Tout passe de Vassili Grossman
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C'est le titre d'une exposition fort agréable présentée par le Musée des beaux-arts de Bordeaux. 150 oeuvres rassemblées par Daniel Thierry et Sophie Shyler-Schröder. Peintures, gravures, dessins, livres, tous rassemblés autour de l'idée de Bordeaux par ce couple de mécènes dont la lignée remonte à une illustre famille hanséatique venue à Bordeaux, comme négociant au XVIIIéme siècle.
Daniel Thierry, directeur général administrateur de GT finance, société de gestion de portefeuille sise à Paris, aurait constitué cette collection privée magnifique en moins de quinze ans. C'est sans aucun doute à son épouse Sophie Shyler-Shröder qu'il doit cette passion pour Bordeaux. La famille Shyler est en effet propriétaire depuis 1904 de Chateau Kirwan, domaine de 35 hectares situé à Cantenac Margaux, classé troisième grand cru des vins de Bordeaux.
Nombreuses vues de la ville de Bordeaux, des quais, des cartes de Bordeaux, une esquisse magnifique de la place louis XVI, datée de 1786, qui devait prendre la place du Chateau Tropeyte (Quinconces), plan du Grand théatre mais aussi scènes de la vie quotidienne, au droit de la rue du Couvent, sur le quai des Chartrons et les toujours délicieuses caricatures de Georges de Sonneville (Les bons mardis ci-dessous) et puis pour s'aérer, quelques belles vues du vignoble et du Bassin d'Arcachon.
Depuis plusieurs années, c'est devenu une tradition, nous allons voir un peu avant Noël le spectacle en cours du Théatre équestre de Zingaro www.zingaro.fr.
Cette année, le spectacle s'appelle Darshan, mot impossible à traduire mais qui évoque l'idée de voir.
Non ce n'est pas ironique du tout en cette période de grève prolongée sur la ligne A du RER!
Hier j'ai perdu mon Passe Navigo, lequel me sert également de passe pour le Vélib'... en sortant mes gants de ma poche à un feu rouge probablement... la faute au général hiver.
Et bien, un passage au Club de la RATP de la gare de Lyon, sans aucune attente, m'a permis en cinq minutes de me voir attribuer gratuitement un nouveau passe avec ma photo, rigoureusement identique au précédent. Il parait qu'il se perd 7000 Passe Navigo par mois...
Cerise sur le gateau, un simple coup de téléphone à l'assistance vélib', sans aucune attente, m'a permis de le faire valider et de reprendre immédiatement un vélo...
La RATP ça roule... quand ses salariés le veulent bien.
Nouveau livre sur le conseil d'Alain Finkelkraut dans Un coeur intelligent!
500 pages, je n'ai pas eu le courage de le lire en anglais comme je l'avais fait il y a quelques années pour Heart of darkness (Au coeur des ténèbres) que j'avais lu à la suite d'un périple en République Démocratique du Congo en 2004, je crois.
Comme dans Au coeur des ténébres, c'est le capitaine Marlow qui raconte. L'action se passe cette fois dans l'archipel indonésien et en fait il y a deux romans dans ce roman qui traite de la condition humaine, de la difficulté d'être.
Dans la première partie on découvre comment Jim, membre de l'équipage du Patna, un bateau qui emmène des Pélerins musulmans vers La Mecque, est conduit avec le capitaine du navire, à la suite d'une sorte de perte de lucidité plus que de lâcheté, à abandonner le batîment en perdition et sa cargaison de pélerins pour sauver sa vie.
Après une sorte de procès où il rencontre Marlow, qui va le protéger, Jim commence une longue errance de port en port sans parvenir à éliminer le remords qui le ronge et le déstabilise. Jusqu'à ce qu'il échoue sur le Conseil de Stein, un ami de Marlow, colon germanique truculant, chasseur de papillons, à Patusan. Patusan est un pays imaginaire reculé, qu'aucun blanc ne fréquente, et dont il devient le Tuan, le maître bienveillant, éclairé, et protecteur des populations locales, Lord Jim. Il y rencontre l'amour et ressent une certaine forme de plénitude, imparfaite cependant, incapable par exemple de dire pourquoi il est venu et compte rester pour toujours dans cet endroit improbable.
Jusqu'à ce qu'il croise le trafiquant anlais Brown et ses acolytes, une caricature du bandit perdu, sans foi ni loi. Lord Jim a alors l'occasion de se comporter en héros, mais un héros au destin tragique.
Ce matin du jeudi 17 décembre 2009, mieux valait à Paris laisser choir la bicyclette plutôt que de risquer la chute...
...et se rabattre sur le bon vieux metropolitain beaucoup plus sûr même s'il y avait un mouvement social...
Le 12 décembre de chaque année Bordeaux commémore avec nos alliés britanniques l'Opération Frankton http://musee.delaresistance.free.fr/en%20ligne/dossiers/frankton/recit.html dite aussi coque de noix.
Du 7 au 12 décembre 1942, un commando de 10 hommes de l'armée britannique, largué par un sous-marin au large de Montalivet, remonte l'estuaire de la Gironde de nuit avec 5 kayaks, à la faveur du courant. Dans la nuit du 11 au 12 décembre, il réussit à poser ses bombes sur les coques de six navires allemands. le 12 décembre au matin, les bombes aimantées explosent causant de graves dommages aux batîments. Cette opération a évité à l'époque le bombardement du port de Bordeaux et les pertes civiles qui s'en seraient suivies.
Dragueurs de mines allemands coulés, Charles Philippe, 1945, crayon et sanguine (au risque d'un certain anchronisme sans doute)
Des 10 membres de ce commando, deux seulement regagnent leur pays, deux autres meurent noyés et six sont torturés puis fusillés par les nazis.
En ce dimanche froid et ensoleillé du 12 décembre 2009, nombreux ont été les bordelais qui se sont détournés de leur promenade sur les quais pour s'approcher des gerbes de fleurs déposées par les autorités françaises et britanniques face au Hangar 14. Et se souvenir de ces jeunes gens. C'est bien!
Quel dialogue des cultures! Avec cette mise en scène au Théatre des Amandiers de Nanterre, Jean-Louis Martinelli a réussi une belle prouesse.
A l'origine, il y a près de 2500 ans, Euripide met en scène l'histoire de Médée, magicienne, qui par amour et ambition sera tout à la fois fratricide, infanticide et régicide...
Max Rouquette (1908-2005), www.max-rouquette.org/, écrit une Médée, en occitan, avec un choeur à l'antique que ponctuent des psaumes : le chemin, l'étranger, les mères, le pardon, l'abandon, l'angoisse, la résignation, l'enfant, le pressentiment, le mal, le néant. Cette pièce, jamais montée en occitan, Rouquette la voyait jouée entre La Boissière et Aniane, dans l'Hérault, un lieu de théatre naturel, tout prêt, comme dans la Grèce antique, que j'ai parcouru à pied l'été dernier.
Martinelli nous offre aujourd'hui une mise en scène avec des acteurs burkinabés qui jouent la pièce en français et un choeur de femmes qui chantent les psaumes en langue bambara sur une musique de Ray Lema.
C'est déjà formidable et en plus Odile Sankara qui joue le personnage de Médée le fait avec une force extraordinaire exprimant tour à tour tous les sentiments, l'amour, la haine, l'effroi, la vengeance, le sarcasme. L'actrice a approché la mort, l'assassinat, de près puisqu'elle est la soeur cadette de Thomas Sankara, le père de la révolution au Burkina Faso, littéralement le pays des hommes intègres, assassiné en 1987. La façon dont Médée se prépare à assassiner ces deux enfants pour se venger de Jason qui vient de la répudier est inoubliable.
A voir aux Amandiers jusqu'au 13 décembre puis en tournée à Bogota mars 2010, à Munich mai 2010 à Torun (Pologne) en mai 2010, à New-York (Brooklyn) en octobre et novembre 2010 et à Porto en novembre 2010.
A nouveau un livre retenu par Alain Finkelkraut dans Un coeur intelligent!
Sebastian Haffner (1907-1999), de son vrai nom Raimund Pretzel, famille protestante, a effectué des études de magistrat en Allemagne. Il s'exile en 1938, d'abord en, France puis en Angleterre où il écrit à la demande d'un éditeur ces Souvenirs qui s'échelonnent de 1914 à 1933. L'auteur retourne en Allemagne en 1954 pour une carrière d'écrivain et de journaliste. Le manuscrit des souvenirs écrit en 1939 n'est pas publié, il n'en parlera jamais, et est découvert en 2000 après sa mort. Il est authentifié comme datant bien de 1939, ce qui en fait toute sa valeur, ce n'est pas un témoignage d'après-guerre. Excellente traduction de Brigitte Hébert.
A travers ses souvenirs d'enfance, d'adolescent, d'étudiant, ses premières amours, Sebastian Haffner nous décrit la guerre, la révolution allemande, l'hyperinflation, la crise de 1929, la montée du nazisme, sa prise du pouvoir, l"indifférence, la passivité de la population allemande...
La guerre à distance de 1914-18 vécue comme un jeu, qui se termina par l'humiliation de la défaite, l'hyperinflation qui obligeait la famille Haffner à faire ses courses le jour de paye, à stocker toutes les denrées pour un mois, le père d'Haffner, obligé de répondre à un questionnaire sur sa famille, le camp d'entrainement de trois semaines avec chants nazis pour les élèves magistrats, les pires difficultés pour voyager à l'étranger, l'apprentissage de la soumission...
La volonté d'éliminer les juifs est clairement affirmée bien avant 1933 mais la population, comme atomisée, subira sans broncher, sans manifester aucune opposition sociale ou politique, toutes les vexations, toutes les privations des droits, pour laisser libre cours finalement à la barbarie.
Dès avant la prise de pouvoir par la force d'Hitler, l'Allemagne du chancelier Brüning acceptait des mesures contraires aux libertés fondamentales pour, selon le gouvernement, préserver la démocratie. L'engrenage aura été irrésistible! Il faut être intransigeant sur le respect des libertés! En particulier quand il est question d'identité nationale.
Un excellent livre d'histoire à mettre entre toutes les mains en particulier celles des futurs élèves de terminale S!