Pierre Roger, devenu Clément VI, pape en Avignon de 1342 à 1352, est peu évoqué à La Chaise-Dieu même s'il y a son tombeau au centre de l'Abbatiale, Abbatiale qu'il fit construire pour cet usage, en souvenir des années qu'il y passa de 1301 sans doute, date de son entrée en religion, à 1307 date de son départ pour l'université de Paris.

L'ouvrage d'Etienne Anheim, tout récemment paru aux Publications de la Sorbonne, permet de découvrir non pas la biographie de Clément VI mais le travail de ce pape savant à travers son parcours, sa bibliothèque, ses écrits.

Pierre Roger/CLément VI est né vers 1290, sans doute à Maumont, aujourd'hui dans le département de la Corrèze. il est le deuxième fils d'une famille de petite noblesse qui va connaitre, grâce à lui, une ascension spectaculaire au XIV siècle puisque un des neveux de Pierre Roger sera élu pape sous le nom de Gregoire XI. il était usuel que le cadet embrasse la carrière ecclésiastique et c'est ce que fait Pierre Roger en entrant dès 1301 à l'abbaye de La Chaise-Dieu; abbaye qui possédait un prieuré près de Maumont à Montpillon.

En 1307, il est envoyé à l'Université de Paris, tout en restant rattaché à l'Abbaye, il y devient Maitre en théologie, puis se voit confier diverses charges dans des prieurés dépendant de La Chaise-Dieu, puis il est nommé Abbé de Fécamp.

Il ajoute une corde à son arc et devient conseiller et prédicateur à la cour de France, auprès de Charles IV puis de Philippe VI de Valois. Il est diplomate, intervient dans les relations franco-anglaises, sert d'intermédiaire avec la Curie en farveur de la reprise de la croisade, oeuvre à la réconciliation avec Louis de Bavière.

En 1338 il est nommé Cardinal, après avoir été dix ans plus tôt nommé évêque d'Arras, puis archevêque de Sens. Il administre ses diocèses à distance. A la Curie d'Avignon, il est le ministre des affaires étrangères et en 1342 il est élu pape. Il meurt en 1352 et est enterré à La Chaise-Dieu, l'abbaye à laquelle il est resté fidèle toute sa vie.

La bibliothèque de Pierre Roger est assez bien connue, ses livres sont annotés. Pierre Roger est réputé comme  Pape savant, il a étudié les textes bibliques, ancien et nouveau testaments, les pères de l'église, Bernard, Ambroise, Augustin, Thomas d'Aquin mais aussi les philosophes grecs, Aristote, les géographes, il s'intéresse à l'astronomie, lit ses contemporains, y compris ceux qui le critiqueront durement comme Pétrarque.

Tout le travail d'exégèse effectué par Pierre Roger/CLément VI est bien connu par ses sermons, dont une cinquantaine est conservée. Ce travail, très précis, tend a asseoir la prééminence de l'église, sa souveraineté. La connaissance des textes anciens et contemporains est mise au service de Dieu et légitime la supériorité de l'Eglise et donc du Pape sur les souverains, l'Eglise étant l'instrument de Dieu sur terre.

Clément VI à l'instar des souverains de l'époque assooie également son pouvoir en se dotant d'une véritable Cour avec des obligés et n'hésite pas à afficher sa puissance par des dépenses fastueuses qui lui seront reprochées par ceux la même qui préfigurent ce que sera la réforme et plaideront pour revenir à une église plus modeste, plus près des pauvres. Clément VI oeuvre aussi à légitimer Avignon, toujours contesté et cela passe par la démonstration de la supériorité del 'apôtre Jean, prophète puisque auteur de l'apocalypse et protecteur de Marie la mère de Jésus, sur Pierre, associé à Rome.

Un livre un peu aride, mais on peut ne pas lire les notes de bas de page très nombreuses, voire lire certains passages en diagonales, il reste que l'on passe un bon moment avec Pierre Roger/Clément VI, en plein milieu du XIV° siècle, aux côtés d'un savant fastueux.