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Achrafieh

  • La petite montagne d'Elias Khoury

    petite_montagne.gifLa petite montagne est le deuxième roman d'Elias Khoury, paru en 1977, traduit en 1987 et réédité en 2009 par les éditions Actes-Sud, ce qui explique sans doute que je sois tombé dessus par hasard à la La Librairie l'Oie bleue à La Chaise-Dieu, excellente petite librairie au demeurant mais dont la clientèle est a priori peu intéressée par cet ouvrage.

    Elias Khoury est un écrivain libanais né en 1948, chrétien orthodoxe, élevé sur la colline d'Achrafié, la petite montagne, à  l'est de Beyrouth dans le quartier chrétien. Il effectue des études de sociologie en France qu'il achève en 1970, rejoint les rangs de la résistance palestinienne au sein du Fatah et combat à ses côtés, d'abord en Jordanie, puis à Beyrouth, contre les milices chrétiennes, en 1975. Au yeux de sa "communauté" il est un traître. Toujours empreint de l'esprit de résistance, il est aujourd'hui éditorialiste au sein du grand quotidien libanais An Nahar. Son ami et collègue Samir Kassir et son patron Gebran Tueni ont été assassinés dans des attentats anonymes à la voiture piégée en juin et décembre 2005 .

    Difficile d'évoquer la petite Montagne. Il y a au début un portrait d'Achrafié avant 1975, ses rues en pentes et ses sentiers qui montent dans la montagne, le quartier de Sioufi, les odeurs d'arak, les palmiers, les cactus et puis, très rapidement, le récit bascule parceque cinq hommes, fusil mitrailleur à la main, débarquent d'une jeep, cernent la maison du narrateur et interrogent sa mère. Dès lors, l'écriture se destructure, comme la société, la guerre envahit tout. De positions en positions, c'est la longue dérive d'un commando qui ne sait plus pourquoi il se bat, dont l'obsession est de rejoindre la mer, le récit devient onirique, absurde.

    Il n'y a pas d'histoire, la guerre est absurde, cruelle, vaine, mais dans cette région du monde, par saubresauts, elle dure depuis des décennies...

  • VERDUN à Beyrouth

    Beaucoup de quartiers et de rues à Beyrouth portent des noms français de la toute première partie du XXéme siècle : Clémenceau, Foch, Monot, Verdun...

    Le quartier de Verdun est avec le quartier chrétien d'Achrafieh, et plus récemment le nouveau centre ville restauré sous l'impulsion de Rafic Hariri par SOLIDERE, un des quartiers de prédilection des boutiques de luxe. Pour les principales d'entre elles, il faut être présent en ces trois points pour bien couvrir le marché.

    Avec les explosions des bombes à Achrafieh, dimanche 20 mai, puis à Verdun, lundi 21 mai et le sit-in imposé par l'opposition au centre ville depuis la fin de novembre, ces trois quartiers auront été victimes d'attaques délibérées.

    Verdun avait déjà vécu un épisode tragique, le 10 avril 1973, lorsqu'une unité de commandos de l'armée israélienne, commandée par le futur Premier Ministre Ehud Barak ,deguisé pour l'occasion en femme, y a débarqué et y a assassiné trois importantes personnalités de l'Organisation de libération de la Palestine. Ces assassinats, en représaille au massacre des jeux olympiques de Munich de 1972, ont donné lieu à un film documentaire : "la liste de Golda (Meir)".

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    Aujourd'hui, Achrafieh et Verdun pansent leur plaies, reconstruisent, pour demeurer dès demain des pôles d'attractivité commerciale, accueillir dans leurs boutiques les visiteurs du monde entier. C'est leur manière de résister au fanatisme, de dire comme le soulignait la campagne de cet hiver : J'AIME LA VIE!

  • Déstabilisation

    Hier, la journée, comme celle de la veille, s'annonçait belle! Retour du soleil et de la chaleur.

    La lecture de site Internet d'An Nahar mentionne des incidents près du camp de Nahr er Bared, près de Tripoli.

    Vers 9.30, un SMS me signale des affrontements armés entre Forces de Sécurité Intérieures, armée libanaise et miltants du groupe palestinien Fatah al Islam, connu pour s'implanter depuis l'été dernier dans le nord du Liban, avec l'appui sans doute de la Syrie. Ce groupe a revendiqué les attentats de février contre deux autobus près de Bikfaya (3 morts).

    Vers 11 heures 30, près de Rayfoun, où nous sommes invités à un brunch, nos hôtes indiquent 15 morts.

    Sur la route de Beyrouth à Tripoli, nous avions déjà remarqué un déploiement important de militaires. Au retour, vers 14 heures, les barrages sont en place.

    A 15.30, un nouvel SMS indique la multiplication des combats au sein même de Tripoli et dans la banlieue. La Syrie a fermé deux postes frontières.


    Retour à la maison, la TV prend le relais. Les images d'Euronews sont les bienvenues, l'ouverture du journal d'Arte est précise. On parle de 30 morts dont au moins la moitié de militaires qui apparaissent mal organisés. Les combats se déroulent en pleine ville de Tripoli. Il faut attendre la moitié du journal de France 2 pour voir l'information très brève de ce qui se passe "chez nous".

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    Dodo bien mérité. Dans un demi sommeil, bruit d'une explosion, sirènes d'ambulance. On ne saura que ce matin, qu'une bombe de 30 kg a fait 1 mort et une dizaine de blessés devant le centre commercial d'ABC , à Achrafieh, à l'heure de sortie des cinémas.

    Ca matin, le bilan est de plus de cinquante morts à Tripoli dont la moitié de militaires et les combats auraient repris. Lycées fermés. Déplacements interdits.

    Volonté manifeste de déstabilisation, volonté de créer un climat de psychose.

    Il faut à la fois rester sur ses gardes et résister...