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Cas@d€i - Page 19

  • Caminho portuguès

    L'an dernier après avoir achevé le camino francès, j'avais rencontré de bon matin sur le quai de la gare d'Hendaye une jeune allemande , sac au dos , qui attendait le train pour Paris. Je pensais qu'elle venait elle aussi de parcourir le Camino frances, mais non elle ne le connaissait pas, elle venait de faire le chemin Portugais au départ de Porto. Et cela m'a donné l'idée d'un jour me lancer sur ce chemin.

    Un argument supplémentaire pour le faire a été la mise à jour par John Briesley de son guide (en anglais) des chemins portugais, il y en a trois  : le chemin central, celui de la côte et une variante spirituelle. Je ne connais pas d'aussi bon guide en français, en revanche les allemands ont également un excellent guide.

    Le chemin part de Lisbonne mais compte tenu du temps disponible et de l'intérêt, j'ai choisi de me concentrer sur la partie nord au départ de Porto. Parti par avion de Bordeaux à Porto (vol Ryanair) - cette compagnie a accepté mon sac à dos de 8 kg en bagage cabine - le 14 mai, logé à la l'alberge Invictus, j'ai visité Porto le 15 et me suis rendu à mon vrai point de départ à Barcelos (art'otel) par le train. J'ai ensuite fait étape successivement à - entre parenthèse mes hébergements)  Cancela (Quita da candela), Ponte de Lima (Pousada da juventude), Rubiaès (O Ninho), Tui (première ville après la frontière : Ideas Peregrinas), Porrino (alberghe portugues), Arcade (Hotel duarte), Caldas de Reis (hôtel Sera), Padròn (Alberghe Rossol) et Santiago (KM0).

    L'itinéraire compte 190 km mais grâce à ma montre connectée, je sais que j'ai parcouru successivement par jour : 17, 20, 27, 25, 26, 22, 27, 40, 28, 35 soit un total de 267 km, la différence s'expliquant par les km effectués pour visiter les sites après être arrivé, hébergé, douché,... On suit le plus souvent la voie romaine numéro XIX, c'est dire le nombre de générations qui m'ont précédé sur ce chemin et qui me suivront au long des siècles.

    Beaucoup plus de monde que je ne l'imaginais sur cet itinéraire, j'ai rencontre quelques français mais surtout des allemands, beaucoup d'allemands, de tous âges. C'est curieux.

    Des hébergements parfois superbes, je pense à Quinta da candela, ideas peregrinas et albergue Rossol...

    Des paysages superbes, peu de difficultés, peu de dénivelé, l'altitude maxi est de mémoire de 405m. Temps plutôt frais, deux jours où il a été nécessaire de sortir les vêtements de pluie, aucun problème d'approvisionnement, des cafés fréquents sauf pour une une ou deux étapes.

    Et le plaisir de découvrir qu'à Santiago la Cathédrale est entièrement rénovée de l'extérieur, l'intérieur est plein d'échafaudages, de même que la gare puisque je suis revenu par le train via Hendaye. 

    Un bon souvenir. Que faire l'an prochain?

  • Balade Berracaise

    Chaque année, la petite commune de Berrac dans le Gers organise une balade suivie d'un repas sur la place du village. Pendant que les marcheurs marchent, les peintres amateurs se répartissent dans les rues, les jardins du village et peignent selon leur inspiration, le plus souvent des aquarelles.

    Cette année, la balade partait donc de Berrac, descendait sur le ruisseau du Turon, un affluent du Gers, remontait sur le coteau de Beaumont pour rejoindre la Chapelle Notre Dame d'Esclaux, malheureusement fermée, sur la commune de Saint Mézard. Le balisage, excellent, nous conduisait ensuite pour un premier ravitaillement au charmant village de Pouy-Roquelaure (prononcer Pouille!) sur sa charmante place située entre château et église Saints Fabien et Sébastien, ouverte cette fois. Comme le dit Jean-Paul Kauffman, quand on pénètre dans ces églises habituellement fermées, l'air qu'on y respire à un parfum particulier, peut-être celui de l'esprit qui les habite depuis des siècles. 

    Redescente ensuite entre champs d'oignons et de céréales pour se retrouver à l'antenne chapelle Sainte Marie Madeleine de Rignac, désaffectée en 1973, tombée en ruines et relevée depuis par un couple d'artistes qui y a installé un atelier d'art religieux que l'on peut découvrir habituellement lors des journées du patrimoine. Petite restauration là aussi assurée par le staff de Berrac, puis retour à travers bois et champs à Berrac où après ces 12,6 km, l'apéritif nous attend : foie gras, saucisson, vin blanc.

    Au déjeuner : salade de carottes râpées et tomates, saucisses et ventrêches accompagnées de frites, de courgettes et d'oignons, brie et salade et enfin tarte aux pommes. Vins blanc rosé ou rouge de la Cave locale du Rosier d'Angélique.

    Présence d'un accompagnateur de Saint Bertrand de Comminges avec lequel j'ai essayé des bâtons dynamiques, bâtons équipés de pompes qui permettent de faire du renforcement musculaire tout en ménageant les articulations. Assez convaincant mais les bâtons sont un peu plus lourds.

    La table des peintres était fournie. 

    La chaleur de plus de trente degrés, la sieste de l'après-midi au frais méritée.

  • Une histoire des civilisations

    Voilà un livre remarquable. Plusieurs semaines de lectures, à petites doses, je crois me l'être procuré à la fin de l'année dernière.

    Les trois principaux auteurs et les contributeurs qu'ils ont associés à leur entreprise décrivent les apports de l'archéologie à la connaissance de l'apparition de l'homme sur terre, son épansion sur les continents, la constitution des Etats, des empires, leur dislocation, les causes technologiques, environnementales, climatologiques de ces évolutions millénaires.

    Un ouvrage tout simplement passionnant, bien illustré, que l'on peut lire et relire à loisirs tant c'est riche et parce que malheureusement la richesse des apports est telle qu'on oublie un peu au fur et à mesure et que de temps à autre on se demande où l'on en est dans cette histoire multimillénaire.

    Et en plus en résumé une belle frise chronologique dans le lien ci-dessous.

    https://multimedia.inrap.fr/archeologie-preventive/chronologie-generale#.XNQ8pC_pN-W

     

     

  • Des vies possibles

    Charif Majdalani, on le lit depuis notre séjour au Liban et son premier ouvrage Histoire de la Grande maison, puis Caravansérail et bien d'autres. Il est attachant.

    Avec cet ouvrage, qu'il nous a présenté ce printemps au café du TNBA à l'occasion de l'Escale du Livre, il élargit l'horizon et change de style et d'époque. Son héros, extrait très jeune au XVII siècle de la Montagne libanaise pour aller faire ses études à Rome et nourrir ultérieurement la papauté de la culture maronite, traduire les écrits des premiers chrétiens du syriaque en latin, va s'émanciper et découvrir l'humanisme. 

    Il sera marchand, contrebandier, navigateur, diplomate. il va rencontrer toute l'intelligentsia de l'époque, Rembrandt, Corneille, Barberini, se battre en duel..., découvrir le ciel et les planètes, à l'instar de Galilée, voyager en Afrique du Nord, à Ispahan, Amsterdam, Paris... écrire un livre que l'église pourrait condamner...

    Chaque épisode, donne lieu à une petite miniature de deux ou trois pages. C'est charmant, haletant, mais de ce fait, les personnages manquent peut être un peu d'épaisseur à force d'enchaîner les rencontres et les évènements.

     

  • Manon (bis)

    (Manon, Des Grieux et Tiberge)

    Après avoir vu à l'Opéra de Bordeaux Manon, dans l'adaptation de Massenet, j'ai finalement lu l'histoire de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux écrite par l'Abbé Prévost. Roman du XVIIIéme siècle, sulfureux, totalement amoral, longtemps interdit, remanié par son auteur. 

    C'est vivant, entièrement raconté par le Chevalier des Grieux, c'est à dire qu'on n'a jamais le point de vue de Manon Lescaut sur les nombreuses péripéties de cette affaire entre un jeune homme bien né et une catin, Que pense-t-elle de sa vie, de ces hommes qu'elle séduit pour s'accaparer leur argent et mener grand train, au risque de perdre finalement celui qu'elle aime? Que pensent réellement les autres protagonistes, l'ami Tiberge, toujours fidèle, le père de Des Grieux, le frére de Manon, un escroc?

    Un bon complément à l'opéra, j'aurai du lire d'abord, aller voir ensuite...

  • GR 78 entre Carcassonne et Mirepoix

    Trois étapes de randonnée au coeur du pays cathare. De Carcassonne à Mirepoix, avec étapes à Arzens et Fanjeaux. Entre Aude et Ariège.

    Cette femme qui tend les bras semble vouloir apporter le consolamentum, sacrement cathare, aux viiteurs, à Fanjeaux. Son visage, sans traits, reflète la lumière du soleil, comme une nimbe, une auréole de sainte. A côté d'elle, le long du mur de l'église catholique, des pieux de bois brûlés rappellent les fantômes cathares, leurs âmes consolées disparaissent peu à peu...

    Le GR démarre tranquillement le long de l'Aude dans Carcassonne, la patrie de Barbès dont la statue orne la place. En arrivant par le train on a, après Toulouse,  de belles vues sur les Pyrénées, on se réjouit à l'avance... Malheureusement, le ceil va rester plombé pendant trois jours et on verra rarement les sommets enneigés.

    Peu de randonneurs, j'en ai vu deux en trois jours, et quatre ou cinq promeneurs, des villages déserts ou la rares commerces sont fermés entre 12 heures 30 et 16 ou 16 heures 30 ce qui ne facilite pas les déjeuners.

    Un gite communal très bien équipée et à l'accueil sympathique à Arzens, en revanche la pizzeria ne fait que réchauffer des produits Vivagel, une cellule de moine ou plutôt de soeur au Couvent de la Saint famille à Fanjeaux, diner et petit déjeuner (à part de la communauté et des laïcs en retraite), où l'on nous rappelle à l'entrée, est ce bien sérieux, les miracles de Saint Dominique dont les livres de la foi résistent au feu au contraire de ceux des hérétiques lors de l'arbitrage de dieu en 1207...et un gite privée de bonne tenue, beau jardin, petite chambre pour quatre à Mirepoix tout près de la cathédrale.

    Des vignes, du blé en herbe, du colza, un chant de pastel, des crêtes...des chemins ouverts, des bois, les paysages sont variés mais on ne voit pas de paysans...

    Une curiosité, une église réaffectée au culte orthodoxe et c'était la semaine sainte orthodoxe, les fidèles ont simplement ajouté leurs icônes, sur l'autel.

    Une belle surprise, Mirepoix, belle bastide, vivante, médiévale, une place ensoleillée dimanche après midi et un marché très couru lundi matin. Je recommande la boulangerie salon de thé pâtisserie,  bruns, qui est remarquable.

    22, 25 et 28 km, j'ai renoncé à la quatrième étape envisagée pour Pamiers, car 33 km m'ont paru plus une charge qu'un plaisir.

    Ce sera pour une autre fois.

     

  • METRO 2033

    Roman russe post apocalyptique. Je  me suis laissé séduire en écoutant pendant près d'une heure son auteur évoquer sa jeunesse soviétique, il est né en 1979, puis son désir d'écriture et enfin son épanouissement après la chute de l'URSS, ceci dans l'excellente émission scientifique de France culture, La méthode scientifique, tous les jours du lundi au vendrdi à 16 heures.

    L'action se déroule donc en 2033 dans le métro de Moscou après une guerre atomique qui a rendu la terre inhabitable, quelques survivants ont réussi à se réfugier dans le métro où il continuent de vivre, vaille que vaille, cloitrés, en mangeant des champignons et des cochons. C'est une humanité en modèle réduit, chaque station assez isolée des autres cultive  sa spécificité, néo nazis, religieux sectaires, philosophes, gangsters, ... il y a beacoup de rats, peu de lumière, c'est désespérant...

    Le héros Artyom se voit confier une mission, celle de protéger sa station de l'invasion des noirs (des sombres) dans l'adaptation vidéos, des êtres que personne n'a vus, qui vivent à la surface et menacent l'humanité, il va pour se faire parcourir toutes les stations du métro, porteur d'un message.

    Impossible d'en dire plus, la révélation se trouve à la fin du livre, au bout de 850 pages qui paraissent tout de même un peu longues. L'ouvrage a été un vrai succès en Russie 300000 exemplaires et a donné lieu à des adaptations vidéos et deux autres ouvrages 2034 et 2035 tout aussi désespérants  a priori. Très peu de femmes dans cet ouvrage pour sauver le monde mais au moins on a une idée de ce qui nous attend en cas d'apocalypse : la même chose qu'aujourd'hui mais en pire, sans les petits oiseaux quoique ils disparaissant déjà.

  • Bérénice

    Dans une mise en scène de Célie Pauthe du CDN de Besançon. Une mise en scène épurée qui laisse une place de choix aux texte de Jean Racine et dont les actes sont entrecoupés d'extraits de Césarée un petit film de Marguerite Duras qui retrace le retour de Bérénice sur ses terres de Judée après sa répudiation par Titus. Ces images tournées pour l'essentiel dans les jardins des tuileries n'apportent à vrai dire pas grand chose.

    On a donc pour l'essentiel un trio, Titus un empereur qui va sacrifier son amour pour assurer sa gloire parce que Rome ne peut admettre que l'empereur épouse une reine étrangère, au sang impur, Bérénice, reine de Judée dont le peuple est asservi par Titus qui vient de détruire le temple de Jérusalem, amoureuse, ambitieuse, qui se voit impératrice de Rome et n'admet pas sa répudiation et le triste Antiochus, roi de Comagène (centre sud de l'actuelle turque), secrètement amoureux de Bérénice et que Titus, un peu lâche, ignorant de ses sentiments charge d'annoncer à Bérénice sa répudiation.

    Mélodie Richard qui joue Bérénice est quasi parfaite, élancée, belle, vive, elle passe du rire aux larmes, de la détermination à la panique avec aisance. Titus en revanche est peut être un peu faible, déchirée entre son ambition d'empereur, son devoir et ses sentiments, il parait toujours indécis, a du mal à faire croire à sa détermination, Antiochus est plutôt convaincant, honnête avec lui même jusqu'au bout.

    La diction des acteurs est à la hauteur de l'enjeu, j'étais au cinquième rang, pas certain qu'au fond de la salle le sentiment soit le même. Le décor, très simple, un salon contemporain avec du sable au sol censé rappeler la poussière de marbre du texte de Duras...

    De toute manière, l'essentiel , c'est le texte de Racine qu'on prend plaisir à redécouvrir. On souhaite aux lycéennes  présentes pour cause de Bac français d'avoir entre deux coups d'oeil à leurs portables au fond de leur sac à main apprécié tout de même cette belle pièce du répertoire.

  • Manon

    Elle est Manon à l'opéra de Bordeaux. Amina Edris, née en Egypte, formée en Nouvelle Zélande  et à l'opéra de San Francisco. C'est elle qui interprétait le rôle de Manon Lescaut hier soir, au pied levé, doublure de luxe de Nadine Sierra empêchée. Elle a été formidable dans ce rôle de fille perdue mais forte imaginée au début du XVIII siècle par l'abbé Prevost. Une fille destinée à la prostitution qui tombe amoureuse d'un jeune noble, Des Grieux, originaire d'Amiens, qui veut la sortir de cette misère, l'épouser, mais elle le trahit pour une richesse encore plus grande sans parvenir jamais à l'oublier vraiment...les épisodes se succèdent, moins détaillés que dans le roman original. Un roman qui fit scandale, fut condamné à être brulé, puis finalement publié en 1753 et transposé en opéra par Jules Massenet en 1856.

    Hier soir c'était une mise en scène d'Olivier Py et l'orchestre national de Bordeaux aquitaine sous la direction de Marc Minkowsky. Du bel ouvrage.

    L'action est transposée dans un décor contemporain d'hôtels de passe avec des néons aguicheurs, des filles de joie, des tables de jeux... un peu trop de déshabillés peut-être et d'attitudes langoureuses. Suggérer c'est bien insister pas nécessaire.

    On ne comprend pas trop bien la mort de Manon à la fin mais on est tout de même sous le charme d'une musique et d'une interprétation parfaite au service de l'amour tant de Amina Edris que de Benjamin Bernheim dans le rôle de Des Grieux.

    On rappelle ici à Bordeaux tout particulièrement la critique de Montesquieu : je ne suis pas étonné que ce roman dont le héros est un fripon et l'héroïne une catin qui est menée à la Salpétrière, plaise, parce que toutes les actions du héros ont pour motif l'amour, qui est toujours un sentiment noble, quoique la conduite soit basse...

  • Le silence des autres

    Le silence des autres produit par Almodovar est un documentaire mêlant reportages et images d'archives, un documentaire poignant sur la quête de la justice des victimes du régimes franquiste. Lors de la transition démocratique, on voit Franco adouber le futur roi Juan Carlos, une loi d'amnistie a été votée qui interdit la mise en cause des responsabilités de la guerre civile et du franquisme. Ceux qui ont été torturés, ceux dont les parents ont été lâchement éliminés, jetés dans des fosses communes, qui reposent sous des autoroutes, sous des pierres tombales collectives, dans l'anonymat, ne peuvent pas mettre en cause l'ancien tortionnaire qui habite encore au coin de la rue, une rue qui porte encore le nom d'un des fidèles de Franco.

    Heureusement un petit groupe de victimes déterminées va utiliser la clause dite de compétence universelle pour les crimes contre l'humanité pour porter l'affaire devant la justice argentine. Quel paradoxe quand on sait le passé dictatorial de ce pays avec la Général Videla. Mais une juge va y porter attention et essayer de faire avancer l'affaire. Elle va rencontrer les pires difficultés, se voir refuser le droit d'auditionner les témoins... mais l'affaire avance, d'anciens responsable sont convoqués, des exhumations ont lieu, les enfants peuvent enfin inhumer leurs parents dignement, d'autres trop âgés n'ont pas ce bonheur mais les petits enfants s'y mettent. on apprend que les enfants espagnols n'apprennent pas à l'école le passé récent de l'Espagne... mais tout cela se débloque petit à petit, l'espoir est là, ce combat continue encore aujourd'hui, c'est vivifiant.