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Voyage - Page 3

  • Pierre,

    Attention Poésie! Pas toujours facile. Dans ce récit, Christian Bobin nour relate le voyage qu'il effectua l'an dernier depuis sa maison du Creusot jusqu'à Sète pour aller rencontrer Pierre Soulages. C'est le récit d'une démarche pas de ses entretiens avec Soulages, récit de la démarche, de l'approche, d'une visite non annoncée, non préméditée. Bobin voyage en train, avec ses morts, ses anges, c'est très intérieur, on se laisse prendre par cette force de caractère, cette aspiration au dénuement, cette critique acérée de notre modernité. C'est beau, admirable, apaisant et aussi exigeant.

  • Le quatrième mur

    C'est vraiment un livre coup de poing, sur la guerre, en l'occurrence celle du Liban où j'ai vécu de 2005 à 2008, bien après l'époque évoquée dans l'ouvrage, sur la fidélité en amitié aussi, sur le théâtre.

    Le personnage principal de l'histoire, un double de l'auteur, Sorj Chalandon, apprenti metteur en scène fait au début du livre le coup de poing avec des groupes d'extrême droite, ce qui le conduit  à subir un passage à tabac, sans trop de regret au demeurant, puisque c'est en quelque sorte la règle du jeu. Il rencontre dans ces frasques un vrai metteur en scène, Samuel, juif, grec, exilé de la dictature, qui a l'intention de monter Antigone d'Anouilh à Beyrouth, pour montrer qu'en pleine guerre civile il est possible de réunir sur un tel projet chrétiens, sunnites, chiites, druzes, palestiniens. Atteint d'un cancer en phase terminale, il demande à Georges, sa seule famille de poursuivre le projet. Georges laisse alors à Paris sa petite famille toute récente et part à Beyrouth en repérage. Tout se passe bien au début et puis la guerre civile va faire son oeuvre, déstabiliser les acteurs de la pièce et Georges lui même qui ne sera jamais plus le même qu'avant.

    Je ne dévoile pas les faces les plus noires de ce récit, Sabra et Chatila, les combats entre Druzes et Chrétiens, les règlements de compte, les trahisons...

    Je n'ai pas beaucoup aimé le personnage de Georges, dès le début du roman, sa fascination pour la violence, Samuel est beaucoup plus raisonnable, lucide et on peut se demander s'il se serait laissé absorber, happer par la guerre civile comme l'est Georges, dans un combat qui n'est pas le sien. Comment choisir son camp?

    On ne peut en tous sas rester indifférent.

  • Venezia (encore)

    On ne se lasse pas. J'ai retrouvé dans ma bibliothèque ce très beau livre de Fernand Braudel (texte) et Folco Quilici (photo) édité en 1986. C'est tout simplement magnifique à regarder et à lire. Et ce qui est remarquable ou étonnant par rapport aux ouvrages de Fernandez ou de Kaufmann cités dans de précédentes chroniques c'est qu'il n'y est quasiment jamais question d'église!

  • La Frontière

    Cette chapelle Oskar II du nom d'un roi de Norvège a été  construite en 1869 à la frontière entre la Norvège et la Russie à Grense Jakobslev tout au nord de la Scandinavie.

    C'est sur la vision de cette chapelle qu'Erika Fatland achève son voyage et le récit qu'elle en fait. Plus de 20000 km le long de la frontière terrestre russe : Corée du nord, Chine, Mongolie, Kazakhstan, Azerbaidjan, Haut-Karabakh, Géorgie, Abkhazie, Ukraine, Répubique populaire de Donetsk, Biélorussie, Lituanie, Pologne, ====lettonie, Estonie, Finlande et Norvège, son pays. Train, bus, cheval, taxi, cargo, Kayak et à pied...

    Un voyage touristique, géographique, historique surtout. Etre voisin de la Russie laisse des traces, des plaies, qui ont du mal à cicatriser. Combien d'individus ont été broyés entre les meules de la Russie et, ici, des chinois, là des allemands. autrefois des mongols...

    L'histoire est tragique pour les Nations mais surtout pour les individus, déplacés, déportés, affamés, exécutés...

    Entre la Norvège et la Corée du Nord il n'y a qu'un seul pays, c'est un peu effrayant, un seul pays, quatre fois plus grand que l'Union europeenne, si grand qu'aucun envahisseur, Napoléon, Hitler n'a réussi à le soumettre mais un pays sans doute menacé à terme avec ses 200 groupes ethniques et nationalités qui aspirent à la liberté et à la prospérité.

    Une promenade par procuration passionnante illustrée par des témoignages poignants.

  • Venezia (suite)

    Par hasard, sans le chercher, je  suis tombé à la librairie Mollat sur le dernier ouvrage de Dominique Fernandez : Le Piéton de Venise. Difficile de résister revenant de Venise à l'achat de ce livre.

    C'est très bien écrit, très précis, presque exhaustif. Fernandez nous mène par thèmes, Lieux, églises, tableaux, palais, campi. Les références aux écrivains qui ont écrit sur Venise sont nombreuses et les jugements affirmés, jusqu'à la méchanceté parfois.

    C'est un livre que l'on peut emporter avec soi en voyage car il peut servir de guide, église par église, Fernandez nous décrit ce qu'il aime.

    Et ce qu'il aime à Venise c'est avant tout la liberté et surtout la liberté sexuelle. A 90 ans, Dominique Fernandez réaffirme haut et fort son attirance pour les jeunes garçons, les corps fermes et musclés, aucune peinture de Saint Sébastien devenu malgré lui une icône gay ne lui échappe, jusqu'à compter les flèches et interpréter leur emplacement sur le corps de celui dont on finit par oublier qu'il est un martyr. Il y célèbre Casanova évidemment.

    C'est le côté peut être réjouissant de cet hymne à la liberté mais aussi pénible par son insistance. Un bel ouvrage malgré tout avec des coins secrets et des anecdotes méconnus à découvrir.

  • Venezia

    Douze jours à Venise pour notre sixième séjour séjour. On ne se lasse pas! Vol EasyJet au départ de Bordeaux, bus jusqu'à Piazzale roma et Vaporetto...

    Cette année, nous avions loué via Airbnb un petit deux pièces dans l'ile de la Giudecca, l'ile qui se situe face au Zattere, la vue y est superbe, le soir au coucher du soleil.

    Nous nous inscrivions ainsi sur les traces du livre de Jean-Paul Kaufmann, Venise à double tour, livre qu'il a consacré à la suite, lui, d'un séjour de plus d'un mois, aux églises de Venise qui sont fermées et qu'il a tenté, le plus souvent sans succès, de faire ouvrir.

    L'ile de la Giudecca présente l'inconvénient de devoir prendre le vaporetto tous les jours ou presque, l'ile fait à peine un peu plus d'un km2 car très étroite. L'avantage est qu'elle est à l'abri des flux touristiques les plus importants, qu'elle est encore habitée de vénitiens ordinaires, les enfants y jouent au ballon sur les places, il y a de petits commerce de quartier, poissonnier, boucherie, marchands de légumes, pâtissiers, boulangers, bars, restaurants, une vraie vie de quartier.

    De cette base nous avons pu marcher tous les jours entre dix et quinze kms dans les différents quartiers évitants les plus courus comme les abords de la Place Saint Marc ou le pont du rialto, sur les traces de Jean-Paul Kaufmann mais aussi de Corto Maltese auteur d'un guide bien documenté édite par Lonely planet. Nous avons aussi eu recours à Venise comme je l'aime, de France Thierard et bien sû au Guide bleu.

    Cette année nous avons également fait une escapade à Trieste, à deux heures de train, sur les traces de Claudio Magris, en particulier au Café San Marco, qui fait l'objet du premier chapitre de son ouvrage intitulé Microcosme. Dépaysement que de se retrouver dans une ambiance viennoise du point de vue de l'architecture.

    Pour la première fois nous avons passé une journée à Burano, Mazzorbo et Torcello, villages au maisons colorés et pour le dernier dépeuplés, 14 habitants. Une journée également au Lido, île tout en longueur, sur les traces disparues du tournage de Mort à Venise, l'Hôtel des bains est en effet fermé depuis quelques années. Une belle journée qui nous a permis de faire une trentaine de km à vélo tout autour de l'ile, du phare de Alberoni à l'aéroport Nicelli, petit aéroport, mais un des plus beaux du monde de par son architecture et sa décoration art nouveau, en passant par le bâtiment du festival de cinéma, la longue digue des Murazzis et l'ancienne villa d'Hugo Pratt.

    Et pour rester dans l'ambiance, lecture de Les disparus de la Lagune, de Dona Leon, une aventure du commissaire Brunetti, qui nous emmène dans une sombre affaire de déchets toxiques du côté de Marghera, les usines que l'on aperçoit sur le continent lorsqu'on emprunte la longue digue qui permet d'accéder à Venise.

  • Amazonia

    L'Amazonie est d'actualité et le dernier roman de Patrick Deville tombe bien. L'auteur a beaucoup voyagé, beaucoup lu. Est-ce un roman ou plutôt un récit? En tout cas c'est foisonnant d'érudition, au point qu'on risque de se perdre parmi tous les personnages évoquées, leurs vies, leurs oeuvres, mais c'est tout de même formidable.

    Histoire, géographie, sciences, politique, révolution, colonisation, écologie, père-fils, tout est là.

    Ce livre done tout simplement envie de tout plaquer de notre quotidien rythmé par notre servitude volontaire et de partir, tout simplement, et de lire...

  • Une odyssée

    Encore un très bon livre que j'ai acheté dans l'excellente librairie d'Auch, Les petits papiers. J'avais bien aimé l'an dernier Un été avec Homère de Sylvain Tesson entendu par bribes sur France Inter puis lu.

    Ici il y a plusieurs livres en un. Le fil du livre et la relation par Daniel Mendelsohn du séminaire qu'il a tenu dans son université en 2011 sur l'Odyssée et auquel son père, Jay, alors âgé de 81 ans, a assisté pendant seize semaines. S'en ait suivi une croisière en Méditerrannée sur les traces d'Ulysse à bord du Corinthian II.

    Il y a donc une analyse de l'Odyssée à travers les questions livre par livre posées par l'auteur à ses étudiants et les échanges subséquents. l'analyse est à la fois sémiotique, littéraire, philosophique, historique. Les échanges du père de Daniel Mendelsohn avec les étudiants. Les souvenirs que cet exercice suscite chez Daniel Mendelsohn de sa relation avec son père et plus généralement sa famille depuis son enfance. Le révélation des secrets de famille, le percement des armures se fait jour tout comme dans l'Odyssée entre Ulysse, Télémaque et Pénélope.

    C'est formidable et l'attachement du fils au père est émouvant même si tout au long du livre, ils ne partagent pas la même vision d'Ulysse qui pour Jay, n'est pas un héros : il pleure tout le temps, il vient sans ces hommes, il a toujours besoin d'être aidé des dieux...

    Cela a aussi été l'occasion pour moi de découvrir le poème de Tennyson  "Ulysse" qui imagine Ulysse bien des années plus tard sur son ile : Pénélope a vieilli, Telemaque fait le job mais sans briller, son peuple reste inculte...il s'ennuie... je vous en livre la troisième et dernière strophe : 

    Le port est là ; le vaisseau enfle sa voile :
    La houle immense luit obscurément. Mes matelots,
    Vous qui avez peiné, œuvré et pensé avec moi,
    Qui toujours avez accueilli d’un mot plaisant
    Le tonnerre et le soleil, et leur avez opposé
    Des cœurs libres et des fronts libres – vous et moi sommes vieux ;
    La vieillesse a encore son honneur et son labeur ; 
    La mort est la fin de tout ; mais quelque chose auparavant,
    Quelque œuvre de renom peut encore être accomplie
    Qui ne soit pas indigne d’hommes qui luttèrent avec des Dieux.
    Les feux commencent à scintiller sur les rochers :
    Le long jour pâlit ; la lune lente monte ; l’océan
    Gémit à l’entour de ses mille voix. Allons, amis,
    Il n’est pas trop tard pour chercher un monde plus nouveau.
    Mettez à la mer et, assis en bon ordre, frappez
    Les sillons sonores ; car j’ai toujours le propos
    De voguer au-delà du couchant, où baignent
    Toutes les étoiles de l’Occident, jusqu’à ce que je meure.
    Peut-être nous sombrerons dans les gouffres marins,
    Peut-être nous atterrirons aux Iles Fortunées,
    Et verrons le grand Achille que nous connûmes.
    Quoique beaucoup nous ait été retiré, beaucoup nous reste ; et quoique,
    Nous ne soyons plus cette force qui jadis
    Remuait la terre et les cieux, nous sommes ce que nous sommes :
    Des cœurs héroïques et d’une même trempe,
    Affaiblis par le temps et le sort, mais forts par la volonté
    De lutter, de chercher, de trouver et de ne pas plier

  • L'étoile au soleil de Minuit

    Anne Smith est une POM, d'origine anglaise, une Peintre Officiel de la Marine. Les POM appartiennent à la marine nationale, ils sont sélectionnés par elle et leur seule mission est de peindre, des ports, des bateaux, les côtes, partout dans le monde. Ils ne sont pas rémunérés mais ils peuvent vendre leurs oeuvres.

    L'an dernier, la petite commune de Plieux dans le Gers avait organisé une exposition dans le Gers et Anne Smith y avait participé. Elle avait peint notamment le célèbre café de Lectoure.

    Et cette année, début juillet elle était à la librairie de Lectoure "Le cochon bleu" pour dédicacer son récit des trois mois passés sur la goélette de la marine nationale l'Etoile entre Brest et l'Islande.

    C'est une sacrée femme, volontaire. Bien sûr elle a déjà embarqué sur de nombreux bateaux, du charles de Gaulle à un Sous-marin en passant par des frégates mais c'est la premièreière fois qu'elle embarquait pour un aussi long séjour, sur un navire école à voile, comme simple membre d'équipage.

    Et elle n'a pas été déçue prenant quotidiennement son quart tous les matins à 4 heures, par tous les temps, le plus souvent mauvais. Elle en tire un récit bien charpenté, mêlant, humour, anecdotes savoureuses ou effrayantes sur la cohabitation à bord, philosophie de la vie, rencontres, paysages...

    LE tout est illustré de peintures , des aquarelles le plus souvent.

    Vous passerez un très bon moment en compagnie d'Anne Smith. Et vous aurez envie de naviguer!

  • Roads to Santiago

    Pour le retour de Santiago à Bordeaux, j'ai choisi le train plutôt que l'avion. Les suédois appellent cela Flygskam, délaisser l'avion pour un autre transport, ou "la honte de l'avion". Pour Hendaye, le train part de Santiago à 10:14 et arrive à Hendaye (Hendaia) à 21:20. Le train est composé d'une locomotive et de deux ou trois wagons selon les segments du parcours. Il y a des sections  à voie unique, ce qui oblige le train à attendre...

    La perspective de si longues heures m'a incité à aller acheter un magazine et, surprise, je suis tombé sur ce livre de Cees Noteboom, écrit en 1992, écrivain des Pays-Bas, magnifique, né en 1933, et qui a fait de l'Espagne sa seconde patrie.

    Le livre est une sorte de livre de voyage qui évoque, les paysages, l'histoire, les religions, les guerres civiles, la littérature, les relations entre les bas pays (Hollande) et l'Espagne, les grandes découvertes, la décolonisation, le déclin des Habsburg, l'inquisition, Navarre, Aragon, Castille, Maures, Galice, finistère, Goya, Cervantes, Velasquez, Colomb, l'Espagne, tant l'Espagne...

    L'Espagne apparait sous un autre jour, désemparée après son siècle d'or, un mélange toujours d'actualité de wisigoths, de francs, d'arabes, de juifs... Une mosaïque de peuples incomparable qui a su vivre ensemble il y a plusieurs siècles mais qui le plus souvent bataillent pour l'indépendance de chacun de ses membres, un pays qui ne trouve pas sa place en Europe, laquelle apparait pourtant aujourd'hui plus que jamais son avenir.

    C'est aussi une méditation sur le sens de la vie, sur la culture, notre place dans l'histoire de longue durée : visiter des églises du X Siècle dans des villages oubliés, c'est être face à notre passé, pas si lointain.

    Arriver à Santiago est toujours émouvant, sur cette place, arrivent à toute heure qui à pied, qui à vélo, des hommes, des femmes, qui ont marché, roulé des jours, parfois des mois, sur les traces de ceux qui ont ouvert le chemin, au moyen-âge, ce n'est plus le même sens pour la plupart, mais dès que l'on marche, on devient un autre, peut être encore davantage aujourd'hui qu'hier.Cees2.jpg

    Un livre magnifique , édité en Français sous le titre "Désirs d'Espagne : mes détours vers Santiago".