Le Massif central au XIXème siècle
Ah ce n'est pas un livre d'actualité! C'est un de ces livres qu'on achète sur un coup de coeur; à l'occasion, en l'espèce, d'une visite à Salers, dans le Cantal. Ce n'est pas un beau livre non plus, pas d'images, à part celle de la couverture, pas de belles photos, aucune illustration, que du texte!
C'est un des nombreux ouvrages de Jean Anglade, cet écrivain, né à Thiers, instituteur, professeur, agrégé d'Italien réputé pour ses livres sur l'Auvergne qui lui ont fait une réputation d'écrivain régionaliste mais qui est aussi traducteur de Machiavel et de Saint François d'Assise.
Il y décrit la vie quotidienne en évoquant les vieux métiers d'autrefois dont certains nous sont familiers comme le coutelier de Thiers ou la dentellière du Puy et d'autres beaucoup moins comme le louvetier du Lioran ou le locatier de la Limagne.
On a bien sûr confirmation de ce que l'on sait déjà mais on se rend compte aussi combien les auvergnats étaient déjà très mobiles, les premiers signes de la globalisation, de la division du travail et de la spécialisation! En témoignent les maçons de la Creuse, les scieurs de long du Vernet la Varenne qui exercaient leur art dans le Morvan et les bateliers de Pont du chateau.
Qui sait encore qu'à Jumeaux, près de Brassac-les-mines, sur l'Allier, se fabriquaient chaque année 2000 sapinières, des embarcations pouvant aller jusqu'à 23 métres et transporter 56 tonnes de charges. Les bateliers transportaient ainsi des dalles de lave de Volvic jusqu'à Paris via l'Allier, la Loire , le Canal de la Loire à la Seine puis la Seine. Il fallait jusqu'à 12 sapins et beaucoup de mousse, venus du Plateau de la Chaise-Dieu. La mousse servait tout à la fois à assurer l'étanchéité et une fois filée à confectionner des cordages. Nos bateliers vendaient leurs sapinières comme bois de charpente à leur arrivée et rentraient à pied.
Une bien belle leçon de choses!