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Livre - Page 17

  • Dictionnaire amoureux de Venise

    Un samedi après-midi consacré à la lecture in extenso de ce beau livre. Belles illustrations et surtout belles notations de Philippe Sollers avec de beaux portraits, de lui-même bien entendu, mais surtout de Dominique Rolln, d'Ezra Pound, du Titien, de Veronese, de Morand, de Vivaldi, de Manet et Monet, de Monteverdi, de Stravinsky... j'en oublie... Casanova...

    Il y a de belles formules, ainsi à propos du protestantisme : pourquoi quitter une absurdité cohérente pour une absurdité incohérente? Sollers n'aime pas l'austérité, la rigueur protestante, il lui préfère la sensualité baroque...

    Et il y de belles analyses de tableaux à commencer par La tempête de Giorgione à l'Accademia qui fait l'objet de ma part d'un pèlerinage à chacune de mes visites.

    Et puis Venise c'est déjà un peu l'Orient...

    Vite aux Zattere

     

  • Boussole

    Ce n'est pas un livre facile autant le dire tout de suite. Mais c'est un livre passionnant, il suffit de se laisser emporter par la verve de l'auteur.

    Franz Ritter le narrateur est un musicologue autrichien , malade, dépressif. Insomniaque surtout et le roman décrit le fil de ses pensées au cours d'une nuit. Sarah revient souvent dans ces pensées, de façon obsessionnelle, un amour impossible, inaccompli, elle est elle-même universitaire, française, spécialiste de l'orient et de de ses grands voyageurs. 

    Mathias Enard qui a passé plusieurs années de sa vie au Proche et au moyen Orient, au Liban, en Syrie, en Iran en Turquie fait assaut d'érudition musicale et littéraire sur tout ce qui a façonné au cours des siècles la relation entre Orient et Occident.

    Sa boussole comme celle de Beethoven n'indique pas le Nord mais l'Est, vers Jérusalem et La Mecque, les religions du livre.

    Ce livre est aussi un hommage à la Syrie, un pays d'une grande richesse culturelle qui n'est pas qu'un pays de jihadistes.

    L'objet de ce livre est aussi de nous rappeler tout ce que l'Occident doit à l'Orient et ce que l'Orient doit à l'Occident. Les ponts entre ces deux régions voisines ont été permanents et sont appelés à survivre au désastre qui affecte aujourd'hui cette région.

    C'est ce que nous rappelle Enard, l'Islam a été une culture foisonnante, une vision du monde, une philosophie, très éloignée de la caricature qu'en ont aujourd'hui nos contemporains, cet islam là sans voile et sans violence doit redevenir visible. Mathias Enard y contribue avec talent.

    C'est pas mal de lire ce livre avec un smartphone à portée de main pour prendre le temps d'écouter sur youtube les interprétations citées.

  • Palmyre

    Hier, journée d'hommage aux victimes des attentats de Paris, j'ai lu Palmyre de Paul Veyne dans le train entre Lille et Bordeaux.

    Paul Veyne est admirable,  à 93 ans, il a écrit en quelques jours un ouvrage magnifique, à la portée de tous qui nous explique bien la singularité de Palmyre, son histoire, son architecture, sa place dans l'empire romain, son côté tribal, l'épopée de Zenobie.

    Magnifiques illustrations.

    Que de regrets! En poste au Liban de 2005 à 2008, je ne suis jamais allé à Palmyre, c'était déjà réputé dangereux, non pas à cause des jihadistes, mais à cause des sbires de Bachar el Assad, qui déjà enlevaient, emprisonnaient, assassinaient...

    Excès de prudence, j'aurai du y aller. Aujourd'hui, il est trop tard, il nous reste les photos du livre de Paul Veyne, ses explications lumineuses, notre imagination...

  • Enterrez vos morts

    9782330052393.jpgJ'ai acquis ce roman policier à la Librairie L'oie bleue à La Chaise Dieu, sans savoir que ce serait ma dernière acquisition dans cette boutique, très probablement, puisque Fabienne a décidé de cesser son activité cet automne. Mille regrets pour cette entreprise qui aura vécu onze ans, tout de même, Fabienne a beaucoup de talent. Elle réussira dans ces futures entreprises.

    Ce livre, je l'ai commandé après avoir lu une critique dans Les Echos. La couverture avec ce chien ne m'aurait pas incité à l'acheter et j'ignorai tout de Louise Penny.

    L'auteure, avec un e car c'est une québécoise mais anglophone est une célébrité Outre Atlantique. Elle a déclaré en septembre dans le New York Times que quand elle ne figurait pas dans La Liste des meilleures ventes elle se sentait coupable.

    De fait elle a connu un succès phénoménal en quelques années en publiant 11 ouvrages avec comme héros l'inspecteur chef Armand Gamache de la section des homicides de Québec. Enterrez vos morts est le sixième opus.

    C'est très bien écrit, il y'a plusieurs histoires entremêlées, au moins trois, et l'intrigue tourne autour de Samuel Champlain dont on ne sait pas grand chose, figure mythique du Quebec, et de la place des anglophones dans la société québécoise. Il y'a beaucoup de neige, de blizzard, de burle, des personnages très attachants, c'est très calme, il y a peu d'action et beaucoup de réflexion, l'ambiance est aux antipodes des flics des séries télévisées, c'est plutôt du style Agatha Christie, feutré. Sauf vers la fin, je vous laisse découvrir...

    Une très bonne lecture...

  • Les partisans

    Je m'appelle Edmund et j'ai 17 ans. C'est ainsi que commence ce magnifique récit d'Aharon  Appelfeld qui fait appel à ses souvenirs pour nous restituer un épisode de la seconde guerre mondiale.

    Un petit groupe de juif ukrainiens a réussi à échapper aux rafles des SS et a trouvé refuge dans une forêt en Ukraine, en altitude, il fait froid, la bataille de Stalingrad est en cours. Ce sont des partisans, les règles sont militaires sous l'autorité d'un commandant un peu mystique mais plein d'humanité. Il y des croyants mais aussi des communistes, certains veulent ressusciter l'hébreu d'autres le yiddish, tous pensent à leur parents abandonné dans une gare, partis dans des camps d'où l'on ne revient pas. Tous pensent à demain, tous sont solidaires dans l'adversité.

    Etre partisans implique de combattre, de toute façon, pour survivre, il faut s'approvisionner et donc mener des raids allez piller dans telle ou telle maison, se procurer des médicaments pour les blessés, enlever un médecin...

    Etre partisan va au-delà, le petit groupe s'enhardit et fait dérailler des convois de juifs, il en sauve plusieurs dizaines qu'il fait monter sur la cîme de la montagne, qu'il soigne, des gens hébétés, amaigris, sans la force de marcher.

    La retraite allemande est en route mais jusqu'au bout, l'ennemi s'acharne à réduire ce groupe de partisans, il ne lâche rien comme on dit aujourd'hui.

    Entre deux patrouilles, deux raids, les partisans rêvent, des beaux rêves souvent, ils voient leurs parents, mangent des pâtisseries, se retrouvent, une idée de l'au-delà qui les attend quoi qu'il arrive.

  • Une enfance à La Chaise-Dieu

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    Jean-Luc Bayard, auteur de P.O.L nid d'espions présente son livre dans un entretien paru dans Libération et à cette occasion, évoque son enfance à La Chaise-Dieu. C'est très émouvant. La totalité de l'entretien est  ici, la partie relative à La Chaise-Dieu dans "lire la suite". 

    Lire la suite

  • Atlas d'un homme inquiet

    Il n'y a pas de cartes dans cet Atlas commis par Christoph Ransmayr mais 70 petites nouvelles qui commencent toutes par les mots Je vis et qui se situent dans 70 lieux différents sur les cinq continents, avec une prédilection particulière pour l'Asie, les Amériques et l'Europe, les lieux privilégiés par Ransmayr pour ses pérégrinations au cours de sa vie.

    Les nouvelles ne sont pas datées mais elles témoignent de notre époque, c'est un portrait de notre monde contemporain, des défis auxquels est confrontée l'humanité. C'est empreint de sagesse, de romantisme et d'interrogations pour notre avenir.

  • Joseph

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    De Marie Hélène Lafon, j'avais beaucoup aimé Les pays. Joseph est un peu de la même veine.

    Joseph, c'est le portrait d'un homme, un ouvrier agricole, mais un ouvrier logé par ses patrons, il fait partie de la ferme sans en faire vraiment partie. Il a une soixante d'années, bientôt la retraite. il adore compter, il mémorise bien les chiffres, surtout les dates, beaucoup moins les lettres, les mots ce n'est pas son affaire, c'est un taiseux, mais il observe.

    Vers la trentaine il a aimé Sylvie, qui le lui a bien rendu, pendant un temps. Puis Sylvie est partie pour un autre, comme les fois précédentes, plaqueur, plaqué, et il s'est mis à boire, puis s'est soigné. Depuis, il va de place en place, il aime les chiens, les vaches, il les connait par coeur, il n'a pas son pareil dans le pays pour les mener.

    Il observe le monde, le mémorise, mais il n'en est pas un acteur. il est à sa place. il ne dira pas ce qu'il en pense. il garde tout pour lui.

    Le soir, après le diner, il parcourt le journal de la veille pendant que la patronne fait les mots croisés du journal du jour.

    Son frère qui a mieux réussi à pris sa mère chez lui, Joseph s'est retrouvé seul et vit désormais en permanence chez ses patrons, il connait déjà bien l'hospice ou il ira finir ses jours.

    Joseph est donc aussi le portrait d'un monde qui disparait, un monde rude, dans le Cantal, un monde de solidarité, de respect.

    Marie Hélène Lafon sait trouver les mots justes.

  • Jacob, Jacob

    Livre magnifique, justement récompensé par le prix Livre Inter, mais il aurait pu tout aussi bien avoir d'autres prix. Jacob est un jeune homme de Constantine, en Algérie, né dans une famille nombreuse, juive, comme son prénom l'indique, Jacob, Jacob deux fois, parce qu'un de ses frères ainés, déjà prénommé Jacob, est décédé prématurément, il le remplace donc.

    Jacob est un garçon intelligent, poète, sensible, qui vit dans une famille fruste, où les hommes font la loi, oppressent les femmes, battent les enfants. Ils font les fiers alors qu'ils n'ont pas de quoi pour citer Jean de la Ville de Mirmont.

    On est en 1940, Jacob est d'abord interdit de lycée parce qu'il est juif, et son professeur lui donne des cours particuliers pour compenser, puis c'est la mobilisation, et l'incorporation, pour défendre la France, la judéité n'est plus un problème.

    Il part, effectue le débarquement en Provence, remonte en Alsace... tue des boches, sa mère n'a pas de nouvelles, la Lucette, qui rêve de lui toutes les nuits non plus. 

    Quelques années plus tard, son neveu, Gabriel combattra les fellaghas...

    C'est la vie, la vraie vie, l'amour filial, la camaraderie des combats, l'amour tout court...

  • Bleus horizons

    Ce livre est un bel hommage rendu par Jérome Garcin à un poète bordelais trop méconnu Jean de la Ville de Mirmont (1884 - 1914).

    Un poète fauché comme tant d'autres sur le Chemin des Dames, l'auteur d'un seul roman intitulé Les dimanches de Jean Dezert qui conte de façon autobiographique la vie d'un jeune poète  bordelais qui se retrouve à Paris pour gagner sa vie dans des bureaux où il s'ennuie. Et un recueil de poèmes publié à titre posthume intitulé L'Horizon chimérique.

    On comprend mieux le titre de l'ouvrage.

    Jérome Garcin a créé un second personnage, Louis Gémon, un camarade de combat qui blessé aux jambes échappe à l'enfer des tranchées et qui va sa vie durant cultiver la mémoire de son ami, chercher de toutes ses forces à faire émerger son oeuvre.

    C'est ainsi que l'on rencontre la maman de Jean de la Ville de Mirmont, François Mauriac, Gabriel Fauré, Bernard Grasset et bien d'autres.

    C'est un ouvrage bien attachant, à lire et faire lire.

    A Bordeaux, sur les bords de la Garonne, rive droite, entre le jardin botanique et le pont de pierre un bel hommage est rendu  à Jean de la Ville de Mirmont.

    Cette fois mon coeur c'est le grand voyage

    Nous ne savons pas quand nous reviendrons

    Serons nous plus fiers, plus fous ou plus sages?

    Qu'importe, mon coeur, puisque nous partons!

    et

    Nous sommes au fond des enfants malades

    Qui faisons les fiers sans avoir de quoi