Depuis l'annonce dimanche de la Chute de Nahr el Bared, ce camp palestinien près de Tripoli pris en otage par Fatah al Islam depuis le 20 mai, l"humeur est festive. Tous les soirs à Beyrouth, ce sont tirs de joie, en l'air, chants patriotiques, concerts de klaxon, feux d'artifice.
On célèbre la victoire de l'armée libanaise sur le terrorisme, sur El Qaïda puisque désormais la version dominante est que Fatah al Islam qui était composé d'arabes de diverses nationalités est affilié à El Qaïda.
Quels sont les enseignements de ces trois mois de guerre?
Une armée sous équipée en matériel, en munitions, est parvenue à réduire un groupe de 250 terroristes, très bien armés, bien entrainés, déterminés à mourir en martyrs. Elle en sort renforcée, légitimée par l'ensemble des forces politiques, apparait comme une des rares institutions publiques solides du Liban. Son chef, Michel Sleimane, est ouvertement présenté comme un bon présidentiable pour l'échéance de l'automne, si cruciale pour le Liban. Le prix à payer est élevé : 105 jours de combats, 220 morts du Fatah Al Islam, 160 militaires, de toutes confessions, d'origine modeste le plus souvent.
L'Etat n'a pas vu ou pas su ou pas pu empêcher la constitution de ce groupe terroriste dans le camp palestinien de Nahr El Bared ou vivaient 30000 palestiniens environ. Cela confirme que le Liban est ouvert à tous les candidats divers et variés au Jihad. Le sort réservé à Fatah Al Islam aura t'il un effet dissuasif? Quid de l'existence de cellules dormantes analogues à celles débusquées dans Tripoli mais aussi aux alentours et même à Beyrouth? Comment éviter que les mêmes causes reproduisent les mêmes effets?
En dépit de la gravité de la situation, de l'ampleur de l'agression, les forces politiques n'ont donné aucun signe pendant toute la durée du conflit, tendant à réduire leurs différends, à renforcer la cohésion de l'Etat, alors que sans Etat à même de contrôler les frontières, de disposer du monopole de la force publique, aucun progrès ne sera possible pour lutter contre le terrorisme.
La question palestinienne reste entière au Liban qui compte 450 000 réfugiés sans autre avenir que le rêve du retour en Palestine.... Les réfugiés de Nahr El Bared aspirent donc à retourner dans leur camp, qui n'est qu'amas de ruines,veulent continuer d'y faire leur loi, d'y garder leurs armes, d'y maintenir un semblant d'Etat dans l'Etat.
Après Nahr El Bared tout reste à faire et pour ses 30000 réfugiés, l'hiver va vite arriver....