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Voyage - Page 12

  • La Réunion de Roger Vailland

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    Roger Vailland (1907-1965) était romancier mais aussi grand Reporter. Ce petit livre qui vient juste d'être réédité par les éditions du sonneur a été publié pour la première fois en 1964. Il reprend pour l'essentiel une série de reportages publiés par Le Figaro après un voyage de Roger Vailland en Indonésie avec un séjour de trois mois à La Réunion. Voyage effectué en bateau, en 1958, au moment du putsch des généraux d'Alger puis de l'arrivée du Général de Gaulle au pouvoir. Il est loin de l'évènement et il n'y a pas twitter...

    Lire ce livre aujourd'hui c'est se rendre compte que Vailland ne s'est pas trompé sur le diagnostic. Il nous rappelle d'abord l'histoire du peuplement de l'Ile, il y a trois à quatre siècles, puis celle de la destruction progressive de la biodiversité, faune et flore, de l'esclavage puis de son abolition, des différentes migrations.

    A l'époque, il y a 500 000 habitants et déjà la pression démographique est préoccupante. L'ile compte aujourd'hui pas loin de 900 000 habitants, la monoculture de la canne à sucre. Rien n'a changé, Comment dessiner un avenir? Qu'implique l'insularité pour le développement?

    Un livre bien riche et prémonitoire.

    La Réunion j'y vais la semaine prochaine!

  • Ecrivains randonneurs

    rando.pngVoici un gros livre, près de 900 pages, qui donne une envie irrésistible de marcher, de marcher, mais aussi  d'écrire, de penser, de lire.

    On peut bien sûr être réticent devant cette juxtaposition de textes compilés sur une idée assez simple somme toute.

    Mais la lecture des textes choisis par Antoine de Baecque est à l'usage particulièrement réjouissante.

    L'ouvrage est organisés en chapitre thématiques, chaque chapitre et chaque auteur est l'objet d'une brève introduction.

    On commence très judicieusement par Diderot et d'Alembert qui dans l'Encyclopédie  (1751-1772) nous expliquent la mécanique de la marche.

    Des peuples et métiers marcheurs, aux anglais qui partent à l'assaut des Alpes en passant par les flâneries à Paris, les marches de survie, les pèlerinages, les méditations, chaque démarche  y trouve son compte.

    La démarche d'ailleurs fait l'objet d'un texte très savoureux de Balzac (théorie de la démarche 1833), de même pour la contribution de Jacques Lanzman (Fou de la marche 1985), dont le frère Claude arpentait les montagnes avec Simone de Beauvoir mais il n'est pas partie de cet ouvrage.

    Je termine ici en citant Rousseau : la chose que je regrette le plus dans les détails de ma vie dont j'ai perdu la mémoire est de n'avoir pas fait des journaux de mes voyages. Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans ceux que j'ai fait seul et à pied.

    Alors partez à pied et n'oubliez pas un peu de papier, un crayon ou une tablette...

  • La Réunion

    Je viens de passer une dizaine de jours à La Réunion à l'occasion d'un déplacement professionnel. Impressions non exhaustives.

    C'est en ce moment l'hiver austral, les températures sont très agréables même si les habitants se plaignent de la fraîcheur. Le soleil se lève vers 6h30 et se couche brutalement 12 heures plus tard. On s'y fait rapidement mais à la longue on doit regretter l'absence de longues soirées d'été.

    L"Ile est volcanique et n'est donc pas entourée de longues plages de sable blanc. Il y des plages de sable à Saint Gilles et Saint Pierre mais pour le reste c'est plutôt des résidus volcaniques, la montagne, les volcans, tombe littéralement dans l'océan, dès qu'on cesse de longer la côte il faut monter, on monte dans "les hauts" et l'altitude s'élève rapidement à plus de 1000 m les points culminants tutoient les 3000 m. Initialement, les hauts ont été peuplés pour éviter le paludisme.

    A l'est il pleut très souvent, à l'ouest rarement, le climat serait même plus favorable à Saint Gilles qu'au Port. Toutes les villes ou presque ont des noms de saints catholiques : Saint Denis, Saint Paul, Saint Gilles, Saint Pierre, Saint Benoit, Saint Leu, Saint Louis, Saint Philippe, Saint André, Sainte Rose... Il y a des exceptions comme le Tampon, Trois bassins, le Port...

    En visitant le Conservatoire botanique de Mascarin http://www.cbnm.org/ on apprend que si l'île a émergé dans l'océan indien il y a trois millions d'années, l'homme ne l'habite que depuis un peu plus de trois siècles et qu'au cours de cette période il a déjà fait disparaitre du fait de ses activités la moitié de la biodiversité!

    Des hommes et des femmes il y en a pas loin de 900 000. Ils sont venus de partout, de gré ou les plus nombreux de force : France, Europe de l'ouest, Afrique de l'est, de l'ouest, Madagascar, Rajasthan, Comores, Malaisie, Tamouls, Chine...

    Longtemps l'Ile, sans doute découverte par les arabes puis les portugais, n'a servi que d'escale, pour se ravitailler, cueillette, chasse, puis elle a été peuplée dès lors que des colons ont réussi à la valoriser par la culture du café http://www.cafe-reunion.com/ puis au XIX de la canne à sucre. C'est la culture du café qui explique le recours initial à l'esclavage. On peut se faire une idée de la vie de ces exploitations en visitant le Musée Villèle à  Saint Gilles les hauts. on y découvre la propriété de la famille Desbassyns telle qu'elle était au XVIII° et XIX° siècle, maison de maître, cuisine, infirmerie, chapelle, les habitations des esclaves ont disparu, mobiliers d'époque. L'esclavage a été aboli plus tardivement à La Réunion qu'en métropole, sans esclave pas de café puis pas de canne...

    Aujourd’hui la canne reste dominante, c’est le principal produit d'exportation. On peut utilement visiter les sucreries du Gol à  Saint-Louis ou celle de Bois rouge à Saint André. Toutes deux appartiennent au groupe sucrier Teréos, groupe coopératif qui fait surtout du sucre de betterave, acheteur de Beghin-Say, quatrième sucrier mondial, implanté au Brésil...Chaque ville avait sa sucrerie, il en reste deux, on voit encore se dresser  les cheminées noires de ces vestiges industriels à l'entrée des bourgs

    Qui dit canne à sucre dit rhum, on peut aussi visiter le musée La saga du rhum à Saint Pierre http://www.sagadurhum.fr/-Le-musee-.html, très bien fait, comprendre les distinctions entre rhum agricole et rhum traditionnel, déguster différents rhums arrangés. Ces rhums dans lesquels macèrent au sein de grands bocaux des fruits de toutes les sortes sont omniprésents dans les bars et les restaurants.

    La canne est partout, tout autour de l'ile le long des côtes, à l'est comme à l'ouest, où l'on irrigue, la canne consomme beaucoup plus d'eau que le maïs. A se demander si la ressource en eau est suffisante. On rencontre en cette période de campagne sucrière  de juillet à décembre, à tout instant les cachalots, gros camions, qui drainent les cannes, le plus souvent toujours coupées à la machette, vers les deux sucreries. Pour combien de temps? le sucre est subventionné aux deux tiers par l'Union européenne et la France. Comment s'en sortir? Comment préparer la reconversion qui devra intervenir tôt ou tard du fait de la pression des pays émergents qui eux ne sont pas subventionnés et peuvent s'estimer victime d'une concurrence déloyale...

    Il y a le tourisme mais il a baissé depuis quelques années. En cause, le chikungunya, les requins...  A quoi bon se rendre à La Réunion, si c'est pour ne pas pouvoir se baigner ou attraper une maladie tropicale qui détériore les articulations et qui a atteint un tiers de la population en 2006?

    Les activités maritimes sont faibles, peu de plaisance, peu de pêche, on peut en trouver dans les restaurants DCP (Dispositif de concentration de poissons) au Port, à Saint Gilles et Saint Pierre, mais cela reste marginal. Pourtant, La Réunion est le seul endroit, la seule présence européenne dans l'Océan indien sur les routes maritimes qui relient l'Asie à l'Afrique et au Moyen Orient, un endroit stratégique donc. La Porte de l'Europe dans l'océan indien.

    Il y a la randonnée. La Réunion est un paradis pour les randonneurs. les cirques de Mafate, de Cilaos, le piton des neiges, le volcan de la fournaise offrent des itinéraires de randonnées infinis. Dormir au gite du volcan http://legiteduvolcan.com/ et partir au lever du soleil pour en faire l'ascension, grimper depuis Maido tout en haut du Grand Benare et contempler Mafate et Cilaos à près de 3000 m d'altitude est somptueux.

    On peut éprouver les mêmes sensations que Chateaubriand sur le Vésuve en janvier 1804 : "La lave couvre la plaine où je marche. C'est un désert ou les laves jetées comme des scories de forge, présentent sur un fond noir leur écume blanchâtre tout à fait semblable à des mousses desséchées"

    Sur les pentes du volcan on peut, tôt le matin, avant le ballet des hélicoptères, éprouver le silence absolu, n'entendre que le bruit de ses artères e le battement de son cœur.

    La Réunion vaut le voyage et même plusieurs voyages.

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  • Accueil made in USA

    On reproche souvent à l'Aéroport de Roissy Charles de Gaulle d'être un aéroport peu accueillant pour les voyageurs étrangers. Pas de liaison directe en transport en commun avec le centre de la capitale (on attend depuis plus de dix ans le métro Charles de Gaulle Express), des liaisons Gare SNCF-RER-Aéroport sans continuité pour les chariots à bagages...). 

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    Mais que dire de l'accueil à Chicago! Le mardi 23 avril à l'arrivée du vol Air France nous avons attendu deux heures et quarante minutes pour pouvoir passer la barrière des services de l'immigration : vérification du passeport, prise de photo, vérification des empreintes digitales des dix doigts de la main et ce par des agents peu aimables. Aucune priorité pour les femmes avec enfants ou les personnes âgées, aucune explication du fait que la moitié des guichets annoncés "open door" étaient en réalité fermés.

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    On ne sait s'il faut mettre cette désorganisation sur les compte des attentats de Boston, des coupes budgétaires automatiques ou de la grève des aiguilleurs du ciel mais en l'espèce l'Amérique n'a pas donné la meilleure image d'elle-même. C'est dommage. La balade à pied dans le loop et la montée en haut de la tour Sears a dû être remise au lendemain.

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  • Vacances

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    Je suis en vacances du côté de Chicago, Philadelphie, Washington, je laisse quelques jours la vieille Europe se débattre dans sa morosité pour mieux la regarder à mon retour avec des yeux que j'espère décillés si ce n'est emerveillés!

  • L'empire des signes

    empire_des_signes_0.jpgAucun plat japonais n’est pourvu d’un centre (centre alimentaire impliqué chez nous par le rite qui consiste à ordonner le repas, à entourer ou à napper les mets) ; tout y est ornement d’un autre ornement : d’abord parce que sur la table, sur le plateau, la nourriture n’est jamais qu’une collection de fragments, dont aucun n’apparaît privilégié par un ordre d’ingestion : manger n’est pas respecter un menu (un itinéraire de plats), mais prélever, d’une touche légère de la baguette, tantôt une couleur, tantôt une autre, au gré d’une sorte d’inspiration qui apparaît dans sa lenteur comme l’accompagnement détaché, indirect, de la conversation (...). 

    Roland Barthes a fait un voyage au Japon en 1970 et il en à tiré ce livre qui n'est pas selon lui sur le Japon mais sur le dépaysement. Le Japon nous est trop complexe pour q'on puisse le comprendre. Alors dans ce livre, magnifiquement illustré, à partir du regard du voyageur sur l'écriture, les jardins, l'architecture, le costume, les haikus le théatre, ... Roland Barthes donne son interprétation. C'est parfois incompréhensible mais c'est aussi parfois lumineux comme tous les passages sur la nourriture, la façon de préparer les aliments. On n'a qu'une envie  : aller dans un bon restaurant japonais.

  • Remonter la Marne

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    Quel plaisir! Remonter la Marne à pied avec Jean-Paul Kauffmann est un plaisir littéraire, une plongée dans l'histoire, la littérature, la province délaissée, oubliée.

    Jean-Paul Kauffmann n'est pas un randonneur, il part avec un sac de 30 kg, des livres, des cigares, une paire de jumelles... Jean-Paul Kauffmann est un flâneur, sensible aux odeurs, aux parfums, il aime la solitude mais ne dédaigne pas la compagnie, 5 semaines de voyage.

    Pour moi, c'est le plaisir de retrouver des terres bien connues, lorsque nous habitions entre 1994 et 2005 à la Varenne Saint Hilaire dans la boucle de la Marne que j'ai parcourue en courant plusieurs fois par semaine.

    Le voyage dans l'histoire c'est l'évocation de la fuite de Louis XVI, de son arrestation à Varennes et de son retour à Paris, la grande guerre, Joffre, sur les traces de Jules Blain ce soldat inconnu qui s'en sortit et ecrivit ses mémoires à compte d'auteur, Napoléon ou plutôt l'Empire, cette époque où tout était possible à des jeunes gens comme Lannes. C'est de Gaulle, la base de Saint Dizier, ...

    La littérature, c'est La Fontaine à Chateau-Thierry, Simenon sur le canal de la Marne, André Breton et ses premiers pas dans un asile d'aliénés qui lui font découvrir l'écriture automatique.

    Et puis la Marne au fur et à mesure que l'on remonte ce sont des provinces délaissées, oubliées, des gens qui n'ont pas renoncé mais qui résistent à leur façon vivant de peu mais dans la générosité et la solidarité derrière des volets à la peinture défraichie et des façades maussades mais dans une nature superbe.

    Et enfin la Marne c'est aussi le champagne! et la rambleur mais pour découvrir ce qu'est la rambleur, il faut lire cet essai.

  • Pleine lune et sur les nattes l'ombre d'un pin

    brandi.jpgPleine lune

    et sur les nattes

    l'ombre d'un pin

    Ce haiku clot le récit d'un voyage effectué par Cesare Brandi, historien de l'art italien dans les années 1970 au Japon, à Hong Kong et à Bangkok.

    J'ai trouvé ce livre à la boutique de l'exposition Hiroshige-Van Gogh à la Pinacothèque de Paris.

    On y lit que sans Hiroshige il n'y aurait ni Art nouveau, ni Klimt et l'exposition nous dit d'une certaine façon ni Van Gogh.

    On y apprend que les cerisiers du Japon ne donnent pas de cerises... que l'empereur ne se rend qu'une fois oar an à la Villa impériale Katsura, une certaine nuit de plaine lune pour en regarder le reflets dans l'Etang.

    Ce récit de voyage en architecture, dans les jardins, la vie quotidienne donne une envie irresistible de plonger à corps perdu dans cette civilisation :

    Comme il est admirable

    Celui qui ne pense pas :"la vie est éphèmère"

    En voyant un éclair.

    Ou plus simplement

    Il faut rester assis juste pour être assis.

  • RCA

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    C'est avec ce type de pirogue que les centrafricains passent sur l'autre rive du Congo, le fleuve, pour se protéger des combats engagés par une rebellion contre le pouvoir en place du président Bozizé.

    Que penser d'un pays dont le ministre de la défense est le fils du président? Dictature, népotisme...

    C'est ce qui fait le malheur depuis l'indépendance de ce petit pays enclavé de cinq millions d'habitants qui a pour seules resources le bois, le diamant (Bokassa) et quelques minerais difficiles à exploiter du fait de l'insécurité.

    J'ai eu la chance de me rendre pour raisons professionnelles à Bangui plusieurs fois entre 2002 et 2005, c'est la misère qui régne sans partage, sans beaucoup d'espoir de sortie de la pauvreté pour une population privée d'éducation, de soins, d'eau potable...

    Le pouvoir en place se sert sur la bête, nomme ses proches aux postes les plus lucratifs et n'est contesté que par ceux qui veulent faire la même chose à sa place...

    Un jour peut-être, il faut l'espérer, la jeunesse se révoltera pour connaitre son printemps. En attendant ce sont les copians et les coquins des pays voisins qui viennent sauver la mise de Bozizé arrivé lui-même à la suite d'un coup d'Etat soutenu par le Tchad...

  • 2013

    En parcourant le chemin de Rioumort (PR 594 au départ de Jullianges près de La Chaise-Dieu), je me suis demandé si 2013 allait être :

    un chemin semé d'embûches,

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    un long fleuve tranquille,

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    ou un chemin verdoyant baigné de soleil?

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    Certes, il y a les guerres, les crises,les accidents, la fatalité... mais très souvent c'est nous qui décidons des chemins que nous empruntons!