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shoah

  • Boltanski

    En se rendant au Grand Palais voir l'installation de Christian Boltanski intitulée "Personnes" on sait malheureusement déjà ce qu'on va y voir, les journaux, la télévision, la radio ont abondamment rendu compte de l'oeuvre et donné la parole à son auteur.

    En entrant on fait d'abord face à un grand mur de boites métalliques rouillées et numérotées que l'on contourne pour aborder le coeur de l'installation.

    Sur les 13500 mètres carrrés de la nef du Grand palais dont la verrière culmine à 35 mètres, Christian Boltanski a fait disposer au sol 69 parterres de vêtements disposés en trois longues rangées. Chaque parterre est encadré par quatre poteaux métalliques rouillés qui supportent un éclairage au néon et deux haut-parleurs, soit au total 138, qui diffusent des battements de coeur. Au fond, une montagne de vêtements et une grue qui mime son alimentation en prélevant inlassablement quelques pièces au sommet de la montagne avant de les laisser retomber. Il fait froid!

    boltanski 002.jpg

    Est ce que l'on est saisi, est ce que l'on ressent un choc? Pas franchement à vrai dire. Bien sûr, on pense irrésistiblement à la Shoah, le film de Lanzmann vient d'étre diffusé par Arte, on vient de commémorer le 65 éme anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz...

    Les vêtements, en fait des manteaux, des vestes, des pulls, il n'y a pas de pantalons, de sous-vêtements, de chaussettes, de chapeaux, de lunettes, de chaussures, symbolisent irrésistiblement, chacun d'entre eux, une personne, disparue.

    L'occasion donc de penser la mort, si présente, chaque jour dans les médias, et si refoulée à la fois... et puis d'admirer comme on l'a rarement vue la verrière du Grand Palais, ce bel ouvrage inauguré en 1900 à l'occasion de l'exposition universelle.

    Les visiteurs sont aussi invités par Christian Boltanski à faire don de leurs pulsations cardiaques pour ses Archives du coeur qui seront présentées avec des centaines de milliers d'enregistrements dans l'ile de Teshima, près de Naoshima, au Japon, en juillet prochain. Une façon d'approcher l'éternité?

    Pour se changer les idées en sortant, on peut avantageusement aller manger un morceau ou boire un verre à la caféraria du Petit palais, juste en face.

  • Vers toi terre promise

    gare st jean 017.jpgComment vivre après la shoah? C'est le sujet traité par Jean-Claude Grunberg dans cette magnifique pièce sous-titrée tragédie dentaire, donnée en reprise au théatre Marigny. Quatre acteurs, Philippe Fretun, Antoine Matthieu, Clotilde Mollet et Christine Murillo, superbes de talents qui interprétent sept personnages et comme dans les tragédies le choeur antique.

    Le couple Spodeck, Charles, dentiste, et son épouse Clara, sort de la guerre anéanti, le cabinet dentaire a été racheté à bas prix, usurpé, par de bons français, leurs deux filles ont disparu, l'une gazée à Auschwitz, la seconde dans un couvent de carmélites, qui bien qu'elle soit mineure, l'a convaincue de faire ses voeux...

    Charles sous un humour féroce est enfermé dans sa douleur, sans espérance puisqu'athée mais respecteux des traditions, Clara, pleine de vie, tournée vers l'avenir, est davantage prête au compromis. Christine Murillo est absolument formidable!

    C'est donc une pièce sur la douleur, la douleur lancinante, sans fin, inexprimable, qui conduit au retrait, au silence, à la révolte, vers Israël, la terre promise, pour un nouveau départ...

  • Dans les pas d'Hélène Berr

    C'est là au 5 avenue Elisée Reclus, entre le Champ de Mars et l'avenue de la Bourdonnais qu'habitait Hélène Berr et sa famille.

    Paris 001.jpgSon journal commence comme une bluette, étudiante brillante en anglais, elle rencontre un grand jeune homme au yeux gris, Jean,  qui l'invite à écouter des disques, elle rend visite à bonne maman, participe à des goûters, recoit des cartes par le courrier de cinq heures, des pneumatiques, va à ses cours de violon, la vie insouciante d'une jeune femme dont l'avenir est plein de promesses. Famille bourgeoise, le père polytechnicien, école des mines, dirige les usines Kuhlmann, dans la chimie, c'est à dire l'armement.Paris 002.jpg

    On parcourt avec Hélène, le quartier latin, les Champs élysées, on va à la campagne, à Aubergenville, ramasser les fruits de l'été... et puis c'est la première rupture, il faut porter l'étoile jaune, obligatoire, premier dilemne, la porter, par solidarité avec ceux qui le font ou résister? Pas de bonne solution, il y a les premières rafles, les premières rumeurs sur Drancy, sur ces transports vers l'Est en wagon et puis l'arrestation de son père, deuxième rupture, le départ de Jean en zone libre, le courrier...

    L'interrogation permanente, pourquoi tout cela, faut il partir, se cacher, rompre la solidarité familiale, abandonner ses proches, comment feront-ils? les vieux, les malades? Attendre l'inexorable, s'y préparer. Pendant ce temps là, Claude Lanzmann, au même age ou presque, fait le coup de feu contre les allemands en Auvergne, comment comprendre?

    HB.jpgUn jour le journal s'arrête, il y a une dernière lettre, et puis, soixante ans après,  la publication de ce journal, poignant,  par sa nièce, une lettre de Jean très digne.

    Le journal d'Hélène Berr, celui d'une vie fauchée, une oeuvre littéraire à mettre dans toutes les mains.