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Histoire - Page 18

  • Conjurer la peur

    peur.jpgVoilà un beau livre, des illustrations magnifiques et un beau texte, savant, de Patrick Boucheron, entièremeent consacré à la salle de la paix du palais communal de Sienne.

    Dans cette salle, Ambroglio Lorenzetti a peint sur trois murs en 1338 une fresque connue aujourd"hui sous le nom de fresque du bon gouvernement.

    Autrefois on l'appelait la fresque de la guerre et de la paix.

    Patrick Boucheron nous tient par la main et nous montre tout ce qu'il y a à voir et qu'on ne voit pas.

    Il est dans la ligne de feu Daniel Arasse, autre spécialiste de la peinture de la Renaissance, qui avait publié l'inoubliable "On n'y voit rien".

    On se promène en Toscane, on découvre la lutte des cités contre les seigneuries, des guelfes contre les gibelins, on se raccroche aux philosophes grecs et romains, on se perd entre les différentes exégèses de cette fresque et c'est un ravissement de tous les instants.

  • Une histoire du monde en douze cartes

    brotton.jpgLa Géographie de Ptolémée (Grèce - 150 ap JC), Le divertissement d'Al Idrisi (Sicile - 1154), la Mappa Mundi d'Hereford (Angleterre vers 1300), la carte du Monde de Kangnido (Corée -1402), le planisphèse de Martin Waldseemüller (Vosges - 1507), la carte universelle de Diego Ribeiro (Séville -1529), La projection de Gérard Mercator (Duisburg - 1569), L'Atlas Maior de Joan Blaeu (Anvers - 1662), la carte de France des quatre Cassini (Observatoire de Paris -1793), La géopolitique, pivot géographique de l'histoire d'Halford Mackinder (Londres -1904), La projection de Arno Peters (RFA -1973) et enfin Google Earth (Silicon Valley - 2012).

    Il y dans cette histoire du monde de Jerry Brotton, un spécialiste de la Renaissance, une treizième carte, la première, une carte babylonienne du monde qui date de 600 ans avant JC environ trouvée à Sippar au sud de l'Irak actuel.

    Plusieurs siècles de tentatives pour représenter le monde tel qu'il est vraiment sans y parvenir car c'est tout simplement impossible.

    Un voyage réjouissant qui suit on l'aura remarqué les villes monde mises en évidence par Fernand Braudel

  • La Réunion de Roger Vailland

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    Roger Vailland (1907-1965) était romancier mais aussi grand Reporter. Ce petit livre qui vient juste d'être réédité par les éditions du sonneur a été publié pour la première fois en 1964. Il reprend pour l'essentiel une série de reportages publiés par Le Figaro après un voyage de Roger Vailland en Indonésie avec un séjour de trois mois à La Réunion. Voyage effectué en bateau, en 1958, au moment du putsch des généraux d'Alger puis de l'arrivée du Général de Gaulle au pouvoir. Il est loin de l'évènement et il n'y a pas twitter...

    Lire ce livre aujourd'hui c'est se rendre compte que Vailland ne s'est pas trompé sur le diagnostic. Il nous rappelle d'abord l'histoire du peuplement de l'Ile, il y a trois à quatre siècles, puis celle de la destruction progressive de la biodiversité, faune et flore, de l'esclavage puis de son abolition, des différentes migrations.

    A l'époque, il y a 500 000 habitants et déjà la pression démographique est préoccupante. L'ile compte aujourd'hui pas loin de 900 000 habitants, la monoculture de la canne à sucre. Rien n'a changé, Comment dessiner un avenir? Qu'implique l'insularité pour le développement?

    Un livre bien riche et prémonitoire.

    La Réunion j'y vais la semaine prochaine!

  • Michaël Kohlhaas

     

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    Il y a le livre et il y a le film. J'ai d'abord vu le film et ensuite lu le livre. Affaire de circonstances car j'avais l'intention de faire le contraire, le livre a été publié en 1808 par Heinrich von KLeist (1777-1811), le film d'Arnaud de Pallières est de 2013, deux siècles après!

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    L'action du livre se situe au milieu du XVI° siècle du côté de la Saxe et du Brandebourg, l'action du film à la même époque mais dans les Cévennes au temps de la toute jeune reine Margot. Dans les deux cas Michael Kohlhaas est un marchand de chevaux qui subit un préjudice de la part d'un jeune seigneur féodal effronté qui se croit encore au siècle précédent. Kohlhaas va réclamer justice mais elle lui est refusée par les autorités du fait de juges corrompus à la solde du jeune seigneur. Kohlhaas décide de tout abandonner, lève une petite armée de brigands et se fait justice lui-même. Il n'a qu'une idée en tête qu'on lui rende les deux chevaux qu'il avait confié à la garde du jeune seigneur et qu'il lui a rendu à l'agonie. C'est obsessionnel.

    La justice, il l'obtiendra mais au prix de sa vie.

    Kohlhaas est il un homme de la Renaissance, des lumières, un révolutionnaire ou un terroriste exalté, c'est le dilemme du livre, dilemme toujours actuel.

    Le film est centré sur cette problématique, dans le livre l'action est plus compliquée, les hésitations des différentes autorités plus détaillées, l'intervention de Luther qui à l'époque remettait en cause l'ordre établi est précise et il y a en plus une histoire de bohémienne peu fantastique sans trop d'intérêt si ce n'est de montrer la détermination à tout prix de Kohlhaas.

    Von Kleist a écrit sa nouvelle sur la base d'une histoire réelle, celle de Hans Kohlhase, bien documentée en particulier pour ce qui concerne l'intervention de Luther. Il l'a écrite au moment où Napoléon mettait les États allemands à feu et à sang, où un nouvel ordre, celui des Nations allait se mettre en place en Europe, un nouvel ordre que von Kleist ne verra pas puisqu'en 1811 il se suicide avec Henriette sa bien aimée, près de Postdam.

  • La mer

    esprit.gifJe signale, avec retard, ce très bon numéro de la revue Esprit (juin 2013) sur le thème de la mondialisation par la mer. De très bonnes contributions sur les enjeux du transport maritime, la révolution du conteneur et aussi des arricles éclairants sur les villes du Havre et surtout de Marseille.

    L'entretien avec Jean Viard, sociologue aujourd'hui engagé puisque vice président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole va bien au delà des questions maritimes. Elle explique la position unique de Marseille en France et en Méditerranée. Et elle permet de bien comprendre beaucoup des difficultés que connait la ville aujourd'hui.

    La Méditerranée, elle se transforme, discrètement, avec l'émergence d'un très grand port à Tanger.

    Notre système national, cohérent en son temps mais qui s'est progressivement transformé en une mauvaise assurance vie de quelques intérêts particuliers va alisser place dans la douleur à l'ouverture inéluctable à la concurrnce internationale. autant l'affronter. Ce jugement d'Antoine Frémont est criant de vérité.

  • Princesses

    41B51Z3E23L._SL160_.jpgEduard von Keyserling est un écrivan allemand (1855-1918), né dans les pays baltes en Courlande mais qui vécut exilé à Munich. Sans Jean-Paul Kauffmann et son Courlande jamais je n'aurai sans doute entendu parler de cet écrivain. Toute son oeuvre a été traduite de l'allemand par Jacqueline Chambon par ailleurs éditrice : http://www.jacquelinechambon.fr/Editions_Jacqueline_Chambon/Accueil.html

    Princesses est paru en 1917, c'est un roman charmant qui peint les derniers beaux jours de la petite aristocratie balte, loin, très loin des malheurs du monde. Qu'il est difficile d'être une princesse! La mère, la pricesse Adelheid s'inquiète pour l'avenir de sa petite dernière, Marie, une gamine à la santé fragile qui n'aspire qu'à vivre en liberté loin des conventions mais qui devra renoncer à Félix, une jeune soldat sans tête qui s'endette mais qui l'aime pour elle-même. Adelheid , veuve, fait patienter depuis des années le comte Streith, qui las d'attendre finira par s'amourracher d"une petite Britta, feu follet amoureuse de la nature qui l'ensorcèle telle la fée Mélusine.

    Ainsi allait le monde il y a un siècle dans la vieille Europe d'avant le communisme et le nazisme!

     

  • Atlas des empires maritimes

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    Un bel ouvrage aec une iconographie très riche et des cartes agréables à regarder, explicites, parlantes. Trois chapitres : l'âge des thalassocraties ou de l'antiquité à 1492, l'âge des colonies ou des grandes découvertes à 1492 et les temps des acteurs globaux, de la seconde guerre mondiale à nos jours.

    Depuis l'antiquité la mer relie les hommes, les empires, nous rend interdépendants les uns des autres. Pas d'empire durable sans puissance maritime.

    Cyrille Coutansais, conseiller juridique à l'etat major de la marine nationale française, nous montre bien les successifs basculements du monde, au gré des progrès techniques, de la méditerranée à l'océan pacifique. L'ouvrage n'est pas autocentré sur la France et L'Europe mais on sent bien que nous avons encore une carte à jouer.

  • Les réprouvés

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    L'idée de lire ce livre m'est venue à la lecture de Courlande de Jean-Paul Kauffmann. Il y évoque Mitau, le lieu d'exil du futur Louis XVIII mais aussi de combats à la fin de la guerre de 14-18 dans lesquels étaient impliqués les Corps francs et Ernst von Salomon, né en septembre 1902, tout jeune donc.

    Ce récit autobiographique est articulé en trois chapitres, les réprouvés, les conjurés et les criminels qui correspondent aux trois périodes de la vie de l'auteur entre 1918 et 1928 : les combats en Lettonie et Haute Silésie avec les corps francs, la participation à l'Organisation Consul, organisation secrète qui mène des actions terroristes à l'encontre de la République de Weimar et assassinera le ministre des affaires étrangères Walter Rathenau le 24 juin 1922 et la prison pour complicité dans l'assassinat précité .

    L'histoire sert de trame de fond à ce récit et l'auteur y expose ses motivations, ses réflexions. La première motivation pour un jeune homme qui a fait l'école des cadets depuis l'âge de 12 ans c'est le refus de la défaite allemande, la volonté de poursuivre le combat, le rejet du compromis proposé par la République de Weimar assimilé à un abaissement, de l'occupation de l'Allemagne par les troupes françaises. Après tout que diront les gaullistes quelques années plus tard? Le problème c'est que von Salomon ne va pas rencontrer comme Daniel Cordier un Jean Moulin. il va se devenir un soldat perdu, particper à des combats sans avenir... Celui d'une révolution conservatrice qui ne se confond pas avec le nazisme mais qui en aura peut être fait le lit. Von salomon a fait ensuite du cinéma, a écrit d'autre ouvrages autobiographiques a été blanchi d'avoir été nazi par les américains mais il reste une figure admirée de l'extrême droite française en particulier de Drieu La Rochelle et de ses héritiers. Les plus beaux passages du livre sont ceux de la troisième partie consacrée à l'univers carcéral.

    Le lire aujourd'hui c'est aussi sans doute approcher l'état d'esprit de ceux qui commettent des attentats politiques qui cherchent à créer des chocs dans l'opinion en Tunisie, en Irak ou ailleurs.

  • Alias Caracalla

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    J'ai eu envie de lire ce livre en écoutant au printemps dernier Daniel Cordier, 93 ans, dans l'émission Les matins de France-Culture avec Marc Voinchet. En revanche, je n'ai pas vu le film qui en a été tiré.

    Comment un jeune homme de 19 ans, originaire de Bordeaux, catholique, maurassien, royaliste, prêt à assassiner Léon Blum"en lui tirant dans le dos" est il devenu pendant près d'un an, jusqu'à son arretastion, le secrétaire de Jean Moulin?

    Le refus de la défaite à l'écoute du discours de renoncement du maréchal Pétain le 17 juin, l'embarquement sur un bateau à Bayonne afin de rejoindre l'armée française en Afrique du Nord, pour "tuer des boches", un bateau qui ira finalement à Londres. L'enrolement avec les français libres sous l'autorité de de Gaulle deux ans d'entrainement militaire, l'apprentissage de la radio, des techniques de sabotage, de filature dans les services secrets du BCRA.

    Le parachutage le 25 juillet 1942 du côté de Montluçon avec pour objectif d'être le radio de Georges Bidault (un homme qui fera l'inverse du chemin de Cordier et se retrouvera à l'OAS). Mais Jean Moulin alias *Rex a besoin d'un secrétaire pour assurer son courrier, ses transmission radio, la distribution des fonds, l'organisation de ses rendez-vous. Connaissant les opinions de Cordier, opposées aux siennes, il va lui faire néanmoins confiance. Sans doute que la discipline lui suffisait, et on le découvre, les troupes étaient encore clairsemées en 1942....

    Alias Caracalla est écrit sous forme de journal, 1150 pages, et s'achève avec l'arrestation de Jean Moulin à Caluire apprise par Cordier à Paris. Au fil des pages on découvre le combat qu'a été celui de Jean Moulin, contre les allemands, il ne dit jamais boche, mais aussi contre les chefs des mouvements de résistance, sans beaucoup d'hommes, mais farouchement indépendants, en particulier Pierre Brossolette et Henri Frenay, et qu'il faut unir sous la banière du Conseil National de la Résistance afin de les mettre au service du Général de Gaulle.

    On découvre aussi Jean Moulin amateur d'art contemporain, le seul à même de permettre de comprendre son époque, Jean Moulin qui initie  Cordier à la peinture, Cordier qui après la libération deviendra marchand de tableaux...

  • Vanished Kingdoms

    Norman_Davies_Vanished_Kingdoms_sm.jpgIl n'y a pas encore de traduction française. J'ai acheté ce livre à Philadelphie chez Barnes and Noble et je ne le regrette pas même si j'ai mis près de deux mois à le lire.

    L'idée est de ressuciter des royaumes, exclusivement européens, aujourd'hui disparus. Qui dans deux ou trois siècles se souviendra de l'URSS?   Empire qui clot un livre qui s'ouvre par Vouillé, Là ou commence l'histoire de France, en 507, avec la victoire décisive de  Clovis sur Alaric.

    Qui se souvient aujourd'hui du Grand duché de Lithuanie, du royaume de Saxe-Coburg, des sept royaumes de Bourgogne, de la Savoie qui donna naissance à l'Italie, de l'Aragon, de celui de Rusyn qui ne dura qu'une journée...?

    Norman Davies, un gallois, s'est contenté de l'Europe, il n'a pas traité de l'Inde, de la Chine, ces empires qui ressemblent à celui de l'Autriche-Hongrie...

    Il ne traite pas de l'Union européenne,dont on voit tous les jours le caractère mortel.

    La plupart de temps ces royaumes disparaissent dans des convulsions, les guerres, les annexions...

    La vie est un combat!