Samedi dernier, la Maison d'Accueil pour Personnes Agées -MAPA Marc Rocher de La Chaise-Dieu fétait ses dix ans par une après midi portes ouvertes. 60 lits, environ 50 euros par jour, un tiers à un quart de bénéficiaires de l'aide sociale, une moyenne d'âge de 83 à 84 ans. Quelques places vacantes, car il y a eu malheureusement cet hiver une douzaine de décès...Les chambres sont fonctionnelles et confortables, les sanitaires impeccables, salons, salle à manger, coins de discussion...rien ne manque. Que de progrès par rapport à l'installation de l'hospice dans les bâtiments conventuels de l'abbatiale...C'est tout de même une maison de retraite, on dîne à 18 heures, pas de tâches ménagères, l'accès et les contacts avec le bourg ne sont pas faciles, on est entre vieux...

Qui dit portes ouvertes dit rencontres avec les résidents et le personnel (environ 35 personnes) conférences sur la dépendance, l'aide à domicile, les prestations du Conseil Général, une présentation des projets d'aménagement des espaces verts autour des bâtiments... Le financement reste à trouver.

L'occasion aussi de revoir dans la salle du conseil d'administration le magnifique mobilier en chêne de la pharmacie de Marc Rocher.

Sans le leg de Marc Rocher à la commune, cette maison de retraite  qui porte aujourd'hui son nom aurait-elle dix ans? Qui se souvient de Marc Rocher? Les anciens! Sa pharmacie se tenait place de la fontaine au pied de l'Abbatiale, là où se trouve aujourd'hui l'Atelier du peintre. Marc Rocher, petit bonhomme d'allure bourrue était un personnage vif et facétieux qui partageait son temps entre son officine et ses amis du bar de la fontaine, un mégot de maïs au coin des lèvres... Il avait une excellente connaissance des champignons et une grande lucidité sur les choses de la vie. Une figure locale à ne pas oublier et dont la mémoire pourrait être davantage mise en valeur par l'accrochage d'un portrait et d'une brève biographie dans l'établissement...

C'est le titre d'un beau livre d'Andreï Makine, l'inoubliable auteur du Testament français. On reste ici dans la même veine aux confins de la Russie, ou plutôt de l'Union soviétique, de l'apprentissage du français, de l'admiration pour cette langue et ici de l'hommage aux aviateurs de la seconde guerre mondiale.

Le narrateur est un jeune orphelin soviétique, pensionnaire dans un orphelinat très sévère, à la sortie du stalinisme, qui trouve un peu de réconfort auprès d'une française venue vivre dans les steppes russes, qui va l'initier à la beauté de notre langue et lui raconter l'histoire de Jacques Dorme, cet aviateur français de la ligne Alaska Sibérie avec lequel elle a vécu un amour de courte durée mais intense avant que Jacques ne fracasse son avion le 1er janvier 1945 contre les glaces sibériennes.

Le moment venu, notre narrateur va partir à sa recherche  dans la banlieue de Paris et lui dédier ce livre, sans oublier de dénoncer au passage en fin d'ouvrage les menaces qui péseraient sur notre belle langue française, du moins vues de la part d'un locuteur qui l'a découverte et pratiquée longtemps uniquement dans la littérature.

Ils regardent le ciel sans blêmir et la terre sans rougir...

A La Chaise Dieu, la Maison forte de la Cloze (XVIème siècle) après des années en deshérence est enfin officiellement à la vente. Cette maison qui a conservé une galerie à machicoulis et ses fenêtres à menaux se situe en amont de la Porte de la Coste sur l'ancien chemin de Brioude, là où se situait autrefois l'entrée principale de la ville. La maison et son jardin sont classés monuments historiques. Beaucoup de travaux à prévoir mais une fois restauré la promesse d'un bel ensemble architectural témoin du passé médiéval de La Chaise-Dieu qui viendra renforcer son attractivité.

Pas vu le soleil depuis huit jours au moins, on ne compte plus! Il pleut en continu, ciel gris, brouillard et jusqu'à ce matin chaque jour est plus froid que le précédent. Sur nos écrans pas l'ombre d'une ombre sur les terrains de Roland Garros, que seule la charmante tenue rose d'Ana Ivanovitch parvient à ensoleiller...

Alors dans cette période de retour forcé sur soi, quoi de meiux après avoir fait le tour de sa bibliothèque que de relire L'univers, les dieux, les hommes de Jean-Pierre Vernant?

Déjà lu en 1999, mais c'est un vrai plaisir que cette plongée dans l'univers de la mythologie grecque, ce retour en arrière de 2500 ans. On redécouvre la création de l'Univers, l'instauration de la préeminence de Zeus, la guerre de Troie, les voyages et le retour d'Ulysse, le drame d'Oedipe, Persée...

Dans ce monde grec, il n'y a pas de Dieu tout puissant, dieux et déesses passent des compromis, et puis quel bonheur sans doute pour les hommes et les femmes d'être séduits un jour par un dieu ou une Déesse?

Quand on referme ce livre, on a envie de le reprendre au début, tant il est riche d'anectodes plus ou moins familières et de sens.

De temps à autre une nuée de motards débarquent dans le village de La Chaise Dieu. Engins rutilants et pétaradants occupent alors la Place de l'Echo ou celle du Monument.

Les motards sont le plus souvent de la région, Haute Loire, Puy de Dome, Loire... La Chaise Dieu, ils connaissent déjà sa tapisserie, sa danse macabre.... Ils  s'arrêtent, enlèvent le casque, les gants, ouvrent le blouson Ils ont souvent entre 40 et 60 ans, il faut bien avoir accumulé un peu de capital pour se payer de si belles machines. Seuls ou en couple. Peu de femmes au guidon. Cigarettes. Direction, une des terrasses de café pour boire une bière, ou un coca, se détendre les jambes. Le plaisir de rouler, d'aller d'un endroit à l'autre, sentir le vent, aller vite dans les virages, être ensemble...

Avec la hausse du prix de l'essence, on risque de les voir moins souvent. dommage c'est toujours un enchantement, cette idée du voyage qui passe, de la liberté en marché de l'ivresse des grands espaces, d'Easy Rider...

Que retenir de cette polémique, cette houle médiatique, qu'a suscitée la publication par Dalloz des attendus d'un jugement du tribunal de Lille prononçant l'annulation d'un mariage pour cause de mensonge sur une caractéristique essentielle d'un des époux...

Principalement l'unanimité de l'opinion de la droite à la gauche pour condamner ce jugement. Si l'on s'en tient à l'expression des partis, des associations, des églises, il n'y a pas de débat. Seul les juristes semblent majoritairement soutenir la position adoptée par la justice en première instance. J'ai tendance à me placer du coté des juristes plutôt que de celui d'une opinion prompte à s'enflammer, à enfourcher un discours politiquement correct, quitte à s'éloigner des faits, et surtout à ne pas lire les attendus du jugement...

La Garde des sceaux, manifestement contre son gré, a demandé au parquet général de faire appel de ce jugement qui manifestement satisfait pourtant les vrais-faux mariés. Que va t'il se passer? Admettons que le jugement soit finalement invalidé après bénédiction de la Cour de cassation. Que sera il proposé aux vrais faux mariés? De reprendre la vie commune contre leur gré, de divorcer? mais alors pour quel motif? celui qui est dénié pour l'annulation du mariage?

Quoi qu'il en soit la chirurgie continuera à reconstituer les hymens de jeunes femmes désireuses d'épouser des hommes attachés à la virginité de leur future épouse leur permettant ainsi d'engager leur vie matrimoniale sur la base d'un pieux mensonge...

La solution réside bien entendu dans la capacité, souvent à construire, des femmes à assumer leur sexualité passée et à refuser d'épouser des hommes pour lesquels la virginité reste essentielle alors qu'ils n'ont pas à faire preuve de la leur.

Quatre cubes posés les uns sur les autres, commerces, bureaux, hôtel et logements, 300 mètres de haut. Voilà le dernier geste architectural que nous offre Jean Nouvel ou plutôt l'Etablissement Public d'Aménagement de la Défense avec comme objectif de faire de ce quartier d'affaire un lieu de vie.

Cette nouvelle tour sera construite sur un noeud routier juste à gauche de la Grande Arche. On nous promet au titre de l'équilibre une autre tour à droite de la dite Arche, histoire de ne pas démentir Patrick Devedjian : UMP, Président du conseil général des Hauts de Seine...: la Tour Signal est le geste architectural le plus important depuis la Tour Eiffel...sa silhouette puissante permet de réequilibrer le paysage de la défense autour de la Grande Arche.

Constatons que plus personne ne nous parle  de la perpective ouverte par un autre achitecte Gabriel, celle du Louvre, des tuileries, de la Concorde, de l'Arc de triomphe, de la Grande Arche...

Notons aussi que la consommation d'énergie par habitant de ces tours est huit fois plus élevée que pour les constructions ordinaires, pas idéal, on aimerait connaitre l'hypothèse de prix de l'énergie retenue lors de l'élaboration du projet...enfin quid des questions de sécurité pour les 20000 personnes invitées à vivre dans ces quatre cubes.

Bref, ce projet est un mauvais signal en cette époque qui aspire à tout décliner en termes de développement durable, on attend la démonstration que ce projet est créatif, innovant, quel sera le prix du m2 dans le cube 4, tout en haut, qui veut y aller, y aura t'il des logements sociaux?

Notre seule ambition serait elle de copier les tours phalliques des magnats pétroliers du Golfe Arabo Persique. On a l'impression avec ces projets de poursuivre dans la voie des années soixante-dix, dans le même aveuglement, à l'encontre de l'aspiration des populations.

Il y a tant à faire pour aménager nos espaces urbains, réparer nos erreurs passées qu'on désespère devant si peu d'imagination. Ce n'est pas aux architectes qu'il faudrait confier le devenir de nos villes mais à des urbanistes, des équipes pluridisciplinaires, et pour commencer, il faudrait sans doute changer la gouvernance de l'EPAD et la composition des jurys qui nous imposent des choix structurants sans aucune concertation publique digne de ce nom.

A consulter le rapport de l'architecte Françoise Hélène Jourda sur la prise en compte du développement durable dans la construction: http://www.lemoniteur-expert.com/pdf/rapportAuMinistre.pdf

A La Chaise-Dieu (Hte-Loire), il y a de nombreuses personnalités célébrées, Saint Robert de Turlande, le fondateur de l'abbaye, Clément VI, le pape d'Avignon, ancien moine de l'abbaye et batisseur de l'Abbatiale, le Maréchal de Lafayette, le compagnon de Jeanne d'Arc, pas celui de l'Amérique nous voilà! même s'il s'est un voisin, le Cardinal de Rohan, celui de l'affaire du Collier de la Reine, Giorgy Cziffra père et fils, les fondateurs du Festival de musique...

J'ai découvert récemment grâce à une très belle brochure du Parc Livradois Forez, écrite et réalisée par Fabian Grégoire, qu'il y a aussi Borvo. Borvo vous connaissez bien sûr! Il y a une fontaine octogonale en bas de la Place du monument, déplacée à plusieurs reprises, dite de Borvo, l'équivalent d'Apollon dans la mythologie celtique gauloise, un dieu guérisseur par les eaux bouillonnantes qui aurait donné son nom à La Bourboule. Qui le sait à La Chaise-Dieu?

Et il parait que pour 67 % des français c'est la voiture du XXème siècle. C'est sans doute le cas pour cet heureux propriétaire de la Haute-Loire puisqu'il a gardé sa chère 2CV au fond du jardin. A moins qu'il ne s'agisse d'une expérience pour mesurer le nombre d'années (de siècles?) nécessaires à la disparition naturelle du véhicule?

Erik Orsenna de l'Académie française est à l'origine un économiste, un prof! Cette passion l'a conduit à nous donner un livre sur le caoutchouc L'exposition coloniale, un sur le coton, Voyages aux pays du coton, un sur l'Afrique, Madame Bâ, un sur l'environnement, Portrait du Gulf Stream...

Associé avec ses amis du Cercle des économistes  http://www.lecercledeseconomistes.asso.fr/, cela donne Un monde de ressources rares. Ce petit livre, broché ou en poche, 13 ou 8 EUR traite de la rareté au sens large, le coeur de la préoccupation des économistes. Les raretés traditionnelles, celle des matières premières, de l'eau, de l'énergie, de l'alimentation, mais aussi raretés du travail qualifié, de l'innovation, du capital.

Les auteurs passent en revue l'ensemble de ces raretés et examinent les solutions à mettre en oeuvre. Ils n'excluent rien a priori, ni le nucléaire, ni les OGM, plus de marché et plus de régulation, ce n'est pas contradictoire, surtout plus d'innovation, c'est la solution face aux raretés opiniâtres.

Du développement durable et davantage de gouvernance mondiale avec une proposition de création d'un Conseil économique mondial pendant du Conseil de sécurité de l'ONU pour piloter toutes les organisations internationales  actuelles (FMI, BM, FAO, OMS, OIT...) dont l'action n'est pas toujours à la hauteur des enjeux.

La globalisation est une chance, mais il faut la réguler pour éviter qu'elle ne s'achève comme celle de la fin du XIX éme siècle par la première guerre mondiale. C'est la responsablité de nos générations.