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Livre - Page 3

  • Mémoires de Hongrie

    Ce livre trainait dans notre bibliothèque depuis une dizaine d'années. C'est une redécouverte particulièrement opportune en ce moment tragique marqué par l'agression russe en Ukraine.

    Sandor Márai (1900-1989) écrivain, chroniqueur dans les quotidiens de Budapest, a été célèbre avant la seconde guerre mondiale puis a sombré dans l'anonymat avec l'occuption de l'Allemagne nazie puis celle de la Russie et la prise du pouvoir par les communistes. Bien qu'il ait eu l'opportunité de s'exiler en France ou en Italie à la fin de la guerre, il retournera à Budapest par amour de la langue hongroise et ne s'exilera à regret, mais assez facilement qu'en 1948 aux Etats-Unis.

    Mais comment rester dans un pays où il est impossible non seulement de penser librement mais même de se taire!

    Marai, auteur par ailleurs du merveilleux "Les braises" décrit avec précisions les méthodes de l'occupation russe de son pays : Vols, occupation sans titre, viols, exécutions arbitraires...les méthodes ne changent pas d'un siècle à l'autre.

    Puis les affidés du nouveau régime, des gens le plus souvent médiocres et incultes, se mettent à servir les nouveaux maitres avec zèle, détruisent l'économie, les entreprises, bureaucratisent, étouffent l'agriculture, mènent le pays à la ruine.

    et au pire vous envoient en camp de redressement.

    Marai est sorti à temps de son pays, il  a pu poursuivre son oeuvre mais a fini parmettre fin à ses jours en 1989, après la mort de son épouse et de son fils et alors qu'on lui avait rapporté que dans les librairies de Budapest le nom de Marai comme écrivain était inconnu alors qu'il est l'auteur d'une oeuvre prolifique mais qui est restée bannie jusqu'en 1989. Malheureusement il n'a pas connu l'heure de la libération de son pays.

    Est ce que il apprécierait la Hongrie de Victor Orban? C'est une autre affaire.

    Il y a en tout cas de très belles pages sur la littérature hongroise et la langue hongroise, cette langue originaire de l'Oural comme le finnois et l'estonien , que les hongrois ont constamment cherché à enrichir en vocabulaire au fil des temps pour la préserver des conséquences de son isolement.

    Une salutaire mise en garde contre les totalitarismes.

  • Lumière d'août

    Pas facile de lire Faulkner!

    C'est noir, complexe, plusieurs histoires imbriquées...l'ambiance est suffocante, on va d'horreur en  horreur. L'être humain n'a pas grand chose à faire valoir.

    Le roman date de 1935, on est dans le sud profond. Le personnage central s'appelle Christmas. Il est blanc mais en fait il a du sang noir, il trompe son monde et Faulkner va nous montrer comment il devient un assassin, l'assassin d'une femme qui l'a pourtant hébergé. Et comment il finira lynché et castré. Maudit par son père adoptif, blanc. Il n'a pas eu l'enfance facile Christmas, il s'est enduite acoquiné avec un garçon Brown qui s'adonnait au trafic d'alcool et qui a mis enceinte la jeune Lena une oie blanche qui a le tort de croire que son amant finira par l'épouser. Il y a tout de même un bon samaritain Bunch qui essaye d'arranger tout cela sans y parvenir mais il a le mérite d'essayer.

    Pas pour les âmes sensibles!

     

  • Le lac de nulle part

    J'avais beaucoup aimé Indian Creeek. le dernier roman de Pete Fromm m'a lui un peu laissé sur ma faim. Certes on passe beaucoup de temps sur les lacs canadiens en novembre. Trig et Al, deux jumeaux, garçon et fille, enfant d'un professeur de mathématiques embarquent avec leur père, Bill, divorcé, qu'ils n'ont pas vu depuis plus de deux ans pour se retrouver et vivre une dernière aventure. Dory leur mère n'a pas été prévenu de l'escapade et Chad le Ranger n'a qu'un regret ne pas être monté dans le canoë avec Al lorsqu'elle le lui a proposé au départ.

    Novembre n'est pas le mois idéal pour cette randonnée, on évoque bien sûr le brouillard puis les lacs gelés, les portages entre deux lacs, trop sans doute, on tourne un peu en rond, on écoute les huards, on pêche le brochet, on apprend un peu de vocabulaire : Duluth,  canneberge, et peu à peu, Pete Fromm instillé les éléments du récit qui va s'avérer diabolique.

    Difficile de révéler l'intrigue qui évoque les questions de gémellité, de rapport père-fille, de vengeance, de maladie neuro dénégénérative...

    je laisse le suspense entier. C'est à découvrir.

  • Héros et tombes

    L’oiseau se satisfait de quelques graines, de vers de terre, d’un arbre où nicher et de grands espaces pour voler ; sa vie se déroule de sa naissance à sa mort au rythme d’une aventure qui ne sera jamais déchirée par le désespoir métaphysique ni par la folie. L’homme, en se levant sur ses deux pattes de derrière et en transformant de ses mains la première pierre effilée en hache, a jeté les bases de sa grandeur et l’origine de son angoisse. Avec ses mains et les instruments fabriqués par ses mains, il a érigé un édifice puissant et étrange qui a pour nom culture et qui a marqué le début de son grand déchirement. Il a cessé à jamais d’être un simple animal mais ne sera jamais le dieu que son esprit lui suggère. L’homme est un être duel et malheureux, qui se déplace et vit entre la terre des animaux et le ciel de ses dieux, qui a perdu le paradis terrestre de l’innocence, sans avoir pour autant gagné le paradis céleste de la rédemption.

    Cette citation résume sans doute assez bien le propos d'Ernesto Sabato (1911-2011), dès 1961, sans doute le seul romancier contemporain capable de maitriser à la fois les dédales de la mécanique quantique et ceux du surréalisme.

    Ce roman met en scène une jeune femme énigmatique, Alejandra qui tente d'échapper au destin tragique de son héritage familial, sans y parvenir, un jeune homme, Martin, à peine sorti de l'adolescence, qui éprouve une passion de tous les instants pour Alejanda mais celle-ci le repousse à intervalles réguliers sans explications, pour se protéger..

    Et il y a  la ville de Buenos-Aires, tentaculaire, qu'on aimerait connaitre pour mieux en apprécier le climat littéraire qu'en donne Sabato.  Mais cette ignorance ajoute un peu plus au mystère ou à la magie de ce roman, très, très bien écrit, philosophique, historique, fataliste et qu'il me faudra sans doute relire pour l'apprécier encore davantage.

  • Vider les lieux

    Dans ce livre, Olivier Rolin évoque son déménagement de le rue de l'Odéon d'un petit appartement d'un immeuble où a vécu Thomas Paine dans ce que Adrienne Monnier appelait le quartier des lettres. Olivier Rolin y a vécu 37 ans soit la moitié de sa vie : un bail. Il le quitte parce qu'il est congédié  : la loi du marché immobilier. Déménager signifie faire des paquets, faire du tri, revoir sa vie défiler. Le moindre objet évoque des souvenirs, des voyages, des rencontres.

    Et puis il y a les lettres, environ 2 à 3000 et surtout les livres, environ 7000.

    Et là Olivier Rolin nous régale en évoquant ses lectures. C'est formidable et cela donne des idées de lecture bien éloignées de ce que nous propose les rentrées littéraires, les prix...

    J'ai retenu Héros et Tombes d'Ernesto Sabato dont je viens de commencer la lecture et je retournerai consulter au hasard des pages Vider les lieux pour trouver d'autres idées de lecture tant ce livre est fascinant.

  • La Gloire de l'Empire

    Tour de force. Canular littéraire. Jean d'Ormesson juste après mai 68 rédige ce roman  d'une écriture très classique, un roman d'histoire, un roman d'aventures, un roman d'amours, de passions, un roman philosophique, et ce au moment où les intellectuels s'attachent justement à déconstruire, le roman, le style, l'histoire, les moeurs, les religions.

    D'ormesson invente ici un empire qui n'a jamais existé, un "saint empire méditerranéen et asiatique" qui s'étend de siècles en siècles du Portugal à la Corée. A cette occasion, il pastiche les plus grands auteurs à grand renforts de citations , mêle les épisodes réellement historiques à ceux nés de son imagination débordante. et l'œuvre a une cohérence étonnante, on ne lâche jamais l'affaire, on s'identifie aux personnages, à leurs angoisses, leurs peines, leurs joies, leurs hésitations. 

    Agir ou bien se mettre en retrait? Conquérir, tuer, torturer, exécuter, prier, pardonner, Que faire, quand,...? 

    A quoi bon tout cela finalement?

    Pour in fine faire le choix de l'ascèse et du renoncement.

    Un très très grand roman, un chef d'oeuvre de la littérature.

  • Les métamorphoses

    Belle lecture, un peu ardue. Ovide nous propose tout simplement une histoire du monde depuis sa création jusqu'à l'avènement d'Auguste. Ovide (43 av JC - 17 ou 18 après JC) a écrit une oeuvre monumentale qui a traversé le temps et inspiré les peintres, les sculpteurs, les poêtes, les dramaturges, de toutes les époques.

    On y croise tous les dieux de la mythologie,  tous les héros, quelques mortels, familiers et méconnus, qui affrontent des aventures et des situations inouïes, toujours soumis à la volonté des dieux qui les changent en pierre, en porc, en arbre, en ruisseau, en oiseau... On s'y perd! il y aurait 138 personnages!

    A ne pas manquer  dans le livre 15 la leçon de philosophie de Pythagore d'une actualité étonnante en cette époque de changement climatique.

  • La Stupeur

    C'est le dernier ouvrage d'Aharon Applefeld, né en 1932 à Czernowitz en Bucovine, soit aujourd'hui en Ukraine et décédé en 2018 en Israël, il est enterré à Jérusalem dans le carré des "êtres précieux". Ecrit en hébreu, il est traduit par Valérie Zenatti.

    Irena, jeune paysanne mariée depuis quelques années à Anton, sans enfants, découvre un matin que ses voisins, le mari, sa femme et leurs deux filles, juifs, qui tiennent un petit commerce sont alignés devant chez eux sous la garde d'un gendarme qui se réclame de l'ordre d'allemands. La situation se dégrade au fil des heures, ils doivent se mettre à genoux, puis creuser une fosse et seront exécutés dans la nuit sans qu'Irèna ait le courage de leur venir en aide.

    Irena qui est régulièrement battue et violée par son mari avec l'appui de ses parents, finit par fuir le domicile conjugal. Commence alors sa mission. Elle clame à tous ceux qu'elle rencontre, paysannes, prostituées, dans les auberges, que Jésus était juif, et que lever la main sur ses descendants est criminel. Elle n'est pas crue.

    Irena ira au bout de son exaltation.

    James Joyce a écrit que "l'Histoire est un cauchemar dont je cherche à m'éveiller". C'est aujourd'hui d'une actualité renouvelée car la stupeur nous saute au visage chaque jour, avec cette acharnement archaïque de l'homme à détruire et le besoin de quelques uns de réparer.

     

     

     

  • La Divine Comédie

    Lecture en cent jours, le matin au réveil dans mon lit. l'oeuvre comprend en effet trois cantiques : l'enfer, le purgatoire et le paradis et chacun d'eux est composé de 33 chants sauf l'enfer 34.

    Il y a longtemps que je me disais qu'il fallait lire ce chef d'oeuvre de la littérature, ce texte fondateur de la langue italienne. Ne lisant pas l'italien j'ai après beaucoup d'hésitations choisi la traduction de Jacqueline Risset.

    La lecture n'en est pas facile pour autant. Il y a en effet beaucoup de notes qui renvoient à la fin de l'ouvrage et qui sont indispensables pour situer les nombreux personnages cités que j'avoue ne pas connaitre qu'il s'agisse de contemporains de Dante et donc de Gibelins ou de Guelfes ou de personnages mythologiques, d'Ovide en particulier.

    On sait que Dante parcourt les différents cercles de l'Enfer puis du Purgatoire et enfin du Paradis. Il est d'abord accompagné par Virgile, puis par la fameuse Béatrice son ancienne bien aimée disparue prématurément et enfin dans les dernières étapes du Paradis par Saint Bernard de Clairvaux.

    La terre est au centre de l'univers, Lucifer est au centre de la terre sous la ville de Jerusalem et Dante le rencontre à la fin de son voyage en enfer après avoir rencontré toutes les pêcheurs maudits pour l'éternité de châtiments de plus en plus cruels. Il y a de nombreuses considérations astronomiques forcément un peu datées.

    Le Paurgatoire,est lui situé sur une montagne que l'on gravit au fur et à mesure que l'on expie ses pêchés (orgueil, envie, colère, paresse, avarice, gourmandise, luxure). Au Paradis, Béatrice ayant pris le relai de Virgile, on croise des saints, chaque ciel correspond à une planète : lune, Mercure, Venus... puis, les anges, les archanges, les apôtres, Jean-Baptiste, Pierre, la vierge Marie, avant, dans une lumière indescriptible de rencontrer Dieu...

     

  • Guerre

    Bien entendu je n'ai pas résisté. Un Céline inédit. J'ai lu il y a bien longtemps Le Voyage, Mort à crédit, D'un château l'autre, je ne pouvais pas ne pas lire cet inédit.

    En plus l'action se déroule à Hazebrouck le berceau de ma famille paternelle, via mon arrière grand-père, fermier flamand qui y a vécu et mon grand-père qui y est né, et ce n'est pas sans nostalgie que j'en parcours les rues quand l'occasion se présente. 

    Le roman est pour partie autobiographique. Au départ Ferdinand blessé au front à la tête et au bras parvient en marchant tant bien que mal à rejoindre des camarades qui le rapatrient à l'arrière vers Dunkerque mais le débarque à Hazebrouck au vu de l'aggravation de son état.

    Il est soigné et Céline nous décrit l'ambiance de cees chambrées à l'hôpital saint Jacques, les estropiés gémissant, l'agonie, les soeurs infirmièrespatients qui soulagent l'appétit sexuel des , les médecins qui amputent à tour de bras, les services de renseignement qui traquent les traitres... et les exécutent quand ils en trouvent, il y a là un souteneur, Cascade et sa femme, prostituée, Angèle, qui fait de l'argent avec les bataillons anglais ou écossais.

    Céline dénonce à coeur joie, vocabulaire argotique, de caserne, pornographie, les femmes en prennent pour leur grade, les militaires aussi, toute l'humanité, personne n'en réchappe. La guerre c'est vraiment moche!

    Ce n'est sans doute  pas du grand Céline, le style est là, il y a des perles, c'est peut être un brouillon que Céline aurait revu, corrigé s'il ne lui avait pas été volé mais c'eut été dommage tout de même de ne pas le publier