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Cas@d€i - Page 82

  • Istanbul

    istanbul.jpgJe reviens d'Istanbul que j'ai enfin découvert à l'occasion d'un séjour de cinq jours. Dans mes bagages le livre d'Ohran Pamuk, Istanbul, non pas comme guide mais comme compagnon. Un livre magnifique, illustré de photos, quelques une de l'auteur, beaucoup d'Ara Güler et des reproductions des tableaux de Melling qui montrent l'Istanbul de la fin du XVIII° siècle.

    Istanbul est à la fois un livre des souvenirs d'enfance de l'écrivain, prix nobel de littérature en 2006, et un hommage mélancolique à Byzance, Constantinople, Istanbul, cette ville-monde, capitale de l'empire ottoman déchu.

    Orhan, du nom du second sultan ottoman, un sultan, sage et discret pour la mère de l'écrivain, a vécu son enfance dans une famille désunie, riche mais en voie d'appauvrissement, attirée par le mode de vie à l'occidentale, dans un environnement marqué par la défaite, le déclin, avoir été.

    L'Istanbul de Pamuk est une ville sale, grise, pauvre dont les maisons de bois le long du Bosphore et de la Corne d'or disparaissent au gré des incendies. Le jeune Orhan, s'évade de cet univers en comptant les bateaux sur le Bosphore et surtout en peignant ses paysages, un réel talent qui le conduira à engager des études d'arhitecture avant de réaliser que sa vocation est d'écrire. Ecrire comme Flaubert, Baudelaire, Nerval qui ont fait le voyage en Orient mais aussi comme Yahia Kemal ou Ahmet Rasim les épistoliers d'Istanbul. Un livre très attachant.

  • Cadenas d'amour

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    Sur la passerelle Léopold Sedar Senghor, entre le Jardin des Tuileries et le Musée d'Orsay, les rembardes sont porteuses de ce qu'on appelle désormais des cadenas d'amour. Certains sont gravés pour l'éternité des prénoms des amoureux ou des amants qui les ont attachés là en signe sans doute de promesse de fidélité... Amour, toujours... Eternel refrain.

    Drôle d'idée quand même de symboliser l'amour par un cadenas. Reste aux autorités muncipales à gérer cet engouement, la même scène prévalant évidemment ailleurs à Paris sur le pont des arts, le pont au double, le pont de l'archevêché... Les historiens datent le début de cette pratique du début des années 1980 à Pecz en Hongrie sur une grille qui relie la Mosquée à la Cathédrale.

    Pas encore noté le phénomène à Bordeaux  et encore moins à La Chaise-Dieu. Ah la province!...

  • Le Cygne Noir

    cygne noir,nassim nicholas taieb,incertitudeAvant la découverte de l'Australie, l'Ancien monde était convaincu que tous les cygnes sans exceptions étaient blancs...la preuve?  Personne depuis des centaines, des milliers d'années n'en avait vu de noirs...

    Avant Fukushima, personne n'avait imaginé qu'un centrale nucléaire puisse être victime d'un tremblement de terre puis d'un Tsunami avec une vague de plus de dix mètres. Fukushima est un Cygne Noir, cest à dire une aberration, à l'impact fort, qu'on aurait pu prévoir mais qu'on n' a pas prévu.

    Des Cygnes Noirs, il y en a partout et ils sont de plus en plus fréquents. La découverte de l'Amérique, la révolution française, le laser, Internet, le 11 septembre, le printemps arabe sont des Cygnes Noirs. réflechissez, vous allez en trouver bien d'autres.

    Qui a prévu ou même esquissé l'idée en 1913 de la révolution bolchévique, de la montée du nazisme? Qui a imaginé dans les années d'après guerre la montée de l'islamisme. Lorsque j'étais étudiant au début des années 1970, le pays cité comme modèle pour la sortie du sous développement était la Côte d'Ivoire, pas le Bostwana ou l'Ile Maurice.

    A partir de ce constat simple, mais que l'on oublie trop rapidement pour s'en remettre à nos habitudes de pensée, aux dires des experts, Nassim Nicholas Taleb, trader américano-libanais devenu philosophe nous promène sur les chemins de l'incertitude et nous conseille sur les différentes façons d'en tirer le meilleur parti : s'intéresser au hasard, respecter ceux qui disent avec courage : je ne sais pas, préférer avoir grosso modo raison que tort avec précision, faire preuve le plus souvent de scepticisme mais s'engager à fond pour profiter d'un Cygne Noir positif (une opportunité exceptionnelle qui peut faire perdre un peu mais rapporter beaucoup).

    Il y a dans cet ouvrage des chapitres techniques sur les probabilités et les fractales mais on peut allègrement sauter sur le conseil de l'auteur ces différents passages et profiter d'une érudition et d'un ton rares.

  • Retour à Dori

    dori.jpgDori se situe au Burkina Faso, autrefois en Haute Volta. Bernard Delmond, l'auteur de ce livre, y est né, dans les années quarante. Son père y était administrateur de la France d'outre mer, y a pris des notes, a tenu un journal qu'il a transmis à ses enfants.

    Bernard Delmond nous livre un triple roman, policier à certains égards. Il nous raconte une des tournées de son père qui enquête sur des meurtres mystérieux dans la région du Liptako, il nous narre la guerre de Noël qui opposa en 1985 le Burkina Faso et le Mali, avec au passage quelques considérations peu amènes sur le socialisme de Thomas Sankara et puis sa propre redécouverte, soixante plus tard, du pays de son enfance à l'occasion d'une mission pour le compte de la Cour de justice internationale afiin de délimiter la frontière entre les deux pays précités.

    Ceux qui aiment l'Afrique et les légendes africaines, les mythes africains, apprécieront ce livre hommage à l'Afrique, aux africains, la vie du père et de la mère de l'auteur. On est au Sahel, une région magnifique, difficile d'accès, plus dangereuse aujourd'hui  qu'hier, menacée par le terrorisme... La lecture permet de s'y transporter.

  • Gouvernance du Festival de musique de La Chaise-Dieu

    Samedi 9 avril, l'Association gestionnaire du Festival de La Chaise-Dieu se réunit et doit à cette occasion se prononcer sur la proposition de modification de ses statuts, modification préparée par le conseil d'administration présidé par Jacques Barrot.

    On se souvient que la dernière tentative de modification des statuts avait abouti fin 2008 début 2009 à la démission de l'ancien président et de la quasi totalité des administrateurs puis à l'élection d'un nouveau conseil d'administration et de Jacques Barrot.

    Incontestablement, les nouveaux statuts proposés constituent un progrès par rapport à la version actuellement en vigueur. A ce titre, ils méritent d'être approuvés. Les rejeter reviendrait à conserver les anciens complétement obsolètes.

    On peut cependant regretter deux points.

    1 - le conseil d'administration a prévu d'autoriser le vote par procuration, sans limitation du nombre de mandats. Il y a là un  risque de course à la récupération des pouvoirs même si les pouvoirs en blanc ne sont plus autorisés dans les nouveaux statuts proposés. Je vois deux solutions pour remédier à cet inconvénient: soit autoriser explictement le vote par correspondance comme cela se fait dans maintes instances, soit n'autoriser que le vote des membres présents à l'asemblée générale ce qui donnerait une prime bienvenue aux membres qui sont assidus.

    2 - La fonction de directeur général n'est pas assez protégée. Les nouveaux statuts prévoient toujours un président exécutif et renvoient au réglement intérieur la définition des attributions du directeur général. Il me semble que les statuts devraient prévoir que le directeur général est responsable de la programmation artistique du Festival et a autorité sur les salariés de l'association, que son recrutement doit être approuvé par le conseil d'administration (et non le président avec l'accord avec l'accord du bureau) après appel public à concurrence. De même, son éventuel licenciement doit être décidé par le conseil d'adminsitration.

    Pour des raisons de calendrier je ne serai pas en mesure de participer cette année à cette assemblée générale mais j'espère qu'elle aura la sagesse d'amender les statuts proposés par le conseil d'administration dans ce sens.

    C'est à cette fin que je publie cette opinion toute personnelle sur ce blog.

  • Matthäus-Passion

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    Soirée familiale samedi soir au Palais des sports de Bordeaux. Le groupe vocal Arpège de Bordeaux en photos (direction Jacques Charpentier), des amateurs, donne la Passion selon Saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach (1736), il y a là l'Orchestre des passions dirigé par Jean-Marc Andrieu (Montauban), Isabelle Poulenard, Guillemette Laurens, Vincent Lièvre-Picard, Arnaud Richard, Jean-Fançois Bouchon et Antonio Guirao-Valverde, solistes, mais aussi l'atelier vocal toulousain Archipels (direction Joël Suhubiette), l'ensemble vocal toulousain A contretemps (direction Guy Zanesi) et enfin la Jeune académie vocale d'Aquitaine, des jeunes de 10 à 18 ans dirigés par Marie Chavanel.

    Soirée familiale car de nombreux spectateurs sont venus écouter parents ou amis qui s'adonnent pour le plaisir au chant choral sans en faire leur profession. C'était aussi notre cas.

    Pourquoi aller écouter durant trois heures la Passion lorsqu'on a pas la foi? La beauté de la musique, polyphonique, des récitatifs, des arios, des ariosos, des chorals, les réminiscences de son éducation religieuse, la beauté du poème, des paroles, l'occasion de penser à ses morts et puis aussi le fond de l'histoire finalement toute contemporaine. Un individu, accusé de se prétendre fils de Dieu, condamné à mort, non pas tellement par les autorités publiques, Pilate s'en lave les mains, mais par le peuple, qui ne tolère pas le blasphème.

    Vendredi 1er avril 2011 à Mazars et Charif en Afghanistan, sept employés de l'ONU ont été assassinés lors d'une manifestation parcequ'un pasteur américain intégriste a brulé un exemplaire imprimé du Coran. L'intolérance des religieux est sans limite. Rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu...ou il n'appartient pas aux autorités religieuses d'administrer la justice des hommes. Il n'y a pas eu recommandation plus moderne, aucune église ne l'a réellement appliquée pas même la catholique des siècles durant, mais on ne se lassera jamais de la répéter, tant le respect de cette maxime est nécessaire à la civilisation.

  • Iro mo ka mo - La couleur et le parfum

    naga_.jpgLa couleur et le parfum dit-on en japonais pour signifier l'apparence et la substance.

    Ce beau livre d'Ito Naga a été édité et fabriqué par Cheyne Editeurs, maison d'édition trentenaire sise au hameau de Cheyne au Chambon sur Lignon en Haute-Loire. Une petite start-up qui a réussi!

    Ito Naga n'est pas japonais, je l'ai rencontré à la Halle des Chartrons à Bordeaux dans le cadre de la semaine de la poésie. Il est astrophycien au CNRS et il s'intéresse au Japon, il laisse supposer qu'il est amoureux d'une japonaise mais c'est de la poésie.

    En cette période d'intense intérêt pour le Japon, ce petit livre nous aide à percevoir un peu mieux cet autre qu'est le Japon et ses traditions, sa manière d'appréhender le monde, l'omniprésence de la nature.

    Extraits :

    Dans la cuisine japonaise raffinée (kaiseki) où l'on prépare de nombreux petits plats, le but n'est pas d'avoir du style mais pluiôt de satisfaire les goûts inconnus des invités en essayant discrétement différentes saveurs.

    Rien ne se réalise comme on s'y attend. C'est ainsi que les japonais appellent ce monde ukiyo (le monde flottant)

    Comment s'injecter une langue? comment se souvenir que Fuukei que l'on traduit par paysage signifie littéralement atmosphère de vent?

    Interroger le quotidien en poète, en philosophe, c'est la méthode d'Ito Naga.

    Encore deux citations : Il ne dit pas je ne sais pas, il dit : je ne sais pas exactement, et, cette mère n'a pas dit que son fils mentait. Elle a dit : la plupart du temps, je crois que ce qu'il dit est vrai.

  • Marie-Antoinette

    Après avoir regardé sur Arte le film et l'interprétation de Sofia Coppola, j'ai décidé d'en savoir plus et je me suis tourné vers Stefan Zweig, qui nous a donné en 1932 une biographie de sa compatriote Marie- Antoinette.

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    A lire! Stefan Zweig retrace avec le souci d'un historien, s'en tenant aux sources, souvent tardivement révélées comme la correspondance de Fersen. Il nous épargne toutes les légendes ressassées du "qu'on leur donne de la brioche" au "pardon monsieur" lorsqu'elle aurait marché sur le pied du bourreau.

    Cela donne le portrait psychologique et intime d'une fille puis d'une femme somme toute assez ordinaire, moyenne, spontanée, attachante, sans aucun sens politique au premier abord mais habitée au fil des épreuves par un grand sens du devoir, de la dignité, de la fidélité à sa lignée, ses ascendants, ses enfants. Pas à son pays, mais, à l'époque, la Nation n'est qu'en devenir, on est d'abord de sa famille, et elle est une Habsbourg, la fille de Marie-Thérèse, impératrice d'Autriche, même si elle est bien seule à s'en souvenir tant son neveu désormais sur le trône à Vienne se soucie peu d'elle...

    Et c'est aussi l'occasion de réfléchir au déroulement des révolutions au moment où celles-ci se multiplient dans le monde arabe, il y a toujours de la casse et le mieux met souvent longtemps à émerger de la violence révolutionnaire avec des avancées et des reculs.

  • En étrange pays

    pays.jpgA la fin du XIXéme siècle, Versluis, un bourgeois néerlandais, apprend par son médecin qu'il est condamné par la tuberculose. et que peut-être un séjour en Afrique du sud, au bon air, serait de nature à améliorer son état de santé. 

    Nous étions déjà allé dans le Veld avec Karel Shoeman pour Cette Vie (cf. chronique du 20 septembre 2010), témoignage poignant de la vie de trois générations d'Afrikaners.Shoeman.jpg

    Ici, on accompagne Versluis pendant seulement quelques mois, il a tout laissé, ses habitudes bourgeoises, son éducation, une étiquette et affronte le monde des colons, un mode à la fois plus ouvert et plus fermé, composé d'allemands, de hollandais, de juifs. La vie est difficile, le climat rude, froid l"hiver, torride l'été. Versluis reste sur son quant à soi, choqué par le comportement de la petite colonie européenne, sans réellement de contacts avec la population indigène, quasi invisible. Il ne s'engage pas, tout son effort est tourné vers le détachement de son passé, de ses habitudes, de la vie. Mais la maladie progresse...d'autres européens malades meurent autour de lui... et puis il finit par céder, par ouvrir sa carapace, par écouter l'autre, il est prêt, au bout de son chemin.

    Un livre à la fois cruel dans sa peinture de la société afrikaner et empreint de sérénité.

  • Libye

    La Libye, j'y suis allé deux fois en 2006 et 2007. J'en garde un souvenir à la fois émerveillé et effrayé.

    Effrayé parce que ce pays sous la férule de Khadafi a effectivement perdu 40 ans, 40 ans de fermeture, 40 ans sans éducation. Les quelques entreprises qui parviennent à prix d'or à travailler dans ce pays ont les plus grandes peines du monde à trouver de la main d'oeuvre locale éduquée et qualifiée. Quant à obtenir un rendez vous dans l'administration libyenne, c'est un parcours de combattant qui permet rarement de rencontrer l'autorité recherchée...

    Emerveillé parce que j'ai pu y découvrir les sites de Sabratha et Leptis Magna, cités fondées par les phéniciens et qui connurent leur heure de gloire sous la république de Carthage. on ne peut qu'écarquiller les yeux comme un enfant devant de telles merveilles archéologiques ensevelies pendant des siècles par le sable. On y visite dans un silence que seul le vent et le bruit des vagues vient troubler les forums, les théatres, les amphithéatres, les hippodromes, les thermes, les ports, toute la vie des cités roimaines est là. C'est une de ces visites qui ne s'oublie pas, de toute une vie.

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