Médée
Quel dialogue des cultures! Avec cette mise en scène au Théatre des Amandiers de Nanterre, Jean-Louis Martinelli a réussi une belle prouesse.
A l'origine, il y a près de 2500 ans, Euripide met en scène l'histoire de Médée, magicienne, qui par amour et ambition sera tout à la fois fratricide, infanticide et régicide...
Max Rouquette (1908-2005), www.max-rouquette.org/, écrit une Médée, en occitan, avec un choeur à l'antique que ponctuent des psaumes : le chemin, l'étranger, les mères, le pardon, l'abandon, l'angoisse, la résignation, l'enfant, le pressentiment, le mal, le néant. Cette pièce, jamais montée en occitan, Rouquette la voyait jouée entre La Boissière et Aniane, dans l'Hérault, un lieu de théatre naturel, tout prêt, comme dans la Grèce antique, que j'ai parcouru à pied l'été dernier.
Martinelli nous offre aujourd'hui une mise en scène avec des acteurs burkinabés qui jouent la pièce en français et un choeur de femmes qui chantent les psaumes en langue bambara sur une musique de Ray Lema.
C'est déjà formidable et en plus Odile Sankara qui joue le personnage de Médée le fait avec une force extraordinaire exprimant tour à tour tous les sentiments, l'amour, la haine, l'effroi, la vengeance, le sarcasme. L'actrice a approché la mort, l'assassinat, de près puisqu'elle est la soeur cadette de Thomas Sankara, le père de la révolution au Burkina Faso, littéralement le pays des hommes intègres, assassiné en 1987. La façon dont Médée se prépare à assassiner ces deux enfants pour se venger de Jason qui vient de la répudier est inoubliable.
A voir aux Amandiers jusqu'au 13 décembre puis en tournée à Bogota mars 2010, à Munich mai 2010 à Torun (Pologne) en mai 2010, à New-York (Brooklyn) en octobre et novembre 2010 et à Porto en novembre 2010.