L'Antigone d'Henry Bauchau
J'avais bien quelques souvenirs de l'Antigone d'Anouilh étudié en classe, je ne me souviens pas avoir étudié la pièce de Sophocle, avoir entendu Georges Steiner parler des Antigones...
La lecture du roman d'Henry Bauchau tout simplement intitulé Antigone a été un réel emerveillement par la beauté de l'écriture, l'universalité des thèmes traités, le côté épique du récit. Au contraire de la pièce d'Anouilh qui débute peu avant la mort d'Antigone, Henry Bauchau remonte le temps, celui où Antigone revient à Thèbes après la mort de son père Oedipe. Elle va tenter avec l'appui de sa soeur Ismène de jouer les médiatrices pour éviter la guerre que se mènent ses deux frères, les jumeaux rivaux Etéocle, qui est roi de Thèbes, et Polynice, qui veut prendre la place. Vaines tentatives, on voit se dérouler les prémices de la bataille, les complots, l'épidémie, l'assaut, la mort tragique des deux frères, Créon au fait de sa puissance...
Au contraire de l'image de fragilité que j'avais en mémoire, Antigone se révèle très forte, à cheval avec Jour et Nuit, au tir à l'arc, elle est sculptrice, elle mendie pour trouver les ressources pour soigner les pauvres lors de l'épidémie, poussant un cri improbable quii fait s'ouvrir les bourses, elle fait plier Polynice, elle est tendre, comple avec Ismène que l'on découvre totalement ici, amoureuse d'Hémon, le fils de Créon, Créon, son oncle, qui va la condamner à moins qu'elle ne se condamne elle-même en allant, on le sait, recouvrir de terre le corps de Polynice que le nouveau roi de Thèbes a voué aux vautours.
Un très beau roman qui donne envie d'aller découvrir un autre ouvrage de Bauchau : Oedipe sur la route.

Son journal commence comme une bluette, étudiante brillante en anglais, elle rencontre un grand jeune homme au yeux gris, Jean, qui l'invite à écouter des disques, elle rend visite à bonne maman, participe à des goûters, recoit des cartes par le courrier de cinq heures, des pneumatiques, va à ses cours de violon, la vie insouciante d'une jeune femme dont l'avenir est plein de promesses. Famille bourgeoise, le père polytechnicien, école des mines, dirige les usines Kuhlmann, dans la chimie, c'est à dire l'armement.
Un jour le journal s'arrête, il y a une dernière lettre, et puis, soixante ans après, la publication de ce journal, poignant, par sa nièce, une lettre de Jean très digne.
: « Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner ».
Denis Guedj n'est à proprement parler un mathématicien, il est professeur d'histoire des sciences et d'épistémologie à Paris VIII, mais il est célèbre pour ses livres sur les mathématiques, et plus récemment pour son soutien à la "ronde des obstinés" contre la loi LRU sur les universités. Le théorème du Perroquet, paru en 1998, est sans doute le plus fameux de ces ouvrages.
découvrir de façon ludique et chronologique l'histoire des mathématiques. Pour que ce soit ludique, le roman met en scène des personnages qui se veulent truculents, Pierre Ruche, 84 ans, libraire à Montmartre, près de la rue Lepic, philosophe de formation, Elgar Grosrouvre, mathématicien de la même génération, retiré dans la forêt amazonienne, qui passe sa vie à tenter de démontrer les conjectures célèbres de Fermat et de Goldbach, No Futur, un perroquet récupéré aux puces par Max, un des enfants, sourd, avec Lea et Jonathan de Perette Liard qu tient au quotidien la librairie de Pierre Ruche. L'intrigue policière consiste à trouver ce qui va in fine relier tous ces personnages.

Syngue sabour, c'est le prix Goncourt 2008. Atiq Rahimi, écrivain d'origine afghane a écrit ce livre directement en français. C'est le portrait d'une femme afhane, une femme mariée par ses parents à un combattant afghan, qui veille quelques années plus tard le corps de son mari blessé, inconscient et qui pour le faire vivre, le réveiller, lui livre ses secrets, ses secrets de petite fille, de femme, de mère... C'est terrifiant, sur la condition des hommes, des femmes, des parents, des enfants, la religion, toutes les religions. Un conte à portée universelle à lire de toute urgence.
de le chute du rideau de fer. On retrouve le plaisir maintes fois éprouvé à lire Stefan Zweig, l'Europe centrale, la grande plaine et les forêts de Hongrie. Livre sur l'amitié entre deux hommes, l'amitié impossible en fait entre un militaire issu de la noblesse et un artiste d'extraction plus modeste égaré dans l'armée. En creux, c'est aussi le portrait de Christine, femme du premier et maitresse du second dont on décrouvrira le destin au terme d'un roman construit comme un roman policier. Un huit clos qu'on verrait bien adapté au théâtre.
"L'histoire de l'énergie au XXI° siècle sera violente car exacerbée par des contradictions nouvelles et brutales. D'une part une population croissante qui va passer de 6,5 à 9 milliards d'habitants en 2050, avide de développement économique et de standing, d'autre part, une raréfaction des ressources (énergie, eau) et une aggravation des effets du changement climatique. Une puissante dialectique est en marche, qui pourrait être génératrice d'inégalités explosives."
Le livre de mémoires de Claude Lanzmann, Le lièvre de Patagonie, est formidable. Je ne l'ai pas encore terminé mais d'ores et déjà je peux en recommander la lecture à tout un chacun. C'est le livre d'un homme qui aime passionnément la vie, un journaliste, un portraitiste remarquable, un écrivain, un cinéaste. Toute sa vie il a livré des combats justes, dans la résistance, pour l'indépendance de l'Algérie, pour Israël, et il est bien sûr l'auteur de l'indispensable Shoah... Directeur de la revue "Les temps modernes", il a aussi beaucoup écrit sous des pseudonymes dans Elle, France Observateur...
Avec cet essai paru en 1996, Jared Diamond répond à la question suivante : pourquoi les européens ont ils conquis le monde? Un observateur il y a 70000 ans aurait sans doute conclu que l'homme africain, celui qui selon NS n'est pas entré dans l'histoire, avait toutes les chances de conquérir la planète. Il l'a fait puisqu'il est à l'origine de l'humanité mais s'est fait ensuite dépasser non pour des raisons biologiques mais en raison de son environnement.