Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livre - Page 40

  • Vies minuscules

    michon.jpgCe petit livre, paru en 1984 n'est pas d'actualité, son auteur, Pierre Michon, non plus, je dois sa découverte à un vieux complice qui a une excellente manie : donner des conseils de lecture.

    Et la lecture de ces vies minuscules a été un vrai bonheur.  Rien à voir avec les vies des hommes illustres ou les vies parallèles de Plutarque, ici ce sont les vies des personnes qui ont fait Pierre Michon, pendant son enfance et son adolescence, dans la Creuse, à Clermont-ferrand, sa mère, ses grands parents, les copains de lycée, l'abbé, premières amours, sa petite soeur...

    Des vies minuscules parce que des vies de personnes qui naissent avec quelque chose en moins, une difficulté de départ, l'isolement, l'alcoolisme, des personnes qui n'arrivent pas se déployer totalement, comme l'auteur qui nous narre sa difficulté d'écrire, qui attend comme Saint Paul d'être sur son chemin de Damas...

    Il faut savoir attendre! Voilà ce que cela donne, c'est un peu trop élaboré peut-être parfois, vieillot, mais c'est magnifique et tous les personnages sont attachants, émouvants, des vies comme beaucoup d'autres, mais chaque vie est unique.

    Que dire d'une enfance au Chataîn? Genoux écorchés, baguette de coudre pour tromper les jours et courber les herbes, "habits puant la foire" et vieillots, monologues patois sous les ombres luxueuses, galops sur les javelles chiches, puits; les troupeaux ne varient pas, les horizons persistent. L'été, l'après-midi se tient dans l'oeil d'or des poules, les tombereaux encalminés lèvent le cadran solaire de leur timon; l'hiver le banc des corbeaux tient le pays, règne sur les soirs rouges et le vent : l'enfant nourrit sa torpeur d'âtres et de gels sonores, lourd fait s'enlever les oiseaux lourds, s'étonne que ses cris s'embuent dans l'air glacé; puis un autre été vient.

    Selon mon vieux complice qui s'y connait Pierre Michon est le plus grand écrivain français vivant.

    A vous de juger!

  • Le monde a faim

    Map15.jpg

    Il y a moins d'un an, il y  avait des émeutes de la faim au Caire, en Indonésie, certains grands pays exportateurs de produits agricoles imposaient des taxes à l'exportation pour privilégier leur marché intérieur. Tout cela semble bien loin, tétanisées que sont les économies par la crise financière qui ne cesse de se propager par contagion à l'ensemble de la planète.

    Pourtant le problème de fond demeure : six milliards d'hommes et de femmes à nourrir aujourd'hui, neuf à dix milliards d'ici 40 ans, nos petits enfants, la nécessité de doubler les productions agricoles.

    chalmin.jpgPhilippe Chalmin vient de publier un petit livre formidable, très clair, il est agrégé d'histoire, docteur es lettres, économiste, spécialiste des matères premières. En 136 pages, le temps de manger quelque chose à une terrasse de café, on sait tout des enjeux agricoles d'aujourd'hui et on ferme ce livre en se disant qu'il y a oui de bons arguments pour ne pas désespérer. Certes, les surfaces de terres agricoles rentables ne sont pas extensibles à l'infini, mais les rendements peuvent être accrus, les OGM ne doivent pas être diabolisés pas plus que la révolution verte qui a permis de nourrir l'Inde ne l'a été, non les spéculateurs ne font pas les prix agricoles, oui les exploitations familiales sont à la base de la production agricole, le modèle qui a réussi depuis des millénaires alors que sovkhozes, kibboutz et autres fermes géantes ont montré leurs limites et oui les politiques agricoles ont leur place pour pallier ce que les économistes appellent les déficiences de marché!

  • amour/haine de sa ville

    Deux livres et un film cette semaine, tous les trois sur l'amour et la haine qu'inspire la ville de son enfance!

    delvaille.jpgBernard Delvaille : "Bordeaux". Bernard Delvaille a été l'un des grands poètes du xx siècle, né en  1921, mort à Venise il y a peu, il a été pendant plusieurs années responsable de la poésie chez Seghers, a publié une anthologie de la poésie symboliste. Spécialiste de Valéry Larbaud, il a vécu en solitaire, recherchant toujours simplement le plaisir immmédiat, sans plan de carrière. De ses années d'enfance et d'adolescence à Bordeaux, il a tiré ce magnifique ouvrage.

    "De Bordeaux, il me reste aussi les quais, ce fleuve large et jaune auprès duquel la ville se love en forme de croissant...et le soir, le cartable lourd de livres, Salluste et Virgile, Montaigne et Racine... de cette enfance protégée par la ville elle-même, j'ai surtout acquis et retenu le goût de la liberté. c'est à Bordeaux que j'ai commencé l'apprentissage du coeur et cela suffit."

    Mauriac.gifMauriac, le dernier des "3 M" avec Montaigne et Montesquieu, nous avait donné Une enfance provinciale : Bordeaux, dès 1925. Une longue plainte à l'encontre de la ville à laquelle il reconnait devoir sa vocation d'écrivain, son destin! "Les maisons, les rues de Bordeaux, ce sont les évènements de ma vie. Quand le train retentit sur le pont de la Garonne et qu'au crépuscule, j'aperçois tout entier l'immense coprs qui s'étire et qui épouse la courbe du fleuve, j'y cherche la place, marquée par un clocher, par une église, d'un bonheur, d'une peine, d'un péché, d'un songe."

    En 2009, C'est dans le même registre que Terence Davies nous emmène dans le Liverpool d'hier et d'aujourd'hui. Of Time and the City, vu au cinéma Utopia, est un magnifique documentaire avec des images d'archives du Liverpool de l'enfance du cinéaste, vécue dans la terreur de la surveillance de l'église, catholique ou anglicane, au moment ou l'empire britannique s'effondrait, celui de l'après guerre.

    of time and the city.jpg

  • L'ingénieux Hidalgo

    quichotte.jpgOn est toujours un peu intimidé à la perspective d'aborder les grandes oeuvres de la littérature universelle et on a tort car à l'expérience on est rarement déçu. Je me demande d'ailleurs souvent pourquoi on lit des nouveautés alors qu'il existe à notre portée autant d'ouvrages de valeur, validés par des siècles de lecture, que l'on néglige au profit des dernières sorties.

    N'ayant jamais fait d'espagnol durant ma scolarité, je n'avais jamais abordé le don Quichotte de Cervantès, le livre n'était pas à la maison et personne dans mon entourage ne m'avait encouragé à le lire. J'en avais l'image du don Quichotte monté par Jacques Brel, la seule fois d'ailleurs que je l'ai vu sur scène, et  feuilleter l'édition de La Pléiade m'avait donné le sentiment d'un livre rébarbatif, dans une traduction en vieux français.

    Et puis un jour j'ai lu le merveilleux livre de Patrice Franceschi, le patron de La Boudeuse, Gérard Chaliand et Jean-Claude Guilbert, intitulé  L'esprit d'aventure. L'ouvrage est rédigé sous forme de conversations et tous citaient parmi leurs livres préférés le Don Quichotte. Je me suis juré alors de le lire et j'ai prété l'oreille autour de moi, peut être y avait il d'autres traductions.

    Et à la fin de l'année dernière, je suis tombé à la librairie La machine à lire, place dufranceschi.gif Parlement, à Bordeaux, sur la traduction d'Aline Schulman, au Seuil.

    C'est parfait, un enchantement, c'est le cas de le dire,  pas d'appareil savant autour de l'oeuvre, pas de note de bas de page, un français pas du tout emberlificoté, Aline Schulman a su rendre savoureuse cette oeuvre avant tout orale, très populaire en l'Espagne du XVII, une vraie réussite.

    Alors n'hésitez, pas lisez le Don Quichotte et puis lisez L'esprit d'aventure et après cela si vous ne partez pas à l'aventure, au moins dans vos rêves, c'est que votre cas est désespéré!

  • Une brève histoire de l'avenir

    51mvNjcMcBL__SL500_AA240_.jpgC'est du Attali, une très bonne première partie avec une histoire de l'humanité en une bonne centaine de pages, articulée autour des coeurs successifs, à la Braudel, Athènes, Rome, Venise, Amsterdam, Londres, Los Angeles... Paris ne l'a jamais été. J'en oublie et j'en rajouté peut-être. A chaque fois, Attali en tire des leçons pour l'avenir, des permanences, dont la principale est sans doute la marche en avant ininterrompue de l'individualisme. Ces permanes identifiées  lui permettent dans la seconde partie d'imaginer, on le voit dejà, le déclin de  l'Amérique, l'émergence d'un monde multipolaire, un hyperconflit suivi d'une hyper démocratie.

    C'est sans doute entre ces deux pôles que se situent notre avenir, tout ce que l'homme a pu faire, il l'a fait : génocide, arme nucléaire, on l'a fait, on le refera, démocratie, on l'a faite, elle peut survivre et l'emporter si on y met du nôtre...

    La dernière partie, courte mais saissisante, concerne la France, la France qui brûle ses cartrouches (endettement, chômage de masse) au risque de disparaître...il est grand temps de nous ressaisir!

    Bonne lecture de ce petit livre très utile, tout ce qui est on le sait mais la présentation est dynamique et pédagogique, un livre mobilisateur! de quoi prendre de bonnes résolutions en cette fin d'année.

    Joyeux Noël

  • Voyager avec Hérodote

    kapuscinski.jpgVoyager avec Hérodote, vivre à la manière d'Hérodote, témoigner comme Hérodote, c'est sans doute ce qu'a voulu vivre Ryszard Kapuscinski, journaliste, écrivain, poète polonais décédé en janvier 2007.

    J'avais lu à l'époque où je sillonais l'Afrique Ebène, livre magnifique qui narre quarante annnées de reportages ebene.jpgen Afrique et donc de rencontres, avec les grands, le shah, le négus, le rais...et les petites gens, les réfugiés ceux qui régulièrement sont jetés sur les routes de l'exil depuis tant d'années, un des meilleurs livres sur l'Afrique d'après les indépendances.

    Avec mes voyage avec Hérodote, on accompagne Ryszard, en Afrique, mais aussi en Chine, en Inde , auvoyage.jpg Caire, et au fil de l'enquête d'Hérodote, on cotoie Darius, Xerses...

    Pour tous ceux qui n'ont pas encre lu l'enquête d'Herodote, ce sera une découverte, une initiation, pour ceux qui l'ont déjà lu, une redécouverte, dans tous les cas c'est éblouissant.

    enquête.jpgHérodote nous invite à partir à la découverte du monde, des mondes : la culture d'autrui est un miroir permettant de se contempler afin de mieux se comprendre...

    Alors avec Ryszard et Hérodote prenons notre bâton de pélerin.

  • Lire en fête avec l'Oie bleue

    L79xH70_L150xH134_jpg_DSCN2044-47b82-da674.jpgCette année encore, l'excellente librairie l'Oie bleue de La Chaise-Dieu est au rendez-vous de Lire en Fête, avec une programmation augmentée s’étalant du 10 au 19 octobre. Le thême choisi pour cette édition a pour titre "Histoires d’îles" ; un voyage vers des archipels imaginaires (ou presque), et des rencontres avec marins, pirates et gentilhommes de fortune...

    Le programme de ce samedi et ce dimanche est particulièrement alléchant : http://loiebleue.fr/-LIRE-EN-FETE-2008-.html avec une soirée à la chandelle dans un lieu tenu secret...rendez vous place Lafayette sur l'Isle casadéenne à 19.30...

  • Jarmila

    jarmila.jpgAvec ce petit livre d'une centaine de pages d'Ernst Weiss, médecin et écrivain autrichien né en 1882 en Moravie dans une famille juive , on se retrouve dans "le monde d'hier", ce "monde qui nous est cher" de Stefan Zweig, lequel a soutenu  financièrement Ernst Weiss et considérait Jarmila comme une de ses meilleures nouvelles.

    C'est une histoire d'amour interdite en Bohême articulée autour de l'histoire d'un ressort de montre... Difficile d'en dire pus car il ne faut pas priver le lecteur du plaisir de la découverte.ernst.jpg

    Il y a une excellente petite postface de Peter Engel qui nous fait découvrir Ernst Weiss, ce parisien méconnu qui se suicida à Paris en juin 1940...Le "monde d'hier" a été interrompu par une tragédie...

    Gardons nous de celles à venir...

  • Mrs Dalloway

    dallo.jpgChef d'oeuvre incontestable! Il faut faire l'effort de s'y plonger mais ensuite c'est formidable et à mon sens il faut le lire plusieurs fois pour en apprécier toute la richesse. D'ailleurs, dans l'édition de poche ci-jointe, il y a une introduction de 70 pages que je n'ai lu en diagonale qu'après qui offre des pespectives que je n'avais pas soupçonnées une seconde à la lecture.

    L'idée de base est simple. On est à Londres, il y a même une carte du petit périmètre ou tout se passe, en 1925, un peu après la première guerre mondiale, les années folles n'ont pas encore atteint leur apogée et Mrs Dalloway, Clarissa, dont le mari est parlementaire conservateur se prépare pour donner une soirée mondaine. Elle sort acheter des fleurs elle-même. A partir de là, Virginia Woolf nous entraîne tout au lond du livre dans les pensées de Clarissa. Il n'y a pas de chapitre, que des phrases longues, c'est un flot continu de sentiments, d'angoisse, d'hallucinations, de rêves du petit cercle des intimes de Clarissa, son mari, pas tellement, son premier amour Peter qui s'est échoué sans grand succès en Inde, Septimus, mal remis de son expérience de la guerre et sa femme italienne Rezia, son amie d'enfance qui n'est pas du même monde bourgeois...

    Au travers de ces pages, c'est aussi un portrait des femmes de l'entre deux guerres qui se dessine, Clarissa est bien sûr conventionnelle, rangée mais on la sent toute prête à sauter le pas ...

    Bref ce livre est passionnant! je vais essayer d'en trouver un autre car la rentrée littéraire ne m'a pour le moment rien suggéré de bien à lire, les classiques ont du bon!

  • Albert Cossery

    b7da70dd9d2a87d3d010174e6ae5c4e6.gifAu seuil de l'été, Albert Cossery nous a quitté définitivement. Depuis plusieurs mois, peut-être plusieurs années, j'ai entrepris à petite dose la lecture de ses oeuves complètes. Dans le tome I on trouve  "la maison de la mort certaine", "mendiants et orgueilleux", "les hommes oubliés de Dieu"...

    Parisien, égyptien, revenu de tout, client de l'hotel la Louisiane, a priori sans patrimoine, Albert Cossery nous décrit dans ses romans les bas fond de la société égyptienne, celle de son enfance, mais les choses ont elles profondément changé?. Ses livres sont pleins d'humanité. Le portrait de cet homme dressé à l'occasion de son dèces donne le vertige. Agé de 94 ans, il avait cessé de parler à autrui depuis dix ans, faisait son tour, le Cossery Tour à Saint Germain des Prés quotiodiennement, et quant on l'interrogeait sur la solitude, il répondait, je ne suis pas seul, je suis avec M. Cossery. Formidable, à lire absolument, de temps en temps, par petites touches pour nous rappeler les permanences de l'humanité.