Cas@d€i - Page 13
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Haydn - concerto pour violoncelle
Jeudi dernier à l'auditorium découverte d'un très grand violoncelliste, Jean Guilhen Queyras à l'oeuvre sans partition, dans le concerto pour violoncelle numéro 1 de Haydn avec l'Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, sous la direction du chef invité Bernard Labadie. Deux québécois de grand talent.
Un concert bien agréable avec aussi les Hébrides de Mendelsohn et la symphonie numéro 39 de Mozart dirigée sans partition par Labadie.
Labadie dirige assis mais fait preuve d'une vivacité étonnante et d'une précision remarquable des mais et des doigts, il vit littéralement sa musique. Quant à Queyras, il se révèle un très grand virtuose, au regard malicieux, il parait même qu'il fait des farces au chef en toute amitié bien sûr.
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Zoli
Cette fois Colum McCann nous emmène sur les pas de Zoli, une femme insaisissable, une tzigane, au coeur de l'Europe centrale, la Slovaquei en l'occurence, des années trente à la fin du XX siècle. C'est magnifique.
Au départ, les années trente, des milices fascistes cantonnent un groupe de roms sur un lac gelé, la glace fond, seuls la petite Zoli et son grand-père en réchappent.
C'est le début d'une errance qui va durer toute la vie de Zoli. Elle va apprendre à lire, puis à écrire, devenir poète puis l'égérie des communistes nouvellement au pouvoir après 1945, ils veulent intégrer les roms dans de hlms, en vain. Zoli reste révoltée, toujours libre, érigée en modèle d'intégration, puis bannie par son peuple...
Elle va fuir, traverser les frontières, le rideau de fer, se retrouver en Autriche, puis en Italie, rencontrer un mari, faire une fille, une révoltée, elle aussi à Paris. La roue tourne interminablement...
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Moulins du Lectourois
Vendredi 2 octobre, la Société archéologique du Gers présentait à la salle de la comédie de Lectoure le fruit de deux années de recherche sur les moulins du lectourois.
Le lectourois ou 28 communes autour de Lectoure dans lesquelles ces érudits ont recensé avec l'aide des communes est des propriétaires pas moins de 151 moulins, environ 90 à vent et 60 à eau. Recherches sur le terrain et dans les archives richement illustrées par des photos et des plans. La conférence était animée par Georges Courtiès l'ancien président de la société et suivi par de nombreuses personnes, élus, propriétaires, ou simplement curieux.
Les moulins à eau sont les mieux conservés, ceux à vent ont été plus abimés par le temps mais jalonnent encore le paysage, même lorsqu'ils ont perdu leur tête et leurs ailes.
L'occasion d'expliquer les mécanismes de fonctionnement de ces moulins, sans roue à aube mais à roue horizontale dans notre région, et de préciser les affres du métier de meunier, surtout pour les moulins à vent avec les risques associés à l'habillage des ailes, la montée des escaliers chargés d'un sac de farine, la surveillance de la vitesse du vent. On y a appris également que pour déterminer le sens du vent les meuniers s'appuyaient sur la position de leur âne toujours soucieux de s'abriter du vent.
Et de clore en chantant "Meurier tu dors...
Dans un siècle ou deux on inventoriera sans doute les silos qui jalonnent aujourd'hui nos campagnes...
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Kyoto
Un très beau roman sur la beauté, les traditions du Japon et l'identité du prix Nobel de littérature qu'est Yasunari Kawabata, né en 1899 et qui se suicida peu après son ami Mishima en 1972. Kyoto est paru en 1962.
C'est l'histoire de deux soeurs Chieko et Naeko, deux jeunes soeurs qui ne se connaissent pas. Elles ont en effet été abandonnées à la naissance et leurs parents ont rapidement disparu. Mais Chieko a été recueillie ou volée, on ne sait pas vraiment, par une famille dont le père est tisserand, assez aisé même si son entreprise est en déclin du fait de l'effacement progressif des kimonos dans l'habillement des japonais. Chieko est une jeune fille amoureuse des fleurs, des arbres, elles adore se promener dans les parcs de Kyoto, assister aux fêtes traditionnelles, sortir avec des jeunes gens. Un jour elle rencontre lors d'une promenade en montagne Naeko, dont elle ignore l'existence, sa soeur jumelle. Naeko est une paysanne qui travaille dans la montagne, elle soigne soigner des arbres, préleve leur écorce, un travail difficile, elle vit seule, très modestement mais elle sait depuis longtemps qu'elle a une soeur jumelle. Et pour elle la retrouver est un émerveillement.
Les deux jeunes femmes se rencontrent une fois deux fois trois fois, se découvrent, admirent leur ressemblance et constatent aussi leurs différences, de condition, d'éducation.
L'intrigue se développe avec entre chaque épisode des développements nostalgiques sur le Kyoto traditionnel et sa disparition progressive. Jusqu'au dénouement que je vous laisse découvrir.
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Sur les falaises de marbre
Un roman étonnant. Une fable sur la lutte entre le bien et le mal, un poème en prose dans une langue exceptionnelle très riche. Beaucoup y ont vu une dénonciation du nazisme, assimilant Le Grand forestier à Adolf Hitler. Mais ce dernier s'opposa à l'interdiction du livre, car admiratif de l'héroïsme d'Ernst Junger pendant la première guerre mondiale. Une expérience de la cure très rare!
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Looking for Beethoven
On avait été ravis il y a quelques années du spectacle de Pascal Amoyel consacré à Cziffra à l'auditorium de la Chaise-Dieu.
On a été emballé pas celui-ci, vu dans la petite salle du théâtre du Bidochon à Barbaste, dans le cadre du Festival d'Albret, en Lot et Garonne.
Pascal Amoyel est un merveilleux pianiste doublé d'un merveilleux conteur. Seul en scène, il nous conte la vie de Beethoven et habite réellement le personnage au point qu'il n'est plus un conteur mais un acteur qui s'identifie totalement avec son personnage.
Beethoven, musicien de la joie malgré une vie personnelle marquée pa rles maladies, l'excès d'alcools, les déceptions amoureuses, l'incompréhension d'une partie de ses contemporains mais toujours vivant et désireux de donner le meilleur de lui même pour la musique.
Un spectacle émouvant dont on sort joyeux.
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toujours charlie...
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Récits d'Odessa
C'est la lecture de Cavalerie rouge (cf. chronique du 29 juillet dernier) qui m'a poussé à entreprendre la lecture de Récits d'Odessa d'Isaac Babel.
Et puis le fait qu'il s'agisse d'Odessa. Mon arrière-grand-père, y serait né en 1858, parce que son père, y était expatrié en qualité d'ingénieur mécanicien. En fait, les deux époques sont bien différentes et en effectuant un minimum de recherche, il s'avère que mon arrière-grand-père est né à Spikow, dans le gouvernorat de Podolie dans l'empire russe, aujourd'hui Shpykiv, en Ukraine, à 450 km d'Odessa.
Il y avait bien vers 1900 une importante communauté juive de l'ordre de 2000 personnes pour une population aujourd'hui de 4000 âmes. Mon arrière grand-père, qui n'était pas juif, est-il allé à Odessa, combien d'années a-t-il vécu en Ukraine? A priori sept ans, mais la mémoire de ces années est perdue, sa vie professionnelle s'est déroulée à Paris dans une compagnie d'assurance...
Les récits d'Isaac Babel se situent eux autour des années 1920-1930 après la révolution communiste dans la communauté juive. Ce sont des récits écrits dans une langue merveilleuse, très imagée, des récits de vauriens, de pègre, mais aussi des récits pus intimistes, de courtes nouvelles, des gens pauvres, peu instruits, qui tentent de survivre dans un univers hostile.
Extrait : Hershélé s'assit. Ses narines s'enfilaient comme des soufflets de forgeron. ...Une poule grasse se dandinait dans un potage doré. Hershélé était recroquevillé sur un banc comme une parturiente avant la délivrance. Il lui naissait dans la tête plus de projets que le roi Salomon n'eut de femmes dans sa vie...
ou bien : Dans le temps, les gens avaient encore la foi, c'était simple. ...puis, un jour, les polonais se sont révoltés. A côté de chez nous, il y avait un comte. Le tsar en personne venait chez lui. ... Après il y eut l'insurrection. Des soldats sont venus, et ils l'ont trainé sur la place. Nous on était tous autour de lui et on pleurait. Les soldats ont creusé un trou. Ils ont voulu bander les yeux du vieux. Il a dit "pas la peine", il s'est mis face aux soldats et a crié "feu".
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Oeuvre prémonitoire
Hassan Jouni, né en 1942 à Zokak el-Blat, originaire du Liban-Sud, n’a eu de cesse de peindre sa nostalgie du vieux Beyrouth, de son architecture typique, de ses cafés grouillants, de l’élégance de ses habitants. L’artiste pense avoir pressenti la guerre dans ses tableaux des débuts des années 70 où il aurait vu les « bâtiments par terre et les vitres dans le ciel ».