Vie du lettré
"Un lettré, c'est quelqu'un dont l'existence physique et intellectuelle s'ordonne autour des textes et des livres : vivant parmi eux, vivant d'eux, employant sa propre vie à les faire vivre, et , en particulier, à les lire". Le lettré vit dans son temps mais aussi aux marges des siècles, il s'emploie à luitter contre l'oubli, à apprivoiser le passé, il vit en la compagnie de ses prédécesseurs, Confucius, Plutarque, Sénèque, Montaigne, Kant, Camus, Flaubert, la planète des lettrés est infinie et diverse.
Dans son ouvrage Vie du Lettré, William Marx passe en revue tout ce qui caractérise le lettré, de la naissance à la mort, l'horaire, l'éducation, le sexe, la nourriture, la religion , le cabinet de travail, la guerre, les honneurs, la religion, la dispute...a partir d'exemples, de citations. c'est à la fois léger, plaisant à lire, vivant et tout amoureux des livres y trouvera des ressemblances, des familarités avec sa propre vie.
Nous ne dévorons pas les livres, ce sont eux qui nous dévorent...
Une belle vie que celle de Jean Lacouture, d'honnête homme, bordelais comme Montaigne, un de ses modèles, engagé, ouvert, tolérant, modéré tout à la fois. Amateur de corrida, de rugby, d'opéra, de littérature, il a cotoyé Leclerc, le général, de Gaulle, Mitterrand, Mauriac, Malraux, Nasser, Sihanouk, Ben Bella, Ho Chi Minh, Mendes-France et bien d'autres. Grand reporter au Monde, malheureusement sans successeur aujourd'hui. Auteur dans la seconde partie de sa vie de nombreuses biographies... Qui parmi les jeunes générations le connait?
Ce petit livre, paru en 1984 n'est pas d'actualité, son auteur, Pierre Michon, non plus, je dois sa découverte à un vieux complice qui a une excellente manie : donner des conseils de lecture.
Philippe Chalmin vient de publier un petit livre formidable, très clair, il est agrégé d'histoire, docteur es lettres, économiste, spécialiste des matères premières. En 136 pages, le temps de manger quelque chose à une terrasse de café, on sait tout des enjeux agricoles d'aujourd'hui et on ferme ce livre en se disant qu'il y a oui de bons arguments pour ne pas désespérer. Certes, les surfaces de terres agricoles rentables ne sont pas extensibles à l'infini, mais les rendements peuvent être accrus, les OGM ne doivent pas être diabolisés pas plus que la révolution verte qui a permis de nourrir l'Inde ne l'a été, non les spéculateurs ne font pas les prix agricoles, oui les exploitations familiales sont à la base de la production agricole, le modèle qui a réussi depuis des millénaires alors que sovkhozes, kibboutz et autres fermes géantes ont montré leurs limites et oui les politiques agricoles ont leur place pour pallier ce que les économistes appellent les déficiences de marché!
Bernard Delvaille : "Bordeaux". Bernard Delvaille a été l'un des grands poètes du xx siècle, né en 1921, mort à Venise il y a peu, il a été pendant plusieurs années responsable de la poésie chez Seghers, a publié une anthologie de la poésie symboliste. Spécialiste de Valéry Larbaud, il a vécu en solitaire, recherchant toujours simplement le plaisir immmédiat, sans plan de carrière. De ses années d'enfance et d'adolescence à Bordeaux, il a tiré ce magnifique ouvrage.
Mauriac, le dernier des "3 M" avec Montaigne et Montesquieu, nous avait donné Une enfance provinciale : Bordeaux, dès 1925. Une longue plainte à l'encontre de la ville à laquelle il reconnait devoir sa vocation d'écrivain, son destin! "Les maisons, les rues de Bordeaux, ce sont les évènements de ma vie. Quand le train retentit sur le pont de la Garonne et qu'au crépuscule, j'aperçois tout entier l'immense coprs qui s'étire et qui épouse la courbe du fleuve, j'y cherche la place, marquée par un clocher, par une église, d'un bonheur, d'une peine, d'un péché, d'un songe."
On est toujours un peu intimidé à la perspective d'aborder les grandes oeuvres de la littérature universelle et on a tort car à l'expérience on est rarement déçu. Je me demande d'ailleurs souvent pourquoi on lit des nouveautés alors qu'il existe à notre portée autant d'ouvrages de valeur, validés par des siècles de lecture, que l'on néglige au profit des dernières sorties.
Parlement, à Bordeaux, sur la traduction d'Aline Schulman, au Seuil.
C'est du Attali, une très bonne première partie avec une histoire de l'humanité en une bonne centaine de pages, articulée autour des coeurs successifs, à la Braudel, Athènes, Rome, Venise, Amsterdam, Londres, Los Angeles... Paris ne l'a jamais été. J'en oublie et j'en rajouté peut-être. A chaque fois, Attali en tire des leçons pour l'avenir, des permanences, dont la principale est sans doute la marche en avant ininterrompue de l'individualisme. Ces permanes identifiées lui permettent dans la seconde partie d'imaginer, on le voit dejà, le déclin de l'Amérique, l'émergence d'un monde multipolaire, un hyperconflit suivi d'une hyper démocratie.
Voyager avec Hérodote, vivre à la manière d'Hérodote, témoigner comme Hérodote, c'est sans doute ce qu'a voulu vivre Ryszard Kapuscinski, journaliste, écrivain, poète polonais décédé en janvier 2007.
en Afrique et donc de rencontres, avec les grands, le shah, le négus, le rais...et les petites gens, les réfugiés ceux qui régulièrement sont jetés sur les routes de l'exil depuis tant d'années, un des meilleurs livres sur l'Afrique d'après les indépendances.
Caire, et au fil de l'enquête d'Hérodote, on cotoie Darius, Xerses...
Hérodote nous invite à partir à la découverte du monde, des mondes : la culture d'autrui est un miroir permettant de se contempler afin de mieux se comprendre...
Cette année encore, l'excellente librairie l'Oie bleue de La Chaise-Dieu est au rendez-vous de Lire en Fête, avec une programmation augmentée s’étalant du 10 au 19 octobre. Le thême choisi pour cette édition a pour titre "Histoires d’îles" ; un voyage vers des archipels imaginaires (ou presque), et des rencontres avec marins, pirates et gentilhommes de fortune...
Avec ce petit livre d'une centaine de pages d'Ernst Weiss, médecin et écrivain autrichien né en 1882 en Moravie dans une famille juive , on se retrouve dans "le monde d'hier", ce "monde qui nous est cher" de Stefan Zweig, lequel a soutenu financièrement Ernst Weiss et considérait Jarmila comme une de ses meilleures nouvelles.