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Livre - Page 5

  • La petite lumière

    Traduit de l'italien. Dès la première phrase, prémonitoire, tout est dit : "Je suis venu ici pour disparaitre, dans ce hameau isolé et désert dont je suis le seul habitant."

    Dès lors le narrateur va nous plonger dans un univers onirique, où il est beaucoup question de feuillage, d'arbres, d'hirondelles, de chauve-souris et même d'extra-terrestres.

    Et le sois, de sa maison, il apercçoit sur l'autre versant de la vallée une petite lumière qui brille toute la nuit plus ou moins intensément. 

    notre héros va partir à la recherche de cette lumière et découvrir un petit garçon, en culotte courte, qui vit seul, va à l'école du soir...très bien élevé, bien organisé ...

    Très énigmatique.

    On se laisse porter par cette histoire délicate, très bien menée, très attachante, luxuriante, angoissante aussi.

     

  • Les pierres sauvages

    Les pierres sauvages est le titre de l'ouvrage écrit par Fernand Pouillon (1912-1986) lorsqu'il était en prison, accusé de malversations financières de ses partenaires dans l'exercice de son métier d'urbaniste et architecte, il sera amnistié par Pompidou un peu plus tard et recevra la légion d'honneur de Mitterand. Quoi qu'il en soit il a été un grand architecte, précurseur du développement durable, il préférait la pierre au béton.

    Avec Les pierres sauvages, qui est sans doute un auto portrait, Fernand Pouillon relate sous la forme du journal imaginaire du moine Guillaume Batz, les péripéties de la maitrise d'oeuvre de la construction de l'Abbaye du Thoronet dans le Var, une des trois merveilles de l'art cistercien en Provence avec Sénanque et Silvacane.

    C'est merveilleux! Quoi de plus beau que ce construire une abbaye au XII siècle. Il faut tout faire : extraire les pierres, les tailler, les affecter en fonction de leur qualité à tel ou tel usage, construire les outils, acheminer les autres matériaux, les vivres, diriger la communauté des moines et des convers, faire les plans, convaincre l'Abbé de l'Abbaye de Florielle, l'abbaye mère, de ses choix, arbitrer les conflits entre les personnes, faire face aux accidents du travail, parfois mortels, à sa propre santé, ne pas se décourager.

    Un livre magnifique qui ne laisse rien paraitre des convictions religieuses ou philosophiques de Fernand Pouillon.

     

  • Lettre à D.

    Les anciens comme moi se souviennent avoir lu Michel Bosquet Journaliste au Nouvel Observateur, pseudonyme d'André Gorz, un esprit toujours aiguisé, précurseur sur l'analyse de la société, du travail, sur la technique, sur l'écologie. Je n'ai jamais lu le philosophe André Gorz, disciple à ses débuts de Marx et de Sartre et qui introduira à la fin de sa vie des cohortes de lecteurs à la philosophie d'Ivan Illich.

    Sa lettre à sa femme Dorine ou Doreen est un petit texte publié un avant leur suicide conjoint en 2007, petit texte mais chef d'oeuvre, une grande lettre d'amour dans laquelle il s'interroge sur le fait que sa femme ait été aussi peu présente dans ses écrits malgré 58 ans de vie commune. Et pourtant Doreen l'a porté tout au long de sa vie tant il était peu sûr de lui, inquiet, pessimiste...

    Avec cette lettre il lui redit son amour comme axu premiers jours lorsqu'il décida sans en être certain qu'il valait le coup de vivre avec elle en s'engageant pour toujours puisqu'elle ne concevait pas qu'il puisse en être autrement! Elle avait raison.

  • La plus secrète mémoire des hommes

    C'est le prix Goncourt! Mais j'avais décidé de le lire dès que j'ai vu et écouté Mohamed Mbougar Sarr dans l'émission La Grande Librairie. Et ce soir là je l'ai trouvé éblouissant et son livre ne déçoit pas.

    L'histoire est assez simple : un jeune écrivain en devenir sénégalais, Diegane Faye, part à la recherche d'une de ces prédécesseur, Elimane,  qui en 1938 a publié en France un livre unique, introuvable aujourd'hui, Le Labyrinthe de l'Inhumain. La critique de l'époque est allée jusqu'à  le qualifier de Rimbaud africain. Mais si le livre est introuvable, son auteur l'est aussi, il a disparu sans laisser d'adresse, est-il mort, exilé, retourné dans l'anonymat en Afrique?

    Diégane part à sa recherche, une recherche qui va le mener à Paris bien entendu, mais aussi à Amsterdam, en Amérique latine.

    On voyage donc, de témoin en témoin qui racontent ce qu'ils savent, ce qu'ils ont appris, ils racontent aussi la shoah, le colonialisme, la culture sénégalaise, la magie, la difficulté d'écrire, l'amour, le désir, la drogue, le recours au plagiat. 

    Parfois on s'y perd un peu, l'écriture est très maitrisée, il faut parfois chercher les mots dans le dictionnaire.

    Tout écrivain est finalement en quête d'immortalité mais  à la fin "faut il écrire ou ne pas écrire?"

  • Joseph en Egypte

    Ce tableau de Guido Reni (1575 - 1642) pour illustrer les deux ouvrages de Thomas Mann qui font suite aux Histoires de Jacob :  Le jeune Joseph et Joseph en Egypte. Ou comment le jeune Joseph, jalousé pour sa beauté et son intelligence par ses frères est jeté par eux au fond d'un puit, recueilli par des caravaniers qui font du commerce avec l'Égypte, vendu à l'Eunuque du Pharaon, Potiphar. Dans cet environnement a priori hostile pour un étranger, Joseph parvient à gravir tous les échelons du pouvoir au point de devenir l'intendant de Potiphar et de susciter l'envie irrésistible de sa femme, folle de désir amoureux, désir auquel il parviendra à résister, ce qui ne l'empêchera pas d'être accusé de viol et d'être de nouveau jeté en prison.

    Thomas Mann est vraiment un romancier remarquable, il parvient à créer un univers fascinant décrire, tous les sentiments humains, l'amitié, l'amour, le respect, l'envie, la jalousie. De très belles pages en attendant l'épilogue que sera Joseph, le nourricier.

    Ecrit sur une période de 20 ans à partir de 1924, cette tétralogie est tout simplement magnifique, elle montre aussi comment un étranger, un juif en l'espèce, est capable de s'intégrer dans la société égyptienne, la plus développée de l'époque, tout comparaison avec l'Allemagne des années trente n'étant pas tout à fait fortuite.

  • L'infini dans un roseau

    Irène Vallejo a 42 ans, elle est espagnole, elle a étudié la philologie classique, est diplômée des universités de Saragosse et de Florence et, avec L'infini dans un roseau, elle a écrit un chef d'oeuvre d'érudition sur l'histoire du livre et de la lecture. Ce pourrait être ennuyeux, truffé de notes de bas de page, bref scientifique mais au contraire cela se lit comme un récit, un conte et le lecteur va d'émerveillements en émerveillements. 

    Il est long le chemin qui mène des premières tablettes d'argile aux livre électronique d'aujourd'hui, en passant par le papyrus, le parchemin, les rouleaux, les incunables. Avant les inscriptions sur la pierre, comme encore aujourd'hui sur les tombes, les arbres, pour les amoureux, les histoires étaient transmises oralement, l'écriture, le livre, ont permis de les fixer, mais combien d'histoires perdues, transformées au fil du temps.

    Le livre a t'il encore un avenir? Très certainement, il a survécu à toutes les révolutions technologiques, à toutes les tentatives d'autodafés, 

    Le livre a permis de doper l'espérance de vie des idées, des histoires, il n'est pas prêt de s'éteindre.

  • La panthère des neiges

    Deux ans que j'attendais sortie en poche! et aucune déception. Le livre est magnifique : éloge de la patience, de l'affût, de la vie, des bêtes. Sylvain Tesson nous remet à notre place au sein de la biodiversité. L'homme aura été depuis le néolithique, le plus fort au point d'éliminer progressivement tous les êtres vivants, au point qu'un jour il se supprimera lui-même. En attendant on peut encore vivre de belles aventures et sans aller dans le Tibet profond à 5000 m d'altitude par moins 25 degrés prendre le temps de se poser, de regarder autour de soi d'attendre et voir ce qui se passe et un jour, un moment, le merveilleux se produit.

  • Metz - Nancy - Mirecourt - Vittel

    A l'occasion d'une visite à des cousines issues de germaines que nous avions perdues de vues depuis des décennies, dans les Vosges, nous avons fait un excursion charmante à Nancy-Metz et Vittel.

    A Nancy, beaucoup de marche à pied pour explorer bien sur la place Stanislas, qui est effectivement comme sa réputation, magnifique, la place de la Carrière, l'Intendance mais aussi le deuxième jour, les quartiers art nouveau. Nancy est magnifique, de très beaux immeubles, de très belles villas, la ville est assez propre, il n'y a pas comme à Bordeaux de conteneurs qui encombrent toute la journée les trottoirs mais on sent une ville marquée par la crise, pas mal de commerces fermés et pas mal de mendicité au coin de la rue. Bien sûr on a dégusté les fameux macarons. La place de la gare récente n'est pas du tout dans la tendance actuelle, minérale, sans végétation, en plein soleil ce doit être insupportable. Heureusement, il y a l'Excelsior, une brasserie belle époque, juste à côté.

    Nous sommes allés à Metz en TER. Un dimanche. Tout le quartier de la gare a été construit par les allemands au début du XX siècle pendant l'annexion. La gare est très impressionnante, par ses dimensions, ses décorations qui évoquent les conquêtes de l'empire allemand, sa pierre de grès gris qui s'oppose à la couleur jaune du grès de La poste sa voisine. Cette gare était d'abord un outil de défense avancée pour acheminer les troupes allemandes en cas de tentative d'invasion française. 

    Trajet à pied pour admirer la cathédrale et les vitraux de Chagall. il y a de beaux reste d'une ville moyenâgeuse, une demi-place à Arcades. Des plaques commémorrent la libération de la ville en 1918 (Foch) puis en 1945 (Patton), la guerre reste omniprésente même si les passants n'y prêtent guerre attention. Chagall justement fait l'objet d'une belle exposition au Centre Pompidou. Le centre lui-même est assez élégant, sa toiture réussie sauf la flèche, ratée de mon point de vue. Là aussi la ville est très propre, et contrairement à d'autres villes le quartier de la gare n'est pas mal famé par des boutiques pornos et des marginaux.

    A Vittel, nous sommes tombés une semaine sans curistes, mais nous avons pu apprécier le confort d'un petit appartement aménagé dans l'ancien hôtel Continental et puis nous avons pu déambuler dans la Grande galerie du Parc Thermal qui n'a plus le prestige des année trente mais il était facile de l'imaginer parcourue par mon grand-père paternel qui y venait chaque année pour sa cure et ses affaires de relieur d'art.

    Au retour, visite du musée de la Lutherie de Mirecourt, l'occasion de se remémorer le roman de la japonaise Akira Mizuyabashi, Âme brisée, qui raconte une belle histoire qui associe la seconde guerre mondiale au Japon et la petite ville de Mirecourt patrie de Nicolas François Vuillaume.

     

  • Un été avec Rimbaud

    " Je vais acheter un cheval et m'en aller." Rimbaud est toujours en mouvement. Dans les Ardennes, à Paris, à Bruxelles, à Londres, avec Verlaine, à Harare, trafiquant d'armes. Sylvain Tesson décrit bien ces fulgurances, il est un peu atteint lui-même de la même pathologie, bouger, fuir le monde. Rimbaud lui le réinvente avec des mots, des fulgurances, des images et comme le souligne Tesson, au contraire de tous les exégètes qui tentent de les expliquer, il ne faut pas chercher à comprendre, simplement se laisser éblouir par cette magie du verbe, se laisser emporter. Rimbaud a brulé sa vie, il est allé trop vite, trop loin, le 4 octobre 1891, à 37 ans,  il écrit à sa soeur " J'irai sous la terre et toi tu marcheras dans le soleil". Il était trop tard pour le regretter.

  • Odes

    J'ai découvert David Van Reybrouck à l'occasion de la lecture de Congo paru en 2012, prix médicis étranger. J'avais forgé l'image d'un historien méticuleux tant son ouvrage était précis, assis sur des documents historiques,  mais aussi des enquêtes de terrain sur l'ensemble du territoire de la RDC pour en faire ressortir l'histoire tragique de ce pays continent depuis sa colonisation par Léopold, roi des belges à la fin du XIX siècle.

    J'ai redécouvert David Van Reybrouck à La Grande Librairie ou il présentait son ouvrage Odes, un recueil de chroniques écrites entre 2015 et 2018, le plus souvent lors de déplacements,  et publiées en flamand ou plutôt en néerlandais sur la plateforme journalistique De Correspondant. et j'ai lu ces odes à raison d'une chaque soir au coucher. Il y en a un peu plus de cinquante ce qui m'a permis de côtoyer David Van Reybrouck pendant près de deux mois.

    En fait c'est un écrivain, et un homme de théâtre, très éclectique, épris de la liberté la plus totale, engagé, ouvert à toutes les expériences de vie. Ses chroniques abordent tous les sujets contemporains, le première est une ode à l'ex, la dernière une ode à la vie mais sont abordés aussi la littérature, la musique, le suicide, la danse, l'autostop, le portable, la tapisserie de Bayeux, la vieillesse...

     C'est décapant et résistant à l'époque. Toutes sont introduites par un dessin, parfois par la reproduction d'une oeuvre et quand il s'agit de musique ou de danse on peut se reporter à son iPhone pour illustrer le propos.

    Un mot encore, David Van Reybrouck est  un partisan du recours au tirage au sort pour revivifier la démocratie, il s'en est expliqué dans son ouvrage Contre les élections paru en 1994. Je suis assez réservé la-dessus.