Lambeaux
For-mi-da-ble! Très beau texte. J'ai revu Charles Juliet la semaine dernière à La Grande Librairie en compagnie de Jean-Marie Gustave Le Clezio, deux octogénénaires désormais. Charles Juliet est connu pour tenir un journal depuis plusieurs dizaines d'années qu'il publie à intervalles réguliers.
Ici dans ce récit, il rend hommage à ses deux mères, l'esseulée et la vaillante, l'étouffée et la valeureuse, la jetée dans la fosse et la toute donnée, autrement dit celle qui lui a donné le jour et celle qui l'a recueilli et élevé comme un de ses enfants.
La première a subi un père autoritaire, taiseux, agriculteur, dans une ferme isolé, sans aucune ouverture, a connu un amour de jeunesse malheureux, a fait un mariage de circonstance, eu quatre enfants et a sombré dans la dépression avant de tenter de se suicider ce qu'il l'a conduit à l'hôpital psychiatrique où elle est morte de faim pendant la seconde guerre mondiale, victime comme beaucoup d'hospitalisés en HP d'une forme d'élimination par le régime de Vichy qui ne voulait pas dire son nom (40000 morts a priori).
La seconde, déjà mère d'une famille nombreuse a recueilli l'enfant pour lui éviter d'être placé dans un famille d'alcooliques par son père.
Charles Juliet décrit ensuite son enfance paysanne, sa scolarité comme enfant de troupe, l'école de santé navale et sa découverte progressive de la littérature, lui qui est ignorant, qui le conduit à renoncer à devenir médecin. il travaille comme professeur de physique, puis il a la chance de rencontrer sa compagne qui va lui offrir le gite et le couvert et lui permettre de se consacrer à l'écriture, lui qui passe des jours et même des années sans parvenir à écrire ou à publier quoi que ce soit au point de tomber dans une grave dépression.
Il va finir par se relever et parvenir à être le grand écrivain qu'il est devenu.
Ce récit, il l'a écrit entre 1983 et 1995, 150 pages magnifiques! Et dire qu'il était dans ma bibliothèque et que je ne l'avais jamais lu!