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Livre - Page 2

  • La carte postale

    Beau roman d'Anne Berest qui à partir d'une carte postale reçue il y a trente ans mais laissée de côté car incompréhensible, car sans signature. Cette carte postale ne comprenant que quatre prénoms ceux de ces arrières-grands parents et des ses grand-oncle et grande-tante : Ephraim, Emma, Noémie et Jacques. Juifs, morts en déportation.

    Mais qui avait bien pu la poster, cette carte, et pour quoi à cette date? de la poste de la rue du Louvre, ouverte à l'époque 24/24, mais un jour de tempête de neige. 

    Une menace?

    Anne Berest mène l'enquête avec brio. Et nous recommande de ne pas nous lasser d'interroger nos parents, nos grands- parents nos amis sur le passé, qui passe et risque d'être oublié.

  • Au commencement était...

    Livre très stimulant! Les deux David cherchent au fil de ces quelques 660 pages à nous convaincre que l'évolution classique de l'humanité : chasseurs cueilleurs, tribus, chefferie, découverte de l'agriculture, néolithique, propriété privée, commerce, surplus agricole, formation des États, patriarcat, dictatures, affrontements armés...n'était pas inéluctable. Des bifurcations, comme on dit aujourd'hui, étaient possibles et même ont eu lieu dans le passé mais ces épisodes ont été oubliés car contraires à la vulgate dominante.

    David Graeber (1961-2020) et David Wengrow (1972-)- s'appuient sur des recherches fouillées de populations ou de groupes humains méconnus qui ont laissé quelques traces archéologiques découvertes ces derniers décennies et qui seraient sous-exploités. On côtoie beaucoup les Iroquois, les Hurons, des indiens des Etats-Unis avant la "découverte" hispanique ou eurasiatique, mais aussi les Incas, les Aztèques, les Olmèques, les Mayas, le peuples de Teotihuacan, celui de Tlaxcala...

    Certains de ces peuples ayant compris que l'agriculture allait les asservir auraient repoussé ce progrès, n'auraient pratiqué la culture qu'en dilettante afin de préserver leur liberté, d'autres auraient tout fait pour éviter l'apparition de chefs, de seigneurs, de rois... pour préserver leur liberté individuelle, avoir le droit de ne pas recevoir d'ordre, de s'en aller ailleurs sans être poursuivis par leur communauté...

    On aura compris  que nos deux David sont un tantinet anarchistes, féministes...il ne cessent de dénoncer les thèses de Jared Diamond (l'effondrement) ou de Huval Harari (Sapiens). On soupçonne de tant à autre une certaine mauvaise foi dans ces propos qui reviennent régulièrement.

    Par ailleurs l'ouvrage est un peu touffu, on a l'impression de parfois tourner en rond et on n'échappe pas à de multiples redites.

    Mais la lecture est toutefois hautement recommandable car sans mettre à terre notre appréhension de l'évolution humaine elle a le mérite de souligner la diversité des cheminements de Sapiens dans sa recherche d'organisation de la société, des sociétés, un petit peu comme pour l'apparition d'homo sapiens, on a le sentiment d'un buissonnement de solutions qui ont souvent débouché sur des impasses au profit du modèle des États que l'on connait aujourd'hui. Est ce à dire qu'il n'y plus rien à inventer? Qui sait ce que nous réserve demain.

  • Les frères Karamazov

    Vieux projet enfin réalisé! 1400 pages! Un roman d'aventures, d'amour, policier, philosophique, théologique, avec du suspens, jusqu'au bout de la lecture. Une lecture finalement aisée.

    Trois frères très dissemblables, Dimitri fantasque et sans convictions, Ivan athé, Aliocha très pieux... un père insupportable, des personnages féminins un peu caricaturaux, névrosés, inconstants et beaucoup de figures de second rang très attachantes.

    C'est vraiment un roman complet, très bien écrit et agréable à lire.

     

  • REVOLUSI L'INDONÉSIE et la naissance du monde moderne

    J'avais lu en son temps CONGO de David van Reybrouck que j'avais beaucoup apprécié, aussi je n'ai pas hésité à me lancer dans la lecture de cette histoire de l'Indonésie, de l'homme de Java, le premier homo erectus exhumé jusqu'à la conférence de Bandoung en 1955 qui marque l'essor du processus d'émancipation des anciennes colonies dans le monde entier.

    L'Indonésie est le quatrième pays le plus peuplé du monde : 268 millions d'habitants, les plus grand archipel du monde avec 13 à 16000 iles on ne sait pas exactement. Mais qui est capable de citer le nom d'un seul citoyen indonésien, politique, sportif, acteur de cinéma, chanteur???

    David van Reybrouck est belge, flamand, il n'a donc pas d'histoire personnelle avec l'Indonésie au contraire de se voisin néerlandais qui eux ont colonisé cet immense territoire pendant plusieurs siècles. Van Reybrouck compare alors l'Indonésie à un bateau à trois ponts, sur les pont supérieur, les néerlandais et leur famille, les colons, sur les pont intermédiaires les "indos", les métis, les commerçants, la classe moyenne indonésienne, et sur le pont inférieur, l'essentiel de la population, les sans-droits 

    Van Reybrouck nous raconte l'histoire de cette colonisation puis de cette décolonisation, au XX siècle. et on se rend compte qu'après une occupation japonaise d'une cruauté inimaginable, après la seconde guerre mondiale, les néerlandais contre l'avis des américains, des anglais, des chinois bien entendu ont essaye de reconstituer leur colonie qu'ils avaient perdue, comme si de rien n'était, avec les seul appui des françaises et des belges dans les enceintes des Nation-Unies.

    Le livre s'appuie sur une importante bibliographie et sur de nombreux témoignages recueillies par l'auteur dans des maisons de retraite d'anciens militaires néerlandais et indonésiens, d'anciens hommes politiques, d'anciens résistants...

    Un seul regret au terme de cette lecture passionnante, l'absence de récit au delà de 1955 pour nous expliquer comment aux espoirs nés de la décolonisation d'une démocratie vivante s'est rapidement imposé une dictature sanglante , celle    de Soeharto, qui évince en 1965 le président fondateur Soekarno et qui va sévir jusqu'en 1998.

    Composition en noir de Nicolas de Staël exposé au Kunsthaus de Zurich a inspiré à Van Reybrouck le style de ce livre.

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  • L'odyssée des gènes

    je n'ai pas résisté! Lors d'une visite à la fondation Cartier à Paris Bd Raspail pour l'excellente et originale exposition La vallée de Fabrice Hyver, j'ai craqué pour ce petit livre sur les gènes.

    L'objet du livre est de faire le point sur les acquis de l'anthropologie génétique, l'approche est historique, de la séparation d'avec les chimpanzés, il y a 7 millions d'année, aux perspectives à l'horizon 2100, des hommes ou des femmes susceptibles de vivre 140 ans?

    l'ouvrage est truffé d'exemples et démonte nombre d'idées reçues.

    A retenir les conclusions de cette fabuleuse épopée : 

    il nous faut éviter l'épuisement des resources et de la biodiversité.

    Nous sommes une espèce migratrice, depuis les sorties d'Afrique d'homo sapiens, nous avons tous des ancêtres migrants et nus sautons des descendants migrants.

    Les sociétés égalitaires sont aussi les sociétés avec les humains en meilleure santé.

    il nous font fonder notre futur sur la coopération et l'équité tous en préservant l'extraordinaire diversité des formes de sociétés.

    C'est ainsi que nous pourrons vivre nombreux et ensemble dans une planète que nous avons l'obligation absolue de protéger.

  • Le Pingouin

    Le pingouin est une sorte de conte, un peu comique et pourtant dramatique qui décrit l'Ukraine d'avant le révolution de 1994, avec les séquelles de l'occupation soviétique, la bureaucratie, la surveillance des populations, les désespérance des individus. Le narrateur a opté un pingouin que le zoo n'avait plus les moyens d'entretenir, il était à l'époque célibataire, un animal de compagnie comme un autre mais un peu dépressif car loin de ses bases surtout l'été. La narrateur est journaliste à défaut d'être écrivain et il finit pas trouver un bon job en free lance pour un quotidien qui lui demande d'écrire des nécrologies à l'avance de personnes qui à peine leur nécrologie écrite meurent... Un peu inquiétant non? Une de ses connaissances lui confie la garde de sa petite fille, une autre lui procue une jeune femme pour s'en occuper, on a presque une famille normale. Mais les services veillent...

  • Un an dans la forêt

    Petit livre superbement écrit. Blaise Cendrars (1887-1961) mondialement connu mais en panne d'écriture à 51 ans rencontre à l'aube de la seconde guerre mondiale Elisabeth Prévost (1911-1996), aventurière déjà aguerrié à 27 ans riche héritière d'un vaste domaine dans les Ardennes.

    On ne sait pas grand chose de leur relation qui ne dura qu'un an et demi loin de tout dans la forêt mais qui redonna à Cendrars le goût de l'écriture et à Elisabeth Prévost celui de l'aventure.

    Eloge de la tentation du retrait du monde. Qui ne l'a jamais ressentie?

  • Mémoires de Hongrie

    Ce livre trainait dans notre bibliothèque depuis une dizaine d'années. C'est une redécouverte particulièrement opportune en ce moment tragique marqué par l'agression russe en Ukraine.

    Sandor Márai (1900-1989) écrivain, chroniqueur dans les quotidiens de Budapest, a été célèbre avant la seconde guerre mondiale puis a sombré dans l'anonymat avec l'occuption de l'Allemagne nazie puis celle de la Russie et la prise du pouvoir par les communistes. Bien qu'il ait eu l'opportunité de s'exiler en France ou en Italie à la fin de la guerre, il retournera à Budapest par amour de la langue hongroise et ne s'exilera à regret, mais assez facilement qu'en 1948 aux Etats-Unis.

    Mais comment rester dans un pays où il est impossible non seulement de penser librement mais même de se taire!

    Marai, auteur par ailleurs du merveilleux "Les braises" décrit avec précisions les méthodes de l'occupation russe de son pays : Vols, occupation sans titre, viols, exécutions arbitraires...les méthodes ne changent pas d'un siècle à l'autre.

    Puis les affidés du nouveau régime, des gens le plus souvent médiocres et incultes, se mettent à servir les nouveaux maitres avec zèle, détruisent l'économie, les entreprises, bureaucratisent, étouffent l'agriculture, mènent le pays à la ruine.

    et au pire vous envoient en camp de redressement.

    Marai est sorti à temps de son pays, il  a pu poursuivre son oeuvre mais a fini parmettre fin à ses jours en 1989, après la mort de son épouse et de son fils et alors qu'on lui avait rapporté que dans les librairies de Budapest le nom de Marai comme écrivain était inconnu alors qu'il est l'auteur d'une oeuvre prolifique mais qui est restée bannie jusqu'en 1989. Malheureusement il n'a pas connu l'heure de la libération de son pays.

    Est ce que il apprécierait la Hongrie de Victor Orban? C'est une autre affaire.

    Il y a en tout cas de très belles pages sur la littérature hongroise et la langue hongroise, cette langue originaire de l'Oural comme le finnois et l'estonien , que les hongrois ont constamment cherché à enrichir en vocabulaire au fil des temps pour la préserver des conséquences de son isolement.

    Une salutaire mise en garde contre les totalitarismes.

  • Lumière d'août

    Pas facile de lire Faulkner!

    C'est noir, complexe, plusieurs histoires imbriquées...l'ambiance est suffocante, on va d'horreur en  horreur. L'être humain n'a pas grand chose à faire valoir.

    Le roman date de 1935, on est dans le sud profond. Le personnage central s'appelle Christmas. Il est blanc mais en fait il a du sang noir, il trompe son monde et Faulkner va nous montrer comment il devient un assassin, l'assassin d'une femme qui l'a pourtant hébergé. Et comment il finira lynché et castré. Maudit par son père adoptif, blanc. Il n'a pas eu l'enfance facile Christmas, il s'est enduite acoquiné avec un garçon Brown qui s'adonnait au trafic d'alcool et qui a mis enceinte la jeune Lena une oie blanche qui a le tort de croire que son amant finira par l'épouser. Il y a tout de même un bon samaritain Bunch qui essaye d'arranger tout cela sans y parvenir mais il a le mérite d'essayer.

    Pas pour les âmes sensibles!

     

  • Le lac de nulle part

    J'avais beaucoup aimé Indian Creeek. le dernier roman de Pete Fromm m'a lui un peu laissé sur ma faim. Certes on passe beaucoup de temps sur les lacs canadiens en novembre. Trig et Al, deux jumeaux, garçon et fille, enfant d'un professeur de mathématiques embarquent avec leur père, Bill, divorcé, qu'ils n'ont pas vu depuis plus de deux ans pour se retrouver et vivre une dernière aventure. Dory leur mère n'a pas été prévenu de l'escapade et Chad le Ranger n'a qu'un regret ne pas être monté dans le canoë avec Al lorsqu'elle le lui a proposé au départ.

    Novembre n'est pas le mois idéal pour cette randonnée, on évoque bien sûr le brouillard puis les lacs gelés, les portages entre deux lacs, trop sans doute, on tourne un peu en rond, on écoute les huards, on pêche le brochet, on apprend un peu de vocabulaire : Duluth,  canneberge, et peu à peu, Pete Fromm instillé les éléments du récit qui va s'avérer diabolique.

    Difficile de révéler l'intrigue qui évoque les questions de gémellité, de rapport père-fille, de vengeance, de maladie neuro dénégénérative...

    je laisse le suspense entier. C'est à découvrir.