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  • Tout passe de Vassili Grossman

    tout passe.jpgDernière chronique de l'année 2009 pour un chef d'oeuvre!
    Vassili Grossman est universellement connu pour son grand roman Vie et Destin, qui retrace cette épopée qu'a été la bataille de Stalingrad, cet affrontement entre deux totalitarismes, celui de l'Allemagne nazie et celui de l'URSS de Staline. Je ne l'ai pas encore lu, quelques 800 pages et plus... j'attends d'avoir davantage de temps.
    Mais grâce à Alain Finlkelkraut qui le recommande dans un coeur intelligent, j'ai découvert Tout passe ce bref roman de Vassili Grossman, écrit de 1955 à 1963, paru en français en 1983 aux éditions L'Age d'Homme. Pas facile à trouver ce livre, épuisé chez l'éditeur, merci à la librairie Tschann, boulevard du Montparnasse.
    Ivan Grigorievitch, bagnard incarcéré en 1925 revient à Moscou en 1955 après 30 ans de déportation au delà de l'Arctique et rédécouvre son pays. En quelques chapitres, quelques portraits, une trop brève rencontre amoureuse, Ivan Grigorievitch nous raconte sa rencontre avec son cousin Nicolas Andreievitch qui a survécu à trente ans de purges et à qui il n' a donc rien à dire, les procès faits aux blouses blanches, la vie dans le goulag, la cohabitation des poltiques et des droits communs, les camps de femmes, la dékoulakisation, la famine en Ukraine, les responsabilités de Lénine et de Staline... le livre refermé on est effrayé de ce qu'a vécu cette génération et de l'aveuglement dont nous avons fait preuve...
    Ivan a une conception simple de la liberté, pas seulement celle de la presse, de parole, de conscience, mais la liberté de fabriquer des bottes, de semer du blé, d'en faire du pain, de le vendre... ou pas.
    Toutes ces libertés ont été broyées par l'État, cet État qui devait disparaître, cet instrument transitoire qui est devenu un but en soi, un monstre vorace. Lénine puis Staline n'auraient fait que s'inscrire dans la continuité de l'histoire millénaire de la Russie qui se caractériserait par "la connexité du progrès et du servage".
    L'URSS a disparu depuis mais le propos de Vassili Grossman reste plus que jamais d'actualité aujourd'hui, il n'est pas nécessaire ici de citer des exemples.
    A l'aube de 2010, restons comme Ivan Grigorievitch foncièrement optimistes : Quelque illimité que soit le pouvoir d'État et quelque forts soient les empires, tout cela n'est que fumée, que brouillard et, comme tel, disparaîtra. Il n'y a qu'une force, elle réside dans la liberté. Vivre, cela signifie être un homme libre... Un jour, liberté et russie ne seront qu'un!
    Tout passe!
    Très bonne année 2010!

  • Eloge de Bordeaux

    Eloge Bx 002.jpgC'est le titre d'une exposition fort agréable présentée par le Musée des beaux-arts de Bordeaux. 150 oeuvres rassemblées par Daniel Thierry et Sophie Shyler-Schröder. Peintures, gravures, dessins, livres, tous rassemblés autour de l'idée de Bordeaux par ce couple de mécènes dont la lignée remonte à une illustre famille hanséatique venue à Bordeaux, comme négociant au XVIIIéme siècle.

    Daniel Thierry, directeur général administrateur de GT finance, société de gestion de portefeuille sise à Paris, aurait constitué cette collection privée magnifique en moins de quinze ans. C'est sans aucun doute à son épouse Sophie Shyler-Shröder qu'il doit cette passion pour Bordeaux. La famille Shyler est en effet propriétaire depuis 1904 de Chateau Kirwan, domaine de 35 hectares situé à Cantenac Margaux, classé troisième grand cru des vins de Bordeaux.

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    Nombreuses vues de la ville de Bordeaux, des quais, des cartes de Bordeaux, une esquisse magnifique de la place louis XVI, datée de 1786, qui devait prendre la place du Chateau Tropeyte (Quinconces), plan du Grand théatre mais aussi scènes de la vie quotidienne, au droit de la rue du Couvent, sur le quai des Chartrons  et les toujours délicieuses caricatures de Georges de Sonneville (Les bons mardis ci-dessous) et puis pour s'aérer, quelques belles vues du vignoble et du Bassin d'Arcachon. Eloge Bx 003.jpg

    Et puis des vues des bateaux de guerre allemands sabotés dans le port de la lune dues à Charles Philippe en 1945 (cf.aussi chronique du 14 décembre 2009 sur l'opération frankton). Choses déjà vues et vraies découvertes. Un excellent moment!

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  • Darshan de Zingaro

    Depuis plusieurs années, c'est devenu une tradition, nous allons voir un peu avant Noël le spectacle en cours du Théatre équestre de Zingaro www.zingaro.fr.

    Cette année, le spectacle s'appelle Darshan, mot impossible à traduire mais qui évoque l'idée de voir.

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    Tout commence comme d'habitude, on est heureux de retrouver nos marques. L'entrée dans l'enceinte de Zingaro, puis dans la grande salle qui sert à l'accueil du public, de lieu d'exposition (photos et accessoires des anciens spectacles) et de restauration, l'odeur du vin chaud est prégnante.
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    Puis, après quelques pas dans la cour, c'est l'accès au théatre de bois proprement dit, la traversée des écuries... Et là, pour celui qui n'a pas été prévenu, c'est la surprise : la piste ronde a été supprimée, les gradins à la périphérie détruits. Les spectateurs sont invités à s'asseoir sur une sorte de pièce montée qui va faire un tour sur elle-même pendant la durée du spectacle, pièce qu'entoure une piste en anneau circulaire, séparée en deux parties par un écran lui aussi circulaire, percé de portes pivotantes.
    Et c'est la plongée pour une heure et demi dans un théatre d'ombres. Chevaux et cavaliers nous offrent en effet des scènes derrière l'écran projetées en ombres chinoises. Des scènes souvent assez naïves : la pluie, le vent, la tempête, la baignade, le bord de mer, les mouettes en noir sur fond blanc, en blanc sur fond noir, la guerre, l'ange et le démon... Difficile de trouver un lien entre toutes ces images, une histoire. De temps à autre, un cheval avec ou sans cavalier fait un tour devant l'écran, souvent le cavalier porte un masque à gaz, allégorie de fin du monde?
    Sans doute, puisqu'à la fin du spectacle les ombres des chevaux sont au grand galop derrière l'écran tandis que les cavaliers, sans leurs chevaux, en chair et en os, devant l'écran, courrent à perdre haleine en se dépouillant de leurs vétements jusqu'à l'épuisement final... l'humanité serait-elle condamnée?
    La bande-son, oeuvre de Jean Schwarz, mêle des oeuvres de Bach Haydn, Mozart, Wagner...à des musiques traditionnelles des îles Salomon, d'Afrique, de Mongolie, à des chants coréens et tibétains, sans oublier le chant des mouettes.
    Au total, un spectacle déconcertant, très apprécié par ceux qui jouent le jeu, se laissent porter par les images et la musique et fort critiqué par les autres qui s'y ennuient profondément.
    Un spectacle courageux de la part de Bartabas en tous cas, le plus  simple eut été en effet pour satisfaire le public de faire un peu comme les années précédentes. Il faut y aller pour se faire son opinion. A la fin du spectacle, le rituel des années précédentes reprend ses droits avec le grand feu dans la cour. A l'année prochaine!

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  • Vive la RATP

    ticket X tarif Reduit.jpgNon ce n'est pas ironique du tout en cette période de grève prolongée sur la ligne A du RER!

    Hier j'ai perdu mon Passe Navigo, lequel me sert également de passe pour le Vélib'... en sortant mes gants de ma poche à un feu rouge probablement... la faute au général hiver.mise_en_page_NAVIGO_copil.jpg

    Et bien, un passage au Club de la RATP de la gare de Lyon, sans aucune attente, m'a permis en cinq minutes de me voir attribuer gratuitement un nouveau passe avec ma photo, rigoureusement identique au précédent. Il parait qu'il se perd 7000 Passe Navigo par mois...

    Cerise sur le gateau, un simple coup de téléphone à l'assistance vélib', sans aucune attente, m'a permis de le faire valider et de reprendre immédiatement un vélo...

    La RATP ça roule... quand ses salariés le veulent bien.

  • Lord Jim de Conrad

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    Nouveau livre sur le conseil d'Alain Finkelkraut dans Un coeur intelligent!

    500 pages, je n'ai pas eu le courage de le lire en anglais comme je l'avais fait il y a quelques années pour Heart of darkness (Au coeur des ténèbres) que j'avais lu à la suite d'un périple en République Démocratique du Congo en 2004, je crois.

    Comme dans Au coeur des ténébres, c'est le capitaine Marlow qui raconte. L'action se passe cette fois dans l'archipel indonésien et en fait il y a deux romans dans ce roman qui traite de la condition humaine, de la difficulté d'être.

    Dans la première partie on découvre comment Jim, membre de l'équipage du Patna, un bateau qui emmène des Pélerins musulmans vers La Mecque, est conduit avec le capitaine du navire, à la suite d'une sorte de perte de lucidité plus que de lâcheté, à abandonner le batîment en perdition et sa cargaison de pélerins pour sauver sa vie.

    Après une sorte de procès où il rencontre Marlow, qui va le protéger, Jim commence une longue errance de port en port sans parvenir à éliminer le remords qui le ronge et le déstabilise.  Jusqu'à ce qu'il échoue sur le Conseil de Stein, un ami de Marlow, colon germanique truculant, chasseur de papillons, à Patusan. Patusan est un pays imaginaire reculé, qu'aucun blanc ne fréquente, et dont il devient le Tuan, le maître bienveillant, éclairé, et protecteur des populations localesLord Jim. Il y rencontre l'amour et ressent une certaine forme de plénitude, imparfaite cependant, incapable par exemple de dire pourquoi il est venu et compte rester pour toujours dans cet endroit improbable.

    Jusqu'à ce qu'il croise le trafiquant anlais Brown et ses acolytes, une caricature du bandit perdu, sans foi ni loi. Lord Jim a alors l'occasion de se comporter en héros, mais un héros au destin tragique.

  • Neige

    Ce matin du jeudi 17 décembre 2009, mieux valait à Paris laisser choir la bicyclette plutôt que de risquer la chute...

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    ...et se rabattre sur le bon vieux metropolitain beaucoup plus sûr même s'il y avait un mouvement social...

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  • Commémoration de l'opération Frankton

    Le 12 décembre de chaque année Bordeaux commémore avec nos alliés britanniques l'Opération Frankton http://musee.delaresistance.free.fr/en%20ligne/dossiers/frankton/recit.html dite aussi coque de noix.

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    Du 7 au 12 décembre 1942, un commando de 10 hommes de l'armée britannique, largué par un sous-marin au large de Montalivet, remonte l'estuaire de la Gironde de nuit avec 5 kayaks, à la faveur  du courant. Dans la nuit du 11 au 12 décembre, il réussit à poser ses bombes sur les coques de six navires allemands. le 12 décembre au matin, les bombes aimantées explosent causant de graves dommages aux batîments. Cette opération a évité à l'époque le bombardement du port de Bordeaux et les pertes civiles qui s'en seraient suivies.

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    Dragueurs de mines allemands coulés, Charles Philippe, 1945, crayon et sanguine (au risque d'un certain anchronisme sans doute)

    Des 10 membres de ce commando, deux seulement regagnent leur pays, deux autres meurent noyés et six sont torturés puis fusillés par les nazis.

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    En ce dimanche froid et ensoleillé du 12 décembre 2009, nombreux ont été les bordelais qui se sont détournés de leur promenade sur les quais pour s'approcher des gerbes de fleurs déposées par les autorités françaises et britanniques face au Hangar 14. Et se souvenir de ces jeunes gens. C'est bien!

  • Piano à domicile

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    C'est sur ce piano, un Pleyel de 1920,  qu'Ivan Ilic www.ivancdg.com, pianiste américain d'origine serbe, donne des concerts à son domicile dans une vieille demeure près de la place Camille Julian à Bordeaux. Vendredi dernier, il interprétait Bach, une chaconne transcrite pour le piano par Brahms, puis sept études de Chopin transcrites ou recomposées par Léopold Godowski (1870-1938), pianiste américain d'origine polonaise ou plutôt balte.
    Particularité de ce concert suivi par une cinquantaine de personnes rassemblées par Bordeaux Accueille, toutes ces oeuvres étaient jouées de la seule main gauche, la main la plus maladroite! Une performance de virtuosité, que peu de ceux qui ne voyaient pas les mains du pianiste ont su déceler. Une épreuve de rigueur que de se donner cette contrainte de ne jouer que d'une seule main, un peu comme Georges Perec avec son roman La disparition écrit sans recourir à la lettre e.
    Ivan Ilic enregistre actuellement ces oeuvres. Un disque sortira après 2010 qui viendra s'ajouter à celui édité en 2008 consacré à Debussy.
    Excellente soirée qui s'est terminée avec nos hôtes autour d'un verre de Bordeaux et de patisseries allemandes.
    Pour participer à un concert à domicile et rencontrer Ivan Ilic laisser vos coordonnées sur son site.

  • Médée

    Quel dialogue des cultures! Avec cette mise en scène au Théatre des Amandiers de Nanterre, Jean-Louis Martinelli a réussi une belle prouesse.

    A l'origine, il y a près de 2500 ans, Euripide met en scène l'histoire de Médée, magicienne, qui par amour et ambition sera tout à la fois fratricide, infanticide et régicide...

    Max Rouquette (1908-2005), www.max-rouquette.org/, écrit une Médée, en occitan, avec un choeur à l'antique que ponctuent des psaumes : le chemin, l'étranger, les mères, le pardon, l'abandon, l'angoisse, la résignation, l'enfant, le pressentiment, le mal, le néant. Cette pièce, jamais montée en occitan, Rouquette la voyait jouée entre La Boissière et Aniane, dans l'Hérault, un lieu de théatre naturel, tout prêt, comme dans la Grèce antique, que j'ai parcouru à pied l'été dernier.

    medee_martinelli_172.jpgMartinelli nous offre aujourd'hui une mise en scène avec des acteurs burkinabés qui jouent la pièce en français et un choeur de femmes qui chantent les psaumes en langue bambara sur une musique de Ray Lema.

    C'est déjà formidable et en plus Odile Sankara qui joue le personnage de Médée le fait avec une force extraordinaire exprimant tour à tour tous les sentiments, l'amour, la haine, l'effroi, la vengeance, le sarcasme. L'actrice a approché la mort, l'assassinat, de près puisqu'elle est la soeur cadette de Thomas Sankara, le père de la révolution au Burkina Faso, littéralement le pays des hommes intègres, assassiné en 1987. La façon dont Médée se prépare à assassiner ces deux enfants pour se venger de Jason qui vient de la répudier est inoubliable.

    A voir aux Amandiers jusqu'au 13 décembre puis en tournée à Bogota mars 2010, à Munich mai 2010 à Torun (Pologne) en mai 2010, à New-York (Brooklyn) en octobre et novembre 2010 et à Porto en novembre 2010. 

  • Histoire d'un allemand - Souvenirs 1914-1933

    haffner.jpgA nouveau un livre retenu par Alain Finkelkraut dans Un coeur intelligent!

    Sebastian Haffner (1907-1999), de son vrai nom Raimund Pretzel, famille protestante, a effectué des études de magistrat en Allemagne. Il s'exile en 1938, d'abord en, France puis en Angleterre où il écrit à la demande d'un éditeur ces Souvenirs qui s'échelonnent de 1914 à 1933. L'auteur retourne en Allemagne en 1954 pour une carrière d'écrivain et de journaliste. Le manuscrit des souvenirs écrit en 1939 n'est pas publié, il n'en parlera jamais, et est découvert en 2000 après sa mort. Il est authentifié comme datant bien de 1939, ce qui en fait toute sa valeur, ce n'est pas un témoignage d'après-guerre. Excellente traduction de Brigitte Hébert.

    A travers ses souvenirs d'enfance, d'adolescent, d'étudiant, ses premières amours, Sebastian Haffner nous décrit la guerre, la révolution allemande, l'hyperinflation, la crise de 1929, la montée du nazisme, sa prise du pouvoir, l"indifférence, la passivité de la population allemande...

    La guerre à distance de 1914-18 vécue comme un jeu, qui se termina par l'humiliation de la défaite, l'hyperinflation qui obligeait la famille Haffner à faire ses courses le jour de paye, à stocker toutes les denrées pour un mois, le père d'Haffner, obligé de répondre à un questionnaire sur sa famille, le camp d'entrainement de trois semaines avec chants nazis pour les élèves magistrats, les pires difficultés pour voyager à l'étranger, l'apprentissage de la soumission... 

    La volonté d'éliminer les juifs est clairement affirmée bien avant 1933 mais la population, comme atomisée, subira sans broncher, sans manifester aucune opposition sociale ou politique, toutes les vexations, toutes les privations des droits, pour laisser libre cours finalement à la barbarie.

    Dès avant la prise de pouvoir par la force d'Hitler, l'Allemagne du chancelier Brüning acceptait des mesures contraires aux libertés fondamentales pour, selon le gouvernement, préserver la démocratie. L'engrenage aura été irrésistible! Il faut être intransigeant sur le respect des libertés! En particulier quand il est question d'identité nationale.

    Un excellent livre d'histoire à mettre entre toutes les mains en particulier celles des futurs élèves de terminale S!