Pas d'avenir pour le Liban confessionnel
C'est la conclusion de l'excellente étude sur la demographie par confession au Liban publiée par le mensuel The Monthly dans son édition de septembre. Elle a été reprise par le Daily Star (en anglais) et par An Nahar (en arabe) mais curieusement pas par les journaux francophones, du moins à ma connaissance et pour le moment.
Que retenir?
L'absence de recensement au Liban depuis 1932 et la pauvreté générale en statistiques publiques ou privées rend toujours friand le lecteur de chiffres même si en l'occurence les sources utilisées, les données du ministère de l'intérieur, mériteraient d'être auditées, mais les grandes lignes des conclusions sont sans doute robustes.
Le système politique libanais bati sur la fiction pour la composition du Parlement d'une moitié de la population chrétiennne et l'autre musulmane (1932) est obsolète. Il y aurait en 2006, j'arrondis, 29% de sunnites, 29 % de chiites, 19 % de maronites, 7% d'orthodoxes, 5 % de druzes, 5 % de catholiques, 3 % d'arméniens catholiques et orthodoxes, les autres confessions n'atteignent aucune plus de 1%. Au total, les chrétiens sont 30 %.
Toutes les confessions ont entamé leur transition démographique, c'est à dire que la population des 0-9 ans est toujours inférieure à celle des 10-19 ans. Mais cette transition a demarré beaucoup plus tôt chez les chrétiens. La tranche d'âge la plus nombreuse des maronites est celle des 40 49 ans alors que c'est celle des 10-19 ans chez les chiites et les sunnites.
Conséquence, à l'horizon de 2081, les "petites" confessions auront quasi disparu. Les maronites représenteraient entre 7 et 16 % de la population, les chrétiens entre 12 et 27 %, les chiites entre 34 et 45 % et les sunnites entre 34 et 37 %, les druzes resteraient entre 5 et 6 %.
Conclusion des auteurs : il est grand temps pour le Liban de se doter d'un Etat non confessionnel, séculier et moderne, un Etat construit sur les confessions est tout simplement voué aux affrontements sectaires et donc à l'échec.
A lire d'urgence par tout un chacun.