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Cas@d€i - Page 22

  • Tous des oiseaux

    J'avais beaucoup aimé il y a quelques années Littoral, Incendies et Forêts, de Wajdi Mouawad, auteur libano-canadien qui raconte des histoires au théâtre de façon formidable.

    Ici, au TNBA de Bordeaux,  le spectacle est sur- titré parce que en Allemand, en anglais, en yiddish, en hébreu en arabe, c'est fabuleux. De quoi s'agit t'il? d'une histoire abracadabrante que seulMoawad peut inventer, un jeune chercheur allemand en génétique, dont les parents sont juifs et le grand-père, rescapé des camps, israélien, est amoureux d'une américaine, d'origine arabe, qui fait une thèse sur Léon Africain, un musulman qui se serait converti au catholicisme, puis l'aurait secrètement renié, du moins si j'ai bien compris, bref une thèse sur la conversion.

    Le jeune chercheur qui s'aperçoit que son père n'est pas le fils de son grand-père part à la recherche de sa grand-mère qui vit toujours en Israël pour avoir une explication, il y a va avec sa belle, qui va c'est le plus surprenant dans la pièce découvrir son identité arabe après avoir franchi le Jourdain en direction de la Jordanie, sur le pont Allenby...

    Je passe sur les détails, les révélations successives qui permettent de comprendre un imbroglio improbable avec des personnages un peu trop stéréotypés, la grand-mère juive, à la fois cynique et passionnée, le père anti-palestinien, la mère psychiatre un peu raide, le grand-père revenu de tout et en arrière plan , le conflit isarélo- palestinien, les attentats à la bombe, les massacres de Sabra et Chatila

    C'est didactique, captivant, pendant quatre heures, les acteurs sont épatants et c'est en tournée en France jusqu'en septembre.

     

  • A son image

    Antonia, jeune photographe pour un quotidien local corse a eu un accident de voiture entre Calvi et Ajaccio. elle est morte, nous sommes à son enterrement en présence de ses parents, ses amis, ses anciens amants, son parrain, prêtre, qui procède aux obsèques religieuses. Dans ce moment de recueillement, chacun se souvient.

    Le livre est articulé sur les différentes étapes de la cérémonie, Kyrie, Sanctus... un beau choeur corse ajoute à la gravité du moment.

    Antonia a toujours été photographe, rapidement elle s'est liée à un nationaliste, Pascal B, qui ne réalisera que trop tard qu'il s'est fourvoyé, après quelques années d'attentats, de conférences de presse en cagoule, de prison et de luttes fratricides, il sera abattu dans un bar. Antonia n'arrivera que difficilement à s'en détacher. Elle dit elle même qu'elle ne sait faire que de la photo mais la photo qu'elle aime, le coup d'oeil, l'instant décisif, cela n'intéresse pas son employeur qui l'envoie en reportage sur les inaugurations, les lotos, les compétitions sportives, faire du grand angle afin que les lecteurs se voient sur la photo.

    Las de cette vie entre amant nationaliste éconduit, substitut un peu lâche, elle part en Yougoslavie, en guerre civile,  sur le front, rencontre Bogdan, un jeune partisan serbe idéaliste, enfiévré, qui découvre ce qu'est la guerre, la misère des soldats, la mort des camarades, celle des ennemis, la violence, la sauvagerie. il parviendra à s'échapper à rejoindre la France, pour incorporer la Légion, qui l'enverra à ... Sarajevo.

    Le seul qui comprenne Antonia, mais sans pouvoir l'aider, c'est son parrain, le prêtre, lui qui lui a offert son premier appareil photo, lui qui n'a sans doute plus la foi, et qui fait le décompte des victimes, de cet enfer, cet enfer qui est notre quotidien, qui conduit tous les personnages de ce roman à l'échec.

    Pas très optimiste le monde de Jérome Ferrari!.

  • Desert solitaire

    Si vous avez envie de changer de vie, ce livre peut être une solution! Il est paru pour la première fois en 1968. Ecrit par Edward Abbey (1927-1989), il a eu un retentissement extraordinaire.

    Ce livre est d'abord d'une grande qualité littéraire, très bien écrit, avec bien sûr des pages magnifiques sur le désert américain de l'Utah.

    Edward Abbey y  a travaillé plusieurs saisons, du printemps à l'automne, comme ranger, précisément dans le parc national des arches. A une époque, les années 50 et 60, où les parcs nationaux étaient d'abord des parcs de conservation de la nature et non pas des parcs de loisirs avec des routes goudronnées.

    Edward Abbey a une conscience écologique claire, son livre est un manifeste contre la croissance, l'industrialisation, la civilisation moderne, il est d'abord épris de liberté, de liberté individuelle, il était favorable au port d'arme sans restriction,  et n'a que mépris pour les touristes qui viennent visiter son parc, ne quittent pas leurs boites à sardine pour marcher pieds nus dans le sable bouillant , aller explorer les canyons, se frotter aux genévriers, avoir soif...se perdre escalader les rochers, chasser les scorpions, les fourmis rouges...descendre le Colorado et ses affluents... Tout ce qu'il fait pendant ses jours de repos

    S'il voyait ce que sont devenus les parcs aujourd'hui, Edward Abbey serait on ne peut plus malheureux d'avoir eu raison.

    Edward Abbey est aussi philosophe, il définit la civilisation comme la force vitale de l'histoire humaine et la culture comme la masse inerte d'institutions et de règles qui s'accumulent et deviennent un fardeau pour le progrès de la vie et comme exemple, j'en cite deux, il écrit : la civilisation c'est Giordano Bruno affrontant la mort par le feu et la culture le cardinal Bellarmino l'envoyant au bûcher après dix ans d'inquisition, ou, la civilisation c'est  le soulèvement, l'insurrection, la révolution, la culture c'est la guerre Etat contre Etat, machines contre peuple comme en Hongrie ou au Viet-Nam, voire le juge, le policier...

    Aujourd'hui Edward Abbey aurait peut-être un gilet jaune! quoique? il était trop individualiste pour suivre aveuglément des mots d'ordre et il détestait les comportements moutonniers...

  • Productivité

    No comment!

  • Maria Chapdelaine

    J'ai relu ce roman par hasard en fouillant dans ma bibliothèque à la recherche d'une petit livre à lire rapidement.

    C'est un beau roman et c'est pour moi une découverte car j'ignorais tout de son auteur Louis Hémon, dont on ne parle plus guère. Et pourtant.

    L'erreur est d'abord de parler d'un roman canadien, c'est un roman français par un auteur on ne peut plus français parti vivre au Quebec et qui y mourra dans un accident de chemin de fer à l'âge de 32 ans.

    Un auteur on ne peut plus français : son père Félix était agrégé de lettres classiques, ancien élève de Normale sup, Louis ira lui  faire sa scolarité au Lycée Charlemagne et à Louis le Grand. Un peu rebelle le Louis, admis à l'école coloniale, il refuse son affectation en Algérie, c'est en Asie qu'il voulait aller, il avait appris le vietnamien, et part pour Londres où il devient chroniqueur sportif mais un chroniqueur littéraire, avant de partir au Canada, abandonnant quasiment sa compagne Lydia, internée en psychiatrie, et sa fille ...

    Maria Chapdelaine est un roman naturaliste, qui fait l'éloge de la rude vie des colons français au Quebec, des familles qui travaillent dur pour faire de la terre, défricher les bois, avec des hivers de sept mois, dans des villages isolés de tout, où toute la famille, homme, femme, enfants est mobilisée jour et nuit pour survivre dans la misère au prix d'une abnégation qui force l'admiration.

    Maria, adolescente, connait ses premiers émois et elle va devoir choisir entre trois prétendants le premier beau et fort travaille à la conduite des grumes sur le fleuve, mais cette promesse de bonheur va disparaitre au coeur de l'hiver en s'écartant de la lisière des bois, il y a Lorenzo, parti faire sa vie aux Etats qui promet une vie douce, pleine de lumières, confortable et Eutrope Gagnon, un voisin, qui promet que rien ne change.

    Que fera Maria? Contre toute attente au regard de la biographie de l'auteur, opposé au mariage, rebelle, Maria finira par choisir le statu quo et d'épouser à moitié résignée, Europe Gagnon qui avait lui même compris qu'il a avait peu de chance, mais la force de l'habitude, le devoir filial, les voix de l'église vont finalement l'emporter. La révolte viendra plus tard, peut-être, l'histoire ne le dit pas.

  • Deadwood

    J'ai découvert ce livre grâce à l'émission La Grande Librairie sur France 5, un des cinq livres recommandés dans le reportage consacré à la librairie Delamain place de la Comédie française, la librairie que je fréquentais lorsque je travaillais aux Finances près du Louvre...

    Plus que d'un policier, c'est un récit écrit par Pete Dexter, récit de la vie quotidienne  Deadwood (bois mort), ville illégalement construite au tournant des années 1875 au moment de la ruée vers l'or. Tous les personnages de ce récit, à l'exception de quelques uns ont réellement existé : Will Bill Hicock, Charley Utter, Calamity Jane, Boone May, Swearingen, Solomon star, Lurline, Langrische, Agnès Lake...

    C'est un monde peu recommandable, aucun des personnages n'est réellement sympathique, ils sont ivres la plupart du temps, tirent des coups de feu à tout bout de champ, trichent, maltraitent les femmes, assassinent les indiens ou les mexicains, viole des enfants, il pleut très souvent, on y trouve peu d'or. Le sherif fait régner l'ordre quand cela lui chante et en profite pour faire ses affaires. Les chinois vivent dans la fange... il y a la variole...

    Seul Charley finit par apparaitre aimable et empreint d'une certaine morale, d'une fidélité, même s'il tient un moment un bordel aux marges de la ville, bordel où les filles ne sont pas battues. Et il y a, personnage inventé, le maniaque aux bouteilles, un fou qui garde les bains publics, c'est un dollar pour l'eau chaude, un fou qui est peut être le seul sage de la bande.

    Donne une bonne idée de ce qu'était sans doute le far west, à force de le légender on finit par ne plus savoir vraiment comment c'était! le livre a donné lieu à une série que je n'ai pas vue.

    Tout cela se termine par un vaste incendie qui ravage et le quartier chinois  et la ville elle-même alors toute en bois. Elle a été reconstruite depuis.

    On ne s'ennuie pas même s'il n'y a pas réellement d'intrigue.

  • Quelques uns des cent regrets

    Pas du tout d'actualité car publié dans la collection folio en 2006. J'avais beaucoup aimé Le rapport de Brodeck sur l'exclusion dans un village du fait de la différence "supposée".

    Ici, il y a une résonance avec la crise des gilets jaunes dans cette description d'un village de l'Est de la France, du Grand Est, qui a perdu sa Grande Industrie, souvent inondé, abandonné de tous et dont les habitants qui sont admirablement décrits par Philippe Claudel inspirent la compassion. L'aubergiste, qui a acheté un hôtel qui n'a plus de clients, sa femme, fausse paralytique, le croque mort, épris de nouvelles technologies, le curé du village qui n'a plus de paroissiens, les clients du bistrot.

    Et puis les personnages qui hantent le narrateur, sa mère qui vient de décéder, qu'il vient enterrer, qu'il n'a pas revue depuis tant d'années, depuis qu'il est parti à seize ans, son père, son grand-père, sa grand-mère, tous disparus depuis longtemps, des malheureux, pas toujours étrangers à leur malheur.

    C'est très bien écrit, comme d'habitude, court, vif, on ne s'ennuie pas une seconde même si l'intrigue, puisqu'il y a intrigue, se dévoile assez rapidement.

  • Voeux

  • L'estuaire de la Gironde

    Il est à la fois si proche de nous, bordelais, et si lointain, méconnu...

    Anne-Marie Cocula, professeur émérite de l'université de Bordeaux, ancienne vice-présidente du conseil Régional d'Aquitaine, et Eric Audinet, écrivain et directeur des éditions confluences, nous font découvrir cet estuaire de la gironde, un des plus grands d'Europe, sous son aspect historique, c'est la première partie, et au cours d'une croisière sur le Silnet, un des bateaux de la compagnie Rivercruise, basée à Bordeaux, les bateaux rouge, héritiers de l'association Gens d'Estuaire.

    L'estuaire reste un milieu sauvage, dangereux, mystérieux, une frontière, peuplé de personnages attachants, les pêcheurs, les bateliers, les riverains, les pilotes, les paysans et les vignerons des iles.

    Promis, aux beaux jours de 2019 je m'embarquerai sur le Silnet pour aller découvrir l'île de Patiras, l'ile verte, l'lle du nord, l'ile Margaux, l'ile nouvelle, le nouveau monde est à côté de chez nous, il reste à découvrir...

  • SAIGON

    "Il y a toujours du passé qui se fiche dans le présent". Walter Benjamin

    C'est le cas de Saigon, Hò Chi Minh ville aujourd'hui.

    Pour un français, même pour moi qui ne suis jamais allé au Viet-Nam, qui n'a pas de parents ou de proches qui ait fait la guerre d'Indochine, Saigon fait partie d'un coin de notre mémoire.

    La pièce de Catherine Nguyen, qui a triomphé au festival d'Avignon et qui est en tournée en France actuellement nous le démontre. Cet épisode et bien présent dans nos mémoires. Sur la scène, les tableaux alternent entre 1956, date du départ des français d'Indochine et 1996, date à laquelle les émigrés vietnamiens, les Viet Khieu, les vietnamiens de la diaspora, sont autorisés à rentrer au pays.

    Défilent finalement, des vies somme toute banales, des histoires d'amour, de guerre, des tragédies ordinaires mais on s'aperçoit qu'elles sont déjà là, ou plutôt toujours là comme on veut, elles font partie de notre mémoire nationale. C'est émouvant, et c'est bien qu'elles y soient. 

    Spectacle en français et en vietnamien avec sous-titres.