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Livre - Page 44

  • La petite Chartreuse de Pierre Péju

    C'est d'abord remarquablement écrit! Un vrai plaisir à savourer mais qui peut se lire d'une traite tant c'est haletant.

    C'est l'histoire de trois solitudes. Il y a celle du principal personnage, le libraire Etienne Vollard, tout encombré de son corps, trop grand, trop lourd, disgracieux, au point qu'il le néglige. Etienne a un don rare, celui de retenir par coeur des pans entiers de tout de qu'il lit. Et il lit d'abord de la littérature. Ce don, ajouté à ses difficultés relationnelles avec les gens ordinaires l'a conduit à ce métier de libraire qu'il exerce à Grenoble, au Verbe être.

    Il y a Thérèse Blanchot, jeune femme qui aimerait ne pas être là. Elle flotte, elle habite les gares, les autoroutes, toujours en fuite, les magasins, elle rêve, fuit le réel à la recherche d'une tranquilité ouatée. Elle est par hasard la mère d'Eva, sa seule contrainte apparente dans la vie qui la pousse à essayer de jouer son rôle de mère, mais sans grand succès.

    Et, Eva, une dizaine d'années, toujours par monts et par vaux à la suite de sa mère qui habite avec elle une ville où elle ne connait personne.

    Ces trois solitudes vont se percuter l'espace de quelques semaines. Un soir de pluie, Etienne va heurter de plein fouet Eva avec sa voiture, Eva, qui lasse d'attendre sa mère, en retard, s'est mise à courir pour essayer de rentrer chez elle.

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    Etienne va "adopter" Eva, se sentir père de cette petite fille plongée dans le Coma à laquelle il va faire la lecture jusqu'à ce qu'elle se réveille, l'emmener se promener dans la grande chartreuse pour tenter de lui redonner le goût et la force de vivre pendant que Thérèse poursuit malgré tout sa quête éperdue de sens ou de non sens.

    Mais la littérature ne peut pas tout...

  • Verre cassé d'Alain Mabanckou

    rien de tel qu'un bon roman pour se changer les idées du climat délètère qui régne à Beyrouth, surtout s'il est léger, truculent et exubérant comme celui que consacre Alain Mabanckou aux petits bars de Brazzaville au Congo, toute l'action se déroule au sein du Crédit a voyagé, petit estimanet du Quartier Trois-Cents, tenu par l'Escargot entété, Verre cassé est un client, ancien instituteur, que sa femme, Diabolique, a laissé tomber depuis longtemps pour cause d'alcoolisme, il consigne dans un cahier qui fait l'objet de ce livre, les histoires de comptoirs de personnages tous plus burlesques les uns que les autres,

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    Le type aux pampers, parce qu'il est réduit à porter des couches culottes, y cotoie l'imprimeur, ancien ouvrier du Livre de la banlieue parisienne, pour qui Paris-Match est le journal officiel, il y a aussi Robinette, qui prétend pisser plus longtemps que tous les autres et, Mama Mfoa, la cantatrice chauve, vendeuse de Poulet-bicyclette , que l'on peut déguster avec le liquide rouge de la Sovinco ou plus sobrement l'eau de Mayo, et pour finir la journée, une visite dans la rue papa-bonheur s'impose pour rencontrer la vieille Alice qui propose ses merveilles ou les cameruineuses,

    il n'y a dans ce livre, finalement tragique, comme dans cette chronique, qu'une seule phrase, mais elle décrit bien le petit peuple que l'on peut croiser à Brazzaville sur le chemin de la Case de Gaulle, la résidence de l'Ambassadeur de France

  • Discours du Commandant de Gaulle

    Toujours utile de relire Charles de Gaulle. Voici un extrait du discours qu'il a prononcé le 3 juillet 1931 à l'Université Saint-Joseph à Beyrouth, au Liban, à l'occasion d'une cérémonie de remise de prix, il était alors Commandant.

    (...) Oui, le dévouement au bien commun, voilà ce qui est nécessaire, puisque le moment est venu de bâtir. Et justement pour vous, jeunesse libanaise, ce grand devoir prend un sens immédiat et impérieux; car c'est une patrie que vous avez à faire. sur ce sol merveilleux et pétri d'histoire, appuyés au rempart de vos montagnes, liés par la mer aux activités de l"occident, aidés par la sagesse et par la force de la France, il vous appartient de construire un Etat.

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    Non point seulement d'en partager les fonctions, d'en exercer les attributs, mais bien de lui donner cette vie propre, cette force intérieure, sans lesquelles il n'y a que des institutions vides. Il vous faudra créer et nourrir un esprit public, c'est à dire la subordination volontaire de chacun à l'intérêt général, condition sine qua non de l'autorité des gouvernants, de la vraie justice dans les prétoires, de l'ordre dans les rues, de la conscience des fonctionnaires. Point d'Etat sans sacrifices (...)

    Ce discours sur l'Etat est à méditer, pas seulement au Liban, mais dans bien des pays en développement et dans nos vieux pays, en France notamment. Nos candidats aux législatives devraient en faire leur profession de foi.

  • "Affaires urgentes" de Lawrence Durrell

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    Qui sait qu'avant d'écrire Le quatuor d'Alexandrie, son oeuvre maitresse, Lawrence Durrell a été diplomate, Attaché de presse à l'Ambassade du Royaume-Uni à Belgrade, de 1949 à 1952, pour être précis.

    De cette période , il a tiré trois récits, "Stiff upper lipp", traduit par "Un peu de tenue messieurs", "Sauve qui peut " et "Esprit de corps", regroupés en 2004 dans une même édition.

    A l'époque, les nouvelles autorités yougoslaves, pas encore à l'heure de l'autogestion, interdisaient tout rapport de la population avec les étrangers et notamment les diplomates, tous perçus comme des espions. Les diplomates erraient donc entre leur bureau et les manifestations mondaines qu'ils organisaient, à défaut de contacts avec les gouvernants et de visites ministérielles britanniques à monter.

    Mais les diplomates qui sont décrits ici au fil des chroniques sont des diplomates, pour l'essentiel anglais, qui comme tout diplomate et comme tout anglais gardent leur flegme en toutes circonstances. Il en résulte un livre d'humour anglais, souvent désopilant, où les situations décrites sont toujpurs poussées à leur paroxysme.

    Ce livre m'a confirmé ce que m'avait indiqué l'un des mes patrons il y a plusieurs années : "Diplomate, ce n'est une profession, c'est un art de vivre!"

    En tous cas, à lire par tous ceux qui un jour ont vécu la vie d'expatrié, avec ce qu'elle implique parfois de vie repliée sur la petite communauté étrangère, parce qu'il est impossible de s'en échapper ou tout simplement par paresse ou choix délibéré.

    En tous cas, une leçon à retenir, bien soulignée par Jacques Lacarrière dans son introduction, celle de toujours veiller à "conserver une position oblique par rapport au reste de l'univers".

    Merci à Murielle, de nous avoir offert l'occasion de découvrir ce livre, dont je constate que beaucoup de mes amis diplomates l'ont lu avec plaisir. La preuve qu'ils y retrouvent un peu de leur monde!

  • Dialogues pour une terre habitable

    C'est le beau titre d'un ouvrage collectif dirigé par Jérôme Vignon, en sa qualité de président des Assises chrétiennes de la mondialisation.

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    Jérôme Vignon est venu au Liban à l'invitation de Raymond Sfeir, industriel, ancien président de l'organisation patronale Entreprises et Dirigeants Chrétiens (EDC), pour présenter la traduction en arabe de cet ouvrage.

    Jérôme Vignon, spécialiste de prospective, proche collaborateur de Jacques Delors à Bruxelles, nous a gratifié d'une belle citation de son maître Gaston Berger, ancien commissaire au plan : "Regardes un objet, il s'anime, regarde l'avenir, tu l'orientes, regarde un homme tu le bouleverses". En fait la vraie citation de Gaston Berger serait : "Regarder un atome le change, regarder un homme le transforme, regarder l'avenir le bouleverse.»

    Peu importe! j'ai retenu aussi cette belle mise en garde de Fady Gemayel, cousin du Ministre assasiné Pierre Gemayel, Président de EDC Liban : "Le monde souffre du réchauffement climatique mais il manque de chaleur humaine"!

  • "Regards sur la France"

    Trente regards pour être précis. Ceux d'une pleïade d'intellectuels. Il faudrait tous les citer. Je ne mentionne que ceux dont je connaissais le nom : Mohamed Arkoun, Daniel Barenboim, Joachim Bitterlich, Boutros Boutros Ghali, Georges Corm, Vladimir Fedorowski, Carlos Fuentes, Bronislaw Geremek, Alfred Grosser, Vaclav Havel, Stanley Hoffmann, Joseph Nye, Hélène Rey, Jeffrey Sachs, Edward Said, Klaus Schwab, Ezra suleiman, Théodore Zeldin.

    Bien sûr, le principe même de l'ouvrage conduit à des redites, à des répétitions mais on a le droit de ne pas tout lire. Ce n'est pas tous les jours que l'on dispose d'une somme de regards pluriels sur notre beau pays, loin des polémiques sur le déclin, par des hommes et des femmes de talents, venus de disciplines variées, excellents dans leurs domaines, des quatres coins du monde, attachés à la France.

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    Et qui a eu l'excellente idée de recueillir ces contributions, patiemment? Deux jeunes libanais, également français, Karim Emile Bitar et Robert Fadel, tous deux anciens éleves de l'ENA.

    Karim Emile Bitar a été chargé de mission à Canal plus et dirige aujourd'hui la rédaction du mensuel des anciens élèves de l'ENA, l'ENA hors les murs, il est également consultant et tient un blog du nom de sa promotion de l'ENA : cyrano.blog.lemonde.fr.

    Robert Fadel est bien connu à Beyrouth. Il n'a que 37 ans mais dirige avec beaucoup de succès la chaine de magasin ABC, crée en 1937, à l'époque sous le nom de "Au Bon Choix" ou "Au Bon Coût", je ne me souviens plus. Il a notamment avec son équipe, créé un centre commercial sur la colline d'Achrafieh, le quartier chrétien de Beyrouth. Ce centre c'est le Forum des Halles de Paris mais réussi : des galeries commerçantes sur 4 ou 5 niveaux, fermées, ouvertes, semi ouvertes, des cinémas, des librairies, des bars, des restaurants, des boutiques, le tout Beyrouth, toutes confessions confondues, s'y précipite. Un jeune homme plein d'avenir qui préside, bien sûr, l'association des anciens élèves de l'ENA du Liban, mais aussi BADER (L'Aube), une ONG qui épaule les jeunes diplomés libanais qui veulent se lancer dans l'entreprise. Bref, beaucoup de cordes à son arc. J'en méconnais sans doute beaucoup. Un nom à retenir et dans un premier temps un livre à lire.

  • Ces noms qui sont les miens

    delerm.jpgAvec ce livre, Martine Delerm nous emmène dans le sud du Puy de Dôme, du côté de Dorange, de Novacelles, du Moulin du Rat. Qui d'entre nous à un moment donné, l'âge venant, ne s'est pas épris de généalogie. Martine Delerm y plonge avec délices.

    A partir de peu de choses, quelques noms, quelques prénoms, quelques dates, de vieilles cartes postales, de rares photos, elle laisse parler son imagination, son amour de la nature, elle redonne vie et couleurs à ses parents, grands-parents, arrirères grands-parents... Elle finit par se rendre sur place, à la recherche des tombes, des maisons, des descendants, de la rivière, des vallons, des soirs lumineux, de la brume des matins...

    Martine Delerm célébre avec beaucoup de poésie des vies qu'on devine immuables, des horizons limités sans cesse renouvelés, de saison en saison, des vies à la dure, des vies de peu, des vies de paysan, de menuisier, de tisserand, de meunier, des vies de femmes qui enfantent dans la douleur et souvent la mort, des vies d'immigrés à Saint-Mandé ou dans le XVIIIéme arrondissement de Paris.

    S'adonner à la généalogie, c'est d'abord rêver, inventer des vies,. Est ce que cela nous permet de nous trouver, de nous réconcilier avec nous-mêmes. Sommes nous faits de nos ancêtres, des liens du sang, ou d'abord de notre environnement, nos parents, nos frères et soeurs, nos voisins, nos amis, les circonstances de nos vies, nos choix personnels?

    Peu importe au fond, le livre de Martine Delerm nous transporte dans un passé pas si lointain, encore commun à beaucoup d'entre nous qui avons connu des parents ou des grands-parents d'origine rurale et c'est aussi ce qui le rend très attachant.