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Histoire - Page 24

  • Les trois ors blancs

    Quoi de mieux qu'un beau livre pour commencer l'année. Un beau livre lu au coin de la cheminée à La Chaise-Dieu? Pas seulement un beau livre, mais aussi un livre d'histoire, un livre de sciences, un livre d'économie, à la découverte des trois ingrédients de base de la cuisine, le sucre, le sel et la farine!

    les trois ors blancs.jpgPhilippe Anginot nous raconte cette histoire que l'on croit connaitre et l'on va de découverte en découverte, grâce à un texte bien documenté, allant à l'essentiel, abondamment illustré et agrémenté d'anecdotes connues ou oubliées.

    Je cite ici les trois qui m'ont plu le plus.

    Qui connait encore Benjamin Delessert par exemple? Il fonde une sucrerie à Passy en 1812 et obtient les premiers pains de sucre de betterave. Député il combat les jeux de hasard et la loterie, s'oppose à la peine de mort, crée les premières soupes populaires et surtout les caisses d'épargne et de prévoyance et leur fameux livret "passeport délivré au travail et à l'économie autant que certificat de bonne conduite".

    Qui sait que le mot compagnon trouve son origine dans le partage du pain? Au moyen-âge, on utilise de grandes tranches de pain qui servent d'assiette pour deux convives. Elles absorbent les sauces des viendes qu'elles reçoivent. Partager le même tranchoir ou tailloir permet de devenir com-pains, d'où compagnon... Magnifique!

    Enfin qui pense au sel quand il parle de salaire? ou quand il dit salut! ou hello! qui contient la racine celtique hall que l'on trouve à Halstatt, haut lieu d'extraction du sel continental  dès 600 ans avant notre ère

    L'occasion donc d'un retour aux bases de nos civilisations toujours utiles en début d'année.

  • Commémoration de l'opération Frankton

    Le 12 décembre de chaque année Bordeaux commémore avec nos alliés britanniques l'Opération Frankton http://musee.delaresistance.free.fr/en%20ligne/dossiers/frankton/recit.html dite aussi coque de noix.

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    Du 7 au 12 décembre 1942, un commando de 10 hommes de l'armée britannique, largué par un sous-marin au large de Montalivet, remonte l'estuaire de la Gironde de nuit avec 5 kayaks, à la faveur  du courant. Dans la nuit du 11 au 12 décembre, il réussit à poser ses bombes sur les coques de six navires allemands. le 12 décembre au matin, les bombes aimantées explosent causant de graves dommages aux batîments. Cette opération a évité à l'époque le bombardement du port de Bordeaux et les pertes civiles qui s'en seraient suivies.

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    Dragueurs de mines allemands coulés, Charles Philippe, 1945, crayon et sanguine (au risque d'un certain anchronisme sans doute)

    Des 10 membres de ce commando, deux seulement regagnent leur pays, deux autres meurent noyés et six sont torturés puis fusillés par les nazis.

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    En ce dimanche froid et ensoleillé du 12 décembre 2009, nombreux ont été les bordelais qui se sont détournés de leur promenade sur les quais pour s'approcher des gerbes de fleurs déposées par les autorités françaises et britanniques face au Hangar 14. Et se souvenir de ces jeunes gens. C'est bien!

  • Histoire d'un allemand - Souvenirs 1914-1933

    haffner.jpgA nouveau un livre retenu par Alain Finkelkraut dans Un coeur intelligent!

    Sebastian Haffner (1907-1999), de son vrai nom Raimund Pretzel, famille protestante, a effectué des études de magistrat en Allemagne. Il s'exile en 1938, d'abord en, France puis en Angleterre où il écrit à la demande d'un éditeur ces Souvenirs qui s'échelonnent de 1914 à 1933. L'auteur retourne en Allemagne en 1954 pour une carrière d'écrivain et de journaliste. Le manuscrit des souvenirs écrit en 1939 n'est pas publié, il n'en parlera jamais, et est découvert en 2000 après sa mort. Il est authentifié comme datant bien de 1939, ce qui en fait toute sa valeur, ce n'est pas un témoignage d'après-guerre. Excellente traduction de Brigitte Hébert.

    A travers ses souvenirs d'enfance, d'adolescent, d'étudiant, ses premières amours, Sebastian Haffner nous décrit la guerre, la révolution allemande, l'hyperinflation, la crise de 1929, la montée du nazisme, sa prise du pouvoir, l"indifférence, la passivité de la population allemande...

    La guerre à distance de 1914-18 vécue comme un jeu, qui se termina par l'humiliation de la défaite, l'hyperinflation qui obligeait la famille Haffner à faire ses courses le jour de paye, à stocker toutes les denrées pour un mois, le père d'Haffner, obligé de répondre à un questionnaire sur sa famille, le camp d'entrainement de trois semaines avec chants nazis pour les élèves magistrats, les pires difficultés pour voyager à l'étranger, l'apprentissage de la soumission... 

    La volonté d'éliminer les juifs est clairement affirmée bien avant 1933 mais la population, comme atomisée, subira sans broncher, sans manifester aucune opposition sociale ou politique, toutes les vexations, toutes les privations des droits, pour laisser libre cours finalement à la barbarie.

    Dès avant la prise de pouvoir par la force d'Hitler, l'Allemagne du chancelier Brüning acceptait des mesures contraires aux libertés fondamentales pour, selon le gouvernement, préserver la démocratie. L'engrenage aura été irrésistible! Il faut être intransigeant sur le respect des libertés! En particulier quand il est question d'identité nationale.

    Un excellent livre d'histoire à mettre entre toutes les mains en particulier celles des futurs élèves de terminale S!

  • La Chaise-Dieu au pays d'Obama

    Le dernier bulletin municipal de La Chaise-Dieu nous l'a annoncé, une tapisserie, en l'occurence celle de la Crucifixion, actuellement exposée dans la bibliothèque des moines, va être prétée par la commune, propriétaire des tapisseries, au Grand Palais à Paris puis à l'Art Institute de Chicago, au pays de Barack Obama. Ces deux grands musées organisent en effet d'octobre 2010 à janvier 2011 pour le Grand Palais, et de février à mai 2011 pour Chicago, une exposition sur le thème : La France en 1500, entre moyen-âge et renaissance, entre Flandres et Italie.
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    Réalisées entre 1501 et 1518 par un atelier inconnu, sans doute en Flandres, à la demande de Jacques de Saint Nectaire, Abbé de la Chaise-Dieu (1491-1518) pour orner le choeur de l'Abbatiale, ces "draps imagés" sont tout particulièment appropriés pour illustrer le thème de l'exposition La france en 1500.
    La tapisserie retenue illustre outre le thème de la Crucifixion, le sacrifice d'Isaac par Abraham, en haut à gauche, et le Serpent d'airain, en haut à droite, l'épisode du nouveau testament étant accompagné comme dans toutes les tapisseries de La Chaise-Dieu par deux épisodes de l'ancien testament.
    Rappelons qu'il semble qu'à l'origine, au XVIème siècle, la tapisserie de la Crucifixion se situait face à l'autel, au dessus de la porte du Jubé qui constituait l'entrée du choeur des moines. La tapisserie offrait ainsi une illustration du sacrifice commémoré à l'Autel...
    Une belle exposition en perspective espérons-le et une belle promotion pour La Chaise-Dieu à Paris et outre-Atlantique... Au fait combien de visiteurs américains et plus généralement étrangers à La Chaise-Dieu? Le sait-on?

  • Libération de Paris

    La libération de Paris, les passants peuvent s'en souvenir de la plus belle des façons, avec un peu d'imagination, en longeant les murs de l'Ecole supérieure des Mines de Paris, en haut du boulevard Saint Michel.

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    Les impacts de balle ont 65 ans. Pour un peu, on se croirait à Beyrouth. Belle décision que celle d'avoir laissé l'histoire inscrire durablement sa marque sur ces murs.

    Passant, souviens toi! 

  • Lavoute-Polignac

    A une dizaine de km du Puy en Velay se situe le chateau de Lavoute-Polignac, niché sur un petit promontoire basaltique, dans une courbe (une volte, d'où lavoute) de la Loire naissante. Belle demeure, beau jardin renaissance, nombreuses vues sur le chateau - http://www.lavoute-polignac.fr/

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    Ce chateau remanié au XIV° puis au XVII° et au XIX° siècles est le berceau d'une des familles les plus anciennes de la noblesse, les Polignac. Il abrite d'ailleurs de nombreux souvenirs, mobiliers et portraits des principales figures de cette maison, marquées à des degrés divers par un esprit pour le moins conservateur, voire réactionnaire:

    1/ Cardinal Melchior de Polignac (1661-1741), académicien, ambassadeur en Pologne puis à Rome, auteur de l'anti-lucrèce, un poème de dix mille vers en latin, qui combat l'épicurisme romain et va jusqu'à contester les thèses de Newton... Imagine t'on aujourd'hui un cardinal s'exprimer contre l'existence des quarks, des neutrinos, des trous noirs...?

    2/ Yolande Martine Gabrielle de Polastron, comtesse puis duchesse de Polignac (1749 - 1793), favorite de la reine Marie-Antoinette, à la suite de la duchesse de Lamballe, elle s'exila après la prise de la Bastille et mourut de douleur en 1793 à Vienne. Son père  fut guillotiné en 1794.

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    3/ Jules de Polignac (1780-1847), fils de Yolande, élevé dans l'émigration, il participe à un complot contre Napoléon dès 1804, est emprisonné, s'évade en 1813, appuir le retour de Charles X, est ambassadeur à Londres, Président du conseil en 1829, il préside un gouvernement d'ultras, favorable auretour de la monarchie absolue, il prend les ordonnances qui déclencheront la révolution de 1830 (suspension de la liberté de la presse, dissolution de la chambre, réduction du nombre d'électeurs...). Il est arrêté alors qu'il fuyait vers l'Angleterre et condamné à perpétuité et à la mort civile après le retour sur le trône des Orléans, les héritiers de Philippe Egalité. Il sera amnistié en 1836.

    4/ Melchior de Polignac (1880-1950), mélomane, membre du comité international olympique, il est à l'origine de l'idée des jeux olympiques d'hiver, Président de la Maison de champagne Pommery, dont il était l'héritier par sa mère. Pionnier de l'aviation et de l'hebertisme, méthode de culture physique, il fut pendant la seconde guerre mondiale membre du comité d'honneur du Groupe collaboration, aux côtés d'Abel Bonnard et de Pierre Drieu La Rochelle...

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    De tout cela, il n'est pas vraiment question pendant la visite guidée effectuée au pas de charge. Le guide, étudiant stagiaire rémunéré au pourboire, insiste plutôt sur des anecdotes comme la taille du lit à baldaquin du Cardinal ou sa décoration, les réaménagements des pièces et les portraits mais sans vraiment resituer leurs actions dans leur contexte... Une occasion manquée de faire une petite leçon d'histoire aux visiteurs et d'assumer le passé d'une "grande maison". 

  • Abbatiale féérique

    Robert de Turlande (1001-1067) s'il a fondé La Casa Dei, la maison de Dieu, La Chaise-Dieu, en Haute-Loire, ne pouvait pas deviner qu'un de ces successeurs, Pierre Roger De Beaufort (1292 - 1352), élu pape sous le nom de Clément VI construirait l'Abbatiale que nous connaissons aujourd'hui pour en faire son tombeau. Ou comment passer du voeu de pauvreté au faste!

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    Clément VI dit le Magnifique aurait sûrement apprécié le feu d'artifice qui illumine l'Abbatiale chaque année à l'occasion de la Saint Robert d'été, la fête estivale de la commune. S'il a en effet la réputation d'être un intellectuel, un diplomate, un grand pape,  il a aussi celle d'un pape fastueux : construction du Palais des papes à Avignon, de l'Abbatiale de La Chaise-Dieu, banquet de 5000 couverts, neuf services et vingt sept plats pour son couronnement...

    Nul doute s'il est bien au ciel qu'il apprécie grandement l'embellissement annuel de sa sépulture. Cela doit le consoler des menaces qu'il ne peut que constater sur l'état général des bâtiments où l'on voit pousser les herbes folles et qui doivent ici ou là etre étayés pour ne pas s'effondrer.

  • 21 juillet 1969

    Le 21 juillet 1969, j'allais avoir 20 ans, j'étais étudiant, et pendant les vacances, je travaillais comme opérateur au centre informatique du Crédit Lyonnais à Levallois-Perret. Une grande salle climatisée, avec de grandes armoires métalliques, du matériel IBM. Il y avait des pupitreurs qui lancaient les travaux avec des cartes perforées. On éditait les relevés de compte des clients, notamment ceux des cartes bleues, moyen de paiement tout récent. C'était la tâche où il y avait le plus de plantage! Mon travail consistait à gérer les bandes magnétiques, les installer à la demande sur les grands lecteurs de bande, les retirer à la fin de la lecture, les classer dans la bibliothèque, alimenter les imprimantes en papier.

    200px-The_Earth_seen_from_Apollo_17.jpgOn travaillait en "deux huit" et c'est là, dans cet univers empreint de modernité, dans la nuit du 21 juillet, qu'avec tous les collègues, j'ai vécu le premier pas de l'homme sur la lune.

    Notre foi, c'était le progrès, qui paraissait irrésistible. L'année suivante, le Club de Rome lançait son appel fameux sur l'épuisement des ressources naturelles... Appel jugé malthusien à l'époque. Depuis, l'idée que nos ressources sont épuisables a fait du chemin...mais l'idée que le progrès est irrésistible reste valable... En témoigne cette chronique sur Internet, inimaginable il y a 40 ans.

  • Le théorème du Perroquet

    Denis_Guedj.jpgDenis Guedj n'est à proprement parler un mathématicien, il est professeur d'histoire des sciences et d'épistémologie à Paris VIII, mais il est célèbre pour ses livres sur les mathématiques, et plus récemment pour son soutien à la "ronde des obstinés" contre la loi LRU sur les universités. Le théorème du Perroquet, paru en 1998, est sans doute le plus fameux de ces ouvrages.

    Cet ouvrage de tout de même 650 pages au format de poche a pour ambition de faireperroquet.jpg découvrir de façon ludique et chronologique l'histoire des mathématiques. Pour que ce soit ludique, le roman met en scène des personnages qui se veulent truculents, Pierre Ruche, 84 ans, libraire à Montmartre, près de la rue Lepic, philosophe de formation, Elgar Grosrouvre, mathématicien de la même génération, retiré dans la forêt amazonienne,  qui passe sa vie à tenter de démontrer les conjectures célèbres de Fermat et de Goldbach, No Futur, un perroquet récupéré aux puces par Max, un des enfants, sourd, avec Lea et Jonathan de Perette Liard qu tient au quotidien la librairie de Pierre Ruche. L'intrigue policière consiste à trouver ce qui va in fine relier tous ces personnages.

    C'est la résolution de cette énigme qui nous fait découvrir l'histoire des mathématiques. On y redécouvre, l'histoire du théorème de Thales, l'invention du nombre un, puis celle du zéro, l'étymologie d'isocèle : du grec iso= même et skelos = jambe, d'où l'appellation de scalene des triangles inégaux puisque scalene signifie boiteux...l ou d'algèbre, de l'arabe al jabr, le rebouteux, l'algèbre étant une discipline dans laquelle on fait passer des termes de droite à gauche et inversement,  le calcul du nombre pi, celui de e, les nombres rationnels, irrationnels, imaginaires et enfin la résolution de la conjecture de Fermat qui dit qu'il n'existe pas d'entiers non nuls x, y et z, tels que x à la puissance n plus y à la puissance n égale z à la puissance n dès que n est supérieur à 2.

    Ce n'est pas de la grande littérature mais c'est agréable à lire, on se laisse prendre, on révise les notions de sinus, cosinus, tangente, cotangeante que l'on avait oubliées, on découvre une foule d'anecdotes sur Pythagore, Euclide, Al Kwarizmi, Tartaglia, Ferrari, Abel, Galois, Euler, Gauss... que l'on aurait bien aimé découvrir au lycée.

    Ce livre est-il efficace pour donner le goût des mathématiques à nos petits têtes blondes ou brunes? Aux jeunes générations et à leur professeurs de mathématiques de nous le dire. 

  • Racines chrétiennes

    On se souvient du débat sur les racines chrétiennes de l'Europe au moment de l'élaboration du traité européen de Lisbonne. D'aucuns, l'Espagne, l'Italie, la Pologne...  préconisaient de les mentionner dans la préambule de ce traité. Notre Président est allé jusqu'à regretter que cette référence n'ait pas été retenue, la France étant "couverte par un manteau d'églises".

    Certes, on ne peut nier l'évidence, mais nos racines sont multiples et diverses.

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    Le géant Encelade mis hors de combat par la lance de la déesse Athena enseveli sous l'Etna dont les éruptions seraient aujourd'hui la respiration. En Grèce une éruption volcanique est une "frappe d'Encelade".

    Notre président qui est allé à Versailles lundi dernier s'exprimer pour la première fois devant l'Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrés, s'il a eu le temps de faire un tour dans les jardins, n'aura pas manqué d'y repérer quelques racines bien antérieures, grecques et latines, tout un panthéon de dieux, de déesses, de géants, de titans qui témoignent de la richesse de l'héritage dont nous sommes dépositaires.

    C'est parait-il ce qui frappe les visiteurs musulmans du domaine de Versailles, y trouver une chapelle dans un pays chrétien ne les surprend pas, mais y croiser toutes ces statues mythologiques les amènent à remettre en question l'image de l'Europe qu'ils ont sans douté héritée des croisades. tant mieux!