Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livre - Page 8

  • Crime et châtiment

    Voilà qui est fait. Depuis le temps que je me disais qu'il fallait lire Crime et châtiment de Fedor MikhaÏlovitch Dostoïevski (1821-1881). Mort à soixante ans donc, encore jeune.

    Le deuxième confinement, je n'ose pas écrire le second, m'aura convaincu de passer à l'acte. j'ai donc passé presque tout le mois de novembre à Saint-Petersbourg, près de la place Sennaia, la place aux foins, avec un jeune étudiant, noble, miséreux, ayant abandonné ses études, mais brillant, un assassin, Rodion Romanovitch Raskolnikov (qui signifie schisme, coupure, l'intéressé s'est coupé du monde).

    Le crime de Raskolnikov consiste à tuer une vieille usurière à coups de hache, et sa soeur, malheureusement témoin du meurtre, à la voler puis à cacher le butin.

    Ce n'est qu'à la toute fin du roman à la page 651 que Raskolnikov avouera son crime à la police, sans que celle-ci ait réuni quelques preuve que ce soient et lors qu'elle s'apprête à renoncer à le soupçonner parce que un autre individu, Nicolas, s'est accusé pour d'obscures raisons du crime.

    C'est donc un roman éminemment psychologique qui nous ait offert. Raskolonikov n'est pas tout à fait convaincu lui-même d'avoir commis un crime. Il souligne souvent que d'autre personnage éminents, Napoléon ont des morts sur la conscience bien plus importants mais qu'ils sont néanmoins portés au pinacle parce que ces crimes était la condition de la réalisation d'interêt supérieur. Qu'est qu'une vieille usurière finalement. En quoi est -elle utile à la société?

    Mais à la différence des êtres supérieurs qu'il admire, Raskolnikov se rend compte qu'il n'en est pas un. Son crime le dévore, il ne l'assume pas finalement et a peur d'être démasqué, par sa famille, ses amis, la police. C'est une grande déception, il est comme tout le monde. Et il manque de courage. Il est tenté par le suicide. C'est Sonia, une petite prostitué, qui va le sauver.

    Crime et châtiment est aussi un portait passionnant de la Russie au temps d'Alexandre II, une Russie qui vient d'abolir le servage qui s'ouvre aux idées nouvelles : psychologie, sociologie alors que son prédécesseur Nicolas 1er pendant trente ans avait régné pour faire prévaloir l'autocratie, l'orthodoxie et l'a russie éternelle.

    C'est aussi un roman qui montre les ravages de la prostitution, de l'alcoolisme, de la pauvreté, de la faim.

    On peut le lire comme une fable sociale ou comme un roman policier.

    Et il faut se souvenir en le lisant qu'en 1849 Dostoïevsky fut condamné à mort pour délit d'opinion, attaché au poteau d'exécution avec ses camarades, puis gracié et condamné au bagne pour dix ans. Il écrira à la suite de ce séjour, Le souvenir de la maison des morts qui aura un retentissement un peu analogue à celui du Goulag de Soljenitsyne.

  • Fantaisies quantiques

    Sur la photo de couverture de cet ouvrage prise en 1911, on voit les meilleurs savants de l’époque réunis par Ernest Solvay pour un congrès de Physique à Bruxelles. On peut reconnaître Albert Einstein, Max Planck, Hendrik Lorentz, Jean Perrin, Ernest Rutherford, Paul Langevin, Arnold Sommerfeld, Henri Poincaré et, seule femme, Marie Curie. dix prix Nobel et deux de plus pour Marie Curie en physique en 1903 et en chimie en 1911.

    Ernest Solvay, inventeur d’un procédé industriel de fabrication de la soude et curieux des sciences physiques et en particulier de comprendre la matière avait eu l’idée de la réunion de ce conseil de physique. Des conseils qui allaient se réunir tout au long du XX siècle à intervalle régulier et scander les progrès de physique quantique, de la connaissance de l’atome à la théorie du big bang.

    Ne sont pas sur la photo mais ont pris le relais de leur maître Erwin Shrödinger, Paul Dirac, Wolfgang Pauli, Niels Bohr, Richard Feynman, Satyendra Nath Bose,  Bragg père et fil, Werner Heisenberg, Louis de Broglie, Joseph, John Thomson, George Gamow, l'abbé Georges Lemaître... et j'en passe.

    C’est Marina Solvay, l’arrière-arrière-petite-fille d’Ernest qui nous raconte, avec Catherin Doultremont, au travers de portraits vivants des acteurs de cette épopée, des controverses scientifiques, des débats, sur fond de Grande guerre, de montée du fascisme, d’exil des savants juifs en Amérique, de repli européen, cette magnifique avancée de la science. Magnifique même si cette aventure est aussi celle qui conduit à la suite du projet Manhattan à Hiroshima et à la perspective de la fusion nucléaire avec le projet ITER.

    j’avoue qu’on ne comprend pas toujours tout mais les portraits sont attachants, les anecdotes savoureuses et cela donne envie d’en savoir plus.

  • La route étroite vers le nord lointain

    La route étroite vers le nord lointain est le titre d’un récit de voyage de Bashô un écrivain japonais du XVII siècle. Richard Flanagan, écrivain australien originaire de Tasmanie, une île au sud du continent australien, fait le récit dans ce roman qui couvre 70 ans de la construction pendants la seconde guerre mondiale de la ligne de chemin de fer enstérer le Siam et la Birmanie, 450 km dans la jungle, vous avez tous vu un épisode décevant chantier, le pont de la rivière Kwai.

    350000 travailleurs forcés par l ‘empire japonais y ont contribué. Des populations locales occupées, des prisonniers de guerre, anglais, australInès, que les japonais méprisaient parce qu’ils avaient choisi de se rendre plutôt que de combattre. Les conditions de travail étaient épouvantables, hygiène, soins, alimentation, cadences, humiliations de toutes sortes, punitions, exécutions... 200000 morts pour ce crime contre l’humanité.Mais là où il y a du désespoir, du malaxeur, il y aussi de l’espérance, de l’amour, des l’amitié, du respect et c’est ce que montre ce roman.

    Le narrateur est un médecin australien, tout jeune au début du conflit, qui tombe amoureux d’Amy, la jeune femme de son oncle, alors qu’il doit et va se marier, juste avant de partir au front. Une fois prisonnier et à la tête de ses troupes, il ne pensera qu’à Amy. Ce qui le fera tenir. Ses hommes le respectent, et il les respectent, les soigne, les opère, les voit mourir, de belles pages d’amitiés. L’encadrement japonais est tout entier dévoué à l’empereur, à tout prix, malgré les crimes de guerre. Sadiques, drogués…

    A l’issue du conflit, les cadres japonais trouvent refuge et se réemploient dans la société, les sous-fifres sont exécutés, l’empereur reste sur le trône, Le narrateur fait carrrière en Tasmanie dans la médecine, devient célèbre, fais des enfants avec sa femme légitime, multiplie les aventures toujours insatisfaisante, perisuadé qu’Amy est morte dans un incendie peu après sa mobilisation.

    c’est donc un roman d’aventure mais aussi un roman sur la passion, sur l’amour, la ffidélité, l’amitié, un grand roman qui par ailleurs mous permet de relativiser nos petite malheurs du moment.

    Lire la suite

  • Kyoto

    Un très beau roman sur la beauté, les traditions du Japon et l'identité du prix Nobel de littérature qu'est Yasunari Kawabata, né en 1899 et qui se suicida peu après son ami Mishima en 1972. Kyoto est paru en 1962.

    C'est l'histoire de deux soeurs Chieko et Naeko, deux jeunes soeurs qui ne se connaissent pas. Elles ont en effet été abandonnées à la naissance et leurs parents ont rapidement disparu. Mais Chieko a été recueillie ou volée, on ne sait pas vraiment, par une famille dont le père est tisserand, assez aisé même si son entreprise est en déclin du fait de l'effacement progressif des kimonos dans l'habillement des japonais. Chieko est une jeune fille amoureuse des fleurs, des arbres, elles adore se promener dans les parcs de Kyoto, assister aux fêtes traditionnelles, sortir avec des jeunes gens. Un jour elle rencontre lors d'une promenade en montagne Naeko, dont elle ignore l'existence, sa soeur jumelle. Naeko est une paysanne qui travaille dans la montagne, elle soigne soigner des arbres, préleve leur écorce, un travail difficile, elle vit seule, très modestement mais elle sait depuis longtemps qu'elle a une soeur jumelle. Et pour elle la retrouver est un émerveillement.

    Les deux jeunes femmes se rencontrent une fois deux fois trois fois, se découvrent, admirent leur ressemblance et  constatent aussi leurs différences, de condition, d'éducation.

    L'intrigue se développe avec entre chaque épisode des développements nostalgiques sur le Kyoto traditionnel et sa disparition progressive. Jusqu'au dénouement que je vous laisse découvrir.

  • Sur les falaises de marbre

    Un roman étonnant. Une fable sur la lutte entre le bien et le mal, un poème en prose dans une langue exceptionnelle très riche. Beaucoup y ont vu une dénonciation du nazisme, assimilant Le Grand forestier à Adolf Hitler. Mais ce dernier s'opposa à l'interdiction du livre, car admiratif de l'héroïsme d'Ernst Junger pendant la première guerre mondiale. Une expérience de la cure très rare!

  • Récits d'Odessa

    C'est la lecture de Cavalerie rouge (cf. chronique du 29 juillet dernier) qui m'a poussé à entreprendre la lecture de Récits d'Odessa d'Isaac Babel.

    Et puis le fait qu'il s'agisse d'Odessa. Mon arrière-grand-père, y serait né en 1858, parce que son père, y était expatrié en qualité d'ingénieur mécanicien. En fait, les deux époques sont bien différentes et en effectuant un minimum de recherche, il s'avère que mon arrière-grand-père est né à Spikow, dans le gouvernorat de Podolie dans l'empire russe, aujourd'hui Shpykiv, en Ukraine, à 450 km d'Odessa.

    Il y avait bien vers 1900 une importante communauté juive de l'ordre de 2000 personnes pour une population aujourd'hui de 4000 âmes. Mon arrière grand-père, qui n'était pas juif, est-il allé à Odessa, combien d'années a-t-il vécu en Ukraine? A priori sept ans, mais la mémoire de ces années est perdue, sa vie professionnelle s'est déroulée à Paris dans une compagnie d'assurance...

    Les récits d'Isaac Babel se situent eux autour des années 1920-1930 après la révolution communiste dans la communauté juive. Ce sont des récits écrits dans une langue merveilleuse, très imagée, des récits de vauriens, de pègre, mais aussi des récits pus intimistes, de courtes nouvelles, des gens pauvres, peu instruits, qui tentent de survivre dans un univers hostile.

    Extrait : Hershélé s'assit. Ses narines s'enfilaient comme des soufflets de forgeron. ...Une poule grasse se dandinait dans un potage doré. Hershélé était recroquevillé sur un banc comme une parturiente avant la délivrance. Il lui naissait dans la tête plus de projets que le roi Salomon n'eut de femmes dans sa vie...

    ou bien : Dans le temps, les gens avaient encore la foi, c'était simple. ...puis, un jour, les polonais se sont révoltés. A côté de chez nous, il y avait un comte. Le tsar en personne venait chez lui. ... Après il y eut l'insurrection. Des soldats sont venus, et ils l'ont trainé sur la place. Nous on était tous autour de lui et on pleurait. Les soldats ont creusé un trou. Ils ont voulu bander les yeux du vieux. Il a dit "pas la peine", il s'est mis face aux soldats et a crié "feu".

  • Cavalerie rouge

    Voilà un livre terrifiant. Cavalerie rouge est un recueil de nouvelles, très courtes, écrites par Isaac Babel (1894-1940), écrivain russe puis soviétique, né à Odessa dans une famille juive. Désireux d''être écrivain il n'arrive pas à vivre de son art et Gorki lui conseille de courir le monde.

    Il soutient la révolution de 1917, travaille pour le commissariat du peuple à l'éducation,  et s'engage dans l'armée rouge en 1920. Il sert dans la cavalerie rouge comme correspondant de guerre dans la Première Armée de Cavalerie de Boudienny, futur Maréchal soviétique.

    Durant cette campagne il tient son journal qui fait l'objet de la seconde partie du livre. Ce journal qui servira d'inspiration pour les nouvelles est absolument terrifiant. Il décrit les comportements, brutaux, cyniques, dépourvus d'idéologie des cosaques incultes qui composent cette armée. Des hommes sans aucune conviction révolutionnaire qui s'adonnent sans vergogne aux exécutions sommaires, aux pogroms et aux viols.

    Cavalerie rouge est paru en France en 1928. Dans les années trente Isaac Babel est accusé à l'occasion des grandes purges de déviationnisme, le Maréchal Boudienny  lui reproche le portrait peu flatteur de ses hommes, il est finalement arrêté en 1939, accusé de trotskisme, d'espionnage...il sera exécuté le 27 janvier 1940 pour être ensuite réhabilité en 1954.

  • Cités à la dérive

    J'ignorai totalement l'existence de Stratis Tsirkas (1911-1980) et de cet ouvrage, ou plutôt de ces trois ouvrages, intitulés Le Cercle, Ariane et La chauve-Souris, et réunis sous ce titre de Cités à la dérive. le premier a pour cadre Jérusalem, le second Alexandrie et le troisième Le Caire. L'action se déroule dans les deux dernières années de la seconde guerre mondiale.

    C'est à la lecture de Zone de Mathias Enard que je dois la découverte de cette fresque qui relate la résistance de la gauche grecque, exilée au Proche-orient, alliée de circonstance des britanniques contre l'occupant nazi de leur pays.

    On y croise des résistants de tendance stalinienne qui organisent des brigades militaires prêtes à rejoindre le front, mais aussi des résistants idéalistes, humanistes, des diplomates de sa Majesté, des autrichiens qui rêvent de restaurer la dynastie des habsbourg sur l'Autriche, des espions, des espionnes. Tout ce petit monde s'observe, se surveille, élabore des stratégies, dénonce, les couples se forment et se séparent, il y a des victimes, un combat permanent entre aspiration aux libertés individuelles et exigences de la lutte.

    On découvre à cette occasion combien effectivement la Grèce, et partant les grecs a souffert, il y a une excellente introdution historique, et on sait bien entendu combien cette résistance aura été mal récompensée à la fin de l'histoire, la Grèce allant pour de nombreuses années de dictatures en dictatures.

    Pas toujours facile à lire tant il y a de personnages, historiques et romancés.

    Il existe une adaptation cinématographique en huit épisodes :

     

  • Zone

    Ouf! une seule phrase sur 515 pages soit le nombre de kilomètres entre Milan et Rome. Ce roman est le récit très érudit des pensées, des souvenirs, d'un ancien espion, mais aussi d'un ancien criminel de guerre en Bosnie et en Croatie, qui fait le voyage en train pour aller céder au Vatican une précieuse valise pleine de documents compromettants amassés au cours de son ancienne vie. Son ancienne vie car il a usurpé l'identité d'un de ses anciens camarade de jeunesse devenu interné psychiatrique que tout le monde a oublié et il compte refaire sa vie. 

    Mais avant d'arriver à Rome , il évoque tous les conflits qui ont eu lieu en Méditerranée orientale depuis la guerre de Troie, jusqu'à la guerre en ex-yougoslavie, et pas du tout sous l'angle de la géopolitique, mais sous celui du vécu des personnages, des acteurs de ces conflits, d'Achille aux pieds agiles, à Marwan le palestinien dont le corps git dans la rue à Beyrouth et que sa compagne Intissar est déterminée à à aller hercher sous le feu des israéliens. 

    Le narrateur lui -même se remémore ses crimes, les exécutions sommaires, la mort de son compagnon d'arme, dans la boue, frère qu'il n'ira pas chercher, pas le temps, trop risqué, pas de sépulture pour celui-là. Et pas de sépultures non plus pour les milliers de juifs assassinés par les nazis.

    Le monde de Matthias Enard n'est pas beau à voir et on se dit à la sortie de cette lecture que le monde d'après n'est pas pour demain.

    Prix du livre Inter et prix Décembre en 2008, avant le prix Goncourt pour Boussole

  • Li chin

    Victor Collin du Plancy est diplomate. il est le premier représentant de la France en Corée en 1890. il a réellement existé et il est l'un des premiers à s'être intéressé aux arts coréens et on lui doit l'amorce des collections du musée Guimet à Paris

    Li chin est elle un personnage de fiction, une orpheline devenu danseuse à la cour royale de Corée, la plus belle, la meilleure, éblouissante...Elle est évoquée dans un manuscrit de quatre pages retrouvées dans les archives du successeur de Collin.

    A t-elle été réellement sa maitresse, qui était-elle, nul ne le sait vraiment.

    Tour l'art de Shin Kiung look est d'inventer une idylle entre Collin et Li Chin. Il la voit danser à la cour, en tombe immédiatement amoureux, elle n'y est pas insensible et il parvient à obtenir de la cour qu'elle vienne vivre à la légation, puis il l'emmène en France ou elle va découvrir la modernité de l'époque, la liberté, avant de revenir en Corée. En France Elle rencontre Maupassant, Guimet, les rues de Paris, les musées, où elle s'étonne de la présence abondante d'oeuvres d'art étrangères, grecques romaines...qui ne sont pas à leur place... elle gagne un peu sa vie en proposant des ouvrages à la fondatrice d'une grand magasin...mais le mal du pays fait son oeuvre...Elle rentre avec Collin dans un premier temps puis il repart et elle affronte son destin, je vous laisse le plaisir de le découvrir. Il sera tragique.

    Cette plongée dans la Corée du XIX siècle finissant est intéressante aussi pour cette partie de l'histoire.La Corée à l'époque est la proie des missionnaires européens qui tentent de la christianiser, il en reste un petit quelque chose aujourd'hui, mais surtout des appétits de la Chine et du Japon, qui la domine sans vergogne, le pouvoir de la cour coréenne est une fiction, sans oublier l'ombre de la Russie et des puissance occidentales.

    Un livre attachant.