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Cas@d€i - Page 97

  • Piano à domicile

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    C'est sur ce piano, un Pleyel de 1920,  qu'Ivan Ilic www.ivancdg.com, pianiste américain d'origine serbe, donne des concerts à son domicile dans une vieille demeure près de la place Camille Julian à Bordeaux. Vendredi dernier, il interprétait Bach, une chaconne transcrite pour le piano par Brahms, puis sept études de Chopin transcrites ou recomposées par Léopold Godowski (1870-1938), pianiste américain d'origine polonaise ou plutôt balte.
    Particularité de ce concert suivi par une cinquantaine de personnes rassemblées par Bordeaux Accueille, toutes ces oeuvres étaient jouées de la seule main gauche, la main la plus maladroite! Une performance de virtuosité, que peu de ceux qui ne voyaient pas les mains du pianiste ont su déceler. Une épreuve de rigueur que de se donner cette contrainte de ne jouer que d'une seule main, un peu comme Georges Perec avec son roman La disparition écrit sans recourir à la lettre e.
    Ivan Ilic enregistre actuellement ces oeuvres. Un disque sortira après 2010 qui viendra s'ajouter à celui édité en 2008 consacré à Debussy.
    Excellente soirée qui s'est terminée avec nos hôtes autour d'un verre de Bordeaux et de patisseries allemandes.
    Pour participer à un concert à domicile et rencontrer Ivan Ilic laisser vos coordonnées sur son site.

  • Médée

    Quel dialogue des cultures! Avec cette mise en scène au Théatre des Amandiers de Nanterre, Jean-Louis Martinelli a réussi une belle prouesse.

    A l'origine, il y a près de 2500 ans, Euripide met en scène l'histoire de Médée, magicienne, qui par amour et ambition sera tout à la fois fratricide, infanticide et régicide...

    Max Rouquette (1908-2005), www.max-rouquette.org/, écrit une Médée, en occitan, avec un choeur à l'antique que ponctuent des psaumes : le chemin, l'étranger, les mères, le pardon, l'abandon, l'angoisse, la résignation, l'enfant, le pressentiment, le mal, le néant. Cette pièce, jamais montée en occitan, Rouquette la voyait jouée entre La Boissière et Aniane, dans l'Hérault, un lieu de théatre naturel, tout prêt, comme dans la Grèce antique, que j'ai parcouru à pied l'été dernier.

    medee_martinelli_172.jpgMartinelli nous offre aujourd'hui une mise en scène avec des acteurs burkinabés qui jouent la pièce en français et un choeur de femmes qui chantent les psaumes en langue bambara sur une musique de Ray Lema.

    C'est déjà formidable et en plus Odile Sankara qui joue le personnage de Médée le fait avec une force extraordinaire exprimant tour à tour tous les sentiments, l'amour, la haine, l'effroi, la vengeance, le sarcasme. L'actrice a approché la mort, l'assassinat, de près puisqu'elle est la soeur cadette de Thomas Sankara, le père de la révolution au Burkina Faso, littéralement le pays des hommes intègres, assassiné en 1987. La façon dont Médée se prépare à assassiner ces deux enfants pour se venger de Jason qui vient de la répudier est inoubliable.

    A voir aux Amandiers jusqu'au 13 décembre puis en tournée à Bogota mars 2010, à Munich mai 2010 à Torun (Pologne) en mai 2010, à New-York (Brooklyn) en octobre et novembre 2010 et à Porto en novembre 2010. 

  • Histoire d'un allemand - Souvenirs 1914-1933

    haffner.jpgA nouveau un livre retenu par Alain Finkelkraut dans Un coeur intelligent!

    Sebastian Haffner (1907-1999), de son vrai nom Raimund Pretzel, famille protestante, a effectué des études de magistrat en Allemagne. Il s'exile en 1938, d'abord en, France puis en Angleterre où il écrit à la demande d'un éditeur ces Souvenirs qui s'échelonnent de 1914 à 1933. L'auteur retourne en Allemagne en 1954 pour une carrière d'écrivain et de journaliste. Le manuscrit des souvenirs écrit en 1939 n'est pas publié, il n'en parlera jamais, et est découvert en 2000 après sa mort. Il est authentifié comme datant bien de 1939, ce qui en fait toute sa valeur, ce n'est pas un témoignage d'après-guerre. Excellente traduction de Brigitte Hébert.

    A travers ses souvenirs d'enfance, d'adolescent, d'étudiant, ses premières amours, Sebastian Haffner nous décrit la guerre, la révolution allemande, l'hyperinflation, la crise de 1929, la montée du nazisme, sa prise du pouvoir, l"indifférence, la passivité de la population allemande...

    La guerre à distance de 1914-18 vécue comme un jeu, qui se termina par l'humiliation de la défaite, l'hyperinflation qui obligeait la famille Haffner à faire ses courses le jour de paye, à stocker toutes les denrées pour un mois, le père d'Haffner, obligé de répondre à un questionnaire sur sa famille, le camp d'entrainement de trois semaines avec chants nazis pour les élèves magistrats, les pires difficultés pour voyager à l'étranger, l'apprentissage de la soumission... 

    La volonté d'éliminer les juifs est clairement affirmée bien avant 1933 mais la population, comme atomisée, subira sans broncher, sans manifester aucune opposition sociale ou politique, toutes les vexations, toutes les privations des droits, pour laisser libre cours finalement à la barbarie.

    Dès avant la prise de pouvoir par la force d'Hitler, l'Allemagne du chancelier Brüning acceptait des mesures contraires aux libertés fondamentales pour, selon le gouvernement, préserver la démocratie. L'engrenage aura été irrésistible! Il faut être intransigeant sur le respect des libertés! En particulier quand il est question d'identité nationale.

    Un excellent livre d'histoire à mettre entre toutes les mains en particulier celles des futurs élèves de terminale S!

  • VCUB/V3

    Le journal Sud-Ouest nous l'a révélé hier matin. Les vélos en libre service qui vont être mis en place fin février par la Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB), via Keolis, le gestionnaire du réseau des bus et des tramways s'appelleront VCUB, qui s'écrira aussi V3!

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    Le III Reich avait inventé les V2 et perdu la bataille de Londres, il faut espérer que les V3 permettront de gagner la bataille contre le réchauffement climatique.

    Personnellement, quitte à donner un nom spécifique pour les Vélos en libre service de Bordeaux, j'aurai aimé Bicube, mais la marque est sans doute déjà déposée!

    Peu importe, la probabilité pour que l'on dise Vélib' dans le langage courant, comme l'on dit Frigidaire pour réfrigérateur ou Caddie pour charriot est élevée. L'intérêt de Velib' c'est que cela évoque la liberté...alors que CUB...

  • Nourrir l'humanité

    Parmentier-Bruno---Nourrir-l-humanit-.jpgBruno Parmentier, ingénieur des mines et économiste,  n'a découvert l'agriculture que tardivement à la tête d'une école d'ingénieurs. Son ouvrage, sous-titré les grands problèmes de l'agriculture mondiale au XXI siècle, préfacé brièvement par Edgar Pisani, est remarquable.

    Il y aborde sans a priori idéologique ou corporatiste le défi qui va consister à nourrir d'ici 2050 neuf milliards d'habitants contre six et demi aujourd'hui, dans un contexte marqué par le réchauffement climatique, les tensions sur les prix des produits de base, les exigences sanitaires accrues.

    Bruno Parmentier traite chiffres et exemples abondants à l'appui tous les aspects de ce défi: rareté croissante des ressources en eau, menaces sur la biodiversité, fin du pétrole, énergies chères, menaces épidémiques, promesses de l'agro-biologie (OGM), heurs et malheurs des relations avec le commerce international et la grande distribution.

    In fine, son coeur balance pour le modèle qui a fonctionné le mieux jusqu'ici dans l'histoire de notre planète, l'exploitation familiale fonctionnant en réseau avec des coopératives de toute sortes et des aides publiques pour pallier les déficiences du marché. Les émeutes de la faim menacent et l'expérience le montre on ne peut pas remplacer le pain par de la brioche!

  • Washington Square

    washington.jpgA vrai dire, on ne peut qu'aimer ce roman d'Henry James, publié en 1880, et commenté par Alain Finkelkraut dans un Coeur intelligent, que je n'ai toujours pas lu.

    L'intrigue racontée par un narrateur extérieur est d'une grande simplicité. Elle met aux prises essentiellement quatre personnages. Le Docteur Austin Sloper, médecin aisé de New York, à Washington Square, veuf depuis 19 ans, inconsolable de la perte de sa femme, intelligente et brillante. Sa fille Catherine, "the poor catherine", 22 ans, fille unique, le contraire de sa mère, pas très brillante, pas très intelligente, pas très jolie mais future héritière. Morris Townsend, jeune arriviste, malin machiavélique, beau parleur, sans le sou, qui flaire le bon héritage, et enfin la tante Lavinia, veuve elle aussi, qui vit chez son frère Austin, stupide, écervelée, prête à tout pour monter des histoires romantiques par substitution.

    Ce qui doit arriver, arrive, ce roman n'est pas un récit à rebondissements successifs : Le jeune Townsend séduit la pauvre Catherine non parce qu'il l'aime mais par intérêt, avec l'appui décisif de la tante Lavinia. Le docteur Sloper devine imédiatement la supercherie et devant le refus de la pauvre Catherine de rompre ses fiancailles la déshérite...

    La pauvre Catherine finira par découvrir que personne, ni son père, ni sa tante, ni son fiancé ne l'aiment pour elle-même. C'est d'une incroyable cruauté mais écrit avec un incroyable talent.

  • Cabaret Hamlet

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    La scène et le parterre de l'Odéon transformés en salle de cabaret à l'occasion de cette représentation d'Hamlet mise en scène par Matthias Langhoff, jusqu'au 12 décembre.
    Quatre heures trente de théatre total! Un vrai régal. Au début on est un peu désarçonné à l'entrée dans la salle. Les fauteuils du parterre ont disparu pour laisser place à des tables et des chaises de bistrot. Il n'y a plus de scène à proprement parler. Elle est partout, dans tous les coins. Les acteurs ont déjà pris place parmi les spectateurs et on se prend à dévisager ses voisins : acteurs? spectateurs? On est aussi très bien installé dans les fauteuils du premier étage avec un peu de hauteur de vue mais on n'aura pas droit le moment venu à la dégustation de Calsberg, ni à la distribution de graminées...
    Tout cela est un peu déroutant bien sûr, surtout quand on n'a pas comme moi un souvenir précis de l'intrigue et des personnages. Le public, peu nombreux, est manifestement surpris aussi par la longueur de la pièce et il y a quelques départs anticîpés.
    Mais, au delà de l'ajustement à effectuer, de l'étonnement né des premières chansons très swing fredonnées par Gertrude, la mère d'Hamlet, accompagnée par le Tobetobe Orchestra, on est pris par le texte de Shakespeare qui s'impose par sa force. A vrai dire, après la représentation, on n'a qu'une envie le réécouter tant il est riche. Comme le souligne Matthias Langhoff, Hamlet est de tous les jours, il faut l'écouter phrase après phrase et d'une façon générale prendre le temps, ce que l'on ne fait pas "de rassembler tous nos sens, entendre avec les yeux, voir avec le nez, sentir avec les oreilles."
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    Toute la troupe est formidable. Un grand moment de théatre.

  • Les carnets du sous-sol

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    J'ai découvert ce roman grâce à Alain Finkelkraut, puisque c'est un des ouvrages qu'il commente dans Un coeur intelligent, livre que je n'ai pas encore lu, ayant décidé de découvrir à l'aveugle les livres qu'il a choisi de retenir pour son dernier essai.

    On est saisi dès le début par la couverture du livre. Il s'agit d'un détail de Monomane du vol de Jean-Louis Théodore Géricault (sans date, Musée de Gand). Géricault a effectué vers 1820 une série de cinq tableaux de fous, anonymes, monomaniaques, vol d'enfant, envie... dont celui-ci, Monomane du vol, au regard tout intérieur, absorbé par sa prochaine action, par d'effroyables pensées.

    Effroyables pensées, c'est bien de cela qu'il s'agit dès les premières lignes : Je suis un homme malade, un homme méchant, un homme repoussoir...

    Cet ouvrage a été publié en 1864, Fedor Dostoïevski a alors 43 ans et il lui en reste 17 à vivre. Il a déjà connu la prison, un simulacre d'exécution le 22 décembre 1849, l'exil... c'est un auto-portrait saisissant, un cri tout au long des 165 pages.

    La première partie, le sous-sol,  est un long monologue écrit dans un sous-sol, un souterrain, image de la réclusion. L'auteur déverse sa bile sur l'humanité et sur lui-même, conscient de son abaissement : non seulement je n'ai pas su devenir méchant, mais je n'ai su rien devenir du tout : ni méchant ni gentil, ni salaud, ni honnête - ni un héros ni un insecte... La seconde partie, intitulée sur la neige mouillée, est le récit écrit pas l'auteur du monologue de la déchéance de Zverkov, un fonctionnaire qui avait tout pour réussir et qui va sombrer, imbu de sa supériorité intrinsèque mais incapable de se lier à ses collègues, ses voisins, de nouer une relation amoureuse...

    En bonus, en fin d'ouvrage, une lecture de Francis Marmande dont on lit chaque semaine la plume alerte dans Le Monde...

  • La grammaire, c'est pas de la tarte!

    A force d'écrire, comment ne pas s'intéresser à la grammaire, à la syntaxe, aux règles typographiques?

    grammaire.jpgLe petit ouvrage d'Olivier Houdart et de Sylvie Prioul permet d'aborder ces questions savantes avec un grand plaisir de lecture. Il offre un voyage abondamment illustré d'exemples tirés de la littérature, des journaux, du langage parlé. Le lecteur découvre les origines latines de la langue française, sa codification progressive, les tentatives de réformes, les différences d'approche du Larousse et du Robert. Qui consulte le dictionnaire de l'Académie française?

    Le sexe des mots : quel est le genre d'amiante, ambre, apogée? Masculin!

    Le féminin des mots : emmerdantes, emmerdeuses, emmerderesses (Brassens). Quel est le féminin de témoin? Aucun à ce jour. Auteur, auteure, mais pas autrice; chef donne parfois cheffe, mais pas chève; alors que veuf donne veuve mais pas veuffe...!

    Le pluriel : gardes-côtes ou garde-côtes?  Cela dépend s'il s'agit du bateau ou des marins! Le père comme le fils mangeait ou mangeaient de bon appétit? les deux sont corrects au terme de la réforme Haby.

    Le participe passé.  Ah la tarte, j'ai adoré! ou adorée? adoré! Il s'agit de deux phrases distinctes! Elle ne s'est jamais cru belle? ou crue belle? Je me suis offert ou offerte une autre image de moi. Lisez le livre!

    Versales (premières lettres d'un vers) devenues capitales puis majuscules : elle est belle ma romaine et elle est belle ma Romaine n'ont pas le même sens!

    Enfin,  les prospérités du vice syntaxique : moi,  j'ai ma mère, elle a 75 ans... au lieu de ma mère a 75 ans. Viens-tu? a été éliminé par Tu viens? (cf. le titre du dernier ouvrage de la ministre NKM...)

    Faut-il réformer l'orthographe? sans doute pas! Enregistrer lentement l'évolution des usages sûrement! La complexité du chinois n'empêche pas l'empire du milieu de retrouver aujourd'hui le peloton de tête des nations dans la compétition mondiale.

    lortograf fransèse nait donc sen doute pa 1 endikape ma geure poure not sasiété!

  • Pas vu, pas pris

    Pas vu, pas pris, c'est malheureusement la leçon qu'il faut retenir de ce France-Irlande d'hier au soir! De triste mémoire...

    "J'ai fait main, mais je ne suis pas l'arbitre!" a déclaré après match Thierry Henry. On aurait pu attendre de l'arbitre qu'il interroge Thierry Henry, ou mieux, que le capitaine de l'Équipe de France indique lui-même à l'arbitre que, comme tous les joueurs irlandais le signalaient, il y avait bien double faute de main (Photo AFP).

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    Au tennis, il arrive souvent, même sur des points décisifs, que les joueurs corrigent d'eux-mêmes des fautes d'arbitrage, Au foot non, la simulation fait partie du jeu, surtout dans les 18 mètres...

    Il sera difficile après ce match de défendre l'idée que le foot est une école de la citoyenneté. Que vont retenir de ce match nos gamins : pas vu, pas pris, tout une morale de vie. Bonjour les dégâts.

    La Fédération française de foot-ball se grandirait en demandant à ce que ce match soit rejoué.

    Seul le résultat compte, il est ici désastreux!