Les furtifs
700 pages! Mais exceptionnelles. Le stade ultime de l'aliénation décrit par Alain Damasio. On est en 2040 en France, les villes sont privatisées par des grands groupes : Paris par LVMH, Orange...par Orange. Chaque individu est doté d'une bague connectée qui contient toutes ses données personnelles, c'et aussi le stade ultime de la servitude volontaire : le self serf vice comme l'écrit joilment Damasio.
Le livre raconte le combat de deux parents qui ont perdu leur fille de six ans, Tischka, partie un matin furtivement. Sa mère la croit morte, son père la croit vivante, elle a rejoint le monde des furtifs, un monde passé jusqu'ici inaperçu mais pourchassé par une petite cellule spécialisée de l'armée à laquelle appartient le père de Tischka qui espère ce faisant mettre toutes les chances d son côté pour retrouver sa fille... Les furtifs pourraient être des êtres apparus avant la séparation des mondes animal et végétal, capables de s'hybrider avec les humains, je n'en dit pas plus...
Au fil du livre, la connaissance de ce monde des furtifs s'améliore, sa compréhension aussi et parallèlement, la résistance à l'ordre totalitaire du numérique s'organise en zones autogérées, à défendre... avec des citoyens qui s'allient aux furtifs...et qui sont victimes d'une répression de plus en plus brutales...
Au delà de la description d'un monde qui nous guette, le livre est extrêmement inventif sur le plan du style ou plutôt des styles, du vocabulaire, de la typographie, une typo spécifique est associée à chacun des personnages, il n'y pas de narrateur, chaque personnage s'exprime à la première personne.
Il faut certes un certain temps pour ee mettre au niveau de l'écrivain, de ce qu'il a voulu faire mais cela en vaut fichtrement la peine.
Il y a du neuf dans la littérature.