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Théatre - Page 3

  • Les furies

    Drôle de roman! Je m'y suis plongé après lu l'entretien avec Barack Obama publié dans le premier numéro de America, la revue trimestrielle qui chronique l'Amérique de Trump fondée par Fottorrino et Busnel. Dans cet entretien Obama cite quelques uns des livres qu'il a particulièrement appréciés et il y a Les furies.

    J'ai d'abord entrepris de le lire en anglais dans la version originale qui s'intitule très justement Fortunes and Furies. Mais j'ai décroché rapidement, vocabulaire bien trop riche et imagé pour moi.

    Le livre comprend deux parties comme le titre américain le suggère la première est celle de la fortune, tout est parfait, un couple improbable qui erre de fêtes en fêtes, alcool, drogue, créativité, dans la Nouvelle Angleterre. Mais ils sont fidèles l'un à l'autre, font l'admiration de tous leurs amis et enfin la réussite, Lancelot, dit Lotto, acteur et auteur de théâtre, grand, beau et fort connait le succès et Mathilde, belle comme l'aurore, le protège.

    La seconde partie est une descente aux enfers, les personnages de rêve sont démontés, cruellement, on tombe de très haut devant autant de cynisme, de cruauté, de malheur. Je vous laisse deviner ou plutôt découvrir car on ne peut pas deviner...

    Pourquoi Barack Obama a t'il aimé ce livre? Peut-être parce que, lui, a su, au fil de la lecture, deviner???

  • Le mariage de Figaro

    Quatre heures de théâtre hier soir au TNBA (Théâtre National de Bordeaux Aquitaine) pour redécouvrir la pièce de Beaumarchais La folle journée ou Le Mariage de Figaro (1778) dans la mise en scène de Rémy Barché avec la Comédie de Reims.

    Un grand classique du théâtre mais de classique, ne restent que les costumes et, mais c'est l'essentiel, le texte. 

    La mise en scène est assez déjantée surtout la première heure, orgasmes simulés, clins d'oeil salaces, cigarettes au bec, guitare basse, jazz, rock, pop la musique est assez éloignée de celle du XVIII, s'y ajoute une bande son d'actualité (hier soir sur Pénélope gate...!). 

    Le public apprécie, rit beaucoup, on pourrait dire ricane, un peu comme dans les émissions de radio ou de télé destinées à faire rire.

    Peu à peu on s'habitue et on se concentre sur l'intrigue, en oubliant tous ces artifices de mises en scène.

    Peut-être est-il nécessaire aujourd'hui pour faire découvrir le texte de Beaumarchais à un jeune public d'en passer  par cette démesure?

    Les acteurs sont excellents dans le registre qui leur est demandé.

    Et, in fine, on ne regrette pas d'être venus.

    Pour avoir un aperçu : https://vimeo.com/130740109

  • Don Juan revient de guerre

    Une belle pièce de théâtre au TNBA, Théâtre National de Bordeaux Aquitaine, proposée par la Comédie de l'Est basée à Colmar en Alsace.

    Une pièce écrite par Odon von Horvarth (1901-1937) un auteur hongrois de langue allemande, mort accidentellement à Paris écrasé par la chute d'une branche de marronnier.

    Une mise en scène épurée, très alerte avec seulement trois comédiens, Nils Ohlund qui joue don Juan et deux comédiennes très inspirées, Carolina Pecheny et Jessica Vedel qui interprètent 35 rôles de femmes en 24 tableaux.

    Ce Don Juan est allé à la guerre de 14-18, il en revient transformé, malade de la grippe espagnole et obsédé par son passé au point qu'il recherche sa fiancée, abandonnée à la veille de la guerre pour une aventure sans lendemain.

    Il erre donc de rencontres en rencontres et toutes les femmes rencontrées lui renvoient le miroir de son passé l'absence de sens de sa vie. le contexte est marqué par la fin de la guerre, l'inflation, les pénuries, le regret de la belle époque, l'arrivée des années folles, de la musique américaine, l'émancipation des femmes...

    A la fin, notre Don Juan découvrira ce que l'on sait depuis le début : sa fiancée est décédée en 1915, folle...

    Une très belle réalisation.

    Jusqu'à la fin de la semaine à Bordeaux puis à Versailles, Epinay sur Seine, Oullins ...

  • Les damnés

    A la Comédie française jusqu'au 17 janvier. Les damnés c'est à partir du scénario de Visconti qui date de 1969 une pièce de théâtre qui conte la descente aux enfers de la famille Essenbeck (les Krupp) à partir de 1933.

    La montée du nazisme, l'appétit du pouvoir, la lâcheté vont déboucher sur l'élimination de tous les membres de cette famille jusqu'au transfert du pouvoir à un jeune malade mental nazi qui à la fin du spectacle tire sur le public à la kalachnikov.

    Les comédiens sont stupéfiants dans ce théâtre augmenté par la vidéo, les recours aux images d'archives, la musique...

    Les spectateurs sont les témoins impuissants de la montée de la barbarie... un peu comme aujourd'hui peut-être.

    Ne manquez pas ce spectacle dérangeant, violent, actuel, si vous en avez l'occasion.

  • Le Messie de Haendel - Ballet

    Jusqu'au 6 juillet au Grand Théâtre de Bordeaux. Un spectacle de nature à vous rendre de bonne humeur. Sur une des plus belles musiques occidentales, celle du Messie de Haendel, un ballet classique mais inspiré de la danse contemporaine, épuré, en costumes blancs, sur un plateau nu, une lumière bleutée...  

    L'orchestre suit le ballet, le choeur suit le ballet, les musiciens doivent aussi suivre la chef qui bouge beaucoup les mains, ce ne doit pas être simple. D'autant que les danseurs échangent leurs rôles à chaque représentation.

    Mais c'est magique. Une très belle fin de saison. Heureusement, Haendel qui était allemand, né en Saxe, qui voyagea en Italie et en France pour s'établir en Angleterre était loin d'imaginer les débats du Brexit. A l'époque, on circulait librement en Europe!

    Chorégraphie, Mauricio Wainrot - Direction musicale, Dominic Wheeler - Décors et costumes, Carlos Gallardo - Lumières, François Saint-Cyr
    Ballet de l’Opéra National de Bordeaux - Orchestre National Bordeaux Aquitaine - Choeur de l’Opéra National de Bordeaux
    Solistes de la Royal Academy of Music - Rebecca Goulden, soprano - Kate Symonds-Joy, mezzo-soprano - Thomas Hobbs, ténor - Frédérick Long, basse

  • Soeurs

    Spectacle intime sur la solidarité des femmes. Une seule actrice pour deux rôles. Annick Bergeron est la "soeur" de Théatre de Wajdi Mouawad, elle jouait le rôle de Nawal, inoubliable dans Incendies , pièce qui a été adaptée au cinéma. Elle joue ici le rôle de Geneviève Bergeron, une avocate brillante spécialiste de la résolution des conflits internationaux, une avocate qui va craquer dans sa suite 2121 d'un grand palace de Montréal.

    Elle Joue aussi le rôle de Nayla, la soeur ainée de Wajdi Mouawad, qui est ici fille d'exilé Libanais qui a toujours vécu pour son père, s'est sacrifiée, sans reconnaissance, et qui experte en assurance vient constater les dégâts commis dans sa chambre par Geneviève...

    Au Théatre National de Bordeaux Aquitaine jusqu'au 12 mars.

    Geneviève Bergeron a saccagé sa chambre, disparu dans son lit, s'est retiré du monde et Nayla la reconnait, l'encourage...d'origines différentes, les deux femmes se trouvent des points commun, un même destin, se révèlent solidaires, c'est cela sans doute la sororité.

    C'est moins fort qu'Incendies mais c'est juste, on attend la suite  de ce cycle avec Frères, Père et Mère, une composition familiale en devenir.

    A voir au théâtre de Bordeaux aquitaine jusqu'au 12 mars puis en tournée : http://www.wajdimouawad.fr/rendez-vous/calendrier/spectacle/Soeurs

  • Patchwork

    J'ai du retard, beaucoup de retard, j'écris moins. Alors en vrac récemment :

    Simon Boccanegra, un opéra de Verdi trop méconnu à l'opéra de Bordeaux. Un orchestre magnifique sous la baguette de Paul Daniel et de chanteurs pour beaucoup d'entre eux qui ont remplacé les titulaires prévus mais s'en sont très bien sortis. De belles voix d'homme, basses et baryton. Une mise en scène sobre de Catherine Marnas, une fois n'est pas coutume, des rideaux de tulle, un mélange de costumes d'époque et contemporains, une belle réussite et une réflexion opportune sur l'exercice du pouvoir.

    La Vida es Sueno, (la vie est un songe) une pièce de Calderon de la Barca créée en 1635, la plus célèbre du théâtre espagnol dans une belle mise en scène d'Helena Pimenta, qui dirige une sorte de comédie française dédiée au siècle d'or espagnol, en espagnol surtitré en français. Des acteurs magnifiques, des costumes somptueux... La réalité est-elle une fiction ou les songes sont-ils la réalité? Sigismond, le fils du roi de Pologne a été enfermé par son père à sa naissance concomitante de la mort de sa mère dans un cachot, confiné à l'isolement, parce que les astres étaient de mauvaise augure. Arrivé à l'âge adulte, Le roi fait l'expérience de l'endormir et de le faire réveiller sur le trône pour voir quel est son comportement. S'il est un bon prince il lui succédera, autrement, il retournera dans son cachot. Sigismond se réveille et se demande s'il rêve ou s'il a rêvé jusque là...

    L'amant sans domicile fixe : un roman d'amour dans le milieux des marchands d'art qui se passe à Venise de Carlo Fruttero et Franco Lucentini. Au là du roman d'amour, il y a une intrigue car petit à petit cet amant sans domicile fixe apparait de plus en plus mystérieux, il est polyglotte, d'une immense culture, semble avoir vécu à toutes les époques...

    Au cinéma, j'ai beaucoup aimé Les délices de Tokyo, un film très délicat sur l'exclusion et les cerisiers japonais, une petite merveille qui donne une envie irrésistible de déguster des drayais, des pancakes fourrés aux haricots rouges confits. Fatima est agréable mais sans plus j'ai été un peu déçu. En revanche, au delà des montagnes, un film chinois de Jia Zhang-ke est absolument superbe. le cinéaste y retrace pas moins que le changement de civilisation qui s'opère en chine entre la fin XX siècle et 2025 en trois volets, volets qui retracent le destin de trois personnes, un fille et deux garçons. Les deux garçons sont bien sûr amoureux de la fille, l'un est mineur de charbon et le second propriétaire de la mine. La fille aime le premier mais choisit le second c'est plus sûr. Le premier aura un cancer, le second va s'enrichir, divorcer, s'exiler à Singapour avec le fils qu'il a eu au début de son mariage, un fils qui parle anglais et que son père ne comprend pas et une mère qui aura le sentiment d'avoir gâché sa vie... Le tout sur fond de misère et de corruption.

    En Syrie est un petit livre de Joseph Kessel dont la nouvelle publication sort à propos. C'est un reportage écrit en 1926, Joseph Kessel n'a que 28 ans. Il est fasciné par la guerre, les aviateurs, il a l'occasion d'accompagner ces hommes-oiseaux et de participer au bombardement de Soueida. il admire les jeunes chefs des meneurs d'homme sans lesquels le mandat français sur la Syrie serait voué à l'échec. Il y a 27 communautés religieuses en Syrie, des "musulmans soumis, des chrétiens riches et des druzes guerriers". Il y a laussi a sarabande des commissaires qui n'en finissenet pas de se succéder. Déjà Kessel se demandait si la France sait vraiment ce qu'elle veut dans cette région d'une "effrayante complexité". De Gaulle avait peut-être lu Kessel avant de parler d'Orient compliqué...

    Prochainement, je chroniquerai sur un livre formidable que je dévore en ce moment Homo Sapiens de Yuval Noah Hariri

     

     

     

  • Le jeu de l'amour et du hasard

    Excellente soirée hier soir en compagnie de Marivaux au TNBA, Théâtre National Bordeaux Aquitaine. Entre les deux tours des élections régionales, on oublie le cauchemar du moment et on se réjouit de découvrir la mise en scène très juste de Laurent Lafargue.

    Une mise en scène contemporaine, mais pas trop, juste ce qu'il faut. Les acteurs sont formidables. Le père Argon, malicieux se delecte avec son fils Mario de la comédie qui se joue sous ses yeux et qu'il a contribué à organiser et les deux couples, joués par de jeunes acteurs sont formidables d'engagement, peut être Bourguignon en fait il un peu trop. Lysette est géniale de naïveté. Dorante assez cérébral et Sylvia toute déterminée dans sa recherche de preuves d'amour. Le décor est minimaliste  mais aussi très élaboré avec des plateaux tournants du plus bel effet.

    Un très bonne soirée qui montre que l'on peut faire des adaptations contemporaines de textes anciens sans en détruire l'essence. Avis aux flamands de La Cerisaie récemment...(cf. Chronique précédente). 

    Merci à Laurent Laffargue. et vive Casteljaloux!

     

     

  • La cerisaie

    Première sortie, huit jours après les attentats de Paris et le jour de la prise d'otage à Bamako. Pluies torrentielles à Bordeaux et de retour de Paris j'ai mon vélo garé au parqueur de la gare...

    La cerisaie est la dernière pièce de Tchekhov., écrite en 1904.  J'ai vu ces dernières années : Oncle Vania, les trois soeurs, la mouette.

    La salle du TNBA est presque pleine. Pas de discours en préambule.

    La troupe vient d'Anvers, elle s'appelle tg STAN. ils sont pleins de talents, proposent des spectacles en flamand, en anglais et en français avec pour certains acteurs un accent charmant. Ils font la mise en scène eux même. Une mise en scène minimaliste quant aux décors et aux costumes.

    Deux heures et demi de théâtre, quelques longueurs, en particulier les scènes musicales et une petite frustration, on ne retrouve pas la nostalgie qui préside en général aux pièces de Tchekhov. la mère est un peu trop nerveuse, presque hystérique parfois, l'absence de costumes d'époque et le fait que les acteurs  plutôt jeunes jouent des personnages qui ne sont pas de leur âge rend un peu plus difficile l'abord de la pièce, surtout pour quelqu'un qui l'a déjà vue dans une mise en scène très classique, du moins c'est mon souvenir.

    Une très bonne soirée néanmoins, si l'on admet le parti pris de la troupe qui se vante d'être comme un chien dans un jeu de quilles. la pièce va être jouée au théâtre de la colline, la presse parisienne s'en fera l'écho. On verra.

    La pièce de Tchekhov délivre-t-elle un message universel? Est -elle simplement une illustration du monde qui change de Zweig ? A chacun de se faire son opinion.

  • Antigone de Sophocle

    Quoi de mieux à l'issue d'un séjour de deux semaines en Grèce continentale et dans le Péloponnèse que de revoir Antigone. L'occasion nous en était donnée par le Théâtre de la ville qui propose jusqu'au 10 mai la pièce de Sophocle dans une mise en scène d'Ivo Van Hove avec Juliette Binoche, en anglais surtitré en français. Le spectacle a été donné en mars à Londres au Barbican.

    Antigone dit Non, elle défend les lois non écrites, elle enterre son frère Polynice même s'il a trahi sa cité et refuse de voir son corps pourrir au soleil dévoré par les vautours. Créon, son oncle, Roi de Thèbes,  la condamne à mort, il s'apercevra trop tard, qu'elle avait raison.

    Ivo Van Hove, dans sa présentation du spectacle, rappelle qu'en mars dernier les passagers du vol 17 de la Malaysain Airlines sont restés huit jours en Ukraine, sous le soleil, pour des intérêts partisans. En réponse, une fois les corps récupérés le gouvernement néerlandais a organisé un cortège funéraire de plus de 100 km aux Pays-Bas pour montrer le respect dû aux morts.

    Créon veut construire une société juste, rationnelle, apaisée, il échoue. Antigone montre à quel point la raison peut être déraisonnable. Le monde est complexe, il n'y pas toujours de bonnes réponses aux questions complexes que nous devons affronter, rien n'a changé depuis 2500 ans et même davantage sans doute. C'est ce que suggère le paysage de gratte-ciel qui clôt la pièce.