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Cas@d€i - Page 38

  • Venise

    En ce début d'année nous avons effectué notre cinquième voyage à Venise. On peut reconnaitre sur la photo les trois grandes hampes surmontées du lion de venise qui sont situées sur la piazza San Marco devant la basilique. Elles représenteraient les trois colonies perdues de la Morée (Péloponnèse), de Chypre et de la Crète.

    C'était notre premier séjour en plein Hiver, nous y étions déjà allés en été, au printemps, à l'automne. Venise n'est pas la même en ces différentes saisons.

    Voyager c'est aussi l'occasion de lire et à cet égard, j'ai beaucoup apprécié l'ouvrage de James Morris Visa pour Venise écrit en 1960 après un séjour de deux ans à Venise. Pour la petite histoire James Morris, (né en 1926) est devenu dans les années soixante Jan Morris mais a vécu toute sa vie avec son épouse Elisabeth dont il a divorcé et avec laquelle elle est désormais liée avec l'équivalent d'un PACS. L'ouvrage de James, qui n'était pas encore Jan lors de son écriture est passionnant, très bien documenté, souvent truculent, très agréable à lire et aborde tous les aspects de Venise, histoire, géographie, architecture, approvisionnement, nettoyage des canaux, touristes, bestiaire, carnaval, lagune, arsenal, défense, rien n'est omis, écrit il y a plus de cinquante ans maintenant il garde toute son actualité et n'a que peu vieilli.

    Morris décrit l'hiver à Venise avec des mots qui ne donnent guère envie d'y aller : piazza déserte, canaux lugubres et  clapoteux, miasmes humides, pluie qui agite la boue du grand canal, brouillard maussade, nuits brumeuses et sépulcrales, grisaille perpétuelle mais en même temps Venise est étrangement simple et intime, encline à la mélancolie.

    Arrivés le samedi après-midi et repartis le jeudi suivant nous avons parcouru environ 85 km à pied sur les fondamente, les campi, les piazzele, les calle, les sottoportegi, la piazza... Pas de gondole comme à l'accoutumée, ni de vaporetto. une seule visite à l'Accademia, toujours aussi vieillotte mais avec ses chefs-d'oeuvre et un hommage à La Tempête de Giorgione, les Frari, le Ghetto et ses cinq synagogues, c'était une première,  et bien des églises... dont la basilique qu'on a tout de même du mal à apprécier avec ce parcours obligé conçu pour les croisiéristes pressés.

    Pas mal de micro-découvertes grâce aux itinéraires de Corto Maltese qui nous conduit dans le dédale des ruelles par quartier, par sestiere, c'est amusant et on passe dans des endroits que l'on aurait jamais été découvrir seuls, des courettes, un dragon du XIV, un puit en forme de panier d'osier...

    Pour se mettre à l'abri du froid on a bien aimé le Caffe, au campo San Margherita, la cafetaria et la librairie de la fondation Querini et puis les petits restaurants du quartier San Barnaba.

    Notre hôtel, le Tiziano était situé près de l'église San Rafaele et de San Sebastiano, un havre de paix , très très loin en cet hiver du tumulte touristique qui ne dépassait guerre la place Saint Marc.

    Le trajet de notre hôtel à San Barnaba la nuit tombée dans des ruelles désertes où l'on croise seulement un chat avec l'idée qu'au coin de la rue un bandit de grand chemin va vous détrousser comme il y'a quelques siècles reste un excellent souvenir.

    On reviendra!

     

  • Voeux

    Pour 2016, je fais miens les voeux de France Stratégie, l'ancien commissariat au plan :

    Faire vivre le débat et éclairer l'avenir

    et j'ajoute s'ouvrir au monde plutôt que se replier sur soi

    face aux défis globaux que sont le changement climatique, la crise des réfugiés, l'intégrisme religieux la seule solution est de mettre en place des solutions globales, européennes plutôt que des rafistolages étriqués nationaux.

    Je termine avec ce proverbe cité par Jean-Philippe de Tonnac : 

    " lorsque le fardeau est supporté tous ensemble, il n'est pas plus lourd qu'une plume". Belle année

     

  • La chouette aveugle

    Cité dans Boussole par Mathias Enard, Sadegh Hedayat est un écrivain iranien (Téhéran 1903 - Paris 1950). Un écrivain profondément pessimiste, effacé qui tenait le monde, la canaille, en mépris.

    Dans ce roman, le narrateur célèbre à sa façon, la femme, le vin et l'opium. On ne sait jamais ce qui est réel et ce qui est hallucination, ce qui est passé et ce qui est présent. Le narrateur voit la mort venir, il se sait condamné, sa chambre est un cercueil, il assassine, mais en rêve sans doute, on ne sait . André Breton a salué ce roman comme un chef d'oeuvre surréaliste. Sans doute. C'est aussi le récit d'un homme désespéré, malade de solitude dans un monde absurde. Mais il y a aussi des capucines violettes et une femme dont la bouche sent le trognon de concombre et les cheveux le jasmin.

    A découvrir.

    Hedayat s'est donné la mort le 9 avril 1950 rue Championnet à Paris. A la fin de l'ouvrage on est guère étonné.

  • Le Royaume

    Juste avant Noël, terminer ce bel essai d'Emmanuel Carrère, érudit et talentueux, était particulièrement approprié.

    IL y a une vingtaine d'année Emmanuel Carrère a eu la foi, pendant trois ans : messe tous les matins, communion, exégèse quotidienne de l'évangile de Jean... Cela nous vaut près de 150 pages que l'on lit parce que l'on sait que la suite sera passionnante. Et puis cela a passé. Vingt ans après, Emmanuel Carrère mène l'enquête à sa manière sur les premiers pas du christianisme, à la lumière des textes, les évangiles et les actes des apôtres, de la Guerre des Juifs de Flavius Joseph... et lorsque c'est nécessaire son imagination.

    On a donc des beaux portraits de Paul, de Luc, de Marc et des esquisses pour Jean, Jacques le Majeur, Philippe, Sénèque, Flavius Joseph, Titus, Bérénice, Vespasien... J'ai découvert des oppositions que j'ignorai entre Jacques et Paul notamment. l'ordre dans lequel ont été écrit les évangiles...

    Que reste-t-il de l'enquête de Carrère, que sait on vraiment de Jésus? Je cite : "C'est l'histoire d'un guérisseur rural qui pratique des exorcisme et qu'on prend pour un sorcier. Il parle avec le diable dans le désert. Sa famille voudrait le faire enfermer. Il s'entoure  de bras cassés qu'il terrifie par des prédictions aussi sinistres qu'énigmatiques et qui prennent tous la fuite quand il est arrêté. Son aventure, qui a duré moins de trois ans, se termine par un procès à la sauvette et une exécution sordide, dans la découragement, l'abandon et l'effroi. Rien n'est fait dans la relation qu'en donne Marc pour l'embellir ni rendre les personnages plus aimables. A lire ce fait divers brutal, on a l'impression d'être aussi près que possible de cet horizon à jamais hors d'atteinte : ce qui s'est réellement passé."

    Joyeux Noël.

  • Contes de Noël

    Thierry Fouquet en maitre de cérémonie, Paul Daniel, le chef très british de l'Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, le Baryton Florian Sempey, l'enfant du pays originaire de Libourne, Matthieu Amara, violoniste virtuose qui joue sur le Duc de Cremone, un violon de 1676 d'André Guarnerius, le Choeur de l'Opéra National de Bordeaux...une salle comble...

    C'est le concert de Noël, une tradition qu'essaie de créer Bordeaux. Une réussite, on commence par Mozart puis des anglais Haendel, Williams, Elgar et des russes Chostakovitch, Tchaikowski, Glazounov, des Noël traditionnels Minuit Chrétien, Douce nuit, White Christmas, l'Allelujah de la messe en si de Haendel et un cancan avec la participation du public.

    Paul Daniel déguste un petit canelé piqué au bout de sa baguette, c'est fini, et nous nous sommes prêts pour aller fêter Noël...

     

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  • Wouaaah!

    Wouaaah, c'est le titre du futur court métrage du réalisateur Brahim Fritah et du compositeur Jean-Christophe Onno. Le film sera tourné au premier trimestre 2016 en Auvergne

    C'est sur la base du seul scénario que le réalisateur, le compositeur et huit musiciens , des professeurs du conservatoire du Puy en Velay, ont élaboré la musique du film. durant une semaine en résidence à l'auditorium Cziffra de La Chaise-Dieu.

    Le film est en partie autobiographique, un jeune adolescent, qui habite un petit pavillon dans l'enceinte d'une grande usine traverse la grande cour, avec son balai, un seau et une serpillère, il va faire le ménage des bureaux. Les portes grincent, le vent s'engouffre sous le bardage, des bruits inquiétants, l'imagination se débride, il rêve, il rêve à plusieurs reprises, des phénomènes surnaturels, burlesques et fantastiques...

    Un film musical donc. Vendredi les auteurs présentaient le fruit de leur travail dans un récit concert passionnant lecture du scénario accompagné de la musique qui servira les images.

    Le tout suivi d'un boeuf musical ou Luis Armstrong  a côtoyé le folklore serbe...

    Génial ce que nous offre La Chaise-Dieu de temps à autre.

    Merci à Claire, chargée de mission culture à la Communauté de communes.

  • Le jeu de l'amour et du hasard

    Excellente soirée hier soir en compagnie de Marivaux au TNBA, Théâtre National Bordeaux Aquitaine. Entre les deux tours des élections régionales, on oublie le cauchemar du moment et on se réjouit de découvrir la mise en scène très juste de Laurent Lafargue.

    Une mise en scène contemporaine, mais pas trop, juste ce qu'il faut. Les acteurs sont formidables. Le père Argon, malicieux se delecte avec son fils Mario de la comédie qui se joue sous ses yeux et qu'il a contribué à organiser et les deux couples, joués par de jeunes acteurs sont formidables d'engagement, peut être Bourguignon en fait il un peu trop. Lysette est géniale de naïveté. Dorante assez cérébral et Sylvia toute déterminée dans sa recherche de preuves d'amour. Le décor est minimaliste  mais aussi très élaboré avec des plateaux tournants du plus bel effet.

    Un très bonne soirée qui montre que l'on peut faire des adaptations contemporaines de textes anciens sans en détruire l'essence. Avis aux flamands de La Cerisaie récemment...(cf. Chronique précédente). 

    Merci à Laurent Laffargue. et vive Casteljaloux!

     

     

  • Dictionnaire amoureux de Venise

    Un samedi après-midi consacré à la lecture in extenso de ce beau livre. Belles illustrations et surtout belles notations de Philippe Sollers avec de beaux portraits, de lui-même bien entendu, mais surtout de Dominique Rolln, d'Ezra Pound, du Titien, de Veronese, de Morand, de Vivaldi, de Manet et Monet, de Monteverdi, de Stravinsky... j'en oublie... Casanova...

    Il y a de belles formules, ainsi à propos du protestantisme : pourquoi quitter une absurdité cohérente pour une absurdité incohérente? Sollers n'aime pas l'austérité, la rigueur protestante, il lui préfère la sensualité baroque...

    Et il y de belles analyses de tableaux à commencer par La tempête de Giorgione à l'Accademia qui fait l'objet de ma part d'un pèlerinage à chacune de mes visites.

    Et puis Venise c'est déjà un peu l'Orient...

    Vite aux Zattere

     

  • Boussole

    Ce n'est pas un livre facile autant le dire tout de suite. Mais c'est un livre passionnant, il suffit de se laisser emporter par la verve de l'auteur.

    Franz Ritter le narrateur est un musicologue autrichien , malade, dépressif. Insomniaque surtout et le roman décrit le fil de ses pensées au cours d'une nuit. Sarah revient souvent dans ces pensées, de façon obsessionnelle, un amour impossible, inaccompli, elle est elle-même universitaire, française, spécialiste de l'orient et de de ses grands voyageurs. 

    Mathias Enard qui a passé plusieurs années de sa vie au Proche et au moyen Orient, au Liban, en Syrie, en Iran en Turquie fait assaut d'érudition musicale et littéraire sur tout ce qui a façonné au cours des siècles la relation entre Orient et Occident.

    Sa boussole comme celle de Beethoven n'indique pas le Nord mais l'Est, vers Jérusalem et La Mecque, les religions du livre.

    Ce livre est aussi un hommage à la Syrie, un pays d'une grande richesse culturelle qui n'est pas qu'un pays de jihadistes.

    L'objet de ce livre est aussi de nous rappeler tout ce que l'Occident doit à l'Orient et ce que l'Orient doit à l'Occident. Les ponts entre ces deux régions voisines ont été permanents et sont appelés à survivre au désastre qui affecte aujourd'hui cette région.

    C'est ce que nous rappelle Enard, l'Islam a été une culture foisonnante, une vision du monde, une philosophie, très éloignée de la caricature qu'en ont aujourd'hui nos contemporains, cet islam là sans voile et sans violence doit redevenir visible. Mathias Enard y contribue avec talent.

    C'est pas mal de lire ce livre avec un smartphone à portée de main pour prendre le temps d'écouter sur youtube les interprétations citées.

  • Palmyre

    Hier, journée d'hommage aux victimes des attentats de Paris, j'ai lu Palmyre de Paul Veyne dans le train entre Lille et Bordeaux.

    Paul Veyne est admirable,  à 93 ans, il a écrit en quelques jours un ouvrage magnifique, à la portée de tous qui nous explique bien la singularité de Palmyre, son histoire, son architecture, sa place dans l'empire romain, son côté tribal, l'épopée de Zenobie.

    Magnifiques illustrations.

    Que de regrets! En poste au Liban de 2005 à 2008, je ne suis jamais allé à Palmyre, c'était déjà réputé dangereux, non pas à cause des jihadistes, mais à cause des sbires de Bachar el Assad, qui déjà enlevaient, emprisonnaient, assassinaient...

    Excès de prudence, j'aurai du y aller. Aujourd'hui, il est trop tard, il nous reste les photos du livre de Paul Veyne, ses explications lumineuses, notre imagination...