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Théatre - Page 2

  • Tous des oiseaux

    J'avais beaucoup aimé il y a quelques années Littoral, Incendies et Forêts, de Wajdi Mouawad, auteur libano-canadien qui raconte des histoires au théâtre de façon formidable.

    Ici, au TNBA de Bordeaux,  le spectacle est sur- titré parce que en Allemand, en anglais, en yiddish, en hébreu en arabe, c'est fabuleux. De quoi s'agit t'il? d'une histoire abracadabrante que seulMoawad peut inventer, un jeune chercheur allemand en génétique, dont les parents sont juifs et le grand-père, rescapé des camps, israélien, est amoureux d'une américaine, d'origine arabe, qui fait une thèse sur Léon Africain, un musulman qui se serait converti au catholicisme, puis l'aurait secrètement renié, du moins si j'ai bien compris, bref une thèse sur la conversion.

    Le jeune chercheur qui s'aperçoit que son père n'est pas le fils de son grand-père part à la recherche de sa grand-mère qui vit toujours en Israël pour avoir une explication, il y a va avec sa belle, qui va c'est le plus surprenant dans la pièce découvrir son identité arabe après avoir franchi le Jourdain en direction de la Jordanie, sur le pont Allenby...

    Je passe sur les détails, les révélations successives qui permettent de comprendre un imbroglio improbable avec des personnages un peu trop stéréotypés, la grand-mère juive, à la fois cynique et passionnée, le père anti-palestinien, la mère psychiatre un peu raide, le grand-père revenu de tout et en arrière plan , le conflit isarélo- palestinien, les attentats à la bombe, les massacres de Sabra et Chatila

    C'est didactique, captivant, pendant quatre heures, les acteurs sont épatants et c'est en tournée en France jusqu'en septembre.

     

  • SAIGON

    "Il y a toujours du passé qui se fiche dans le présent". Walter Benjamin

    C'est le cas de Saigon, Hò Chi Minh ville aujourd'hui.

    Pour un français, même pour moi qui ne suis jamais allé au Viet-Nam, qui n'a pas de parents ou de proches qui ait fait la guerre d'Indochine, Saigon fait partie d'un coin de notre mémoire.

    La pièce de Catherine Nguyen, qui a triomphé au festival d'Avignon et qui est en tournée en France actuellement nous le démontre. Cet épisode et bien présent dans nos mémoires. Sur la scène, les tableaux alternent entre 1956, date du départ des français d'Indochine et 1996, date à laquelle les émigrés vietnamiens, les Viet Khieu, les vietnamiens de la diaspora, sont autorisés à rentrer au pays.

    Défilent finalement, des vies somme toute banales, des histoires d'amour, de guerre, des tragédies ordinaires mais on s'aperçoit qu'elles sont déjà là, ou plutôt toujours là comme on veut, elles font partie de notre mémoire nationale. C'est émouvant, et c'est bien qu'elles y soient. 

    Spectacle en français et en vietnamien avec sous-titres.

  • localisme

    Hier soir, sortie à l'opéra de Bordeaux pour La Périchole d'Offenbach sous la direction de Marc Minkowski, directeur général de l'Opéra de Bordeaux depuis 2015,  avec Les musiciens du Louvre, un ensemble qu'il a créé en 1982.

    Polémique, à l'entrée du Grand théâtre, les musiciens de l'orchestre de bordeaux, en tenue et avec leurs instruments, distribuent des tracts se plaignant de la présence des Musiciens du Louvre et d'être insuffisamment occupés. 

    A l'arrivée de Marc Minkowski dans la fosse, les huées fusent, les bordelais veulent leur musiciens! Les slogans que l'on nous ressassent : manger local, acheter local, ...s'étendent à la culture, pas de place pour des musiciens venus d'une autre région?, pas d'échanges culturels? Quelle époque?!

    A la fin du spectacle, chanteurs et musiciens sont acclamés par le public. La mise en scène, en rouge et noir, avec des marionnettes, assez sobre au regard de ce que l'on voit ces temps-ci est efficace et l'orchestre a été parfait. il faut bien cela pour oublier la faiblesse du livret surtout l'époque de me too.

    Versatilité du public donc mais tout de même un signe d'intolérance qui gagne jusque parmi les seniors qui composent majoritairement le public des soirées d'opéra.

  • Lanzmann et Veil

    Nous sommes le 5 juillet.

    J'écoute à la radio Nuit et brouillard de Jean Ferrat : "ils étaient des milliers ils étaient vingt et cent, nus et maigres, tremblants..."

    Cette chanson, je l'ai entendue dimanche dernier, en direct, devant l'entrée du jardin du Luxembourg, face au Panthéon, par une chorale, lors du transfert de Simone et Antoine Veil au Panthéon (photo). J'avais les larmes au yeux.

    Aujourd'hui, ClaudeLanzmann est décédé, France Inter a bouleversé ses programmes, c'est justifié et réconfortant pour notre société.

    bm_484_1738057.jpgClaude Lanzmann est bien sûr l'auteur de Shoah, un film de neuf heures, mais l'oeuvre de Lanzmann c'est toute sa vie, 92 ans de vie, active, de la résistance avec son père dans les maquis de Brioude à la sortie de son dernier film Quatre soeurs ces jours-ci.


    Si vous ne l'avez pas encore fait, lisez Le lièvre de Patagonie, un livre qu'il n'a pas écrit mais entièrement dicté, un livre formidable qui retrace sa vie, la Résistance, la Corée du nord, l'Algérie, Les temps modernes, Sartre et Beauvoir, Shoah, Judith Magre, une de ses épouses, née en 1926 que vous pouvez encore aujourd'hui voir au Théâtre de Poche à Montparnasse.

  • Jan Karski

    Jan Karski (1914-2000) est connu comme l'auteur de rapports psur l'extermination des juifs en Pologne à l'attention des gouvernements britannique et américain dès 1942, rapports qui lui ont été demandés par le gouvernement polonais en exil dans le cadre des ses activités de résistance.

    Claude Lanzmann a fait connaitre Karski avec son film Shoah puis avec le rapport Karski, dans lequel il livre la totalité du témoignage qu'il a recueilli.

    Yannick Haenel a publié Jan Karski et obtenu pour ce roman le prix Interallié.

    Arthur Nauzyciel a adapté ce livre au théâtre en insistant comme Haenel sur le silence de Karski pendant 35 ans. On voit donc successivement une relation du témoignage de Karski dans Shoah, puis un résumé des rapports de Karski lu par Marthe Keller en off, illustré en vidéo par des plans de camps et enfin, Jan Karski lui-même qui témoigne, c'est l'aspect le plus romancé. Une danseuse à la fin du spectacle exprime la souffrance des corps et la mort.

    Jan Karski a été un témoin puis s'est tu pendant 35 ans, professeur aux Etats-Unis, jusqu'à ce qu'il réapparaisse dans Shoah, la gorge nouée, à peine capable de s'exprimer lui qui a vécu toute ses années obsédé par l'incpréhension dont il estime avoi été l'objet, convaincu que ce n'est pas l'Allemagne nazie qui a éliminé les juifs mais le monde entier, y compris les alliés qui se seraient montrés à tout le moins des complices passifs de la shoah. Sur ces points la querelle entre historiens reste vive et on pourra se reporter à Internet pour en prendre la dimension.

    Deux heures quarante de théâtre donc, hier à Bordeaux deux heures quarante de monologue, certains spectateurs se lassent rapidement et quittent la salle, mais la très grande majorité reste, écoute ce témoignage bouleversant, et s'interroge sur sa transposition aujourd'hui : qu'est ce que nous refusons de voir aujourd'hui? Telle est la question.

    A voir au TNBA jusqu'au samedi 28 avril et en tournée.

  • Opéras bibliques à la cathédrale de Lectoure

    Soirée lyrique samedi soir à la Cathédrale de Lectoure dans le Gers avec le Choeur des Feux de Saint Jean. Un choeur initié il y a cinquante ans au sein du Lycée Saint Joseph par Pierre Gardeil et Roland Fornerod.

    Une centaine de choristes, des élèves du lycée mais aussi quelques anciens élèves ou connaissances plus âgés et sept solistes, deux violons, un violoncelle un clavecin/orgue sous la direction de Christopher Gibert dans une mise en espace de Jean-François Gardeil.

    Au programme des oeuvres de Giacomo Carissimi (1605-1674) : Vanitas vanitatum et Jephte, et  de Marc -Antoine Charpentier (1673-1704) : Le reniement de Saint Pierre.

    Des oeuvres mises en espace dans le sens ou les solistes jouent ou plutôt esquissent les situations évoquées comme cela se pratiquait au XVII siècle : On voit Pierre se renier trois fois puis pleurer lorsque Jésus le regarde après avoir entendu le coq chanter. On frémit lorsque la fille de Jephte, le vainqueur des ammonites, accepte dignement d'être immolée par son père afin qu'il puisse respecter le serment qu'il a fait avant la bataille de sacrifier la première personne qu'il rencontrera s'll revient vainqueur.

    Une belle soirée, il est bien réconfortant de voir toute cette jeunesse prendre plaisir à savourer le succès d'heures de travail et acclamer leurs enseignants et partenaires musiciens d'un Week-End.

    Et le souvenir, évoqué par Jean-François Gardeil, de Jean-Claude Malgroire, décédé ce samedi, qui était venu jouer avec son ensemble à la Cathédrale de Lectoure.

     

  • Peer Gynt

    "Ton voyage est fini, Peer, tu as enfin compris le sens de la vie, c'est ici chez toi et non pas dans la vaine poursuite de tes rêves fous à travers le monde que réside le vrai bonheur". C'est la dernière phrase de Solveig, à Peer, lorsqu'il meurt dans ses bras après avoir passé sa vie à chercher le bonheur, à "être soi" plutôt qu'à "se suffire à soi-même".

    La mise en scène de David Bobbée est enlevée, on ne s'ennuie pas malgré les quatre heures de représentation, l'acteur principal, Radouan Leflahi, est époustouflant, et ses compères et consoeurs également. On peut regretter quelques longueurs, un peu trop de tapage, des facilités, mais globalement, le personnage de Peer Gynt, un être qui se veut flamboyant mais qui est au fond faible, pas franchement sympathique, ambitieux mais médiocre, qui échoue dans ses entreprises, qui peut être tendre, un être humain, comme nous, est bien campé.

    J'avais préféré la mise en scène d'Eric Ruf, de la comédie française, avec Hervé Pierre dans le rôle de Peer Gynt, en 2012 au Grand Palais mais bon celle-ci n'est c'est pas mal...

    Encore en Tournée.

  • La ménagerie de verre

    Pièce de Tennessee Williams, l'auteur de un tramway nommé désir,  créée en 1945 au TNBA de Bordeaux jusqu'au 3 mars, mise en scène par Daniel Jeanneteau.

    Il y a quatre personnage, la mère, Amanda, mère qui regrette en permanence son passé lorsqu'elle avait de nombreux galants, mais celui qu'elle épousa l'a laissée tomber et est parti depuis longtemps, abandonnant ses enfants.

    Laura, une jeune fille qui boitille et que ce handicape paralyse dans son épanouissement de femme, qui échoue dans ses rares entreprises, et qui se réfugie dans sa ménagerie de verre, des petits animaux de verre dont une licorne.

    Tom, un jeune homme qui bosse dans une entrepôt de chaussures, il rêve d'aventures, de parcourir le monde, comme son père sans doute, mais il doit faire vivre cette famille, répond finalement à tous les caprices de sa mère, jusqu'à introduire vers la fin de la pièce, le temps d'un dîner, Jim, un collègue de travail afin de séduire Laura.

    C'est la partie la plus intéressante de la pièce, la mise en place des personnages qui occupe une longue première partie est un peu longue et répétitive. Le décor est réduit au minimum, les personnages jouent derrière un rideau de tulle et se parlent sans vraiment se parler, afin de rendre l'idée qu'il s'agit d'une pièce sur la mémoire, une mémoire fragmentée.

    A voir jusqu'au 3 mars à Bordeaux, puis en tournée à Genevillers, Lille, Lorient, Saint Quentin, après la création au théâtre de la Colline en 2016.

    A voir.

  • Tableau d'une exécution

    Hier soir au TNBA de Bordeaux. Une belle pièce de Howard Barker qui date de 1985, d'inspiration shakespearienne, dans une mise en scène de Claudia Stavisky.

    Le spectacle montre les affres de la création, les rapports ambigus entre art et pouvoir, à travers l’histoire d’une femme peintre, Galactia, à laquelle la République de Venise a commandé un grand tableau sur la célèbre bataille navale de Lépante qui vit la victoire de la coalition catholique sur celle des ottomans le 7 octobre 1571, une des batailles navales les plus meurtrières, près de 30000 morts, 400 galères en action...

    Mais Galactia n’entend pas du tout faire l’œuvre à la gloire du pouvoir qu’espèrent le Doge de Venise, elle peint peu à peu, sous nos yeux, au fur et à mesure que défilent ses modèles, son amant, sa fille, le doge, ses conseillers, les matelots survivants de la bataille,  elle peint les corps mutilés,  les morts, le sang.…En revanche, Galactia n'évoque jamais l'héroïsme des soldats, l'intelligence de l'Amiral...bref la gloire de Venise. Sorcière Galactia?

    Belle réflexion, en dix sept tableaux, toujours actuelle, sur les rapports toujours difficiles entre le pouvoir et les artistes.

  • La vie parisienne

    Une belle réussite que cette opérette d'Offenbach au Grand théâtre de Bordeaux en ouverture de la saison, vue mardi dernier.

    Bien sût, c'est une petit clin d'oeil à l'arrivée de la LGV, Bordeaux n'est plus qu'à 2heures 04 de Paris, et n'a jamais été aussi près de la vie parisienne à moins que ce ne soit désormais le contraire.

    Tout le grand théâtre était mobilisé, : l'orchestre, le ballet, le choeur sur une scène qui s'est révélée un petit peu petite. Faudra -t-il aller jouer à l'Arena de FLoirac? Marc Minkowski, tout en mouvement a été parfait même si on a du mal comprendre comment ses musiciens arrivent à comprendre sa gestuelle peu ordinaire.

    La mise en scène était parfaite surtout du rythme c'est essentiel pour ce spectacle. et du contemporain avec beaucoup de clins d'oeil. Des hipsters et des personnages que l'on pouvait s'amuser à reconnaitre, Mme de Fontenay, Liliane Bettencourt, Sonia Rykiel, Mireille d'Arc dans le grand blond, Karl Lagerfeld... la costumière s'est sans doute bien amusée.