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Livre - Page 33

  • Retour à Dori

    dori.jpgDori se situe au Burkina Faso, autrefois en Haute Volta. Bernard Delmond, l'auteur de ce livre, y est né, dans les années quarante. Son père y était administrateur de la France d'outre mer, y a pris des notes, a tenu un journal qu'il a transmis à ses enfants.

    Bernard Delmond nous livre un triple roman, policier à certains égards. Il nous raconte une des tournées de son père qui enquête sur des meurtres mystérieux dans la région du Liptako, il nous narre la guerre de Noël qui opposa en 1985 le Burkina Faso et le Mali, avec au passage quelques considérations peu amènes sur le socialisme de Thomas Sankara et puis sa propre redécouverte, soixante plus tard, du pays de son enfance à l'occasion d'une mission pour le compte de la Cour de justice internationale afiin de délimiter la frontière entre les deux pays précités.

    Ceux qui aiment l'Afrique et les légendes africaines, les mythes africains, apprécieront ce livre hommage à l'Afrique, aux africains, la vie du père et de la mère de l'auteur. On est au Sahel, une région magnifique, difficile d'accès, plus dangereuse aujourd'hui  qu'hier, menacée par le terrorisme... La lecture permet de s'y transporter.

  • Iro mo ka mo - La couleur et le parfum

    naga_.jpgLa couleur et le parfum dit-on en japonais pour signifier l'apparence et la substance.

    Ce beau livre d'Ito Naga a été édité et fabriqué par Cheyne Editeurs, maison d'édition trentenaire sise au hameau de Cheyne au Chambon sur Lignon en Haute-Loire. Une petite start-up qui a réussi!

    Ito Naga n'est pas japonais, je l'ai rencontré à la Halle des Chartrons à Bordeaux dans le cadre de la semaine de la poésie. Il est astrophycien au CNRS et il s'intéresse au Japon, il laisse supposer qu'il est amoureux d'une japonaise mais c'est de la poésie.

    En cette période d'intense intérêt pour le Japon, ce petit livre nous aide à percevoir un peu mieux cet autre qu'est le Japon et ses traditions, sa manière d'appréhender le monde, l'omniprésence de la nature.

    Extraits :

    Dans la cuisine japonaise raffinée (kaiseki) où l'on prépare de nombreux petits plats, le but n'est pas d'avoir du style mais pluiôt de satisfaire les goûts inconnus des invités en essayant discrétement différentes saveurs.

    Rien ne se réalise comme on s'y attend. C'est ainsi que les japonais appellent ce monde ukiyo (le monde flottant)

    Comment s'injecter une langue? comment se souvenir que Fuukei que l'on traduit par paysage signifie littéralement atmosphère de vent?

    Interroger le quotidien en poète, en philosophe, c'est la méthode d'Ito Naga.

    Encore deux citations : Il ne dit pas je ne sais pas, il dit : je ne sais pas exactement, et, cette mère n'a pas dit que son fils mentait. Elle a dit : la plupart du temps, je crois que ce qu'il dit est vrai.

  • Marie-Antoinette

    Après avoir regardé sur Arte le film et l'interprétation de Sofia Coppola, j'ai décidé d'en savoir plus et je me suis tourné vers Stefan Zweig, qui nous a donné en 1932 une biographie de sa compatriote Marie- Antoinette.

    marie ant.jpg

    A lire! Stefan Zweig retrace avec le souci d'un historien, s'en tenant aux sources, souvent tardivement révélées comme la correspondance de Fersen. Il nous épargne toutes les légendes ressassées du "qu'on leur donne de la brioche" au "pardon monsieur" lorsqu'elle aurait marché sur le pied du bourreau.

    Cela donne le portrait psychologique et intime d'une fille puis d'une femme somme toute assez ordinaire, moyenne, spontanée, attachante, sans aucun sens politique au premier abord mais habitée au fil des épreuves par un grand sens du devoir, de la dignité, de la fidélité à sa lignée, ses ascendants, ses enfants. Pas à son pays, mais, à l'époque, la Nation n'est qu'en devenir, on est d'abord de sa famille, et elle est une Habsbourg, la fille de Marie-Thérèse, impératrice d'Autriche, même si elle est bien seule à s'en souvenir tant son neveu désormais sur le trône à Vienne se soucie peu d'elle...

    Et c'est aussi l'occasion de réfléchir au déroulement des révolutions au moment où celles-ci se multiplient dans le monde arabe, il y a toujours de la casse et le mieux met souvent longtemps à émerger de la violence révolutionnaire avec des avancées et des reculs.

  • En étrange pays

    pays.jpgA la fin du XIXéme siècle, Versluis, un bourgeois néerlandais, apprend par son médecin qu'il est condamné par la tuberculose. et que peut-être un séjour en Afrique du sud, au bon air, serait de nature à améliorer son état de santé. 

    Nous étions déjà allé dans le Veld avec Karel Shoeman pour Cette Vie (cf. chronique du 20 septembre 2010), témoignage poignant de la vie de trois générations d'Afrikaners.Shoeman.jpg

    Ici, on accompagne Versluis pendant seulement quelques mois, il a tout laissé, ses habitudes bourgeoises, son éducation, une étiquette et affronte le monde des colons, un mode à la fois plus ouvert et plus fermé, composé d'allemands, de hollandais, de juifs. La vie est difficile, le climat rude, froid l"hiver, torride l'été. Versluis reste sur son quant à soi, choqué par le comportement de la petite colonie européenne, sans réellement de contacts avec la population indigène, quasi invisible. Il ne s'engage pas, tout son effort est tourné vers le détachement de son passé, de ses habitudes, de la vie. Mais la maladie progresse...d'autres européens malades meurent autour de lui... et puis il finit par céder, par ouvrir sa carapace, par écouter l'autre, il est prêt, au bout de son chemin.

    Un livre à la fois cruel dans sa peinture de la société afrikaner et empreint de sérénité.

  • La nuit viennent les renards

    Cees.jpgHuit petites nouvelles merveilleuses de Cees (Cornelius) Nooteboom, indispensable écrivain néerlandais, grand voyageur, qui nous emmène à Venise, en Ligurie, en Espagne, en Sardaigne, dans les casinos du nord de la France, à Saragosse...peu importe.

    Peu importe, ce qui compte c'est le souvenir des morts, le dialogue avec eux. Huit nouvelles autour de la mort, Ist das etwa der Tod? (est ce que c'est à peu près cela la mort?). Cees Nooteboom ne croit pas aux esprits mais ils croit aux photos, il les regarde, il se remémore ses rencontres, ses vieux amis, ses amours, et il sait, puisque sa grand-mère le lui disait quand il était petit enfant, que la nuit viennent les renards.

  • Dore-L'église - On peut vous faire à dîner

    "Tout au sud du Puy de Dôme, un tout petit village Dore-l'Eglise.Le portail roman, très bas, très arrondi, est connu mais aucun risque d'être troublé par des touristes même en plein coeur du mois d'août....

    dore.jpg

    ...Quand la patronne vient ramasser les verres, vous osez pourtant tenter comme une chance infime cette question que vous posez avec un ton à l'avance dénégatif, comme pour conjurer la probable réponse : "Vous ne faites pas restaurant?" La femme ne répond pas tout de suite, et le fléau de la balance oscille entre contrainte et possibilité. Et puis : "Je peux vous faire à diner". Elle n'a pas vraiment répondu. Elle ne fait pas restaurant, elle peut vous faire à diner, d'un merveilleux  menu car il n'y aura rien à choisir. Vous dinerez à coups de petits étonnements sereins - excellent ce saucisson.... tu as vu la taille du morceau de cantal?... Vous n'aurez pas quitté la table ronde un peu rouillée. Le portail va flamber, prendre un ton de corail à l'heure du café. Dore-l'Eglise. On peut vous faire à diner." (Philippe Delerm - Le trottoir au soleil - Gallimard)

    Quelle bonne surprise pour un casadéen que de dévouvrir que Philippe Delerm fréquente Dore-l'Eglise, prieuré de La Chaise-Dieu dès le XIIéme siècle sur la route d'Ambert!

  • Requiem pour la planète bleue

    requiem.jpgJean Sérisé est vieil homme par l'âge, il est né en 1920, et il attend sereinement de se mettre la toge sur sa tête.

    Comptable national et macroéconomiste, conseiller de Pierre Mendes France et de Valery Giscard d'Estaing, c'est visiblement un homme actif, un honnête homme, qui malgré l'accélération des connaissances scientifiques s'est sans doute essayé toute sa vie à maitriser la philosophie, l'histoire, la biologie, la physique, la sociologie...

    Il nous livre ici la quintessence de ses reflexions dans un essai très attachant, une brève histoire de la vie et des hommes. Trois parties, l'apparition de la vie, fruit du hasard et de la nécessité que l'on découvre en compagnie de Papimami, cellule asexuée qui se reproduit à très grande vitesse par simple division, l'histoire de l'homme, celle de la tribu de Bonpapah, dirigée par Groskostau, qui s'attribue les meilleures parts du produit de la chasse mais qui se méfie de Silicium, dont il sent bien qu'à terme, il va menacer son pouvoir. Et puis , la fin de notre histoire ou comment homo sapiens ou plus probablement son successeur tentera d'échapper à la mort et l'extinction qui lui est promise, puisque, chacun le sait, notre Terre est vouée à la disparition dès lors que le Soleil, notre étoile se désintégrera dans quelques milliards d'années. A moins que d'ici là notre espèce, pas très intéressante au fond, ne se soit suicidée elle-même.

    C'est très plaisant à lire, pleins de notations très juste sur notre condition, notre place dans l'univers, nos travers, et d'un pessimisme lucide de bon aloi.

  • Ô ma mémoire

    mémoire.jpgJe n'ai pas lu Indignez vous de Stéphane Hessel, mais le succès de cet opuscule a eu au moins un intérêt c'est de remettre sur les tables des libraires les anciens livres de Stéphane Hessel, et notamment ce Ô ma mémoire sous titré la poésie, ma nécessité publié en 2006.

    Stéphane Hessel a eu 88 ans en 2006, deux fois l'infini comme il le dit élégamment et à cette occasion il a décidé de publier 88 poèmes, en français, en anglais et en allemand, les trois langues qu'il maitrise. 88 poèmes qu'il connait pas coeur!

    C'est beaucoup mieux que les mots fléchés ou les Sudoku!

    Alors si vous vous voulez vous exercer à réciter comme autrefois des poèmes appris par coeur, il y a là devant vous un bel ouvrage! Le choix est vaste de Shakespeare à Keats, de du Bellay à Queneau, de Goethe à Rilke... (Les poêmes en anglais et allemand sont traduits à la fin de l'ouvrage).

    Ce n'est pas facile, j'ai commencé par Queneau (si tu t'imagines) et je poursuis par Rimbaud, (On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans)...

    A vous!

  • Les couleurs de nos souvenirs

    pastoureau,couleur,lycée micheletBleu, histoire d'une couleur; Noir, histoire d'une couleur, et cette fois, les couleurs de nos souvenirs. Tous les livres de Michel Pastoureau sont des enchantements. Ils nous révèlent un monde que l'on voit tous les jours sans vraiment le regarder.

    Dans son dernier ouvrage Michel Pastoureau nous raconte sa vision personnelle des couleurs au cours des cinquante dernières années. Ancien élève du Lycée Michelet à Vanves, comme lui, j'ai particulièrement apprécié ses souvenirs de lycée, j'ai pour partie les mêmes et un peu plus jeune, j'ai connu les batiments préfabriqués dont il parle couleur "vert administratif". En revanche contrairement à lui j'aimais beaucoup porter les couleurs noires du maillot des équipes du Lycée, fierd'être un peu un All Black.

    Pastoureau indique aussi que les enfants utilisent beaucoup le substantif marron et qu'en vieillissant on se reporte plutot sur brun. J'ai essayé il y a peu à l'occasion du renouvellement de mon passeport d'y faire inscire brun pour la couleur de mes yeux mais l'ordinateur de la mairie ne connait que le marron, comme si l'administration était un peu restée enfantine.

    Un dernière notation de Pastoureau, très juste : si vous demandez à quelqu'un quelle est sa couleur préférée, il ou elle va vous répondre bleu le plus probablement ou rouge, sans doute pas jaune ou vert mais la plupart d'entre nous s'habillent en noir ou en gris!

  • Poils de cairote

    poli de cairote.jpgAujourd'hui tous les regards se tournent vers Le Caire, ce soir Hosni Moubarak aura peut-être tiré sa révérence. Pour mieux comprendre ce qui se passe, on peut lire deux livres qui n'ont rien à voir avec la géopolitique. Le célèbre Immeuble Yacoubian d'Alaa 'al-Aswany, dont Marwan Hamed a tiré un film qui a assuré sa notoriété et surtout le plus méconnu Poils de cairote de Paul Fournel.

    Paul Fournel a été attaché culturel au Caire de 2003 à 2005. A cette époque Facebook n'existait pas et les blogs étaient encore rares. Poils de cairote rassemble les courriels que Paul Fournel adressaient à ces proches chaque matin ou presque. Il y a là une chronique de la vie quotidienne cairote, un ensemble d'anecdotes, une vision bien sûr occidentale, avec beaucoup d'humour de la capitale égyptienne qui nous en apprend beaucoup sur la condition de l'Egypte d'en bas comme dirait Jean-Pierre Raffarin.

    J'a&i vécu au Caire trop peu de temps entre avril et juillet 2005 dans l'ile de Zamalek. J'ai passé mes week-end à arpenter à pied Le Caire en tous sens. J'ai trouvé les notations de Paul Fournel très justes. Les Egyptiens sont d'une extrême gentillesse, d'une grande honnêteté. Blasés, épuisés par des années de dictature, de privation de liberté, sans perspectives, lontgemps passifs, ils se révoltent aujourd'hui avec raison.

    A trop privilégier la stabilité géopolitique de la région, nous avons encouragé les dictatures pendant trop d'années. A qui le tour?