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Histoire - Page 16

  • La Chaise-Dieu en 1896

    En 1896, Jean Ajalbert publiait L'Auvergne, un ouvrage illustré, hymne à son pays natal, qui sera couronné par l'Académie française en 1906. Voici ce qu'il ecrivait à propos de La Chaise-Dieu.

    "Même aux temps de splendeur, les pentes vêtues de pins, et La Chaise-Dieu richement entretenue avec l'activité du village, sous le rude climat, à ces hauteurs, dans cet éloignement, cela devait être d'une morne tristesse ; à présent, par l'etendue rasée, le village dépéri, l'église nue et verdie, celà est d'une indicible désolation, plus poignante peut-être maintenant que c'est la vie qui s'est retirée d'ici, après y avoir été intense... 

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  • Manuscrits de guerre

     

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    Parmi les manuscrits que Julien Gracq (1910-1997) a légué à la Bibliothèque Nationale, il y avait deux cahiers d'écolier de la marque Le Conquérant couverts d'une petite écriture manuscrite. 

    Un journal et un récit qui racontent la guerre livrée par le lieutenant G entre le 10 mai 1940 et le 2 juin 1940 date à laquelle il est fait prisonnier à Zyckele près de Dunkerque.

    Le lieutenant G. c'est bien sur Louis Poirier l'auteur des deux cahiers, alors chef d'une section d'infanterie qui va durant trois semaines errer des Flandres françaises aux Pays-Bas pour revenir près de Dunkerque, quasiment sans voir d'allemands, sans tirer de coup de fusils, d'avancées en replis, souvent sans instructions, sans ravitaillement, sous l'autorité d'un Etat-major désemparé, dépassé. La troupe est souvent ivre. Son chef n'a aucun ascendant sur ses hommes avec lesquels, il le reconnait, il ne fait pas corps, chacun se demande ce qu'il fait là. Beaucoup aspirent à la reddition. Le lieutenant G à peu près seul se fait une haute idée de sa mission, il est convaincu qu'il ne faut pas reculer sans instruction écrite mais il ne parvient pas à en convaincre ses troupes, il n'essaie même pas convaincu que c'est sans espoir..

    Mais il y a du plaisir tout de même, allongé sur le sol, terré dans un trou, à contempler la nuit , en ce printemps ensoleillé, la mer d'un côté la plaine de l'autre, près de l'Aa.

    Le premier manuscrit est un journal écrit sans doute très rapidement après les évènements relatés, sur la base de notes prises sur le vif, le second manuscrit st un récit qui se concentre sur deux journées avec un peu plus de recul, une approche plus littéraire aussi. Dans le premier manuscrit, Louis Poirier emploie le Je dans le second, le Il.

    Le contraste avec Le feu d'Henri Barbusse est saisissant. Sans doute les auteurs sont différents, Louis Poirier donne de lui-même l'image d'un être, un peu misanthrope qui se complait dans la solitude qui n'a que mépris pour les comportements inapropriés. Mais à le lire, on comprend pourquoi la France a perdu la guerre, cette guerre, personne n'y croit, c'est le temps de la soumission. Marc Bloch dans L'étrange défaite en a analysé les causes. C'est à relire aujourd'hui.

     

  • Le feu (Journal d'une escouade)

    14-18,le feu,barbusseD'après ma liseuse, j'ai passé quatorze heures dans les tranchées aux côtés d'Henri Barbusse (1873-1935) à lire son roman autobiographique qui lui valu le prix Goncourt en 1916. C'est peu finalement à côté des épreuves vécues par l'auteur du Feu.

    Henri Barbusse c'est un nom que je connais depuis ma tendre enfance :  il y a des rues Henri Barbusse dans toutes les villes qui ont été gérées par une mairie communiste et dans bien d'autres. L'homme, un littéraire, s'est engagé à 41 dans l'infanterie en 1914 et a fait la guerre au front pendant 22 mois. De cette période, à partir du journal qu'il a tenu, il a publié Le feu en feuilleton puis chez Flammarion.

    L'homme deviendra communiste dès 1923 puis sera un des fondateurs du mouvement pacifiste,  il ira jusqu'à écrire une biographie de Staline. il voulait créer une littérature prolétarienne.

    Mais peu importe, son roman est d'abord un roman autobiographique, celui de son escouade, avec les différents épisodes qui font la vie d'une escouade, les combats en première ligne, les travaux de terrassement, l'attente, le barda, la permission, le poste de secours, l'idylle, la virée en ville, l'arrière... le tout avec le vocabulaire des poilus incroyablement riche, scrupuleusement noté par l'auteur.

    Un extrait : 

    Plus que des charges qui ressemblent à des revues, plus que les batailles visibles déployées comme des oriflammes, plus même que les corps à corps où l'on se démène en criant, cette guerre c'est la fatigue épouvantable, surnaturelle, et l'eau jusqu'au ventre, et la boue et l'ordure et l'infâme saleté. C'est les faces moisies et les chairs en loques et les cadavres qui ne ressemblent même plus à des cadavres, surnageant sur la terre vorace. C'est cela, cette monotonie infinie de misères, interrompue par des drames aigus, c'est cela, et non pas la baïonnette qui étincelle comme de l'argent, ni le chant du coq, du clairon au soleil.

    Et sur les embusqués, les planqués, ce dialogue, à la fin d'une virée à l'arrière :

    - Y a pas un seul pays, c'est pas vrai, y en a deux. J'dis qu'on est séparés en deux pays étrangers: l'avant, tout la-bas, où il y a trop de malheureux, et l'arrière, ici, où il y'a trop d'heureux.

    - Que veux-tu! ça sert...l'en faut...c'est l'fond...Après...

    - Oui, j'sais bien, mais tout d'même, tout d'même, y en a trop, et pis i's sont trop heureux, et pis c'est toujours les mêmes, et pis y a pas de raison...

    -Dans huit jours on s'ra p'r'êt crevés... 

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    @jpdpk

  • Ulysse - Les chants du retour

    phpThumb_generated_thumbnailpng.pngAvec ce bel album de bandes dessinées, Jean Harambat réussit un exploit, mettre à nouveau en scène l'Odyssée et son héros Ulysse. Ulysse, tout le monde ou presque connait l'histoire, pourquoi s'y replonger à nouveau?

    Harambat est un dessinateur un peu particulier, né en Chalosse, il a beaucoup pratiqué le rugby qu'il a raconté dans "En même temps que la jeunesse", mais il est aussi ancien élève de l'ESSEC et diplômé d'un troisième cycle de philosophie. Il a beaucoup voyagé, tout en jouant au rugby, et c'est au cours d'un séjour à Ithaque que notre landais a eu l'idée de cet album. La bibliographie qu'il livre à la fin des chants du retour est impressionnante.

    Harambat a choisi de se concentrer sur le retour d'Ulysse à Ithaque, vingt ans après l'avoir quitté pour aller guerroyer à Troie, alors que sa maison est occupée par les prétendants, des princes repus et corrompus, qui pressent Pénélope de se choisir un nouveau mari et cherchent à écarter Télémaque de la succession.

    Sont ainsi successivement décrites les rencontres avec le porcher Eumée, le chien Argos, la nourrice Euryclée, le combat avec Tiros, le concours de tir à l'arc avec les prétendants, le massacre des prétendants, les retrouvailles avec Pénélope...

    Quelques retours en arrière permettent d'évoquer quelques épisodes d'Odyssée , la figure d'Achille, la descente aux enfers, le combat avec Cyclope, la rencontre avec Nausicaa...

    Mais Jean Harambat ne se contente pas de nous raconter à nouveau le retour d'Ulysse, ceci en suivant de près la traduction du texte d'Homère de Victor Bérard, il introduit aussi et de façon très plaisante les explications de personnages contemporains, des spécialistes de la Grèce antique comme Jean-Pierre Vernant, François Hartog ou Jacqueline de Romilly, des amoureux de la littérature comme Jean-Paul Kauffmann, un landais, T.E Lawrence, Schliemann, l'archéologue qui crut localiser Ithaque, L'accent est mis sur la fait que le retour d'Ulysse correspond en premier lieu à la recherche de soi, Ce que cherche Ulysse après ses 20 ans d'errance c'est retrouver son identité, se faire reconnaitre, reprendre sa place, ses fidèles, ses plus proches sont des pauvres, des gens simples.

    Le dessin est simple, dans des tons qui rappellent souvent les vases grecs. Une très belle réussite qui se clôt par le beau poème de Constantin Cavafy de 1911 : Quand tu prendras le chemin vers Ithaque, souhaite que dure le voyage...

  • Le tabac Tresniek

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    Un beau petit livre qui nous plonge dans l'ambiance de Vienne entre mars 1937 et juin 1938.

    Franz Huchel , un jeune adolescent, poussé par la nécessité, quitte la région de l'Attersee dans la Haute Autriche une région de montagne très éloignée de ce qui se passe à Vienne. Dans la capitale, il va rejoindre Otto Tresniek, une vieille connaissance de sa mère, unijambiste, car ancien combattant blessé lors de la première guerre mondiale, qui tient un tabac journaux dans la rue Währinger.

    Le jeune Franz  lit les journaux toute la journée, ouvre la porte aux clients et parmi les clients, il y rencontre le professeur Freud (1856-1939). Une étonnante complicité se tisse entre le jeune Franz et le vieux professeur, amateur des havanes que ne manque pas de lui offrir l'apprenti buraliste.

    Freud le conseille en particulier en amour : trouve toi une fille et Franz va rencontrer le grand amour en Anezka une fille de Bohème que la pauvreté oblige à vendre ses charmes.

    Et en mars 1938, l'Anschluss vient anéantir tout ce petit monde, Otto Tresniek est arrêté, accusé de commercer avec des juifs sur dénonciation de son voisin, Anezka se lie avec un officier de la Gestapo, Freud doit se réfugier avec sa famille à Londres et notre petit Franz, qui écrit des cartes postales rassurantes et pleines de poésie à sa maman reste fidèle en amitié. au péril de sa vie.

    Un très beau roman de Robert Seethaler qui se lit d'un seul trait et qui nous rappelle la chance que nous avons de vivre aujourd'hui dans une Europe somme toute paisible comparée à celle des années trente. Pour combien de temps?

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  • L'île du serment (The Entry island)

     

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    J'ai rencontré rapidement Peter May au Salon du livre de poche de Gradignan dernièrement et je n'ai pas résisté à lui acheter son dernier ouvrage en version originale avec une dédicace.

    J'ai déjà chroniqué sa série écossaise qui se déroule dans l'archipel des Hébrides avec le remarquable ile aux chasseurs d'oiseaux qui est davantage un roman ethnologique qu'un roman policier.

    Avec l'île du serment on peut dire que la saga des iles écossaises se poursuit. L'action se déroule principalement dans l'archipel des iles de la  madeleine, un archipel canadien du golfe du Saint Laurent appartenant au Quebec.

    Il ne se passe habituellement rien sur ce territoire peuplé de 15000 habitants qui vit essentiellement du tourisme et de la pêche au homard. La population est francophone sauf sur l'ile d'entrée (Entry island) où elle est anglophone mais ne comprend que moins de 200 habitants.

    Sur cette ile un des principaux acteurs de la pêche au homard et assassiné chez lui à coups de couteau et tout porte à croire que sa femme Kirsty est l'assassin. L'inspecteur Sims dépéché de Quebec parce que bilingue est convaincu dès son premier interrogatoire avec Kirsty qu'il l'a déjà vue quelque part 

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    alors qu'elle n'a jamais quitté l'île de sa vie.

    L'intrigue policière est alors le prétexte pour Peter May de revenir sur une histoire peu glorieuse, celle de la famine de la pomme de terre qui sévit au XIX siècle en Irlande mais également en Ecosse et notamment dans les Hébrides, on y revient.

    La famine mais aussi les expulsions des paysans des terres qu'ils occupaient de façon séculaire, leur déportation sur des bateaux qui n'arrivaient pas tous au Canada à cause des naufrages. La mise en quarantaine des expulsés sur l'archipel pour éviter les épidémies de variole.

    Cette histoire l'inspecteur Sims se la rémémorre en se rappelant les histoires que lui racontait sa grand mère, à partir de cahiers écrits par un des ces ancêtres également prénommé Sims et originaire de l'île de Lewis, dans les Hébrides.  Mais qu'est ce qui peut expliquer que Sims semble connaitre Kirsty et qui est réellement le meurtrier de son mari? A découvrir en lisant l'Ile du serment.

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  • Deux dans Berlin

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    Voilà un très bon roman policier écrit à deux mains par deux écrivains allemands amateurs, historiens de formation, amateurs car ils exercent dans l'enseignement ou la muséologie, et ne peuvent pas encore vivre de leur plume.

    Le projet de Richard Birkefeld et de Göran Hachmeister est d'écrire une série d'ouvrages sur l'Allemagne du XX° siècle. Est également paru en France Des hommes de tête qui concerne la République de Weimar. Le prochain livre devrait traiter de la guerre froide.

    Ce qui intéresse nos auteurs ce n'est pas tant l'intrigue policière que le contexte historique, culturel et social dans lequel elle se déroule.

    Il y a deux protagonistes dans Deux à Berlin  : Haas et Kalterer.

    Haas est un petit commerçant qui a été dénoncé par ses voisins en 1942 et déporté à Buchenwald. Il parvient à s'échapper à l'occasion d'un bombardement américain, revient à Berlin avec une seule idée en tête, retrouver les siens et de venger. Sa femme et son fils ont été tués dans un bombardement. La rage va en faire un assassin aussi cruel que ses bourreaux de Buchenwald.

    Unknown.jpgKalterer est un officier SS blessé au front, à l'est, criminel de guerre, il a déporté des juifs, couvert l'assassinat defemmes et d'enfants, exécuter lui-même une jeune fille, blessé il est temporairement à Berlin et reprend pour le compte des SS son ancien métier de commissaire de police à la recherche de l'assassin d'un proche du régime. Meurtre politique ou crapuleux, sa recherche ne va pas tarder à le conduire sur les traces de Haas. Il fait trainer l'enquête pour éviter de retourner au front.il a mauvaise conscience, se dit qu'il n'a fait qu'exécuter les ordres...

    L'action se déroule à l'hiver 1944, en pleine débâcle, sous les bombardements des alliées, les russes aux portes. On finit par ne plus retrouver son chemin dans les ruines faute de repères, le marché noir prospère plus que jamais, les victimes jonchent les rues. Les protagonistes pensent à demain, comment et quand retourner sa veste? De Haas et Kalterer un seul survivra pour devenir correspondant de la Stasi.

    Le titre allemand du livre Wer übrig bleibt, hat recht qu'on peut traduire par C'est celui qui reste qui à raison est la morale de cette histoire, mais y a t'il une morale possible dans un tel univers?

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  • Le départ de l'Hermione du Port de la Lune

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    Lundi 13 octobre depuis le Pont d'Aquitaine



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  • Yersin

    Tous ceux qui ont aimé Peste et Choléra de Patrick Deville et découvert ou redécouvert la vie d'Alexandre Yersin seront heureux d'apprendre la construction prochaine par les chantiers Piriou d'un Navire de voyage à vocation scientifique qui portera le nom de celui qui découvrit le bacille de la Peste.

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    http://lemarin.fr/articles/detail/items/les-chantiers-piriou-et-francois-fiat-le-proprietaire-devoilent-le-navire-de-voyage-yersin.html

     

  • Exercices de survie de Jorge Semprun

    Lu sur le Camino.

    C'est un petit livre ecrit en 2005 par l'auteur de L'ecriture ou la vie et de Demain vive clarté.

    Il est à l'hotel Lutetia Bd Raspail et il se rememore son experience de la torture. L'imaginer pendant la cladestinité pendant la guerre puis sous le franquisme puis la subir seulement avec la Gestapo. Les franquistes ne l'attraperont pas.

    En deuxieme partie, le livre évoque la rencontre entre les deux premiers americains d'origine juive qui arrivent à Buchenwald et une troupe de plusieurs centaines de déportés affamés,éflanqués mais armés et formés en bataillon.

    Un livre trés émouvant.