Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Taba-Taba

    Voilà , c'est peut-être le meilleur roman de Patrick Deville! Un des plus attachants en tous cas. Grâce à sa tête Simone, qui conservait tout dans les pièces du fond de sa petite maison de Mindin sur la rive droite de l'Estuaire de la Loire, face à Saint Nazaire, Deville nous restitue au travers de l'histoire de ses parents et de ses grands parents, de leur périple au fil des guerres à travers la France , notre histoire, ce qui nous lie.

    Je conseille de lire d'abord La Peste et le Cholera qui nous conte la vie d'Alexandre Yersin, il y a un lien entre les deux livres que je vous laisse découvrir.

    il y a aussi une anecdote que les habitants du quartier des chartrons à Bordeaux apprécieront, celle ou Deville raconte une des ses conversations avec le poète André Velter au festival de la poésie qu'organise chaque année La Librairie Olympique.

    Il y a de très belles pages sur Saint-Nazaire que tous les amoureux des ports apprécieront.

    Et puis le grand-père, comme le mien, était gymnaste et avait fait le bataillon de Joìnville. L'Atmosphère de la drôle de guerre puis de l'exode est très bien rendue.

    Ce qui n'empêche pas Deville de temps à autre de nous emmener dans toutes les parties du monde qu'il parcourt depuis tant d'années et de nus faire partager ses conversations sous toutes les latitudes. On l'envie mais que ne fait-on pareil? Une vitalité étonnante!

  • Thanksgiving

    Avec mes amis José, Philippe et René-Jacques, les hommes aux fourneaux, nous nous réunissons chaque mois pour préparer un diner auquel nous invitons nos épouses. C'est devenu un rituel.

    En novembre nous avons fêté Thanksgiving :

    - bières américaines en apéritif

    - Oeufs mimosa aux quatre parfums

    - Poulet farci avec du stuffing typiquement américain : le stuffing, essentiellement des légumes, du pain... Impossible de trouver de la dinde ou même du chapon à cette époque de l'année, les bordelais ne fêtent pas Thanksgiving

    - Sauce aux cranberries

    - Purée de patates douces

    - Tarte au potiron et chantilly maison

    le tout arrosé d'un vin de Californoie qu'on trouve chez Nicolas le Renwood Zinfandel

    Prochain rendez vous en janvier après la pause de Noël

  • L'ordre du jour

    Lundi dernier, j'ai passé la journée à Arcachon, très belle journée à arpenter le bord du bassin en méditant. Peu de monde un lundi, peu de commerces ouverts, pas de marché mais une librairie, les marquises, et l'achat impulsif du prix Goncourt pour faire plaisir au libraire.

    je n'avais pas encore lu de livre d'Eric Vuillard, c'est fait et j'ai été conquis, je crois que je vais en lire d'autres. Son récit de la montée du nazisme est incisif, efficace et fait peur. La lâcheté, les hésitations, les compromis ont fait le lit d'un régime qui finalement y serait allé au bluff. Tous ces personnages sont des marionnettes minables, pas du tout des stratèges. On se demande à la lecture de quelles erreurs faites aujourd'hui nous paieront le prix demain. 

  • Ex Libris

    Plus de trois heures de film! Mais on ne le regrette pas. Frederick Wiseman, 87 ans, qui nous avait déjà donné National Gallery,  a fait un chef d'oeuvre en allant filmer les 93 sites de La NYPL, la New-York Public Library.

    Le film cite une architecte néerlandaise qui explique qu'aujourd'hui dans une bibliothèque publique le plus important ce ne sont pas les livres, on peut même en concevoir sans livre, le plus important c'est le partage, l'accès à la culture pour tous, les minorités, les illettrés, les sans-abris, les sourds, les aveugles, les seniors, les enfants, les collectionneurs, les archivistes, les savants, les chercheurs, les artistes, les publicitaires, à la recherche de connaissances, d'archives, d'estampes, de photos, de musique, de cours de danse, de débats, de rencontres tout simplement.

    Le film s'attarde sur les activités mais aussi sur les publics, les personnels, les administrateurs qui débattent à l'infini sur les priorités que doit s'assigner la NYPL, l'arbitrage entre les différents programmes, la nécessité de combler le digital divide, de trouver le public des relégués, des adolescents, de trouver des financements privés en complément de ceux de la ville.

    On sens une grande fierté chez ces personnes, avec raison sans aucun doute. Fierté de la mission accomplie, fierté de l'engagement. L'une des salariés dit d'ailleurs : on écoute ceux qui s'engagent.

    Dans une interview, Frédrick Wiseman a déclaré à propos du tournage de son documentaire : j'ai trouvé rafraichissant de tomber sur un groupe de personnes qui sont réellement attachées à leur travail et qui essaient de bien le faire.

    C'est ce qu'on aimerait dire de tous les lieux de travail...

    https://youtu.be/Qbj5J4XZkc8

  • Les tirailleurs sénégalais n'étaient pas tous sénégalais

    En ce jour du 11 novembre, il est opportun d'attirer l'attention sur le carré militaire du cimetière de Lectoure. S'y trouvent comme dans beaucoup de cimetières les tombes des quelques lectourois morts pour la France mais aussi un carré spécialement dédié aux 73 tirailleurs du 141 ème bataillon de tirailleurs sénégalais, malades, blessés, et soignés à l'hôpital de Lectoure où ils sont décédés à la fin de 1918 et au début de 1919. Les dépouilles de ces soldats n'ont jamais rejoint leur pays natal. Leur mémoire est cependant soigneusement entretenue ici, et c'est tout à l'honneur de Lectoure. 7 venaient du Bénin, 10 du Burkina Faso, 7 du Congo, 19 de Côte d'Ivoire, 3 de Guinée, 2 du Mali, 4 du Niger, 1 de République centrafricaine, 6 du Sénégal, 7 du Soudan et 7 de pays indéterminés.

  • La grève d'Ayn Rand

    Ayn Rand est une scénariste, romancière américaine, philosophe, née à Saint Petersburg en 1905 et décédée à New-York en 1982. Elle quitte l'URSS à l'âge de 21 ans. Elle est méconnue en France, où l'on préfère avoir tort avec Sartre que raison avec Aron.

    La Grève, publié en 1957, il y a soixante ans cette année,  sous le titre Atlas Shrugged, littéralement Atlas haussa les épaules, est son oeuvre la plus connue, mais il a fallu attendre 2011 pour qu'une première traduction soit publiée en France aux éditions Belles Lettres, les autres éditeurs sollicités ayant refusé de courir le risque.

    De quelle Grève s'agit-il? Ayn Rand défend l'idée que les hommes d'esprit, les entrepreneurs, les scientifiques, les artistes sont empêchés par l'Etat, les réglementations, les protections. Elle situe son action dans l'industrie ferroviaire et imagine ce qui se passe lorsque les hommes d'esprit se mettent en grève, disparaissent, abandonnent leurs entreprises, les catastrophes s'enchainent alors, les accidents, les rationnements, le moteur du monde ne tourne plus.

    On aura compris que Ayn Rand est une adepte de la liberté, une libertarienne, elle met l'individu au dessus de tout. Elle croit au progrès scientifique, elle dénonce le socialisme, l'interventionnisme des Etats, elle est favorable à l'égoïsme rationnel seul à même de faire avancer les choses pour soi et pour l'intérêt général : "Je jure, sur ma vie et sur l'amour que j'ai pour elle, de ne jamais vivre pour les autres ni demander aux autres de vivre pour moi."

    Il y a près de 1400 pages à lire, c'est de la métaphysique, de la philosophie, mais aussi un roman d'aventure et même un roman d'amour.

    A découvrir donc. et sans doute à relire plusieurs fois, sous différents angles. Il est difficile de se rendre compte de l'importance de ce livre aux Etats-Unis : il suffit de dire qu'il s'en vend chaque année 100 000 exemplaires soixante ans après sa parution et plus d'un million récemment depuis qu'Obama en a parlé. Mais il est probable qu'en France ce livre n'aura que peu de succès car la philosophie d'Ayn Rand a tout pour déplaire ici ou l'on préfère célébrer les victimes, s'apitoyer sur les perdants de l'évolution du monde et de la société plutôt qu'admirer ceux qui réussissent que l'on préfère jalouser ou dénigrer au nom de l'égalité.