Pas de panique! Ce sera un tout petit progrès dans un domaine bien spécifique mais hautement symbolique actuellement du laissez faire et qui va concerner beaucoup de monde, le stationnement automobile.

Depuis quelques semaines les préparatifs se mettent en place, tout est prêt ou presque, avenue Charles Malek, de la BNPI à la hauteur de Spinneys, des emplacements de stationnement ont été marqués à la peinture blanche et si vous regardez bien, les horodateurs sont en place encore encapuchonnés dans du plastique noir et les panneaux de signalisation n'attendent que d'être dévoilés!

Une fois par an, le 14 juillet, la Résidence des pins, résidence de l'Ambassadeur de France au Liban, ouvre ses portes à tous les français résidents ou de passage.

Cette année, en raison de la réunion des partis politiques libanais organisée à la Celle-Saint-Cloud par le Ministre Bernard Kouchner, le 14 juillet a été fêté le 13 juillet.

Dès 19 heures, des centaines de compatriotes ont parcouru les allées du parc de la résidence. Puis l'hymne national du Liban et la Marseillaise, toujours émouvante quand elle est entendue à l'étranger, ont retenti sous les ombrages.

Sur le perron même où a été proclamée l'indépendance du Liban en 1943, discours de l'Ambassadeur Bernard Emié en forme de bilan puisqu'il part cet été pour Ankara après trente mois éprouvants mais passionnants. Un Ambassadeur longuement applaudi pour son action au service de la souveraineté du Liban et de nos 18000 compatriotes et leurs familles, en particulier pendant la guerre de l'été 2006.

Et puis Garden-party aux côtés d'un détachement de notre contingent de la Finul et des marins de la frégate Jean de Vienne, déjà à nos côtés en juillet l'an dernier.

"The bubble", film israélien d'Eytan Fox qui vient de sortir en France ne sera pas distribué sur les écrans libanais. On s'en doutait. C'est habituel.

Tout aussi habituelle la censure exercée sur la presse à cette occasion. Les exemplaires de l'édition du journal Le Monde datés du mercredi 4 juillet distribués au Liban étaient de nouveau amputés des pages 27 et 28 cette fois. En page 27 d'après le sommaire figurait en effet une critique du film et un portrait d'Eytan Fox.

Vendredi 28 juin, c'était jour de remise des diplômes à l'ESA, l'Ecole supérieure des affaires de Beyrouth. Une belle tradition.

L'heure était à la joie et à la gravité.

Dans le beau parc de l'ESA, étaient réunis les élèves des promotions récentes, leurs familles, leurs amis, les personnels et les partenaires de l'école.

Beaucoup de discours, celui du Directeur général, celui de la représentante de la Chambre de Commerce de Paris, celui de l'Ambassadeur de France et celui du Gouverneur de la Banque du Liban, venu en sa double qualité de coprésident du conseil de surveillance et de parent d'élève. Et puis les discours des délégués des élèves.

Les hymnes nationaux aussi que l'on entend toujours avec gravité ici quant on sait que chaque jour ou presque apporte son lot de martyrs de l'armée libanaise.

Chaque diplomé, médaille de l'ESA déjà au cou, se voit appeler à monter sur l'estrade pour recevoir son diplôme, enroulé par un ruban rouge, et les félicitations des dirigeants de l'Ecole. Il y a beaucoup d'absents et le maître de cérémonie en égrenne les raisons : en poste à Dubaï, en Irlande, en Arabie saoudite, en mission à Paris...la fuite des cervaux en direct...

Nous avons la chance à Beyrouth de pouvoir aller acheter notre baguette Chez Paul, oui comme les Parisiens!

Le point de vente le plus proche est situé au sein du centre commercial de l'ABC à Achrafieh, là même où a explosé une bombe le dimanche 20 mai au soir, il y a trois semaines (un mort plusieurs blessés).

En y allant, on a tout de même une petite hésitation : ne serait il pas plus prudent de se contenter de la baguette céréales du Charcutier Aoun. Non, non le Charcutier Aoun n'a rien à voir avec le Général éponyme, même s'il y a justement une des permanences de Michel Aoun en face de l'épicerie. Le Charcutier Aoun est en effet l'une des principales chaines de supermarchés. Un charcutier qui s'est diversifié, ici, pour survivre, il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Le Charcutier Aoun continue d'ailleurs d'investir, il vient d'ouvrir il y a deux semaines une boutique de fleurs, c'est très pratique!

Mais on est rassuré, depuis quelques semaines les FSI, les Forces de Sécurité Intérieure, grâce à la générosité d'un émir du Golfe Arabo-Persique , patrouillent à bord de 4x4 Ford Explorer flambants neufs, noirs, surmontés en toutes circonstances d'une barre de lumières clignotantes rouges, bleues et...un peu de blanc, sympa pour la présence française subliminale! Pour appeler les FSI, composez le 112.

Beaucoup de quartiers et de rues à Beyrouth portent des noms français de la toute première partie du XXéme siècle : Clémenceau, Foch, Monot, Verdun...

Le quartier de Verdun est avec le quartier chrétien d'Achrafieh, et plus récemment le nouveau centre ville restauré sous l'impulsion de Rafic Hariri par SOLIDERE, un des quartiers de prédilection des boutiques de luxe. Pour les principales d'entre elles, il faut être présent en ces trois points pour bien couvrir le marché.

Avec les explosions des bombes à Achrafieh, dimanche 20 mai, puis à Verdun, lundi 21 mai et le sit-in imposé par l'opposition au centre ville depuis la fin de novembre, ces trois quartiers auront été victimes d'attaques délibérées.

Verdun avait déjà vécu un épisode tragique, le 10 avril 1973, lorsqu'une unité de commandos de l'armée israélienne, commandée par le futur Premier Ministre Ehud Barak ,deguisé pour l'occasion en femme, y a débarqué et y a assassiné trois importantes personnalités de l'Organisation de libération de la Palestine. Ces assassinats, en représaille au massacre des jeux olympiques de Munich de 1972, ont donné lieu à un film documentaire : "la liste de Golda (Meir)".



Aujourd'hui, Achrafieh et Verdun pansent leur plaies, reconstruisent, pour demeurer dès demain des pôles d'attractivité commerciale, accueillir dans leurs boutiques les visiteurs du monde entier. C'est leur manière de résister au fanatisme, de dire comme le soulignait la campagne de cet hiver : J'AIME LA VIE!

Hier, la journée, comme celle de la veille, s'annonçait belle! Retour du soleil et de la chaleur.

La lecture de site Internet d'An Nahar mentionne des incidents près du camp de Nahr er Bared, près de Tripoli.

Vers 9.30, un SMS me signale des affrontements armés entre Forces de Sécurité Intérieures, armée libanaise et miltants du groupe palestinien Fatah al Islam, connu pour s'implanter depuis l'été dernier dans le nord du Liban, avec l'appui sans doute de la Syrie. Ce groupe a revendiqué les attentats de février contre deux autobus près de Bikfaya (3 morts).

Vers 11 heures 30, près de Rayfoun, où nous sommes invités à un brunch, nos hôtes indiquent 15 morts.

Sur la route de Beyrouth à Tripoli, nous avions déjà remarqué un déploiement important de militaires. Au retour, vers 14 heures, les barrages sont en place.

A 15.30, un nouvel SMS indique la multiplication des combats au sein même de Tripoli et dans la banlieue. La Syrie a fermé deux postes frontières.


Retour à la maison, la TV prend le relais. Les images d'Euronews sont les bienvenues, l'ouverture du journal d'Arte est précise. On parle de 30 morts dont au moins la moitié de militaires qui apparaissent mal organisés. Les combats se déroulent en pleine ville de Tripoli. Il faut attendre la moitié du journal de France 2 pour voir l'information très brève de ce qui se passe "chez nous".

Le mois de mai est dédié au mois de Marie par l'église catholique. Les historiens font remonter ce type de dévotion au XVIIIème siècle, à l'initiative des jésuites. Depuis, d'autres tentatives qui n'ont pas rencontré la même adhésion ont eu lieu, en particulier à l'initiative de Pie IX dans la seconde moitié du XIXéme : le mois de Saint Joseph en mars, le mois du Rosaire en octobre, le mois du Sacré-Cœur en juin, ...il y en a eu pour tous les mois mais seul le mois de Marie en mai est sans doute resté populaire.



L'habitude de tresser des couronnes, de décorer les autels dédiés à la vierge Marie et de se réunir pour y prier dès le premier jour du mois de Mai remonterait en fait au XIIIème siècle.

Cette tradition existe toujours au Liban et on peut dans les quartiers chrétiens ces jours ci en constater le caractère vivace. Les statues de la Vierge Marie sont en effet revêtues d'une cape bleue ciel et coiffées d'une couronne de fleurs blanches. De temps à autres quelques fidèles se rassemblent pour une prière et/ou un chant. Parfois, avec un peu de chance ont peut croiser une libanaise habillée en Vierge Marie à la suite d'un voeu, exaucé ou à exaucer...

A La Chaise-Dieu, le 8 mai, comme le 11 novembre, se célèbre le dimanche le plus proche de la date calendaire. Etait ce le jour du second tour de l'élection présidentielle ou bien aura t'on attendu le 13 mai, anniversaire de la création en 1958 d'un comité de salut public à Alger qui amènera le général de Gaulle au pouvoir...Il y a aussi le 13 mai 1968, marqué par une journée de manifestation qui sera le point de départ d'une grève générale sauvage sans précédant, annonce du crépuscule du même général de Gaulle.

A Beyrouth, le 8 mai n'est pas férié. Mais l'Ambassade commémore à la Résidence des pins face au monument aux morts qui nous réunit aussi chaque 11 novembre, pour l'anniversaire de l'armistice de 1918, et chaque 23 octobre, depuis l'attentat contre le Drakkar en 1983 qui a vu tomber 58 parachutistes français pour la paix au Liban.