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Cas@d€i - Page 9

  • Un été avec Rimbaud

    " Je vais acheter un cheval et m'en aller." Rimbaud est toujours en mouvement. Dans les Ardennes, à Paris, à Bruxelles, à Londres, avec Verlaine, à Harare, trafiquant d'armes. Sylvain Tesson décrit bien ces fulgurances, il est un peu atteint lui-même de la même pathologie, bouger, fuir le monde. Rimbaud lui le réinvente avec des mots, des fulgurances, des images et comme le souligne Tesson, au contraire de tous les exégètes qui tentent de les expliquer, il ne faut pas chercher à comprendre, simplement se laisser éblouir par cette magie du verbe, se laisser emporter. Rimbaud a brulé sa vie, il est allé trop vite, trop loin, le 4 octobre 1891, à 37 ans,  il écrit à sa soeur " J'irai sous la terre et toi tu marcheras dans le soleil". Il était trop tard pour le regretter.

  • A l'aube de la sixième extinction

    Qui est en mesure de citer les six grandes extinctions connues?

    Il y 445 millions d'années l'extinction de l'Ordovicien 60 à 70 % des espèces à la suite d'un intense et courte période glacière, à l'époque les êtres vivants se trouvaient essentiellement dans les océans et ceux-ci ont gelé.

    Il y a 360 millions d'années, l'extinction du Dévonien, jusqu'à 75 % des espèces,  à cause de l'épuisement de l'oxygène dans les océans due à la prolifération des végétaux terrestres.

    Il y a  250 millions d'années , l'extinction du Permien, 95 % des espèces sur terre et sur mer du fait d'impacts volcaniques et/ou de la chute d'un astéroïde. 

    Il y a 200 millions d'années, l'extinction du Trias, 70 à 80 % des espèces dont les ancêtres des dinosaures  du fait de grandes éruptions volcaniques lors du morcellement de la Pangée l'unique continent d'alors.

     

    Il y a 66 millions d'années, l'extinction du Crétacé, 75 % des espèces, c'est celle que l'on connait tous, celle de la disparition des dinausores avec la chute d'un astéroïde dans la péninsule mexicaine du Yucatan mais des scientifiques estiment aussi que les dinosaures étaient appelés dès avant à disparaitre du fait de l'évolution de leur environnement, de l'activité volcanique.... Leur disparition aurait permis aux autres mammifères de se développer ce qui a favorisé l'apparition d'homo sapiens. 

    La leçon à retenir est que la terre ayant 4,5 Milliard s d'année (13,8 pour l'Univers !), la vie n'y a pas toujours été présente, elle serait apparue il y a seulement un million  d'années pour les organismes multicellulaires et 500 millions d'années pour les ancêtres de tous les vertébrés. Il y a sept millions d'années apparait la branche qui a conduit l'homme à diverger de celle des primates supérieurs et homo sapiens surient  il y a 300000 ans.

    En conclusion, la dominante historique c'est l'absence de vie sur la terre et encore plus l'absence de l'homme. la sixième extinction, celle de l'homme pourrait être celle de son propre fait, mais cela ne serait qu'un petit épisode dans l'histoire de notre planète. D'autres formes de vie reviendraient probablement et pourquoi pas une autres espèce dotée d'intelligence, ce qui est arrivé une fois peut advenir plusieurs fois!

     

     

  • Tenebrae Occitaniae

    Cette année le Festival Radio France Occitanie en partenariat avec France Musique a donné dans sept des plus hauts lieux de l'Occitanie des Leçons de ténèbres. À Cahors, Conques, Montpellier, Narbonne, Perpignan et La Romieu.

    Dans la Collégiale de La Romieu, ce 20 juillet, l'ensemble Il Caravaggio, dirigé par  Camille Delaforge a ravi le public nombreux avec Les leçons de Ténèbres pour voix d'hommes de Sébastien de Brossard (1655 - 1730), des pages exubérantes, avec des vocalises à l'italienne, de grandes exclamations.

    De Brossard était prêtre mais aussi excellent musicien et érudit puisqu'il est l'auteur du premier dictionnaire de la musique en Langue Française. (1701).

    Un concert que l'on doit au partenariat avec le Festival Musique en Chemin et L'ensemble baroque La main harmonique.

    Un concert à la bougie, des bougies qui sont éteintes au fur et à mesure jusqu'à plonger l'auditoire et la scène dans les ténèbres. En effet les litanies sont inspirées des lamentations de Jérémie qui étaient chantées les jeudi, vendredi et samedi de la semaine sainte lors des matines, à trois heures du matin, et l'extinction des bougies marque l'abandon de Jésus par ses apôtres qui le laissent seul face à son destin.

  • Odes

    J'ai découvert David Van Reybrouck à l'occasion de la lecture de Congo paru en 2012, prix médicis étranger. J'avais forgé l'image d'un historien méticuleux tant son ouvrage était précis, assis sur des documents historiques,  mais aussi des enquêtes de terrain sur l'ensemble du territoire de la RDC pour en faire ressortir l'histoire tragique de ce pays continent depuis sa colonisation par Léopold, roi des belges à la fin du XIX siècle.

    J'ai redécouvert David Van Reybrouck à La Grande Librairie ou il présentait son ouvrage Odes, un recueil de chroniques écrites entre 2015 et 2018, le plus souvent lors de déplacements,  et publiées en flamand ou plutôt en néerlandais sur la plateforme journalistique De Correspondant. et j'ai lu ces odes à raison d'une chaque soir au coucher. Il y en a un peu plus de cinquante ce qui m'a permis de côtoyer David Van Reybrouck pendant près de deux mois.

    En fait c'est un écrivain, et un homme de théâtre, très éclectique, épris de la liberté la plus totale, engagé, ouvert à toutes les expériences de vie. Ses chroniques abordent tous les sujets contemporains, le première est une ode à l'ex, la dernière une ode à la vie mais sont abordés aussi la littérature, la musique, le suicide, la danse, l'autostop, le portable, la tapisserie de Bayeux, la vieillesse...

     C'est décapant et résistant à l'époque. Toutes sont introduites par un dessin, parfois par la reproduction d'une oeuvre et quand il s'agit de musique ou de danse on peut se reporter à son iPhone pour illustrer le propos.

    Un mot encore, David Van Reybrouck est  un partisan du recours au tirage au sort pour revivifier la démocratie, il s'en est expliqué dans son ouvrage Contre les élections paru en 1994. Je suis assez réservé la-dessus.

  • Nostromo

    Roman paru en 1904. Attention, il faut une participation active du lecteur pour l'apprécier, il y a en effet une quarantaine de personnages dans ce labyrinthe d'écriture de 500 pages avec des narrateurs différents, des retours en arrière, des digressions de toutes sortes mais au final on a un grand roman politique, philosophique, d'aventures, d'amour...

    Conrad créé ici un pays imaginaire le Costaguana, situé en Amérique du sud ou centrale, peu importe. L'intrigue se situe dans la partie ouest du pays, à l'abri des montagnes dans la ville de de Sulaco. Sa prospérité est issue de l'exploitation d'une mine d'argent, la mine de San Tomé, propriété de Charles Gould, un aristocrate anglais, sous la protection d'un chef d'Etat modéré si ce n'est démocrate, Ribiera. Le choses se gâtent lorsque l'opposition menée par un dictateur sanguinaire et son frère, les Montero, s'empare du pouvoir et décide de mettre la main sur la mine. Les notables de Sulaco et  Charles Gould au premier chef décident alors de confier à Nostromo un marin génois devenu responsable des dockers de mettre à l'abri une cargaison de lingots d'argent et de rallier à leur cause un général stationné pas trop loin, Barrios,  et de proclamer l'indépendance de Sulaco.

    Voilà pour la trame principale mais la richesse du roman réside dans la complexité fouillée de chacun des 40 personnages, dans leurs hésitations à agir, dans leurs relations les uns aux autres, leur détresse psychologique, leur stratégie, pour, on le verra, un résultat dramatique, aucun des héros de ce roman ne parvient en effet à ses fins qu'il s'agisse de progrès, d'amour, d'amitié, de fierté, bref de destin. Un roman pessimiste donc, noir mais brillant.

  • Le Mépris

    Tu les aimes mes fesses? et mes seins?

    Qui n'a pas vu cette scène mythique au cinéma?

    Mais qui se souvient qu'il s'agit d'un film de Jean-Luc Godard et qu'il est l'adaptation d'un roman du même nom publié par Alberto Moravia en 1954?

    Dans ce petit livre Riccardo, un jeune homme, qui aspire à devenir écrivain, auteur de pièces de théâtre, fraichement marié à Emilia, dactylographe, belle jeune femme,  fait le récit de l'échec de son mariage un peu plus de deux années après sa célébration.

    Pour satisfaire le désir d'Emilia, Riccardo accepte de travailler à des scénarios de film, ce qu'il déteste, pour gagner l'argent nécessaire à la location d'un assez bel .appartement.

    Il est amené à rencontrer un producteur Battista un peu macho qui lui propose de lui faire écrire en opération avec un metteur en scène allemand, Rheingold, l'Odyssée d'Homère.

    Riccardo hésite d'autant que depuis quelque mois sa relation avec sa femme après deux années de bonheur intense se disloque, Emilia devient indifférente, s'isole, se refuse à lui, jusqu'à lui expliquer qu'elle le méprise sans lui en donner la raison.

    Riccardo accepte alors de faire ce scénario de l'Odyssée pour tenter de reconquérir Emilia. Les quatre personnages se retrouvent à Capri, dans la villa du producteur, pour y travailler. Mais aucun d'entre eux n'a la même lecture de l'Odyssée. Battista veut en faire un genre de péplum avec des hommes tout en muscles et de filles évanescentes, Rheingold tout imbu d'une lecture psychanalytique de l'oeuvre d'Homère veut en faire un film psychologique qui montrerait qu'Ulysse était parti faire la guerre de Troie parce qu'il n'aimait plus sa femme et que s'il tarde  tant à revenir c'est que ce retour toujours différé fait bien son affaire, et Riccardo veut tout simplement en faire une adaptation qui respecte le projet d'Homère et qui donne aux dieux grecs tout le rôle qui est le leur dans cette narration.

    Les relations s'enveniment entre les quatre personnages, Emilia qui n'est pas de bois a peut être une aventure avec Battista, Elle veut partir, Riccardo renonce à faire le scénario et refuse de voir partir Emilia, il est désespéré, elle s'en va, et tout finit mal.

     

     

  • Balade de Berrac

    C'était ce dimanche, jour de balade à Berrac, une petite randonnée de 12 km dans la Campagne de la Lomagne Gersoise. Cette année, afin d'éviter le plus possible les risques sanitaires pas de pot d'accueil au départ et pas de déjeuner après l'arrivée. Partis du village, la centaine de participants de tous âges est passée par Rastérac, Saint Martin de Goyne, le Petit Coutché, Cayhour, le chemin du Bousquet et le fameux sentier du Turon, avec son désormais célèbre Petit Musée des plantes sauvages comestibles, l'ancien lavoir et retour au village de Berrac.

    Le parcours était magnifique, bien balisé, l'herbe fraîchement coupé sur les chemin et sur les bas côtés des routes donnait le sentiment de se promener dans un parc verdoyant, le soleil état de la partie après les orges de vendredi.

    Une matinée parfaite en attendant l'an prochain et le retour du concours des peintres qui accompagne usuellement cette manifestation.

  • Monteverdi

    Vendredi soir, Cathédrale d'Auch, cinq festivals du Gers : Musique en chemin, Eclats de voix, Association des amis Orgues, Les musicales des coteaux de Gimone et Nuits musicales en Armagnac s'étaient associés pour donner les Vêpres de Monteverdi par les solistes de La Main harmonique (direction Frédéric Bétous), le Choeur Ambrosia, et l'Ensemble baroque du Conservatoire régional de Paris.

    Des instruments d'époque, cornets, saqueboutes, théorbe, violine et orgue positif, au service d'une alternance de parties de solistes er de choeur, tous tous intime et monumentales, une préfiguration de la musique baroque et de l'opéra.

    Un très belle réalisation qui ouvre une saison de musique dans le Gers.

  • Geneviève Pubellier

    Je viens d'apprendre le décès en mars dernier de Geneviève Pubellier, 97 ans. Elle fut vice-présidente du Conseil général de la Haute-Loire, Maire de la commune de Coubon. Je l'ai rencontré il y a plusieurs années grâce au Festival de musique de la Chaise-Dieu qu'elle a toujours défendu bec et ongles aux côtés de Jacques Barrot.

    Elle était brillante, déterminée, passionnée, engagée ... et une fidèle lectrice de ce blog. Toute mon admiration, Madame. Vous croyiez au ciel, vous y êtes assurément!

  • Miroir de nos peines

    C'est la suite de Au revoir là-haut et de Couleurs de l'incendie. la fin d'une trilogie mais il y en aura peut-etre d'autres. je l'ai lu un peu par fidélité au souvenir des deux premiers tomes. Le premier était merveilleux, l'histoire d'une gueule cassée, le second de bonne tenue, autour de l'incendie du Bazar d la charité.

    Celui-ci tient en haleine. L'action se déroule à la fin de la drôle de guerre, on est au début du roman sur la ligne Maginot avec deux soldats français qui vont vivre la débâcle, puis l'exode au milieu de dizaines de milliers de parisiens, être accusés de trahison de pillage, faits prisonniers, par une armée française ou ce qu'il en reste, perdue entre les ordres et les contre-ordres, la ravitaillements qui n'arrivent pas. Et parmi ces réfugiés, il y a Louise, une institutrice, à la recherche de ses origines, partie avec Jules le patron du bistrot ou elle se fait des compléments de revenus, tout ce qu'il y a de plus honnêtes. Et il y le délicieux Désiré, un opportuniste, un usurpateur, qui fait le bien autour de lui, tour à tour, avocat, porte parole du quai d'Orsay, prêtre, 

    C'est très bien écrit, haletant, on ne s'ennuie pas un instant, et on se voit conforté dans l'idée bien établie mais à raison sans doute que dans de telles circonstances, les hommes et les femmes se révèlent, les héros, les veules, les traitres, les sans scrupules, les saints...