les analyses univoques, elle est criticable mais elle nous offre un éclairage original, un regard spécifique qui nous permet après lecture de voir autrement notre époque. La thèse soutenue par Michel Lussault est illustrée de nombreux exemples. Il nous emmène dans un hall d'immeuble près du Havre, sur la plage au sud est de l'Inde face au temple de Mahabalipuram, au sein du collège de Jena en Louisiane à l'ombre d'un vieil arbre...

    A chaque fois, on découvre combien les individus existent par l'importance de l'espace qu'ils occupent, de celui qu'ils conquierent, de celui qu'ils perdent, de la nécessité pour eux de réglementer l'accès à leurs espaces, de créer des bulles homogènes (résidences privées, clubs fermés), d'en réserver le franchissement à certains individus (cartes d'accès, digicodes, portiques) de l'importance de connecter tous ces espaces entre eux et de savoir à tout instant qui se trouve où (t'es où?) et de conserver trace des passages des uns et des autres (passe navigo, caméras de surveillance...)

    La lutte pour les places est un combat permanent. Deux exemples à La Chaise-Dieu où je me trouve ces jours-ci:

    1/ les conflits quotidiens relatifs au stationnement, tel ou tel café préfererait ne pas avoir de camionnette garée devant sa terrasse afin d'en dégager la vue alors que le commerçant d'à côté reste vigilant pour que le stationnement de ses clients soit le plus facile possible.

    2/ Il y avait autrefois de belles expositions de peinture dans la salle Picasso et le scriptorium de l'abbaye mais depuis que les moines sont  revenus à La Chaise-Dieu, ces salles ont été réallouées à l'exposition du trésor de l'Abbatiale, trésor autrefois visible dans la sacristie à la tour Clémentine. Il était sans doute important pour les moines de marquer leur territoire et d'affecter les espaces abbatiaux à l'exposition d'oeuvres non profanes. Du coup La Chaise-Dieu manque d'espaces publics pour des expositions temporaires qui permettraient de diversifier son offre culturelle.

    ...exemples à compléter là où vous vous trouvez!